Les classes moyennes existent-elles

Transcription

Les classes moyennes existent-elles
Les classes moyennes existent-elles ?
Janvier 2008
Les classes moyennes sont bien loin de rassembler des individus et des milieux homogènes, cohérents et
organisés. Pour autant, on ne saurait les ramener à une sorte d'entre-deux informel entre "France d'en haut" et
"France d'en bas". Elles forment un ensemble traversé de nombreux clivages (indépendants/salariés,
public/privé, lettrés/éloignés de la culture savante, etc.) au sein duquel quelques groupes, pourvus d'une identité
sociale forte et de ressources organisationnelles, s'affirment périodiquement dans l'espace social, culturel et
politique.
1. Une appellation problématique et mouvante
Le vocable de classe moyenne remonte à la fin du XVIIIe siècle. D'emblée, il est utilisé à la fois pour décrire un
ou des groupes sociaux et comme un idéal moral et politique. Ces deux usages mêlés expliquent largement les
glissements sémantiques de l'appellation au fil du temps, en fonction des configurations sociales changeantes et
des enjeux politiques du moment.
Au début du XIX esiècle, la classe moyenne est ainsi assimilée à la bourgeoisie, encore dominée par l'aristocratie,
malgré la Révolution française. Au cours du siècle, la montée en puissance de cette bourgeoisie change la donne.
L'expression en vient à désigner la petite bourgeoisie indépendante (non salariée). Le passage progressif du
singulier au pluriel ("les" classes moyennes) s'explique, entre autres, par l'émergence des salariés non manuels
(employés, fonctionnaires, enseignants) dont les modes de vie se rapprochent de celui de la petite bourgeoisie.
Cependant, jusque dans l'entre-deux-guerres, du moins en France, le label classes moyennes reste approprié par
les indépendants dans l'arène politico-idéologique.
Tout va changer vers le milieu du XXe siècle. La montée en puissance des grandes organisations tant publiques
que privées, la modernisation du commerce et de l'agriculture engendrent un essor spectaculaire du salariat non
manuel (les cols blancs) et un déclin d'une large partie des catégories indépendantes. Le label classes moyennes
est désormais disputé entre ces dernières et les couches salariées. Plus encore, les indépendants sont renvoyés
au passé (ancienne classe moyenne, petite bourgeoisie traditionnelle), tandis que les catégories salariées sont
présentées sous l'étendard de la modernité (les nouvelles classes moyennes). Ce faisant, on assiste à un
déplacement du centre de gravité de l'espace intermédiaire aux plans social, culturel et politique.
Aujourd'hui, à la différence d'autres appellations comme classe ouvrière, paysannerie ou bourgeoisie, la
dénomination de classes moyennes n'est plus associée d'emblée à un ou des groupes sociaux bien précis. Et le
sentiment d'appartenance à "la" ou "aux" classes moyennes participe autant du souci de se démarquer d'étiquettes
jugées aujourd'hui dévalorisantes (ouvrier, prolétariat) ou mal perçues (bourgeois, élites) qu'au partage d'attributs
considérés comme moyens (revenus, habitations, etc.).
Afin de mieux cerner leur réalité, on peut utiliser plusieurs approches. L'approche économique privilégie une
délimitation par les revenus et - plus rarement - par les patrimoines: seraient considérés comme appartenant aux
classes moyennes les actifs ou les ménages disposant de ressources monétaires proches du revenu médian (*) .
Selon la fourchette de proximité retenue, on délimite une classe médiane plus ou moins vaste. Par exemple, en
retenant tous ceux qui sont au-dessus des 40 % les plus démunis et au-dessous des 20 % les plus riches, on
obtient un ensemble allant des franges inférieures des cadres aux employés et ouvriers les mieux rémunérés. Les
principales difficultés de cette approche résident dans la grande dispersion des niveaux de vie qu'elle autorise et
dans le fait que ces classes de revenu peuvent amalgamer des personnes aux profils sociaux très divers.
Sans écarter le critère du revenu, les approches sociologiques privilégient, quant à elles, plusieurs autres
caractéristiques. Elles tiennent compte du mode d'insertion dans le système productif: s'agissant des salariés,
l'accent est mis sur les positions intermédiaires entre les dirigeants et les travailleurs d'exécution. Elles tiennent
compte des rapports de pouvoir, dans et hors l'activité professionnelle, ainsi que des modes et des styles de vie.
Le sociologue Alain Touraine définit ces catégories comme celles qui "combinent certains éléments
caractéristiques d'initiative et de direction et d'autres qui sont propres aux positions (...) de dépendance" (1).
D'autres critères ont été également proposés comme l'autonomie dans le travail, la composante intellectuelle de
l'activité ou la maîtrise de techniques (de production ou de gestion) en rapport plus ou moins étroit avec les
formations et les diplômes obtenus.
