LA PART DES ANGES Ken Loach, Grande

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LA PART DES ANGES Ken Loach, Grande
LA PART DES ANGES
Ken Loach, Grande-Bretagne, France, Belgique (2012)
À partir de 10 ans
Conseillé pour les 11 ans et plus
Ken Loach est un réalisateur britannique né en 1936. Son cinéma se
caractérise par le réalisme social et ses personnages appartiennent
généralement à la classe ouvrière ou à la sphère politique. Il s’attaque
également à des épisodes historiques comme la guerre irlandaise
d’indépendance et la guerre civile irlandaise dans le controversé Le Vent se
lève, qui obtient en 2006 la Palme d’or du Festival de Cannes. Son
engagement à gauche est palpable dans toute sa filmographie.
PRIX :
Prix du jury au Festival de Cannes en 2012
Prix du public au Festival de Saint-Sebastian en 2012
Meilleur scénario au Festival de cinéma Amazonas en 2012
Meilleur acteur pour Paul Brannigan et meilleur scénariste aux BAFTA
écossais en 2012
Meilleur film dans la catégorie World Cinema au Festival de cinéma de
Sarasota en 2013
FILMOGRAPHIE :
1967 : Pas de larmes pour Joy
1969 : Kes
1971 : The Save the Children Fund Film
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1971 : Family Life
1979 : Black Jack
1980 : The Gamekeeper
1981 : Regards et Sourires
1984 : Which Side Are You On?
1986 : Fatherland
1990 : Riff-Raff
1990 : Secret défense
1993 : Raining Stones
1994 : Ladybird
1995 : A Contemporary Case for Common Ownership (CM, D)
1995 : Land and Freedom
1996 : Carla's Song
1997 : Les Dockers de Liverpool (D)
1998 : My Name Is Joe
2000 : Bread and Roses
2001 : The Navigators
2002 : Sweet Sixteen
2002 : L'un des courts-métrages du film collectif 11’9’’01 - September 11
2004 : Just a Kiss
2005 : Tickets coréalisé avec Ermanno Olmi et Abbas Kiarostami
2005 : McLibel, coréalisé avec Franny Armstrong (D)
2006 : Le Vent se lève
2007 : Chacun son cinéma - segment Happy Ending
2007 : It's a Free World!
2009 : Looking for Eric
2010 : Route Irish
2012 : La Part des anges
2013 : L'Esprit de (D)
2014 : Jimmy's Hall
TAGS : travail, intégration sociale, rééducation, marges, drame social
BANDE-ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=6cdzkK14MwA
SYNOPSIS :
A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par
son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo
lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d'une
peine de travaux d'intérêts généraux. Henri, l'éducateur qu'on leur a assigné,
devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement... à l'art du
whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se
découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d'identifier les cuvées
les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie vat-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans
sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de
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promesses ? Seuls les anges le savent… Comédie sociale optimiste aux gags
savoureux…
EXTRAIT INTERVIEW AVEC LE RÉALISATEUR :
Pourquoi une comédie ?
Avec Paul Laverty, nous voulions prendre une situation tragique et la
présenter de telle manière que les spectateurs rient et sourient. Pour être
honnête, les comédies sont difficiles à tourner, mais notre approche consistait
à ne pas diriger ce film comme s’il s’agissait d’une comédie en essayant
absolument de faire rire ou en mettant de la musique qui déclenche l’hilarité.
Notre démarche était de présenter les personnages et l’histoire dans toute
leur vérité. Ensuite, comme dans le monde réel, il y a des moments de crise
profonde et d’autres un peu drôles qui nous font sourire ou rire intérieurement.
Nous ne sommes pas dans une sorte de monde sans émotions et linéaire. Il y
a toujours un peu de tragédie et un peu de comédie à chaque moment. On
pourrait d’ailleurs prendre les personnages du film et raconter une histoire
tragique. En tant que réalisateur, on essaye de raconter l’histoire du moment
et le critère n’est pas de savoir si l’on va faire rire ou pleurer, mais si c’est bien
réel.
Avez-vous changé de point de vue et de manière de filmer la classe
ouvrière ?
Notre attitude n’a pas changé. C’est une classe sociale qui est l’agent des
changements dans la société. Ce que nous avons constaté, alors que la crise
économique est de plus en plus dure, c’est que la presse présente les
difficultés de manière de plus en plus dramatique, en critiquant notamment les
gens demandant des aides sociales. Nous, nous voulons aborder les choses
sous un autre angle et souligner l’importance de cette classe sociale. On ne
pourra pas échapper à un débat politique. Si le système détruit les vies et que
demander un travail, un logement, un endroit où vivre quand on sera vieux, la
sécurité pour sa famille et des soins médicaux, c’est trop demander, tout cela
n’est que le résultat de la crise actuelle. Il est très important de se rendre
compte que ce que nous considérons aujourd’hui comme impossible était
considéré il y a quelques décennies comme la base même de la vie en
société. Et si l’on pense que c’est impossible aujourd’hui, ce n’est pas à cause
de la nature de la vie, mais parce qu’on nous a amenés à le croire.
Votre film est coproduit par la société des frères Dardenne. Qu’est-ce
qui vous rapproche de leur cinéma ?
Nous partageons le fait d’apprécier la vie quotidienne, la comédie de la vie
quotidienne, l’importance de la vie des gens ordinaires. Les films des frères
Dardenne sont à la fois précis, subtils et solides et nous sommes très heureux
de travailler ensemble.
