L`art de jouer

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L'art de jouer ...
… au jeu de l’oie
Le jeu de l’oie apparaît à Florence en Italie à la fin du 16e siècle.
C’est l’ancêtre des jeux de parcours qui permettaient à la fois
de bien s’amuser, de réviser son histoire ou sa géographie,
ou de se moquer de la société et de ses défauts !
Le jeu de l’oie est composé de
63 cases illustrées et disposées
en colimaçon, de dés et de pions,
qui ont parfois la forme de
petites oies. Il fait appel au hasard
pur, car tu y joues en jetant les dés
pour avancer ton pion. Tu pars de
la case 1 pour aller au paradis,
la case 63, et si tu es le premier
à y arriver, tu as gagné ! Mais le
parcours est semé d’embûches.
Certaines cases, les cases
“accidents” (généralement le pont
en 6, l’hôtel en 19, le puits en 31,
le labyrinthe en 42, la prison en 52
et la mort en 58) sont funestes :
elles te forcent à rester sur place en
attendant d’être délivré par un autre
joueur, à reculer ou à retourner à
la case départ. D’autres cases au
contraire, décorées d’une belle oie
et disposées généralement de 9
en 9, te portent chance :
elles permettent d’avancer plus vite
ou de rejouer. Le jeu de l’oie est
ainsi à l’image de la vie, avec ses
bonnes et ses mauvaises surprises !
Et pour y jouer, il faut que tu saches
compter et additionner les dés !
Parfois le jeu de l’oie se joue aussi
avec des jetons que l’on perd ou que
l’on gagne au fil du parcours.
Jeu royal de l’oie
“renouvelé des Grecs”
(1787)
Les Grecs anciens ne jouaient
probablement pas au jeu de l’oie.
Mais le parcours de ce jeu évoque
la légende de Thésée qui réussit
à triompher du Minotaure, le monstre
mi-homme, mi-taureau. Comme Thésée,
le joueur ici est un héros qui doit
sortir victorieux d’un parcours semé
d’embûches et d’épreuves, en montrant
courage et patience.
LE PETIT LE 16 NARD N°169
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Du jeu de l’oie au jeu de parcours
Le jeu de l’oie connaît un grand succès
au 18e siècle, à une époque où l’on aime
beaucoup jouer, que l’on soit noble
ou paysan ! Le développement de
l’imprimerie permet d’en imprimer
beaucoup sur de grandes feuilles de
papier qui ne coûtent pas cher : c’est un
jeu qui est accessible aux pauvres comme
aux riches. Sur le modèle du jeu de l’oie,
on imagine aussi des jeux de parcours
thématiques : leur principe est le même,
mais l’illustration des cases varie selon
le thème choisi. La France devient
spécialiste de ces jeux de parcours
imprimés destinés d’abord aux adultes,
car on se méfie alors un peu de ces jeux
de hasard. Mais des philosophes
du Siècle des Lumières se mettent
à réfléchir sur l’éducation des enfants
et montrent qu’un des meilleurs moyens
d’apprendre pour eux est de le faire…
en jouant ! Alors on se met aussi
à imaginer des jeux de parcours pour
les enfants : c’est le début des jeux
éducatifs, très à la mode aujourd’hui !
Le SIECLE DES LUMIERES est le nom
donné au 18e siècle à cause du mouvement
philosophique qui se développe à cette
époque dans toute l’Europe.
Le nouveau jeu des modes françaises (1780)
Il se moque des extravagances des élégantes françaises à la fin du 18e siècle,
et des plaisirs futiles de la mode. A la case 59, par exemple, le joueur peut contempler
la belle jambe d’une nymphe, mais doit payer 4 jetons, perdre un tour et recommencer
le jeu… Un plaisir cher payé ! Voici un détail des cases 49, 3 et 11 avec les coiffures
à la Flore, Frivolité et le pouf à l’Asiatique (la coiffure préférée de Joconde !).
Le jeu des épines changées
en roses (1773)
Le titre fait référence à la difficulté
d’apprendre à lire (les épines) et
au plaisir que procure la lecture
(les roses). Chaque case
correspond à un son et
une image illustrant un
mot contenant ce son.
Par exemple, la lettre C
est illustrée par
un canard.
Le paradis est le
“Palais de la lecture”,
que l’on atteint une
fois que l’on a appris
tous ces sons et que
l’on sait lire !
LE PETIT LE 17 NARD N°169
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Le jeu du voyageur en Europe
(vers 1813)
Ce jeu commence en France, traverse l’Europe
et se finit à l’Arc de Triomphe à Paris.
On apprend les grands pays, les villes de
France et d’Europe et les principaux
monuments comme l’arsenal de Toulon,
la citadelle de Lille, l’Hôtel de Ville de Lyon,
le pont de Westminster à Londres,
l’amphithéâtre romain de Vérone, le palais
du roi à Naples !
Les jeux du baron Ferdinand
Un grand collectionneur du 19e siècle,
le baron Ferdinand de Rothschild,
s’est passionné pour ces jeux de
parcours anciens et a acheté tous
ceux qu’il trouvait. Il en a réuni 36.
Sa collection est exposée dans
le château qu’il a fait construire en
Angleterre, Waddesdon Manor.
Certains jeux expliquent des moments
de l’histoire de France (la Révolution,
les rois de France), d’autres
permettent de découvrir des villes et
des pays ; un se moque de la Justice :
il n’y a pas de cases “chance” et, au
bout du parcours, on arrive à l’hôpital,
et pas au paradis ! Un jeu permet aux
enfants d’apprendre à lire. Un autre
est destiné aux étudiants de l’Ecole
royale militaire pour apprendre à
construire de bonnes fortifications
et à faire la guerre. Le jeu de la Genèse
retrace la création du monde et les
événements de l’Ancien Testament
dans la Bible. Le nouveau jeu des
modes françaises permet de se tenir au
courant des dernières modes de Paris,
et caricature les robes et les coiffures
très compliquées des élégantes ! Il y
en a pour tous les goûts, et avec un peu
d’imagination, toi aussi tu pourrais
créer ton jeu de parcours sur un thème
que tu aimes bien !
Le nouveau jeu
de la vie humaine (1775)
Le personnage de la case 63 est
l’écrivain et philosophe du 18e siècle,
Voltaire. Les règles du jeu expliquent
que sa vie basée sur le talent, le travail
et le mérite lui a permis d’atteindre
l’immortalité !
Les cases sont ornées de personnages
illustrant les qualités et les défauts
humains. Celui qui tombe sur
le “Querelleur”, case 22, doit payer
2 jetons et reculer jusqu’à la case 3.
A l’inverse, le “Laborieux”, (travailleur),
case 15, permet d’avancer jusqu’à la
case 55 et de gagner 2 jetons !
Une belle exposition “Jouer, apprendre,
séduire : jeux de plateau de la France
du 18e siècle” est présentée jusqu’au 28
octobre à la Waddesdon Manor,
Buckinghamshire (Angleterre).
Tél. 01296 653226 - www.waddesdon.org.uk
LE PETIT LE 18 NARD N°169
case 63
case 22
case 15