Santé - UFC Que Choisir de Nantes
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CONSO’NANTES La revue de l’UFC-Que Choisir de Nantes N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 ISSN 1285 4263 Abonnement 4 numéros 6 €uros Actualité Panneaux solaires : du démarchage au fonctionnement, comment éviter l’obscurité l’obscurité ! p.3 Environnement Cette eau qui coule de source p.5 Santé Les indicateurs de qualité des établissements de Santé en Loire-Atlantique p.7 Nos enquêtes Les centres de bronzage p.17 L’éditorial De Nantes D’Hervé LE BORGNE Vers l’action de groupe ? P our l'essentiel, l'UFC-Que Choisir apprécie la pertinence et la cohérence du projet de loi HAMON, qui devrait introduire (enfin) l'action de groupe en France. Celle-ci n'ajoute pas des droits nouveaux pour les consommateurs : elle vise à rendre effectifs les droits existants. Il s'agit de permettre la sanction de pratiques professionnelles qui causent des préjudices minuscules, identiques et en très grand nombre. Sans action de groupe, les entreprises savent que les clients victimes de ces préjudices n'engageront pas une procédure judiciaire individuelle, pour récupérer une somme modique. groupe exige de l'expérience et des ressources, en termes de pilotage des opérations (moyens logistiques, management des collaborateurs, maîtrise des processus). Une seule association en France, peutêtre deux, auraient la capacité de conduire une action de groupe, dans la configuration initiale du projet. Une telle perspective est malsaine. C'est la raison pour laquelle nous avons suggéré le recours systématique à un auxiliaire de justice, désigné par le juge, pour cette mission. Cette activité devrait être réservée à une profession réglementée, voire un officier ministériel (par exemple, les huissiers). L'UFC-Que Choisir est principalement attachée à l'efficacité du dispositif, qui dépendra des moyens d'agir, pour les associations, avec cette nouvelle procédure. Il faut enfin compter sur des alternatives à l'action de groupe Il faut d'abord que la démarche soit aisément praticable Le patronat et les pouvoirs publics ont cherché longtemps à favoriser la médiation, en quelque sorte pour échapper à la mise en place d'une action de groupe. L'UFC-Que Choisir émet de sévères réserves à l'égard de la médiation, telle qu'elle est pratiquée en France. En effet, ce procédé est le plus souvent aux mains de l'entreprise : le médiateur professionnel des banques ou des assurances, par exemple, n'est pas vraiment indépendant (il est rémunéré par l'entreprise), et l'établissement n'est même pas lié par ses avis ! Seules quelques institutions publiques de médiation apportent de véritables garanties d'indépendance, comme le médiateur de l'énergie, des télécommunications. En revanche, la transaction est un procédé que l'UFC-Que Choisir pratique très largement, notamment, là encore, en matière de clauses abusives. Nous obtenons des résultats, avant ou pendant un procès, en négociant l'élimination ou la rectification de clauses critiquables, avec les entreprises mises en cause. C'est une démarche dans laquelle nous gardons la maîtrise des enjeux, à la différence de la médiation, dans laquelle on s'en remet à un tiers. Avec la transaction, nous pouvons garantir la préservation des intérêts des consommateurs. Mais l'efficacité de l'action de groupe, nous l'attendons surtout de son effet dissuasif. Il nous paraît vraisemblable (en tout cas souhaitable) qu'une régulation des pratiques s'instaure, au moins dans les très grandes entreprises, dès lors que des procédures auront été engagées, et menées à leur terme, pour servir d'exemple. Les conséquences en frais de procédure, en coût d'indemnisation, et en altération d'image, devraient pouvoir contrecarrer certaines stratégies condamnables. Notre association engage depuis des années des actions judiciaires pour suppression de clauses abusives. Mais c'est devenu littéralement épuisant, en raison de la jurisprudence actuelle de la Cour de cassation, qui ne permet de sanctionner que les clauses effectivement incluses dans des contrats à venir : les entreprises mises en cause modifient leurs contrats en cours de procédure, pour échapper à toute condamnation...! L'UFC-Que Choisir a également mené une tentative pour faire réparer individuellement l'entente des trois opérateurs de téléphonie mobile (SFR, ORANGE, BOUYGUES TELECOM). Ces trois entreprises ont été condamnées en 2002 à de lourdes amendes pour entente sur les prix. Mais il a été impossible pour nous de faire indemniser les consommateurs victimes de cette pratique : nous avons mené une démarche qui s'est traduite par 12 ans de procédure, pour 20 millions de clients pénalisés, 60.000 consommateurs inscrits sur notre site de regroupement, 12.500 dossiers constitués comme défendables, et en définitive, 500.000 € de dépenses pour l'UFCQue Choisir, sans résultat dans l'état actuel du droit pour une telle démarche... Il faut ensuite que cette nouvelle procédure soit neutre, pour les associations qui l'engageront Les associations qui engageront une action de groupe ne doivent pas avoir la charge de l'exécution de la décision judiciaire. En effet, ce fardeau est considérable, et pas seulement en termes financiers (supportés par l'entreprise condamnée). La conduite d'une action de Ainsi, peut-être la plus grande réussite de l'action de groupe, à terme, sera-t-elle l'exemplarité. 2 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Actualité De Nantes De Caroline FAVRETTO Panneaux solaires : du démarchage au fonctionnement, comment éviter l’obscurité l’obscurité ! Ciel" : cela donne confiance, et c'est toujours verbal… Comme une tendance… A ujourd’hui, les particuliers se retrouvent de plus en plus sollicités à leur domicile, pour l’achat d’un bien ou d’une prestation. Nombreux sont les adhérents qui ont eu à subir le poids de commerciaux, peu scrupuleux et agressifs. Signer est parfois la seule possibilité d’écarter le professionnel « parasitant » provisoirement le logement. Le manque d’information ou la mauvaise information, ainsi que les parades développées par les commerciaux, représentent une première problématique pour laquelle il vaut mieux être prévenu. En effet, il est vital de prendre le temps de consulter les documents présentés, et se méfier de toute promesse verbale et simulations qui, en pratique, ne se traduisent par aucun engagement formellement tracé (donc opposable par la suite…) pour l’entreprise vendeuse, ni pour le commercial : "Les paroles s’envolent et seuls les écrits restent" ! Les avantages d’un tel système sont réels, mais doivent être aussi relativisés. La durée de vie annoncée se situe entre 20 et 35 ans, mais la qualité des produits installés montre que les malfaçons peuvent survenir dès les premiers mois, et que le vieillissement est très avancé après quelques années… L’énergie produite est gratuite, n’est pas taxée, et ne pollue ni ne prélève dans l’environnement, mais la toiture n'est pas forcément conçue pour supporter l'installation… Le prix de l’installation est élevé, et il est bel et bien supporté par le client, qui s'endette pour 15 à 20 ans, sans véritable garantie de rentabilité (couverture des remboursements d'emprunt par les recettes de surproduction)… L’absence d'ensoleillement fait naturellement chuter la production des panneaux. On note globalement une multiplication des sollicitations commerciales, par téléphone ou porte à porte, dans le domaine énergétique. Le marché étant porteur (la tendance, l'avantage fiscal, l'attrait de l'écologie…), des entreprises ont voulu se faire une place rapide dans ce secteur. L’économie réalisée avec le crédit d’impôt a beaucoup diminué, et n'est acquise que si l'installation est effectivement conforme aux conditions fixées par la loi (des clients se sont retrouvés non éligibles, en raison d'une capacité de production trop élevée pour un particulier…). Au sein de l’association UFC-Que Choisir de Nantes, on observe ainsi, depuis quelques mois, une augmentation des dossiers de litiges concernant les installations photovoltaïques. Le prix de revente de l’électricité produit par l’installation est régulièrement revu à la baisse (désormais chaque mois, et non plus chaque année). Plusieurs entreprises se partagent le secteur, basées dans toute la France, mais concentrées en banlieue parisienne. • Soit ne rien signer à la suite d’une visite impromptue d’un démarcheur, résister en exigeant la visite préalable d’un technicien, pour vérifier l’adaptabilité de l’installation avec la toiture. • Soit prendre quelques jours pour se renseigner et soumettre à des tiers avertis (notre association, un proche, un conseiller financier…) les documents signés, et se rétracter sous 7 jours en cas de doute. Vous pouvez aussi renoncer au crédit, selon le même procédé (sans avoir à donner de motif), pendant un délai de 14 jours à compter du même point de départ : la renonciation au crédit annule le contrat principal… • Soit ne surtout pas signer