La nomenclature officielle des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) s'appuie largement sur ces
critères. A cet égard, les classes moyennes rassembleraient, outre les petits et moyens indépendants, les
professions intermédiaires, une large fraction des cadres et professions intellectuelles supérieures et certaines
catégories d'employés.
2. Un espace social multipolaire
Sur ces bases, le monde des classes moyennes rassemble des groupes sociaux différents et aux
frontières mal définies. On peut distinguer les petits entrepreneurs: propriétaires de leurs moyens de production,
employeurs pour une part d'entre eux, attachés à leur indépendance, ils sont confrontés à la concentration des
entreprises, aux innovations technologiques et de gestion et à la consolidation de la condition salariale. Ils se sont
souvent opposés au changement économique et social et ont semblé conforter l'image traditionaliste dont on les
affublait. Cette représentation est toutefois sommaire: avec un décalage dans le temps, le monde de la petite
entreprise s'est lancé, lui aussi, dans la modernisation et l'innovation.
Les classes moyennes, entre conservatisme et modernité
Les préférences politiques et culturelles des classes moyennes sont très hétérogènes. Depuis les années 50, les
petits et moyens indépendants votent en grande majorité à droite. Ce ne fut pas toujours le cas: jusque dans les
années 30, ils se ralliaient plutôt au centre gauche républicain alors incarné par le Parti radical. Les poussées du
mouvement ouvrier, les mesures prises en faveur des salariés (salaire minimum, réglementations issues des
négociations collectives) les ont faits basculer vers l'autre pôle politique.
Les couches moyennes salariées ont au contraire amorcé un virage à gauche au cours des années 70. Au-delà
des enseignants, acquis depuis longtemps à la gauche, ce virage concerne les agents du secteur public et une
partie notable des salariés du secteur privé (ultérieurement, un clivage interne au salariat s'accentuera).
Les modèles culturels ne sont pas sans lien avec les orientations politiques. A partir des années 60, comme dans
d'autres pays développés, de nettes tendances à la transformation des valeurs et des normes en matière de
moeurs (sexualité, autonomie, rapport à l'autorité) se font jour. Plusieurs observateurs ont pointé le rôle pionnier
joué par les couches moyennes salariées (celles du public, les professions intellectuelles, certaines catégories de
cadres) dans l'émergence de ce libéralisme culturel (*). Des acteurs de ces milieux sont également à l'initiative des
nouveaux mouvements sociaux (féminisme, écologisme) qui fleurissent au cours des années 70-80.
Les deux dernières décennies changent pour partie la donne. Les nouvelles normes morales se sont diffusées
dans le corps social, expliquant en partie l'essoufflement de ces mouvements, qui tient également au retour de la
question sociale (chômage, précarités, sentiments de déclassement).
On trouve ensuite les catégories moyennes salariées aujourd'hui prépondérantes. Elles présentent quelques
dénominateurs communs: l'éloignement des tâches matérielles, un minimum de compétences techniques ou
gestionnaires. Mais, au delà, les différenciations l'emportent.
On note d'abord une hiérarchie implicite dans la nomenclature socioprofessionnelle: cadres et professions
intellectuelles supérieures, professions intermédiaires, employés. Cette hiérarchie mêle pour l'essentiel un dégradé
de responsabilités, de niveaux de formation et de qualification, auquel correspond théoriquement une échelle des
rémunérations. Les termes "employés" ou "cols blancs" qui, à l'origine, rassemblaient les collaborateurs de la
direction et les simples commis aux écritures ont perdu leurs significations d'antan. Avec le développement des
entreprises et la rationalisation des activités, la division sociale du travail s'est considérablement accrue, faisant
naître des groupes sociaux échelonnés des confins des classes supérieures jusqu'à à la périphérie des classes
populaires.
Une telle hiérarchisation pose le problème de la délimitation des classes moyennes. Si les professions
intermédiaires peuvent y être incluses globalement, il n'en va pas de même des deux autres groupes. La fraction
des cadres dirigeants, leurs homologues de la fonction publique et les élites intellectuelles émargent à la classe
dirigeante. Les autres cadres et une part des professions intellectuelles peuvent être logés dans les classes
moyennes par leur situation professionnelle mais également, pour nombre d'entre eux, dans les classes
supérieures par leur train de vie et leurs réseaux sociaux. A l'autre extrémité du spectre, les employés se trouvent
à la charnière de la constellation (*) moyenne et du monde populaire. Les employés administratifs du public et du
privé sont proches, à certains égards (diplômes, type d'activité) de la première. La majorité des employés de
commerce, les agents et les personnels de services sont nettement tournés vers les classes populaires par leur
travail (souvent à composante manuelle et non qualifié), leurs conditions d'emploi (fréquence des contrats
précaires) et leur proximité avec le monde ouvrier. Difficile de fixer des frontières fermes dans ces conditions.
