Dimanche des rameaux et de la Passion du Seigneur, Année B

Transcription

Dimanche des rameaux et de la Passion du Seigneur, Année B
Le Roi serviteur
« Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la ville »,
un roi humble qui vient au nom du Seigneur.
Un roi qui est le serviteur,
le Fils de Dieu
et qui sera bientôt rejeté, crucifié,
lui le Sauveur du monde.
Éphémère, le gloire de son entrée à Jérusalem!
Pour toujours, la gloire de la Passion
qui est l'amour en actes,
un amour qui nous ramène au Père.
Signes d'aujourd'hui, La revue de l'animation liturgique, Bayard-Presse, Paris, No. 237, p. 19.
Dimanche des rameaux
et de la Passion du Seigneur, Année B
Pour le meilleur et pour le pire! Voilà la question qui est posée à celui et celle qui veut
sceller une relation d'amour pour toujours. C'est la question qu'aujourd'hui Jésus nous pose si
nous voulons entrer en relation d'Alliance intime et éternelle avec Dieu, le Père, le Fils et
l'Esprit. Nous sommes faits pour vivre suspendus au Souffle de l'Esprit de Dieu.
Voilà qu'apparaît devant nous l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et son anéantissement
sur la Croix. Lui qui est le tout s'est fait le rien pour que nous devenions tout en lui et avec
lui: création nouvelle. Nous sommes-là pour proclamer « Hosanna! Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur ! » (Mc 11, 9) Jésus veut faire son entrée dans notre cœur, dans
notre vie. Il nous invite à déposer devant lui le manteau de ce que nous sommes, notre
misère, notre pauvreté, notre péché pour que " passant dessus " sa gloire soit manifestée.
Nous pouvons aussi étendre des feuillages, nos paroles et nos gestes qui brisent parfois nos
liens d'amour avec Dieu et avec les autres, notre prochain, pour que l'humain et le divin
soient à nouveau réunis en notre vie. « Le seigneur en a besoin » (Mc 11, 3) pour nous faire
véritable chrétien/chrétienne.
Nous aussi à l'image de l'ânon, nous sommes petits pour porter si grand, le Fils de Dieu.
Jésus ne nous écrase pas car son fardeau est léger. Il vient pour que nous marchions de
devant à derrière lui, pour que nous puissions comprendre qu'il nous devance en tout et que
tout s'accomplit selon sa Parole
Puis le vent tourne, la mer s'agite, la foule fait des vagues et nous sommes là encore pour
crier: « Crucifie-le, crucifie-le! » (Mc 14, 13-14). La Croix à son tour fait son entrée et nous
sommes loin de l'accepter et d'entendre la parole de Jésus: « Ma vie personne ne me l'a
prend, c'est moi qui la donne » (Jn 10, 18) ajoutant aussitôt: « Celui qui veut être mon
disciple qu'il prenne sa croix et qu'il me suive » (Mc 8, 34).
C'est une autre invitation que Jésus nous fait, celle de passer à notre tour par l'épreuve, le
dépouillement, le don de notre vie. La Croix s'élève. Il est là cloué pour nous révéler le plus
grand acte d'amour que la terre a porté, le plus beau fruit qu'elle a donnée : le salut de tous.
Si la Croix est chemin de vie, elle est aussi chemin d'amour, chemin de foi, chemin de joie
car Jésus veut nous faire entrer à son école pour nous faire comprendre que de la foi à la
joie, il y a la croix où Dieu nous dit: « Entre la mort et la vie, choisis donc la Vie » (Dt 30,
19). Il est là crucifié entre deux larrons, celui qui après avoir rencontré le regard du Christ
sur lui, lui dit: « Souviens-toi de moi en ton Royaume » (Lc 23, 42). L'autre se tait, garde
silence, attend que la grâce passe. Deux larrons qui nous représentent dans le païen et le
chrétien qui nous habitent car il faut que l'un diminue pour que l'autre grandisse sous l'effet
de notre baptême et de ses conséquences pastorales et ecclésiales.
Il est là, avec à ses pieds Marie-Madeleine, celle qui s'est laissée plonger dans la miséricorde
de Dieu, ce qui l'a amenée à laver les pieds de Jésus dans son service des petits et des
pauvres de ce monde, ce qui lui a permis d'entendre: « Il lui sera beaucoup pardonné
parce qu'elle a beaucoup aimé » (Lc 7, 47). Jean aussi est au pied de la Croix, lui, le bienaimé qui a saisi le projet d'amour du Père, s'est laissé évangéliser par cette parole: « Aimezvous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Entre les deux, il y a Marie.
Elle se tient debout, le cœur transpercé par l'amour qu'elle reçoit et qu'elle a pour son fils,
consciente qu'il meurt aussi pour elle et pour ses enfants, tous frères et sœurs dans le Christ
mais qui ne savent pas toujours ce qu'ils font.
Nous sommes là nous aussi cloués sur une croix ou au pied de la Croix ou encore tout
simplement anonymes dans la foule qui regarde à distance, en étranger, avec indifférence.
Mieux encore, nous sommes ici pour nous rappeler sa mort et sa résurrection et faire pour
notre salut, le sacrifice d'action de grâce pour l'Église et pour l'humanité tout entière. Nous
sommes ici pour actualiser la passion du Christ, le Fils de Dieu, et rappeler que son Corps
livré, que son Sang versé sont gardés en mémoire jusqu'à la fin des temps. C'est pourquoi
nous sommes envoyés dans le monde pour vivre en ressuscité et chanter: « Alléluia! », « il
est vivant, il est ressuscité » (Lc 24, 5-6).
Nous entrons dans la Semaine sainte pour méditer et contempler la place de la Croix du
Christ en notre vie, pour parcourir le chemin de croix qui est le nôtre sous le regard de Dieu
et pour aider les autres, notre prochain, à porter leur croix sous notre regard "bienveillant" de
compassion, de pardon et de miséricorde.
Marchant dans la rue vendredi prochain, en silence, allant d'une église à l'autre, prions les
uns pour les autres en celui qui ne cesse de nous gracier et de nous réconcilier avec lui.
Prions pour toute l'humanité qui a besoin de notre amour-charité pour être sauvée. Traçons
souvent sur nous en secret, avec ferveur, le signe de la croix pour être pour tous, en tout
temps et en tout lieu, bénédiction de Dieu. Et que toute langue proclame: « Jésus Christ
est le Seigneur », à la gloire de Dieu le Père » (Phi 2, 11).
« La Parole me réveille chaque matin, nous dit Isaïe, chaque matin elle me réveille pour
que j'écoute comme celui qui se laisse instruire » (Is 50, 4). Entre l'Hosanna à l'Alléluia, il
y a la croix. Qu'elle soit pour nous, inspirés par l'Esprit, le livre de notre vie, l'Évangile de
Jésus Christ.
Amen.
Maurice Pelletier, d.p.
Paroisse Notre-Dame-de-Foy,
Québec, Qc.
29-03-15.