le certificat d'installation conforme (qui déclenche le versement des sommes et l'exigibilité du crédit), avant d'avoir vérifié le fonctionnement, la conformité électrique par l'expert (on dit un CONSUEL), et l'agrément du raccordement au réseau ERDF. Panneaux solaires et arnaques L'opération est susceptible de toucher tous les milieux et tous les âges : il n’y a pas de profil type. Elle laisse souvent aux clients le sentiment d'une arnaque absolue, mais pas toujours : on a vu des consommateurs complètement bluffés, convaincus que la maison allait produire sa propre électricité, et que le crédit était remboursé par EDF ! Le professionnel présente parfois le document à signer comme une simple étude de faisabilité, ou simulation de rentabilité, et non pas ce qu'il est : un bon de commande, donc un contrat qui engage financièrement le consommateur. On a aussi affaire à des vendeurs qui se présentent comme des agents ERDF, ou "Bleu Le premier conseil à donner est triple : CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 3 Actualité De Nantes Il est aussi intéressant de faire jouer la concurrence et de faire établir plusieurs diagnostics, devis de différentes entreprises. Le droit de rétractation du contrat signé Si vous avez déjà signé, il faut savoir qu’un délai de rétractation existe pour les personnes démarchées à leur domicile : il est de 7 jours, durant lequel le contrat est mis en suspens. Cette possibilité figure impérativement sur un coupon détachable au bas du bon de commande. Il faut renvoyer ce coupon de renonciation par lettre recommandée avec accusé de réception, au plus tard 7 jours après la signature (point de départ à minuit après la date manuscrite). Ne pas oublier le prêt ! Le contrat pour la pose et l’installation des panneaux est dans la quasi-totalité des cas lié à un autre contrat : un crédit à la consommation (et non pas un prêt immobilier). Dans le cas particulier du démarchage pour l’installation de panneaux photovoltaïques, c’est le vendeur qui propose le plus souvent, en plus de son contrat principal (livraison et installation, mandat pour les autorisations d'urbanisme…), le contrat de crédit pour le compte de l’établissement spécialisé (SYGMA BANQUE, SOFINCO et autres FRANFINANCE). Ce prêt est le plus souvent un crédit "affecté", spécifiquement lié à l’achat et l’installation de l’équipement (ici les panneaux solaires). Ce financement est donc exclusivement destiné à une prestation déterminée. Avant même la signature des contrats par le client, l’organisme de crédit et le vendeur se sont entendus pour organiser la distribution et le financement ensemble. L'un et l'autre y trouvent leur avantage : le financement de l'opération est plus accessible pour le client, et l'organisme de crédit multiplie ses contrats. En général, le capital prêté est aussi plus élevé que le prix comptant. Le taux est souvent peu compétitif (un prêt bancaire serait beaucoup plus avantageux pour le client). cette démarche annule le crédit, et par voie de conséquence le contrat principal. Pendant ces délais de rétractation (7 jours et 14 jours), il ne peut rien se passer pour le client : aucune livraison, installation ou paiement sous quelque forme que ce soit. L’aide d’un juriste pour contrôler la légalité du bon de commande Si vous vous retrouvez engagé dans ce type de montage, il ne faut pas hésiter à demander conseil auprès de l’un de nos juristes : ils pourront analyser la situation et vous exposer les recours envisageables. En effet, de nombreux bons de commande ne respectent pas la réglementation obligatoire et le formalisme imposé par le Code de la consommation, en matière de démarchage. Des mentions nombreuses, précises, doivent figurer (nom du vendeur, modalités de paiement…), et les modalités de rétractation répondent à un formalisme très pointilleux (la loi et le décret définissent chaque terme du bordereau de rétraction). Si un ou plusieurs font défauts, la conséquence est la nullité du contrat principal : cela peut permettre l’ouverture de négociations avec l’adversaire… L’exigibilité de remboursement du prêt Le consommateur doit être particulièrement vigilant, car le prêt ne peut être activé, comme on l'a vu, qu’à partir de la livraison et installation complète des équipements (article L 311-31 du Code de la consommation). En effet, un bon de livraison est systématiquement soumis à la signature du client, lors de la réception de l'installation. Ce document est transmis à l’établissement de crédit, qui peut seulement alors verser la totalité des fonds au vendeur, et déclencher le remboursement du crédit. Si le bon de livraison n’a pas été signé, l’établissement de crédit ne peut verser les fonds à l'entreprise : en cas de contestation, il serait considéré comme fautif. C'est pourquoi l'attestation de livraison et installation conforme a une telle importance en cas de contentieux. Ce contrat de crédit affecté est étroitement subordonné au contrat d’installation des panneaux : si le contrat principal est annulé par rétractation, si l'entreprise n'installe pas les équipements, ou si le client refuse de signer l'attestation, le crédit est annulé consécutivement, ou paralysé dans son exécution. La faillite de l’entreprise Mais réciproquement, comme on l'a déjà indiqué, le client qui a signé une offre de crédit peut se rétracter (par lettre RAR, comme pour le contrat principal), dans un délai que la loi Lagarde de 2010 a porté à 14 jours : Il faut alors se renseigner sur la bonne santé de l’entreprise, par exemple en faisant une recherche sur internet : le forum de quechoisir.org est très complet, et donne d'excellentes références et conseils ! Un certain nombre de sociétés spécialisées dans le photovoltaïque font ou vont faire faillite (on dit "liquidation judiciaire") : c'est le cas de KOTHERM, ÉNERGIA, et bien d'autres… 4 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Environnement De Nantes De Jean BOURDELIN Cette eau qui coule de source N otre pays a inscrit dans sa tradition le droit à l'eau potable pour tous, et lui applique un principe de solidarité absolue, de sorte que le moindre hameau ou ferme isolée en soit alimenté. Cet effort, démarré pour l'essentiel après-guerre, a maintenant porté ses fruits. Le problème actuel à cette accessibilité est plutôt de renouveler les réseaux de distribution, souvent vétustes. Pour le consommateur, dans le domaine de l’eau, les attentes essentielles sont que soient assurées : garantie d'approvisionnement, qualité de l’eau au robinet, et prix acceptables. Sur ce dernier point, à l'examen du montant de notre facture d'eau, nous pouvons constater en moyenne : 40 % est consacré à l'eau potable ; 40 % au traitement des eaux usées, 6 % à la TVA et 14 % de contribution à l'agence de l'eau Loire Bretagne (cet organisme public est chargé notamment de financer les actions permettant d’assurer la qualité de l'eau). tion de notre ressource en eau. Depuis quelques années, nous essayons de nous préoccuper de ce dernier aspect, beaucoup plus difficile à aborder, car les responsabilités sont multiples, très éclatées, et la pression des milieux socio- économiques (en particulier agricoles) est énorme pour nier ou déformer la réalité. La pollution de la ressource en eau Rappelons au préalable deux principes qui devraient être appliqués au service de l’eau : • Utilisateur-payeur, c’est à dire que celui qui a l’usage de l’eau paye sa consommation, c’est ce que nous faisons comme consommateurs abonnés à un réseau de distribution. • Pollueur-payeur, c’est à dire que celui qui pollue acquitte les coûts engendrés, ce qui est loin d’être le cas lorsqu’on constate la très faible contribution des milieux agricoles au traitement de la pollution de la ressource en eau. Les 50 centimes payés par m3 par les ménages ne sont pas neutres, puisque ce montant, même modeste, assure (au niveau national) 86 % des 2 milliards de recettes des agences de l’eau (à comparer aux 2 % de contribution des agriculteurs, et aux 10 % des industriels…). Quels sont les types de pollution ? En analysant le coût global du service de l’eau, nous obtenons la répartition suivante : D'autres pollutions existantes ou dites émergentes sont ou seront à prendre en compte : phosphates, origine médicamenteuse, nanoparticules, métaux lourds, radioactivité… • Une partie couvrant les dépenses de captage, les canalisations de transport jusqu'à une station de traitement puis de distribution aux usagers, les canalisations d'évacuation des eaux usées, le traitement avant rejet en milieu naturel (essentiellement rivières et littoral) ; il faut y ajouter enfin les frais de gestion. Notre association, au niveau local, est depuis très longtemps attentive à ces sujets, par sa présence dans les commissions consultatives de service public (CCSPL) des collectivités qui gèrent ces missions relatives à l'eau potable. Nous veillons particulièrement à l’évolution du prix de l’eau, et à la qualité de l’eau fournie au robinet. • Une seconde partie