Autre source de différentiation, un clivage statutaire oppose les salariés du secteur marchand et leurs homologues
du public car les statuts d'emploi et les classifications professionnelles sont nettement distincts. Pour compliquer
l'affaire, cette démarcation est malgré tout à relativiser: une portion non négligeable des salariés du public
(vacataires, contractuels, auxiliaires) ne bénéficie pas des avantages conférés aux agents titulaires. En revanche,
beaucoup de différences séparent le monde des entreprises et celui des services publics, qu'il s'agisse des univers
professionnels ou des référentiels culturels (2).
Enfin, il existe également des différences fonctionnelles et culturelles. La distinction entre techniciens (au sens
large) et gestionnaires (les administratifs et les commerciaux) est relativement nette dans les entreprises. La
nomenclature détaillée des PCS sépare ces deux profils de salariés entre les cadres et les professions
intermédiaires. Cette partition ne s'applique pas de la même façon dans d'autres univers professionnels. On peut
malgré tout retrouver, hors des entreprises industrielles et commerciales, les métiers centrés sur la gestion
administrative et d'autres qui mobilisent des compétences techniques et/ou culturelles (infirmières, enseignants,
journalistes).
3. De la "moyennisation" à la crise des classes moyennes?
Deux diagnostics ont successivement été portés au cours des vingt dernières années: une tendance à la
moyennisation (*) de la société française et, plus récemment, une déstabilisation, voire une crise des classes
moyennes, donnant lieu l'une et l'autre à de vives controverses.
On évoquera rapidement la première, le débat étant pratiquement clos. La moyennisation correspond à une
homogénéisation progressive des styles de vie qui peut se lire dans certaines évolutions: prolongation massive de
la scolarité, diffusion des nouvelles normes sexuelles et familiales, etc. En revanche, de nombreux facteurs de
différentiation subsistent: les inégalités, loin de s'atténuer, progressent, les disparités face à la culture dite
consacrée ne diminuent pas, comme l'attestent notamment les enquêtes périodiques sur les pratiques culturelles.
Quant à l'émergence d'une vaste classe moyenne, le débat actuel envisage au contraire son éclatement, si tant est
qu'elle ait jamais existé.
Depuis quelques années, c'est en effet une autre musique que l'on entend. Les confluences heureuses laissent
place aux désenchantements et aux fractures. La "crise" des classes moyennes, c'est d'abord un battage
médiatique où celles-ci sont tour à tour présentées comme oubliées, pressurées, précarisées, anxieuses, éclatées,
voire en phase terminale... Un certain catastrophisme, qui se nimbe d'un flou artistique problématique. Car on
évoque pêle-mêle le matraquage fiscal, la panne de l'ascenseur social ou des régressions statutaires, sans trop
savoir de quelles catégories socioprofessionnelles il s'agit. Plusieurs études sociologiques tentent de dresser un
tableau plus précis et davantage argumenté. La plus remarquée reste l'essai de Louis Chauvel (voir "Pour en
savoir plus")
Il est incontestable que, parallèlement à la fragilisation d'une part notable du salariat populaire, on assiste à une
déstabilisation de plusieurs franges des couches moyennes salariées imputable à des facteurs variés. En premier
lieu, la fragilisation des statuts (emplois atypiques, licenciements) n'est pas réservée aux catégories ouvrières et
employés, même si ces dernières sont les plus touchées. Dans le secteur privé, le rapport de force défavorable
aux salariés joue son rôle dans l'intensification du travail et les pressions exercées par les directions. Le
phénomène touche également le secteur public, qui emploie un nombre croissant de non-titulaires (vacataires,
auxiliaires).
Des professions réputées stables subissent par ailleurs une certaine dévalorisation sociale. Nombre de membres
des personnels de l'éducation et de la santé connaissent une dégradation des conditions d'exercice de leur
profession. Des enseignants, confrontés à des situations difficiles, peuvent se sentir déclassés dans la mesure où
ils ont en charge une population scolaire d'origine populaire éloignée de la culture lettrée et contestant la légitimité
de leur autorité.
Enfin - c'est le thème que développe longuement Louis Chauvel -, un déclassement générationnel affecte les
jeunes. L'inflation des titres scolaires et la concurrence exacerbée sur les postes correspondants toucheraient plus
particulièrement certaines franges des classes moyennes: la moindre progression des emplois qualifiés dans les
administrations et les services publics défavoriserait en particulier les enfants des couches "cultivées" au profit de
fractions mieux dotées en moyens économiques et en capital relationnel leur permettant de procéder à des
investissements scolaires plus "rentables".