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(Source – Cineuropa :
http://cineuropa.org/ff.aspx?t=ffocusinterview&l=fr&tid=2397&did=221796)
THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS:
Du comique pour alléger le tragique
Les habitués de Ken Loach distingueront ce film des autres de par sa
dimension comique. Souvent placés sous des registres tragiques ou
dramatiques, la tonalité de La part des anges peut se révéler drôle afin
d’alléger le sort douloureux qui s’abat sur les personnages. Par exemple,
l’ignorance d’Albert est d’un ridicule qui cherche à faire sourire. Il ne capte pas
les références culturelles sur Mona Lisa ou Albert Einstein et ne semble pas
connaître le château d’Edimbourg. Lors d’une des scènes initiales, il associe
la voix des haut-parleurs à celle de Dieu. Enfin, lorsqu’il suggère que la
question « En quelle année sommes nous ? » est au niveau du jeu « Qui veut
gagner des millions ? », le ridicule redouble.
Le comique ne se niche pas uniquement dans les répliques mais
également dans le visuel, comme les kilts des personnages. Il est d’autant
plus marqué puisque les kilts sont en décalage avec les tenues sérieuses des
connaisseurs de whisky. Cet univers ne correspond pas aux laissés pour
compte de Glasgow et cela se ressent dans leur attitude décalée face aux
protocoles de dégustation. Par exemple, l’odeur de whisky est évocatrice de
l’haleine d’un proche plutôt que d’odeurs recherchées, le colocataire de
Robbie avale le contenu du crachoir, etc.
Le rôle des apparences
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Robbie est initialement présenté comme un délinquant, enfermé dans
sa condition sociale. L’univers du tribunal, très sérieux, a tendance à
calomnier Robbie et lui attribuer l’étiquette d’un voyou. Son entourage
entretient ces qualifications négatives et péremptoires. Il reçoit les injures :
« tu n’es qu’une merde » ou encore tu es un « gaspillage d’espace ». La
course poursuite et la menace permanente que font peser Clancy et sa bande
sur Robbie le conforte dans cette image de personnage en infraction.
Dès lors que Robbie nous est montré en contre-champ avec son bébé
dans les bras, son personnage semble prendre une autre dimension. Suite à
cette scène, Robbie se découvre un talent. Son odorat semble être plus
raffiné que celui des autres. Les différentes péripéties vont le pousser à
développer ce don et à avoir la curiosité intellectuelle de se renseigner sur le
whisky, sans son entourage qui l’initie à cet univers (Harry) ou qui l’aide à
concrétiser son arnaque (sa bande : Albert, Mo et Rhino). Robbie réussit à se
faire recevoir à la distillerie de manière déguisée, à prévoir tout ce qui est
nécessaire pour prélever le whisky du fût et enfin à négocier astucieusement
avec Thaddeus en parvenant à se créer un emploi tout en vendant le whisky.
Parallèlement, le personnage d’Albert, lui aussi présenté
péjorativement, comme niais et inculte, s’avère faire plusieurs remarques
pertinentes qui vont aider l’équipe à réussir leur coup : l’idée des kilts, la
rareté de la demande après avoir brisé une bouteille, ou encore, la pertinence
de sa question lorsqu’il demande pourquoi le château d’Edimbourg est en
hauteur, sont tout autant de signes qui nuancent le personnage d’Albert. Le
film lui même brouille et trompe les apparences puisque ses tonalités oscillent
entre comédie, drame, émotion, et surprise.
Les messages socio-politiques du film
Ken Loach est connu pour ses films et ses idées socialistes. Encore
une fois, des thématiques sociétales sont abordées. Le réalisateur s’intéresse
à une tranche défavorisée de la société, aux laissés pour compte. La scène
de course poursuite, les images de violence et l’intransigeance de la loi
envers Robbie sont tout autant de preuves que les laissés pour compte à
Glasgow mènent une vie douloureuse, sans issue. Cependant, derrière ce
tableau désolant, deux idéaux forts font surface. La solidarité et l’espoir sont
les deux éléments qui aident Robbie à sortir de sa condition sociale. En effet,
son acuité olfactive le distingue des autres, et semble lui ouvrir des portes.
Cette voie ne se serait pas ouverte sans l’aide et la solidarité de Harry qui
partage sa passion du whisky avec lui. La solidarité se ressent également au
sein du groupe d’amis (Robbie, Albert, Mo et Rhino), notamment lors du
partage de l’argent. Robbie se montre reconnaissant et redevable envers
Harry à la fin en lui offrant une bouteille de Malt Mill. La solidarité semble être
la mentalité phare de ce groupe d’amis.
La scène finale avec le plan fixe qui dévoile la voiture longeant la voie
et s’égarant au loin symbolise le nouveau départ et la lancée de Robbie dans
un futur plus prometteur.
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PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES:
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Qu’est-ce que la part des anges ?
Comment le comique est-il traité dans le film ?
Que semble nous suggérer le réalisateur sur le rôle des apparences?
Imaginez la fin du récit si Thaddeus avait remporté les enchères à la
place de l’Américain ?
Quelle est l’idée derrière le port du kilt ?
Ken Loach est connu pour ses films à dimension particulièrement
sociale. Quelle serait la dimension socio-politique du film
POUR ALLER PLUS LOIN:
Cannes : Ken Loach présente « La part des anges »
https://www.youtube.com/watch?v=OwfXnSoAAwg
I’m gonna be (500 miles) – The Proclaimers
https://www.youtube.com/watch?v=TMaF4tWLBCs
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