moins évidente résultant de l'usage même de cette eau, des déversements dans les rivières, des infiltrations de produits nocifs dans les nappes, des ajouts de produits divers dans les rejets d’évacuation (par les particuliers, industriels, collectivités, etc.), qui justifient la mise en place des stations de traitement avant et après consommation. En résumé, cette deuxième partie concerne la pollu- Les pollutions dites diffuses, dont les nitrates et les pesticides sont les principales causes de dégradation de la ressource. C’est donc sur celles-ci que nous fixerons notre attention dans ce qui suit. L'origine des pollutions diffuses • Azote (nitrate) : 88,7 % provient de l’agriculture et de l’élevage. • Pesticides : on estime que l’agriculture utilise 95 % des ventes de ces produits en France. Constats Ce sont ces pollutions d'origine agricole que nous devons maîtriser, pour améliorer la qualité de la ressource en eau. Concernant les pesticides, signalons que les collectivités locales abandonnent progressivement leur usage, et une information intensive est menée auprès des usagers avec l'aide de jardineries volontaires. Notre association participe activement à cette information, et selon les évaluations obtenues sur ces mesures, l’usage des pesticides serait en baisse chez les particuliers. CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 5 Environnement De Nantes Conséquences de ces pollutions • Santé : cancer, maladies neurodégénératives, malformations du fœtus… Les recherches faites par l'INSERM font de plus en plus le lien entre ces pathologies et l'exposition aux pesticides que l'on retrouve non seulement dans l'eau mais également dans les aliments et éventuellement dans l'air extérieur que nous respirons. • Atteintes à la biodiversité. • Dégradation de l’usage professionnel ou ludique de l'eau : pêche (rivière ou littoral), baignade (algues vertes). • Impacts financiers en termes de coûts de traitement. Cet impact ne peut pas nous laisser indifférents, puisque les ménages consommateurs, qui sont à l'origine d'environ 10 % de la pollution, prennent en charge 86 % de la dépense de remise en état de l'eau, tandis que le monde agricole, pollueur à 90 %, n’en assume que 2 % ! On voit là une remarquable méconnaissance du principe pollueur-payeur, avec une complicité objective des pouvoirs publics (comme le souligne la Cour des Comptes dans son rapport annuel 2010). Quelques chiffres qui interpellent, avec une décomposition par grands postes, visant à contenir les conséquences de ces dégradations, exprimées ici en millions d'€ par an. • Eutrophisation (dérèglement hormonal) des captages: 60 à 100. • Création de nouveaux captages : 20 à 60. • Mélange des eaux brutes (interconnexion) : 20 à 40. • Traitement de potabilisation lié aux nitrates : 120 à 360. • Traitement de potabilisation lié aux pesticides : 260 à 360. • Epuration des eaux usées liée aux nitrates agricoles : 100 à 150. • Ramassage et traitement des algues vertes : 100 à 150. Sur la base des coûts de traitement des nitrates et pesticides des installations de potabilisation, les coûts d'élimination des nitrates et pesticides des milieux aquatiques seraient respectivement supérieurs à 70 euros par kilogramme pour les nitrates, et à 60.000 € par kilogramme pour les pesticides. La France est soumise aux directives européennes, et est à l'heure actuelle sous le coup d'une menace d'amende qui se précise (60 millions €, plus 150.000 € par jour de retard), en raison de la nécessité de répondre aux normes communautaires sur la pollution par les nitrates. Le coût de remise en état des nappes souterraines afin d'en éliminer la pollution et sous réserve de stopper immédiatement toute nouvelle pollution, est esti- mé entre 522 et 847 milliards € ! Beau cadeau pour les générations futures... Nota : les chiffres cités datent de 2010, et ont plutôt eu tendance à s’aggraver. Ils sont pour la plupart issus de rapports du Commissariat Général au Développement Durable, de la Cour des comptes, et du Conseil d’État. Nos positions • Des aides financières de la Politique Agricole Commune (PAC) réservées aux modes de production s'inspirant des approches de l'agriculture intégrée et de l'agriculture biologique. • Faire supporter aux pollueurs l'effort de lutte contre la pollution des eaux. • Garantir la mise en œuvre et le respect des exigences environnementales, en particulier par la mise en place de contrôles fiables. • Une protection efficace de tous les captages d’eau potable. • Un soutien et une défense de l'agriculture française, qui laisse dégrader son image publique, par les pratiques d'exploitants prédateurs, parfaitement identifiés, que sont les cultures productiviste (céréaliers, oléagineux), et les élevages industriels (porcs, canards, poulets). Nos actions associatives • Relais actif aux actions menées au niveau national par UFC-Que choisir. • Participation, avec les autres associations locales de la région, aux réflexions menées dans le cadre des dossiers régionaux, à savoir : plan régional pour une agriculture durable (PRAD) ; "ECOPHYTO", programme public destiné à réduire l'usage des phytosanitaires (mais les résultats montrent un échec…) ; commission régionale "nitrates" ; étude régionale sur la hiérarchisation des bassins versants au regard des pollutions pesticides, notamment. • Rencontres régulières avec des représentants de l’Agence de Bassin Loire Bretagne. • Représentation des consommateurs dans les instances officielles, comme la commission locale de l’eau Loire-estuaire, ou le comité départemental des risques sanitaires et technologiques (CODERST). Le constat, sur le sujet de la pollution de la ressource, est que les consommateurs ont beaucoup de mal à se faire entendre, face aux pressions des milieux socioéconomiques à l’origine de la grande majorité des pollutions. Mais nous ne perdons pas espoir, et sur ces dossiers, n’hésitez pas à venir nous aider. En complément, lire l’article sur la pollution de l’eau, paru dans votre revue « QUE-CHOISIR » de juilletaoût 2013. 6 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Santé De Gérard ALLARD et Fanny GUERIN De Nantes Les indicateurs de qualité des établissements de Santé en LoireLoire-Atlantique Les indicateurs de qualité : dans quels buts ? Le Ministère chargé de la santé et la Haute autorité de Santé (HAS) ont mis en place un recueil des indicateurs de qualité des soins dans les établissements de santé, publics comme privés avec pour objectifs : • Fournir aux établissements de santé des outils et méthodes de pilotage et de gestion de la qualité. • Répondre à l’exigence de transparence portée par les usagers. • Aider à la décision dans les politiques d’intervention à l’échelon régional et national. • Améliorer l’efficacité de la procédure de certification des établissements réalisée par l’HAS. Les indicateurs reposent sur des objectifs prioritaires de santé publique et d’organisation des soins. Ils permettent un suivi dans le temps et des comparaisons entre établissements de même nature, véritables facteurs d’amélioration de la prise en charge des patients. Les indicateurs de qualité des soins sont intégrés aux contrats budgétaires entre l’Agence Régionale de Santé (ARS) et les établissements de santé. Les données des établissements seront très prochainement diffusées sur internet (avec des comparaisons en vue de faciliter leur compréhension) et mises à disposition du public par les établissements. Cette implication collective des pouvoirs publics et des acteurs de terrain vise à assurer la confiance des patients et des usagers dans le système de soins hospitaliers. Quels sont ces indicateurs ? A ce jour, il existe deux grandes familles d’indicateurs : • Lutte contre les infections nosocomiales. • Qualité de prise en charge du patient. Un indicateur viendra compléter dans les prochains mois ces deux familles : celui mesurant (par enquêtesondage) la satisfaction des patients hospitalisés. Que permettent ces indicateurs ? Chaque année, les résultats individuels de chaque établissement répondent à l’obligation de transparence instaurée par la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (Loi HPST du 21 juillet 2009). Leur diffusion publique est réalisée via le site ministé- riel Platines, qui présente le profil des établissements de santé en médecine-chirurgie-obstétrique, en soins de suite et de réadaptation, en hospitalisation à domicile, et en psychiatrie. Dans un délai de deux mois à compter de la date de publication nationale des indicateurs sur le site Platines, chaque établissement doit mettre à la disposition du public les résultats le concernant, accompagnés de données de comparaison. Si cette obligation est en général respectée, il faut bien constater qu’actuellement la diffusion des résultats n’est guère compréhensible pour le grand public. Les derniers résultats des indicateurs de qualité dans les établissements de santé ont été publiés en novembre 2012 (sur les données 2011). Dans les tableaux