LA CRITIQUE EVENE par Claire Pérez

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LA CRITIQUE EVENE par Claire Pérez
LA CRITIQUE EVENE
par Claire Pérez
La blonde pulpeuse s’est changée en brune discrète, vêtue d’un trench noir. Et pour
cause : cette Marilyn Monroe là n’a rien à voir avec l’actrice glamour. Seule, assise à
une table et éclairée d’une lampe, elle met son âme à nu, dans une pièce qui
reproduit les entretiens de l’actrice avec le psychanalyste Ralph Greenson, qu’elle
consulta de janvier 1960 à sa mort en août 1962. Le texte de Michel Schneider,
adapté d’enregistrements, lettres et témoignages authentiques, dessinne une star à
l’opposé de la pin-up naïve et cruche et participe en cela à sa réhabilitation en 2012,
année des 60 ans de sa disparition. Face à nous, une Norma Jean lucide et presque
cynique, qui se révèle à la fois ironique et tristement pathétique.
Son interprète Stéphanie Marc ne cherche pas à l’imiter, encore moins à lui
ressembler. Son jeu distancié illustre le hiatus entre l’icône et la femme. Dans ce
cadre intimiste, la patiente raconte dans le désordre ses douleurs les plus profondes
: son premier tournage, Clark Gable, sa mère instable, mais la question centrale
reste le sexe. Quand la femme-objet retire sa perruque, ses vêtements et contemple
un mur recouvert de clichés photographiques d’elle, il ne reste que son image : c’était
tout ce que possédait celle qui disait « tout me fait tellement mal. »