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Article Gérard BARDON Petit Solognot Marivole, la nouvelle marque d’édition du Petit Solognot fait l’événement littéraire de la rentrée en Sologne Sortie de Gusse de François Barberousse le 1er octobre On nous dit qu'il est imprudent de publier un roman qui ne traite pas des moeurs de Paris, de polémiques sociétales, de crises existentielles, de biographies un peu vachardes… Nous, petit éditeur d'une province, la Sologne, qui a vu naître AlainFournier, Marguerite Audoux... qui a abrité Maurice Genevoix, Eugène Labiche…, pensons que cette littérature n'est pas la seule et qu'elle n'intéresse qu'un public bien particulier. Pour nous, lire, c'est apaiser une fringale. Une fringale du beau français, de la phrase souple, ample. Une fringale d'histoires prenantes où sentiments, caractères, milieu social et géographique prennent toute leur place au service d'un récit qui nous interpelle et nous retire du monde le temps d'une lecture. Oeuvres régionalistes où l'atmosphère et le cadre de vie influence intrigues et personnages. Un coup de coeur Une merveilleuse histoire débute lorsque Pierre Paliard , petit-fils de François Barberousse, nous adresse un manuscrit de son grand-père contenant quelques nouvelles "Epis de Glane". Avant de le placer sur la pile des manuscrits reçus, pile qui ne cesse de grossir et que nous avons du mal à traiter, Christophe Matho, directeur des éditions CPE parcourt quelques pages. Il sent qu'il tient là quelque chose d'exceptionnel. Il m'en fait part, le soir même, petit dormeur, je commence le manuscrit que je n'ai lâché qu'au petit matin à la dernière page. Gérard Boutet sollicité, arrive à la même conclusion que nous. En regardant de plus près, nous avons découvert que François Barberousse avait écrit deux romans à succès à la NRF de Gallimard avant guerre. D'après son petit-fils des critiques littéraires de l’époque le décrivaient comme un grand. Nous nous procurons ces romans. Et là, oh stupeur! Même emballement, même intérêt de lecture, même joie intérieure. Cerise, sur ce merveilleux gâteau littéraire, Pierre Paillard détenait un manuscrit non publié: Gusse ou « l'huile des lampes ». C'est ce livre qui paraîtra début octobre aux éditions Marivole, la marque d’édition créée par notre les éditions CPE pour les romans et les beaux livres. Qui est François Barberousse? Fils d’un paysan aisé, il est né à Brinon-sur-Sauldre en 1900. Nourri de littérature dès son plus jeune âge, il publie L’Homme Sec (1935) et Les jours aux volets clos (1936) aux éditions Gallimard, deux ouvrages qui rencontrent un grand succès et font comparer leur auteur à Céline. Ces romans, d’une écriture vraie, témoignent de la vie rude et de la violence des rapports sociaux dans le monde rural de l’époque avec une justesse qui vous captive. Si le Grand Meaulnes a obtenu la reconnaissance des amoureux du livre, François Barberousse, possédant une formidable qualité d'écriture, serait, à n'en pas douter, l'Ecrivain de Sologne dans le cercle littéraire français! François Barberousse prend goût à l’écriture vraisemblablement grâce à son père, personnage original qui lui a appris le bonheur de lire. Chez les Barberousse, on se rassemblait à la veillée pour partager la lecture que le patriarche imposait à tous. Le jeune François retira, de ces passionnantes soirées, un goût prononcé pour le livre et les mots. Goût auquel s'ajoute l'amour de la Sologne, de ses villages, de ses paysans rudes et rusés, traités sans complaisance mais sans animosité, que l'on retrouve dans ses écrits. Dans ses ouvrages François Barberousse brosse un tableau réaliste de cette société terrienne dont il était issu. Un premier ouvrage, L’Homme Sec, fut édité en 1935 par la prestigieuse NRF. Il fut unanimement salué par la critique. Le second livre, "Les jours aux volets clos", parut l’année suivante avec le même succès. La guerre, la résistance puis le contexte international va tout arrêter. Gusse: un grand roman enfin publié Il y a, chez Barberousse, du Céline, pour l'écriture, du Hugo pour la clarté, du Zola pour l'étude des personnages, du Claude Michelet, du Vincenot pour le terroir… Il devra rapidement entrer dans le panthéon des grands écrivains de chez nous et sans doute à leur tête. Un authentique ventre jaune saura y puiser cette sensibilité particulière que seul un familier des landes et des étangs est apte à apprécier pleinement. C’est que, dans un style d’une grande pureté, Barberousse, plus que tout autre, sait nous faire découvrir la rudesse du monde paysan d’alors et les mystères d’une Sologne qui, pudiquement, ne se dévoile que grâce à la subtilité d’une plume incomparable. La guerre 14-18 décime un village entre Sologne et Berry. Des jeunes gens meurent en pleine force de l'âge, des amis, des copains ne sont plus que des croix alignées au cimetière ou sur la stèle du monument aux Morts. Pourquoi Gusse s'est-il confié au Glaude lors de sa dernière permission. Pourquoi sa mère semble fuir les explications? Pourquoi son père semble triste et résigné? Comment est-il mort? A quelle date? Quelles sont les vrais raisons?… François Barberousse avec son énorme talent de raconteur nous entraîne dans un village solognot comme beaucoup de villages avec ses gens de la terre qui vivent au rythme des saisons, qui travaillent dur, qui habitent la nature qui les entoure… dans un style parfait et une écriture qui coulent et vous entraînent... jusqu'à la dernière page qui éclaire enfin cette histoire prenante. Gusse, le héros est soldat pendant la Grand Guerre. Le roman ne raconte pas la guerre. Mais il décrit le désespoir d'un jeune homme qui constate que la communauté paysanne qu'il aimait se délite dans l'atrocité d'un conflit meurtrier. Un désespoir irrecevable en ces temps troublés. L'éditeur Gallimard y verra un pacifiste peu en phase avec les évènements qui vont précipiter la France dans la Seconde Guerre Mondiale. Il décide en conséquence de ne pas publier… Pour le bonheur des éditions Marivole et les amoureux de la belle littérature d'aujourd'hui. Il eut été dommage que ce manuscrit reste au fond d'un tiroir car c'est certainement le roman le plus abouti, le plus fouillé, le plus construit de ce grand romancier qu'était François Barberousse. Gérard Bardon