qui suivent, les critères de notation sont évaluées sur 100, la note 100 correspondant à la note maximale, cette note est souvent accompagnée d’une évaluation par *, l’obtention de 3* pouvant être considérée comme un résultat satisfaisant. La lutte contre les infections nosocomiales Nous avons retenu trois indicateurs sur les 7 existants : le reflet global, le bon usage des antibiotiques, le staphylocoque doré. • Le reflet global : Il est la synthèse en un score unique de 6 indicateurs reprenant entre autres l’organisation, les moyens, et les actions mises en place afin de lutter contre les maladies nosocomiales, dans l’établissement. • Le bon usage des antibiotiques : C’est un score regroupant le calcul du nombre de réunions par an de la commission antibiotique de l’établissement, les moyens mis en place (comme l’existence d’une prescription informatisée des médicaments) et les actions mises en œuvre comme la prévention et la surveillance de la consommation d’antibiotiques). • Le Staphylocoque doré (résistant à la méticilline). Le staphylocoque doré est une bactérie à l'origine de nombreuses infections ou intoxications alimentaires. Elle est particulièrement redoutée en milieu hospitalier, où elle est souvent en cause dans les infections nosocomiales. Cet indicateur est présenté sous la forme d'un taux défini par le nombre de patients hospitalisés, chez lesquels au moins une souche de ce staphylocoque a été isolée dans l'année, rapporté à 1000 journées d'hospitalisation. Plus le taux est élevé, plus le risque sur le staphylocoque est important. CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 7 Santé De Nantes Lutte contre les infections nosocomiales (année 2011) CHU Nantes Reflet global (score agrégé activités 2011) 87/100 *** Bon usage des antibiotiques (ICATB) Staphylo coque doré 76/100 ** 0,19 0,18 Clinique Brétéché Nantes 90/100 *** 100/100 *** Centre Catherine de Sienne Rezé 96/100 *** 100/100 *** Clinique Jules Verne Nantes 87/100 *** 90/100 *** 0,07 Nouvelles Cliniques Nantaises Rezé 94/100 *** 95/100 *** 0,13 Polyclinique de l’Atlantique Saint-Herblain 90/100 *** 100/100 *** 0,05 Polyclinique de l’Europe Saint-Nazaire 79/100 *** 78/100 *** Non renseigné CH Châteaubriant 78/100 *** 90/100 *** 99/100 *** 100/100 *** 0,22 Polyclinique de l’Océan Saint-Nazaire 77/100 *** 84/100 *** 85/100 *** 93/100 *** Clinique Saint Augustin Nantes 92/100 *** 90/100 *** 0,13 Centre René Gauducheau St Herblain 98/100 *** 69/100 *** 100/100 *** 71/100 *** Non renseigné 0,02 Hôpital local intercommunal Guérande 49/100 ** 46/100 *** 0,31 Clinique Sainte-Marie Châteaubriant 84/100 *** 100/100 *** Non renseigné CH Ancenis CH Saint-Nazaire Hopital local de Pornic La Qualité de la prise en charge Nous avons sélectionné 4 indicateurs. • Le partage d’informations au cours d’une hospitalisation . Il s’agit de l’évaluation de la qualité de la tenue du dossier des patients hospitalisés (comme par exemple : la présence ou non d’un document médical relatif à l’admission ou la présence d’un examen médical d’entrée renseigné ou non). • La communication avec le médecin traitant . L’indicateur concerne le délai d’envoi du courrier de fin d’hospitalisation. Il représente le pourcentage de séjours pour lesquels le courrier de fin d’hospitalisation est envoyé dans un délai inférieur ou égal à 8 jours avec les éléments qualitatifs indispensables à la conti- Non renseigné 0,24 0,28 0,13 nuité des soins. • La mesure de la douleur . Cet indicateur mesure la réalisation et la notification de l'évaluation de la douleur dans le dossier patient au moyen d’une grille d’analyse spécifique. • La mesure du poids, ou dépistage des troubles nutritionnels . En médecine-chirurgie-obstétrique, c'est le pourcentage de patients pour lesquels une mesure du poids est réalisée lors des 48 premières heures de l’hospitalisation. En soins de suite et réadaptation, c’est le pourcentage de patients pour lesquels une mesure du poids est faite dans la 1ere semaine du séjour puis dans les 15 jours. 8 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Santé De Nantes La qualité de la prise en charge en médecine, chirurgie et obstétrique (année 2011) Partage d’informations Communication avec le médecin traitant Mesure de la douleur : Mesure du poids CHU Nantes 70/100 * 39/100 * 45/100 * 74/100 * Clinique Brétéché Nantes 92/100 *** 59/100 * 98/100 *** 78/100 ** Centre Catherine de Sienne Rezé 57/100 * 5/100 * 99/100 *** 34/100 * Clinique Jules Verne Nantes 76/100 * 35/100 * 96/100 *** 63/100 * Nouvelles Cliniques Nantaises Rezé 61/100 * 4/100 * 96/100 *** 86/100 ** Polyclinique de l’Atlantique Saint Herblain 90/100 *** 64/100 * 93/100 *** 96/100 *** Polyclinique de l’Europe Saint-Nazaire 55/100 * 10/100 * 100/100 *** 94/100 *** CH Châteaubriant 84/100 ** 54/100 * 81/100 ** 84/100 ** CH Ancenis 89/100 *** 68/100 * 74/100 ** 85/100 ** Polyclinique de l’Océan Saint-Nazaire 74/100 * 49/100 * 99/100 *** 90/100 *** Clinique Saint Augustin Nantes 71/100 * 9/100 * 94/100 *** 89/100 ** CH Saint-Nazaire 77/100 ** 50/100 * 53/100 * 78/100 ** Centre René Gauducheau St Herblain 83/100 ** 50/100 * 89/100 *** 94/100 *** Hôpital local de Pornic 88/100 *** 43/100 * 58/100 * 78/100 ** Hôpital local intercommunal de Guérande 85/100 *** 60/100 * 9/100 * 60/100 * Clinique Sainte-Marie Châteaubriant 70/100 * 40/100 * 100/100 *** 75/100 ** CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 9 Santé De Nantes La qualité de la prise en charge en soins de suite et réadaptation (année 2011) 73/100 * 88/100 *** 78/100 ** 85/100 *** 82/100 ** Communication avec le médecin traitant 31/100 * 99/100 *** 78/100 ** 49/100 * 55/100 * 86/100 *** 76/100 ** Partage d’informations CHU Nantes Clinique Brétéché Nantes CH Châteaubriant CH Ancenis Hôpital local de Pornic Hôpital local intercommunal de Guérande Mesure de la douleur Mesure du poids 41/100 * 94/100 *** 70/100 ** 13/100 * 61/100 * 60/100 * 95/100 *** 50/100 * 71/100 ** 54/100 * 18/100 * 34/100 * Les services de soins de suite et de réadaptation (SSR) accueillent généralement des patients nécessitant un suivi médical après un séjour dans un service de médecine ou de chirurgie. Commentaires de la commission santé de l’UFC-Que Choisir de NANTES Ces indicateurs, issus du site du Ministère, sont fréquemment utilisés pour réaliser les palmarès des cliniques et hôpitaux que vous pouvez lire dans de nombreux hebdomadaires. Pour notre part, nous nous sommes refusé à faire un classement départemental, car les situations sont très différentes d’un établissement à un autre. Par exemple, la lutte contre le staphylocoque doré sera plus facile dans un hôpital ou une clinique n’ayant pas d’activité chirurgicale. à votre suivi. C'est incompréhensible, à l’ère de l’informatique ! • Il reste de gros progrès à réaliser dans certains établissements sur la prise en charge de la douleur. Des bénévoles UFC-Que Choisir assurent la représentation des usagers dans un grand nombre des établissements cités. Ils interviennent fréquemment sur ces questions de qualité des soins, et ils sont naturellement à votre disposition pour vous fournir des informations complémentaires. Ces indicateurs montrent, néanmoins, qu’il y a encore de très gros efforts à réaliser pour obtenir une qualité satisfaisante de la prise en charge des patients, dans nos établissements de santé du département. • Globalement, la lutte contre les maladies nosocomiales est bien prise en charge, avec néanmoins des écarts importants pour des établissements de même nature, sur des infections liées au staphylocoque doré. • On observe des écarts très importants entre établissements, dans la tenue du dossier patient, source principale d’informations entre les professionnels de santé qui vous soignent. • La situation est anormale, dans la plupart des établissements, pour les délais de transmission à votre médecin traitant des informations nécessaires 10 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Santé De Mery FAZAL CHENAI et Fanny GUERIN De Nantes Réflexions sur la fin de vie « Tu t’en vas sans moi, ma vie…Tu portes ailleurs la bataille » (Henri Michaux). es progrès de la médecine ont très largement contribué à l’augmentation de l’espérance de vie, et l’une des conséquences de cette évolution est l’allongement de la durée de la fin de vie. L Dans notre société, la mort est un sujet tabou. Elle nous « épouvante » ; toutefois, certains arrivent à l’appréhender avec sérénité, comme Paul Ricœur qui promouvait : « la gaieté jointe à la grâce espérée d’exister vivant jusqu’à la mort » et Stéphane Hessel «qui attendait la mort avec gourmandise ». La mort n’épargne aucun de nous, elle nous concerne tous. Certes, elle peut être vécue comme une tragédie. Le plus souvent aussi (et ce qui est le plus dur à subir), elle s’accompagne de la maladie, de la vieillesse, du handicap, de la déchéance, de la solitude et des soins qui n’en finissent pas de se prolonger… Cette « fin de vie » parfois très difficile et douloureuse provoque des