Peut-on pour autant parler de crise générale des classes moyennes ? Le diagnostic tel qu'il est déroulé et formulé
apparaît contestable à plusieurs titres. Les processus de déclassement (*) au sens large (discordance entre
diplômes et emplois, mais aussi contrats atypiques, carrières salariales en panne, etc.) ne touchent pas que les
jeunes générations, mais également les fractions les plus fragiles du salariat, sans distinction d'âge (3). Les
incertitudes quant aux destinées sont certes plus importantes que naguère, mais les opportunités sont loin d'être
laminées pour les enfants des classes moyennes. Affirmer, comme le fait Louis Chauvel, que ces derniers "ont de
moins en moins de place dans leur classe d'origine" est loin d'être évident. Contrairement à certains présages, les
emplois des professions intermédiaires ne stagnent pas. Par ailleurs, un tiers des fils issus de ce groupe accèdent
à des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures selon les dernières enquêtes disponibles.
Plutôt qu'à une crise des classes moyennes, on assiste à des processus de déstabilisation et de recomposition
affectant telle ou telle composante de l'espace intermédiaire. Au surplus, ces déstabilisations sont à relativiser au
regard de celles qui touchent plusieurs franges des classes populaires. Les "intellos", même précaires, ont
davantage de ressources que les ouvriers ou les employés non qualifiés en situation instable.
Classe moyenne : repères théoriques
Les premières analyses prenant en compte l'essor des couches moyennes salariées émergent dans la première
moitié du XXe siècle. Les théoriciens allemands inventent l'expression "Neuer Mittelstand" (littéralement "nouvelle
condition moyenne") pour pointer à la fois la modernité du phénomène et la mutation de l'espace social
intermédiaire. Aux Etats-Unis, C. Wright Mills popularise l'avènement des "white collars" avec son étude, devenue
classique, sur Les cols blancs. Essai sur les classes moyennes américaines (1951). En France, la prise en compte
de ces nouvelles classes moyennes est plus tardive. L'expression n'apparaît que dans les années 60.
Des sociologues d'inspiration marxiste (Nicos Poulantzas, Christian Baudelot et Roger Establet) préfèrent utiliser le
vieux terme de "petite bourgeoisie", tout en analysant le développement de ses composantes salariées (petite
bourgeoisie d'Etat, d'encadrement). Ils dénient à ces couches sociales leur capacité à former une classe sociale à
part entière. Dans un registre plus culturel, Pierre Bourdieu (La distinction, 1979) entend montrer que les
différentes fractions petites bourgeoises sont réunies par une relation de dépendance à l'égard de la classe
dominante. D'autres sociologues (Catherine Bidou, Gérard Grunberg et Etienne Schweisguth, Henri Mendras)
critiquent cette analyse et repèrent au contraire dans les couches moyennes salariées des tendances à l'autonomie
croissante et la constitution de noyaux innovateurs, initiateurs du libéralisme culturel (*) .
Les cadres ont fait l'objet de nombreuses analyses. En 1982, Luc Boltanski retraçait la formation d'un groupe qui,
malgré sa diversité interne, s'est affirmé comme tel sur la scène sociale. Vingt ans plus tard, au vu des
transformations du groupe, plusieurs études, dont celles de Pierre Bouffartigue, font au contraire le constat d'un
écart croissant entre une minorité de cadres dirigeants et les autres cadres qui, tout compétents qu'ils soient,
voient leur position statutaire décliner au sein des entreprises.
Serge Bosc
Alternatives Economiques - n°265 - Janvier 2008
(*) Revenu médian : revenu qui partage la population concernée en deux parties égales, 50 % gagnent plus et
50 % gagnent moins.
(*) Constellation centrale : expression forgée par le sociologue Henri Mendras pour désigner les catégories
moyennes salariées à diplômes relativement élevés (cadres, ingénieurs, enseignants). Elle est qualifiée de centrale
en ce que la culture (loisirs, styles de vie) développée par ces catégories se diffuse dans le corps social.
(*) Moyennisation : diagnostic avancé dans les années 80-90 qui, selon les textes, renvoie à trois acceptions:
l'atténuation des disparités socio-économiques; l'homogénéisation progressive des styles de vie; la tendance à la
formation d'une vaste classe moyenne rassemblant les cadres, les professions intermédiaires, les franges
supérieures des employés et des ouvriers. Un diagnostic discuté et contesté.
(*) Déclassement : détérioration de la situation professionnelle d'individus par rapport à celle de personnes de
formation comparable observée plusieurs années auparavant. Ce phénomène peut s'analyser en termes
générationnels.
Notes
(1)Voir
l'article
"Classes
moyennes"
de
l'Encyclopédia
Universalis,
volume
XV.
(2)Voir Gens du privé, gens du public. La grande différence, par François de Syngly et Claude Thélot, éd. Dunod,
1989.
(3)Voir, entre autres, "Les généralisations abusives de Louis Chauvel", par Denis Clerc, L'économie politique n° 33,
1/2007.