questions qui dérangent éthiquement et juridiquement. D’autre part, les « affaires » Humbert, Sébire, Mireille Jospin et d’autres, qui ont défrayé la chronique, nous ont profondément interpellés à ce sujet et nous conduisent à nous interroger. Faut-il ou non légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté ? Attention au poids des « mots » ( et des maux ) qui font peur et mal. L’homme doit assumer sa mortalité et sa « finitude ». Mais comment rendre la mort la plus douce possible, la plus « humaine », la plus « apaisée » ? Il est avant tout primordial de « considérer », avec une bienveillance certaine, le patient en fin de vie ; d’être à l’écoute de ses attentes ; de respecter sa volonté et sa dignité ; d’être le plus complètement avec lui, dans un accompagnement éthique, médical et psychologique. La compassion, la solidarité (personnel soignant, famille et bénévoles d’associations dont il ne faut pas oublier le rôle) et une prise en charge la plus globale, doivent permettre ce « cheminement » le plus serein possible et, rappelons que ce n’est pas « la quantité de vie qui compte, mais la qualité de vie ». Mais cela seul ne suffisant pas, il a fallu « légiférer » sur le droit des malades et la fin de vie, même si, le député Jean Leonetti dit : « La loi ne résout pas tout. Le droit ne gère pas tout. Nous devons désormais reconquérir l’espace humain d’un monde technique et scientifique qui a perdu son âme ». Que dit la loi Léonetti ? Cette loi (du nom de son principal inspirateur) a été promulguée le 22 avril 2005 ; elle encadre la situation de fin de vie. Celle-ci peut se décliner en cinq points fondamentaux : • La loi maintient l’interdit fondamental de donner délibérément la mort à autrui. • En revanche, elle dénonce l’obstination déraisonnable. L’administration d’actes « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie » est considérée comme déraisonnable. • Elle pose le principe du respect de la volonté des patients quand ils sont en état de s’exprimer. Dans le cas contraire, le médecin, après avoir recherché la volonté du patient (directives anticipées, personne de confiance, famille) prend la décision en respectant une procédure collégiale. • Elle recommande la préservation de la dignité des patients et l’obligation de leur dispenser des soins palliatifs. La loi fait obligation aux médecins de soulager la douleur, de respecter la dignité du patient et d’accompagner ses proches. • Les différents acteurs sont protégés par la traçabilité des procédures suivies. Un rappel sur les directives anticipées Toute personne majeure peut, si elle le souhaite, faire une déclaration écrite afin de préciser ses souhaits quant à sa fin de vie au cas où elle serait hors d’état d’exprimer sa volonté. Pour être prises en compte, les directives anticipées doivent avoir été écrites et, datées de moins de trois ans avant la date à partir de laquelle le patient ne serait plus en état d’exprimer sa volonté. Elles ont une valeur supérieure à l’avis de la personne de confiance et sont révocables à tout moment. Attention, là encore, s’il doit en prendre connaissance, le médecin n’est pas tenu de s’y conformer. Vers une évolution de la loi ? En 2012, un rapport a été demandé par le Président de la République, au Professeur Sicard, pour conforter ou compléter cette loi sur la fin de vie. Le rapport réalisé après une large concertation : • Souligne « une culture du tout curatif » de la part CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 11 Santé De Nantes des médecins ainsi qu’une trop grande surdité face à la détresse psychique et aux souhaits des patients. Pour y remédier, Le Professeur Sicard recommande une meilleure formation sur les soins palliatifs avec, par exemple, la mise en place d’un enseignement sur l’obstination déraisonnable. Notons que les soins palliatifs concernent de manière générale les maladies pour lesquelles il n’y a aucune perspective de guérison. Ces soins visent alors à soulager les douleurs physiques ainsi que la souffrance psychologique, morale et spirituelle. • Constate une méconnaissance générale de la loi Léonetti : « 48 % des français pensent que la loi n’autorise pas l’arrêt des traitements vitaux et 47 % qu’elle interdit l’acharnement thérapeutique ». La mission recommande « un effort massif de formation » ainsi que « des campagnes d’informations régulières »et d’autre part, elle évoque la création d’un « fichier national informatisé qui centraliserait les directives anticipées ». • Ne recommande pas de prendre de nouvelles dispositions en urgence sur les situations de fin de vie mais elle « ne s’interdit pas quelques réflexions sur l’aide active à mourir ». Ainsi, « si l’assistance au suicide ne saurait être une solution (…), elle peut répondre à la volonté de certaines personnes, au stade terminal d’une maladie incurable de disposer d’un recours ultime ». A la suite, le Président de la République a saisi le Comité Consultatif National d’Éthique, afin qu’il se prononce sur ces trois dernières pistes de réflexion pour qu’un projet de loi soit présenté au Parlement. Le Comité Consultatif National d’Éthique vient de rendre son avis, début juillet : Il se prononce majoritairement contre l’euthanasie et le suicide assisté et souhaite que la loi Léonetti soit mieux appliquée ; que les soins palliatifs y compris à domicile soient accessibles à tous et les directives anticipées deviennent « contraignantes ». et précisé à l’occasion de cette réflexion nationale ». Le texte « complètera, améliorera la Loi Léonetti qui est déjà un premier pas dans la direction qui est celle de la dignité de la personne ». Une autre vision de la fin de vie ? Mais, la « bonne mort » n’est pas qu’une décision juridique, politique ou médicale ; elle est aussi la liberté de chacun, dans sa conviction profonde et dans sa dignité. Le respect des principes éthiques, la considération des attentes des personnes en fin de vie, l’accompagnement attentif et constant, une meilleure prise en charge des patients par les professionnels de santé (soulagement de la douleur, sédation…), une attention permanente (si souvent négligée) envers les familles en souffrance, angoissées, épuisées face à des situations trop longues, la nécessité d’informations claires et continues de la part des soignants… Tout cela serait l’une des réponses, peut-être même, « la réponse », à ce « mourir debout et digne » ? Bien sûr, il ne nous est pas possible, au sein de notre commission santé de l’UFCQue Choisir, de prendre position dans ce débat si grave, et de trancher. Ce sujet de fin de vie, du « mourir » dignement, est complexe. Il concerne chacun, dans l’intimité de sa conscience et dans le sens qu’il donne à sa mort. Dans nos représentations au sein des établissements de santé, nous nous efforçons de faire respecter les dispositions de la Loi Léonetti, et nos bénévoles qui suivent ce dossier sont à votre disposition si vous souhaitiez échanger avec eux sur ce sujet. Le Président de la République s’est prononcé à ce sujet : « Il y aura sans doute à la fin de l’année un projet de loi qui sortira fort de tout ce qui aura été dit 12 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Dans notre courrier De Nantes Au secours, déménageurs maladroits..! D’ Isabelle… De Thibaut… ...à Nantes ...à Nantes N ous avons fait appel aux "Déménageurs bretons", et une semaine après livraison, nous avons constaté, en défaisant nos cartons, que notre grillepain était devenu inutilisable (enfoncé) et que, d'autre part, le meuble métallique de TV était désormais brinquebalant. Aussi leur avonsnous écrit en ce sens avec accusé de réception, afin d'obtenir une indemnisation. Un courrier-type nous a été envoyé de leur part, avec fin de non-recevoir ! Notre réponse : "Vous avez encore la possibilité de faire une réclamation, même si vous avez signé le bon de livraison (on dit "lettre de voiture") sans remarque particulière, mais vous devez impérativement le faire dans les dix jours qui suivent la livraison, sinon vous n'aurez plus de recours. Vous enverrez au déménageur un courrier RAR, détaillant avec précision les détériorations ou pertes que vous aurez constatées. Si vous n'êtes pas en mesure de chiffrer simultanément l'indemnité en réparation (car il vous faut rechercher des factures ou établir des devis), vous le ferez dans un second temps, même au-delà des dix jours. Depuis la loi du 8 décembre 2009 (article L 121-95 du Code de la consommation, et arrêté du 27 avril 2010), le document de livraison doit mentionner clairement le délai et les modalités de réclamation. Il doit également indiquer aussi clairement que le consommateur peut signaler des dégradations, même s'il n'a pas fait de réserves à la livraison. Si le bulletin ne contient pas ces précisions, le consommateur peut envoyer valablement sa lettre de réclamation dans un délai de trois mois !". P our vendre notre maison, nous avons signé un premier mandat exclusif le 15 mars 2013 comportant une période irrévocable de 3 mois. Le 27 avril 2013, au cours d'un "bilan" avec l'agent immobilier, nous avons décidé de diminuer le prix de vente retenu avec lui au départ. En toute confiance, nous pensions signer un avenant pour modifier le premier mandat. Au lieu de ça, nous avons aveuglément signé un second mandat exclusif, comportant à nouveau une période irrévocable de 3 mois. Or il n'a jamais été question d'un tel réengagement ! Étant novice dans ces démarches, nous avons tenté d'expliquer le malentendu à l'agence immobilière pour trouver une solution à l'amiable, en vain. Nous souhaiterions faire appel à vos compétences pour éviter que ces pratiques douteuses ne soient permises et se perpétuent. Notre réponse : "Un mandat, même exclusif, et même à durée déterminée, peut être révoqué à tout moment par celui qui l'a consenti : cette position a été constamment affirmée par la Cour de cassation, en application de l'article 2004 du Code civil (arrêt 1ère Civ. du 2 mai 1984 N° 83-12056, et en dernier lieu 1ère Civ. 5 février 2002, N° 99-20895). Cette dernière décision précise par exemple que " le mandat même stipulé irrévocable, de rechercher un acquéreur en vue de la vente d'un bien, ne prive pas le mandant du droit de renoncer à l'opération ; que la révocation produit, alors, tous ses effets, sous réserve de la responsabilité du mandant envers le mandataire". Le mandataire ne peut pas vous empêcher de révoquer, il peut seulement vous réclamer une indemnité s'il démontre que cela lui cause un préjudice (ce qui n'est pas le cas pour un agent : un mandat perdu, d'autres retrouvés, ce sont les affaires...)". CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 13 Dans notre courrier De Nantes De Dominique… De Marie… … à St Sébastien sur Loire ...à Nantes J ’ai acheté le 12 septembre 2010 sur le site CDISCOUNT un appareil photo à 100 €, et j’ai pris dans la foulée leur garantie sérénité à 15 €. Fin juin l’appareil tombe en panne. Je contacte le SAV CDISCOUNT, qui refuse de prendre en charge la réparation, en raison d’une clause d’exclusion ("Les dommages, pannes, défaillances ou défauts imputables à des causes d'origine externe"), alors que ce n'est nullement le cas ! J’ai protesté et demandé où réclamer. J’ai envoyé une première lettre RAR au service réclamation client, le 5 juillet dernier. J’ai eu deux réponses par mail : d'abord, "On contacte le SAV, qui vous recontactera…", (mais on ne m'a pas recontacté, et c'est resté sans suite) ; ensuite : "Appelez le 0780007839…", mais ce n'est qu’un répondeur… Après avoir essayé de téléphoner au SAV sans succès, j’ai envoyé ce jour une seconde lettre RAR, avec mise en demeure, car la garantie prend fin le 12 septembre prochain. Après, je ne sais pas quoi faire. Notre réponse : "Votre mésaventure illustre bien les pratiques de ces sites en ligne, qui se dérobent le plus souvent à leurs responsabilités légales et contractuelles. CDISCOUNT, avec RUEDUCOMMERCE, est parmi les champions de ces procédés. D'abord, c'est au vendeur de démontrer que la panne résulte d'une exclusion de garantie : il supporte sur ce point la charge de la preuve. Ensuite, c'est votre contrat d'extension de garantie (payé bien cher, comme d'habitude…) qui fixe les limites de cette garantie, et les modalités de déclaration : il faut suivre scrupuleusement ces indications. Enfin, les courriers RAR de signalement et réclamation suffisent à faire la preuve que la panne est survenue avant l'expiration de la garantie : vous pourrez donc engager des démarches même après cette date. Mais le plus efficace sera probablement de déposer une demande de convocation devant le Juge de proximité : cela coûte 35 €, mais c'est très efficace, et vous en obtiendrez très vraisemblablement la compensation (soit par le Juge, soit par négociation de votre désistement avant l'audience !)". L ’été dernier, ma voiture (stationnée dans la rue) a été incendiée. Mon assurance auto (la MAIF) m’a demandé de la faire expertiser et évaluer les travaux chez le carrossier, ce que j’ai fait. Suite à la présentation d’un document qui mentionnait "Pas de franchise pour le client" (je dispose de ce document transmis par le garage), j’ai engagé les travaux. Lorsque je suis venue chercher mon véhicule 3 semaines après, il a fallu que je règle une franchise de 230 € pour qu’on me le restitue ! Le garage a bien voulu me transmettre le document que lui a renvoyé la MAIF ("Erreur dans l’ordre de mission : franchise de 230 € à réclamer"). Sachant que la voiture fonctionnait avant travaux, je n’aurais pas engagé les réparations si on m’avait prévenue qu’une franchise de 230 € était à ma charge. Depuis, j’ai téléphoné à plusieurs reprises à la MAIF, envoyé des mails et au bout de deux mois, j’ai enfin reçu un courrier qui m’informait qu’on ne me restituerait pas le montant de la franchise. L’erreur n’est pas de mon fait et il s’agit pour mon petit budget d’une grosse somme, je n’ai donc pas envie de m’arrêter là. Notre réponse : "La MAIF vous applique le contrat, sans tenir compte de son erreur, considérant que celle-ci ne vous concernait pas (échange entre l'assureur et le mécanicien). Ce n'est pas très conforme à l'image que veut se donner cet assureur "militant". Mais surtout, ce n'est pas très régulier en effet, de vous laisser ainsi sans conseil ni solution, après réparation de ce sinistre dont vous avez été victime, sans responsable identifié. En effet, votre véhicule a été détérioré en pleine rue, alors que cela relève de l'ordre public : vous pouvez présenter une requête en Préfecture, et probablement obtenir réparation par l'État de votre préjudice (c'est-à-dire la franchise restée à votre charge)". 14 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES La chronique des litiges De Nantes de Julia MAHEO Assurer un animal domestique : une vie de chien ! N otre adhérent CL avait souscrit, le 27 décembre 2011, un contrat d'assurance santé des animaux (pour son chien dénommé Alex), auprès de ECA-Assurances (rue Lafayette à PARIS), au prix mensuel de 33,50 €. Le 21 octobre 2012, le chien a été hospitalisé au Centre Hospitalier Vétérinaire ATLANTIA de NANTES, et son traitement a fait l'objet d'une facture du 23 octobre, pour un total de 700,50 €, transmise à l'assureur avec la déclaration de sinistre et les justificatifs, le 23 octobre 2012. Après une réclamation du client par courrier RAR du 12 décembre suivant, la compagnie d’assurance ECAAssurances a indemnisé par un virement du 11 janvier 2013 la somme de 374,26 € (sans explication sur la prise en charge du sinistre déclaré). trice de l’assuré qu’une clause d’exclusion de garantie n’est pas formelle et limitée dès lors qu’elle doit être interprétée (Cass. 1ère Civ., 22 mai 2001, N° pourvoi : 99-10859). Également, la clause doit être nettement délimitée ou encore, selon une formule jurisprudentielle plus récente, elle ne saurait vider la garantie de sa substance (exemple précité pour l'incendie). Au cas considéré, l’assurance n’a pas motivé le remboursement partiel, alors que le client répondait aux conditions requises pour la mise en œuvre de la garantie, et elle n’a également pas démontré l’existence d’une faute qui lui serait imputable ou tout autre élément pouvant limiter la garantie. Cette argumentation, reprise dans le courrier recommandé de notre association, a permis d’obtenir le remboursement de la totalité des frais vétérinaires supportés par notre adhérent (700,50 €), après de plates excuses d'un médiateur interne. En matière d’assurance, l'assuré doit déclarer sincèrement sa situation, et détailler les circonstances de l'évènement dont il demande la prise en charge : c'est ce qu'avait fait notre adhérent. Ensuite, pour la mise en œuvre de la garantie ainsi réclamée, l'assureur doit expliquer la décision qu'il a prise : soit détailler le calcul de l'indemnité versée (il peut retenir une franchise, appliquer un coefficient de vétusté…), soit motiver un refus de garantie. Contester une contravention SNCF : pas gagné ! C'est bien souvent à ce stade que le conflit s'organise : l'assureur traîne les pieds, ou ne justifie pas son refus, ou encore il tergiverse dans les justificatifs du sinistre (très fréquent pour les assurances d'annulation de voyage, ou de vol d'appareil…). Il a fait l'objet d'un constat par le contrôleur SNCF pour ce motif à 15 heures 50, avec une somme à payer de 62 €, qu'il a proposé de régler sur le champ. Cependant, il ne pouvait s'acquitter de ce supplément qu'à l'aide de sa carte bancaire, et ce mode de paiement a échoué sur le TPE du contrôleur. C'est ainsi que le contrôleur a cru devoir établir un procèsverbal d'infraction, pour 107 €. Ainsi, le refus de garantie par l’assureur doit faire l’objet d’une motivation écrite, explicite et fondée : d’une part, sur une stipulation formelle du contrat et d’autre part, sur des circonstances qu'il appartient à l’assureur d'établir. La jurisprudence est formelle en ce sens, et ce depuis les années 1980. L’étendue et le nombre des exclusions sont variables suivant les contrats. Pour être valables, les clauses d’exclusion de risque doivent être mentionnées en caractères très apparents (article L112-4 du Code des assurances), et elles doivent être limitées : l'assureur ne peut pas écarter de la garantie incendie la plupart des causes de feu, par exemple (article L113-1 du même Code). A défaut, la clause sera réputée non écrite par le juge. Il ressort d’une jurisprudence protec- M onsieur S. avait voyagé en train le 17 octobre 2012 entre STRASBOURG et NANTES, avec une carte de réduction 15/25, alors que sa carte avait expiré depuis la veille, 16 octobre. Le client a pu vérifier le fonctionnement de sa carte bancaire au bar TGV quelques minutes plus tard (ticket du même jour à 16 heures 05), et s'est fait délivrer par sa banque, à l'arrivée à NANTES, une attestation démontrant que son compte était bien créditeur à cette date, pour plus de 100 €. Tout d’abord, les contrôleurs et agents de surveillance dans les transports en commun, sont des employés des entreprises de transport ayant prêté serment devant le tribunal de grande instance. Ils sont ainsi habi- CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 15 La chronique des litiges De Nantes lités, non seulement à contrôler les billets, mais également à relever les infractions dans un ordre juridique qui relève des procédures pénales (police dite des chemins de fer). Le contrôleur peut donc percevoir l’indemnité forfaitaire correspondant à l’infraction (et le cas échéant, la somme due pour le transport), ainsi que dresser le procès-verbal de l’infraction. Sur cette base, l’agent édicte des contraventions de 1ère, 2e, 3e ou 4e classe, correspondant à des actes et comportements fautifs dont le montant varie de 38 à 750 €. Une fois, le voyageur surpris en infraction, l’agent demande, dans un premier temps, de payer sur-lechamp une indemnité forfaitaire (et, le cas échéant, le prix du transport). Dès lors, soit le voyageur peut payer immédiatement (dans ce cas, il reçoit une quittance et aucun procès-verbal n’est dressé), soit il ne le peut pas (ou ne veut pas), et l’agent dresse un procès -verbal de l’infraction, avec le montant de l’amende, ainsi que des frais de dossier (jusqu'à 38 €…). A ce stade, le voyageur dispose de deux mois pour payer ou pour protester. Si tel n’est pas le cas, la société de transport transmet le procès-verbal au Procureur de la République, se dessaisissant ainsi du dossier. Le ministère public devient alors l’interlocuteur unique du voyageur. Ce dernier reçoit alors un avis d'amende forfaitaire majorée, avec un délai de trente jours pour payer ou contester. Sans réponse du voyageur dans ce délai, le titre exécutoire produit tout ses effets, le Trésor peut procéder au recouvrement de l’amende par saisie sur les biens, les salaires ou les comptes bancaires. En cas de contestation, le Procureur décide soit de classer l’affaire si les motifs sont jugés convaincants, soit de transmettre le dossier au tribunal de proximité. Dans cette dernière éventualité, le ministère public a le choix entre la procédure ordinaire (où le juge rend son jugement au terme d’une audience à laquelle le prévenu aura pu s’expliquer), ou la procédure simplifiée (où le juge statue sans débat, et rend une ordonnance pénale de condamnation ou de relaxe). Au cas considéré, le voyageur était bien tenu d'un supplément de prix, qu'il n'a pas refusé de payer. Ainsi la constatation d'une infraction pour non paiement ne paraît pas justifiée, le contrôleur lui-même ayant porté au dos du PV la mention "paiement de 62 € par CB refusé par TPE". La somme de 107 € correspondant au montant d'une contravention, la base légale pour le bien fondé de cette procédure, devant le Tribunal de Police compétent pour sa confirmation, ne semblait pas pouvoir être valablement retenu. Cette argumentation, reprise dans le courrier recommandé de notre association, nous a valu un modèle de poésie ferroviaire : la SNCF commence par souligner que le contrôleur n'a rien à se reprocher (ce qu'on n'avait jamais prétendu…), qu'il devait règle- mentairement procéder ainsi (ce qu'on ne contestait pas davantage…), et que le voyageur était bien en situation irrégulière (ce dont on ne disconvenait surtout pas…). Et pour conclure, ce courrier admet cependant, compte tenu des circonstances, que seule la majoration (62 €) pour défaut de titre régulier serait retenue, sans la contravention pour défaut de paiement (107 €). Au bout de ce long argumentaire, très sermonneur et dédaigneux, la SNCF aura donc fini par admettre que l'on pouvait traiter autrement ce cas particulier, dans lequel notre adhérent avait des torts, certes, mais pas tous ceux dont on l'avait accablé. Il aurait été tellement plus simple de l'admettre dès réception de son propre courrier, aussi clair que le nôtre… Débits bancaires non autorisés : même plus peur ! N ous avons expliqué dans le précédent numéro de CONSO'NANTES que les prélèvements ou débits bancaires peuvent désormais être contestés et remboursés beaucoup plus facilement qu'auparavant. En effet, le client victime de retraits, prélèvements, ou débits même par CB (mais pas par chèque), qu'il n'a pas autorisés, peut en obtenir restitution dans un délai de plus d'un an (13 mois à compter de la réception du relevé). Les banquiers sont souvent réticents pour admettre ces dispositions légales (articles L 133-1 et suivants du Code monétaire et financier), et ne se privent pas de vous proposer des assurances devenues complètement inutiles (pour débits par usage frauduleux de la carte bancaire, notamment). Nous avons une illustration dans un récent dossier, contre la BANQUE POPULAIRE ATLANTIQUE : notre adhérent SL avait constaté, client dans l'agence BPA ZOLA des débits modestes mais nombreux (une cinquantaine de fois pour 11,50 €, par débits référencés WP-SKYPE). Le total des sommes ainsi prélevées s’élevait tout de même à… 713 € ! Là encore, donc, la banque s'est longuement fait tirer l'oreille, puisqu'elle n'avait donné aucune suite aux deux réclamations de son client (pourtant faites par lettre RAR) auprès de cette agence. Notre démarche aura été plus efficace (remboursement intégral au bout d'un mois et demi)… Mais encore une fois, pourquoi faut-il ainsi rappeler aux professionnels la simple application de la loi ? 16 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Nos enquêtes De Nantes De Mariannick PACREAU Les centres de bronzage L a législation impose aux professionnels des centres de bronzage de fournir aux consommateurs une information claire, et de les avertir des risques pour leur santé. Cinq ans après notre enquête de 2008, le scandale perdure. Le protocole de notre enquête Les enquêteurs de notre association locale ont visité 11 établissements proposant les UV. Ils devaient se renseigner pour connaître le nombre, la fréquence et la durée des séances requises, en vue d’un voyage au soleil 15 jours plus tard. Il s’agissait de vérifier que les professionnels communiquaient bien les mises en garde indispensables au bronzage en cabine. Si ces derniers ne leur posaient aucune question, les bénévoles devaient demander si la pratique d’UV ne présentait aucun danger. Ils devaient également évoquer qu’ils suivaient un traitement contre l’hypertension (à base de LASILIX, un médicament photo sensibilisant), donc incompatible avec le bronzage artificiel. Conclusion Encore aujourd’hui, la législation n’est pas souvent respectée par les centres de bronzage, les publicités de ces établissements sont trop rarement conformes à cette réglementation. On retiendra de cette étude que les bienfaits des UV sont encore mis en avant, avec pour but principal de rassurer l’utilisateur, alors que les risques sont rapidement éludés par les professionnels. Cependant un bon point pour ceux-ci s’agissant du nombre, de la durée, et du rythme des séances. En revanche, ont tire la sonnette d’alarme sur le volet santé, dont les implications sont trop minimisées par la profession. Les résultats Notre enquête se résume en quelques chiffres : • 82 % des centres de bronzage visités n’ont pas demandé aux enquêteurs s’ils avaient des problèmes de santé pouvant empêcher d’aller en cabine. • Ils sont 55 % à dire que les UV artificiels sont bons pour la peau. • Seuls 18 % de nos bénévoles ont été interrogés spontanément sur un éventuel traitement médical photo-sensibilisant (antidépresseur, antibiotique, diurétique, anti-inflammatoire…). Bien rares, les refus ont concerné des personnes ayant des problèmes de rétine, ou ayant la peau déjà mate. Les risques Les risques des UV artificiels sont réels, comme le rappelle le BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire). On estime que 4,6 % des nouveaux cas annuels de mélanomes cutanés sont dus à l’exposition aux cabines de bronzage. Pourtant, 64 % des 11 centres visités n’ont évoqué aucun risque ! Or, une séance dans une cabine UV en France, loin d’être une pratique anodine, correspond à une exposition de même durée, au soleil de midi, sur une plage des caraïbes, sans protection solaire. CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 17 CC Beaulieu Nantes Ambre Point soleil 18 | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | CONSO’NANTES Fleur de Beauté MegaSun Institut de Beauté Valérie Anne Citron Vert Atlantic Beauté Esthétique Actuelle Les Thermes du Forum 20 rue Racine Nantes 24 rue de Verdun Nantes 30 rue Jean Jaurès Nantes Oui Non Non Non Oui Non Non Oui Oui 18 rue Scribe Nantes 5 rue Buffon Nantes 5 rue Jules Verne Orvault 35 Bis Bd du Massacre St Herblain 16 rue Pitre Chevalier Nantes 12 rue Porte Neuve Nantes Oui 7 rue Guépin Nantes Beauté Soleil Delorme Soleil Oui Adresse Nom du centre Vous a-ton dit que les UV en cabines sont bons pour la peau? Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Les UV préparent-ils à une exposition solaire ? Non Non Non Non Oui Non Oui, mais j’ai dû poser une question Oui, spontanément Non Non Non Non Oui Oui Non Vous a-ton informé des cancers cutanés (en particulier mélanomes) ? Non Non Non Non Oui, mais j’ai dû poser une question Oui, mais j’ai dû poser une question Non Vous a-t-on informé des risques liés à l’exposition aux UV artificiels ? Non Non Oui Non Non Non Non Non Oui Non Non Vous at-on informé du risque de l’inflamma tion de la cornée ? Non Non Oui Non Non Non Non Non Non Oui Non Vous a-ton demandé si vous étiez sujet à des problèmes de santé ? Oui, spontanément Non, j’ai dû le mentionner Oui, spontanément Non, j’ai dû le mentionner Non, j’ai dû le mentionner Non, j’ai dû le mentionner Non, j’ai dû le mentionner Non et je ne l’ai pas mentionné Non, j’ai dû le mentionner Non et je ne l’ai pas mentionné Non, j’ai dû le mentionner Vous a-t-on interrogé sur un éventuel traitement médicamenteux ? Non Non Mise en garde mais pas de refus Mise en garde mais pas de refus Mise en garde mais pas de refus Mise en garde mais pas de refus Refus Non Non Oui Non Non Mise en garde mais pas de refus Mise en garde mais pas de refus Non Oui Non Non Vous a-t-on énuméré les différents agents photo sensibilisants contreindiqués lors de la pratique d’UV ? Aucune objection Mise en garde mais pas de refus Aucune objection Mise en garde mais pas de refus Après avoir dit que vous preniez du Lasilix, quelle a été la réaction de votre interlocutrice ? Très claires Assez claires Très claires Peu claires Très claires Assez claires Peu claires Pas claires Très claires Peu claires Assez claires Les explications de votre interlocutrice vous ont paru : Nos enquêtes De Nantes On a gagné ! De Nantes D’Hervé LE BORGNE La preuve d’un voyage raté vaut indemnité N os adhérents PRG étaient rentrés outrés, choqués, déçus de leur voyage en Patagonie, payé 6.500 € pour deux personnes pendant 3 semaines, avec NOUVELLES FRONTIERES : moyens de transports spartiates, logements inférieurs aux caractéristiques promises, immobilisation pendant 3 jours suite à une grève locale. Nous les avons aidés à produire une réclamation argumentée, qui leur a valu d'abord une proposition amiable du voyagiste, que nos adhérents ont estimée (à juste titre) insuffisante (moins de 1.000 €). D'où l'engagement d'une procédure judiciaire, qui s'est soldée par l'attribution de plus du double de la somme proposée. L'intérêt de cette affaire est surtout dans l'appréciation par le Juge, des preuves apportées par les clients. Ainsi, le magistrat estime que la preuve de la vétusté ou de l'insuffisance des moyens de transport n'est pas établie par les photographies produites. Il en est de même pour l'hébergement pendant les excursions, puisque "le logement d'étapes était clairement annoncé par le contrat, soit en hôtel, cabanes, refuges ou camping, conformément à un programme de randonnée dans des paysages sauvages". De même, le défaut de compétence du guide n'est pas davantage démontré, par de simples déclarations unilatérales des clients. En revanche, NOUVELLES FRONTIERES est responsable de l'immobilisation à la frontière, subie par les voyageurs pendant 3 jours et 2 nuits, dans des conditions d'inconfort indignes des prestations qu'ils pouvaient attendre. Pour qualifier la faute de l'agence, le Juge retient "les courriers envoyés à NOUVELLES FRONTIERES par les époux H et S, nominatifs et signés de leurs auteurs, démontrent les faits rapportés, qu'ils dénoncent avec précision, de façon concordante", dont il résulte que les voyageurs sont restés désemparés durant 3 jours, sans possibilité de se laver, et 2 nuits assis dans le car sans chauffage… Le voyagiste ne peut prétendre que ces désagréments relevaient d'un cas de force majeure, comme elle le soutient, puisque les demandeurs produisent un courriel du Ministère français des Affaires étrangères, daté de la veille de l'expédition, alertant l'opinion et les professionnels locaux d'un important mouvement de grè- ve, touchant le sud du Chili depuis 2 jours. Dans ces conditions, cette grève n'était pas imprévisible pour NOUVELLES FRONTIERES, qui pouvait éviter le déplacement dans la région perturbée, et proposer un programme de remplacement, ou une prestation alternative, ou une compensation financière. Il résulte des manquements de NOUVELLES FRONTIERES, la condamnation de ce voyagiste au remboursement d'une partie du prix payé pour la prestation non fournie (927 €), et une indemnité complémentaire pour le préjudice d'agrément (1.000 €). On peut rappeler en effet que, dans ces affaires de mésaventures touristiques, les clients peuvent prétendre, non seulement au remboursement de l'équivalent du prix des prestations inexistantes ou non conformes, mais également à une indemnité en réparation des tracas, de la déception, du sentiment de dépit rapporté ainsi de vacances gâchées. C'est la Cour de justice européenne qui en a décidé ainsi (CJCE 6e ch. 12 mars 2002, C-168/00), en application de la directive relative à la responsabilité des agences de voyages pour les séjours à forfait, incorporée dans notre Code du Tourisme (articles L 211-1 et suivants). Juridiction de Proximité de NANTES, 22 février 2013, N° 91 11-000821 Comme nous l'expliquons chaque année dans le rapport d'activité, soumettre au Juge un litige de consommation, c'est une démarche simple, sans frais d'avocat, et vos chances de l'emporter sont sérieuses (sinon, nous vous aurions dissuadé de poursuivre). Certes, il y a toujours un risque : un procès ne peut pas être présenté comme une certitude de victoire. Les raisons peuvent être multiples (preuves insuffisantes, conflits de règles applicables…). Mais c'est une excellente expérience citoyenne : un magistrat vous écoute, examine la situation, puis rend sa décision quelques semaines plus tard, et votre droit est consacré, reconnu. C'est vous qui allez à l'audience : l'association n'est pas avocat, et ne peut donc vous représenter. Ce n'est pas parce que l'adversaire est représenté par un avocat que vous avez moins de chances de gagner : le Juge est là pour appliquer le droit, pas pour donner une préférence à un professionnel des prétoires. Et les résultats obtenus par nos adhérents, depuis plus de 10 ans à NANTES, sont éloquents ! CONSO’NANTES | N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 | 19 CONSO’NANTES La revue de l’UFC-Que Choisir de Nantes N° 66 | Trimestriel | octobre 2013 La reproduction en totalité ou en partie des textes de ce journal est autorisée sous réserve de la mention d’origine. Leur utilisation à des fins publicitaires est strictement interdite. CONSO’NANTES est imprimé sur papier récupéré et recyclé. Tirage de ce numéro : 1980 exemplaires. Directeur de publication : Hervé LE BORGNE. Mise en page et maquettage : Gilbert BOISMAIN, Sophie MERCIER. Imprimerie : La Contemporaine 44985 Ste Luce sur Loire Cedex. N° de commission paritaire : 1014 G 79111 Dépôt légal : 2 octobre 2013 NANTES ÉRAUDIÈRE Déposé le 2 octobre 2013 UFC-Que Choisir de Nantes 1 place du Martray 44000 NANTES Tél : 02 40 12 07 43 Fax : 02 40 47 60 52 [email protected] Bulletin d’adhésion et d’abonnement d’abonnement à retourner avec votre règlement sous enveloppe affranchie à : UFC Que Choisir de Nantes 1 place du Martray - 44000 NANTES Adhésion 32 € Dons de soutien : Réadhésion 32 € Abonnement au bulletin 6 € Par chèque bancaire ou postal à l’ordre de : UFC Que Choisir de Nantes Espèces À Votre Adhésion se termine à cette date. Pensez à son renouvellement. Nous avons absolument besoin de vous pour exister !!! Comme vous avez besoin de nous pour vous défendre. € Signature le Sommaire Comment nous joindre Accueil : Lundi et vendredi de : 14h30 à 18h Mardi, mercredi et jeudi de : 9h à 12h et 14h30 à 18h Et uniquement sur rendez-vous Le samedi matin de 9h à 12h Contactez nous au 02 40 12 07 43 Ou écrivez nous UFC-Que Choisir de Nantes 1 place du Martray 44000 Nantes Site de Nantes : www.quechoisir-nantes.org Courriel Site national Éditorial p. 2 Actualité p. 3 Environnement p. 5 Santé p. 7 Dans notre courrier p. 13 Chronique des litiges p. 15 Nos enquêtes p. 17 On a gagné ! p. 19 [email protected] www.quechoisir.org GBmn