Les paris,véritable industrie

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Les paris,véritable industrie
LA LIBERTÉ
Alexandra Thalmann
SPORT
MARDI 27 JANVIER 2009
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SKI ALPIN Abondance de biens historique
SKI DE FOND Le mérite du dossard 71
BASKETBALL Elfic change ses mauvaises habitudes
SKI ALPIN Le bonjour d’Alexandra Thalmann
VOLLEYBALL Trop fort pour Guin
HOCKEY SUR GLACE Les élites de Gottéron en play-off
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MARDI
BASKETBALL
Les paris,véritable industrie
OPEN D’AUSTRALIE • La crise financière
n’a pas le même impact dans tous les
secteurs. Les paris en ligne, quête d’argent
facile, se portent à merveille.
Le tennis fait perdre la boule aux parieurs en ligne: 56 mio mis en jeu pour la seule finale de Wimbledon 2008. KEYSTONE
TIPHAINE BÜHLER, MELBOURNE
«Les Williams ont la cote», assure
bière à la main un parieur australien. S’il ferait un piètre bookmaker,
ce nigaud s’ajoute aux milliers de
clients de Betfair. La société anglaise
de paris en ligne a pignon sur rue
à Melbourne Park. Les cotes des
joueurs s’y égrainent sur un tableau
à mesure que les matches se déroulent. Pendant le duel kafkaïen entre
Roger Federer et Tomas Berdich, les
chiffres se sont affolés. Le Bâlois,
donné favori au titre de l’Open d’Australie 2009, se retrouvait derrière
Andy Murray en milieu de match
pour finalement repasser largement
devant, le gain de la rencontre assuré.
Le No 2 mondial affichait alors 3,2
chez les pronostiqueurs.
Derrière ces cotes, autant de millions circulent. Mais chez Betfair, organisme respectable qui avait initié
l’affaire Davydenko – blanchi en septembre dernier – on ne pipe mot. On
donne sa carte de crédit pour parier
ou on est gentiment prié de circuler.
56 mio à Wimbledon
Renaud Lasselin, cofondateur de
Sporty Trader, société anglaise figurant parmi les leaders européens du
conseil en paris sportifs, est plus ouvert à communiquer. «La dernière
finale de Wimbledon, âprement disputée entre Nadal et Federer, a enregistré 56 millions d’euros de paris
chez Betfair. C’est l’événement le plus
important du pari sportif en 2008», ne
cache pas le spécialiste. La pratique
EN 2009,ON PARIERADAVANTAGE
Les paris sportifs traditionnels restent largement prédominants
par rapport aux paris sportifs en ligne. Pour 2009 en Europe,
quelque six milliards d’euros sont attendus comme produit brut
des opérateurs de jeu sur internet. Ce chiffre est à comparer avec
les 15 à 20 milliards d’euros pour les paris sportifs traditionnels. Le
volume d’affaire des bookmakers devrait donc s’accroître. Toutefois, cela ne signifie pas forcément une augmentation de leur rentabilité personnelle. Les bookmakers se rémunèrent en prenant
une marge sur les cotes qu’ils proposent. Plus il est facile de les
fixer, plus il est facile de gagner de l’argent. Leur tâche sera assurément ardue cette année. TBU
du jeu en ligne, qui a vu le jour voici
une petite dizaine d’années, a prospéré de manière difficilement contrôlable. «C’est devenu une industrie», se
soucie Paul Scotney, un ancien chef
de la police anglaise qui traque les
matches truqués depuis 2003.
Dans ce contexte, on imagine difficilement la crise gripper une entreprise si florissante. Renaud Lasselin
émet tout de même un bémol. «Les
paris sportifs n’ont pas attendu la crise pour bien se porter. La morosité
économique a cependant un impact
négatif certain sur l’économie du jeu.
Les revenus des casinos de Las Vegas
ont baissé significativement l’an passé, pour la première fois depuis 1970.
Mais, par leur côté ludique et évocateur du rêve, les jeux d’argent restent
bien plus résistants à une conjoncture mondiale défavorable.» Lasselin
observe malgré tout que le marché du
jeu sur internet n’a cessé de croître.
Revenons aux paris dans le monde
du tennis. En un peu plus d’un an, le
tennis masculin a vu sa hiérarchie
remise en cause. «De la domination
unilatérale de Federer en 2006, nous
sommes progressivement passé à un
duel Federer/Nadal, puis avons assisté
à l’émergence de Djokovic en 2008.
Le Serbe a gagné tout de même un
grand chelem et le Masters la saison
dernière», analyse le professionnel
des paris avant de poursuivre. «Aujourd’hui, nous sommes dans une
situation encore plus ouverte qu’en
2008. Murray a les moyens de se
joindre à la lutte pour la place de No 1.
Il faut aussi constater un resserrement
général très important entre les membres du top 10. Le top 10 a été incroyablement renouvelé. La moyenne d’âge
des huit premiers mondiaux n’est que
de 23 ans!»
Plus facile de gagner
Pour les pronostiqueurs, il est plus
difficile d’appréhender le niveau des
joueurs. Les historiques de confrontations entre les meilleurs sont bien
moins nombreux que par le passé. Il
est donc essentiel de prendre en
compte leur forme du moment, leur
état de fatigue, leur motivation, afin
de réaliser de pertinents pronostics.
Cette volatilité de la hiérarchie
mondiale a un impact direct pour le
parieur, conclut Renaud Lasselin.
«Cela peut surprendre, mais dans ce
contexte, il est plus facile de gagner de
l’argent. On l’a compris, pour les
bookmakers, il est bien plus délicat de
fixer des cotes qui sont le juste reflet
d’une probabilité statistique. Dès lors,
s’ouvrent des opportunités pour les
passionnés de tennis qui peuvent profiter de cotes très intéressantes. Un
parieur trouvera moins souvent le
vainqueur d’un match, mais lorsque
ce sera le cas, il décrochera peut-être
le jackpot, car la cote sur laquelle il a
parié sera plus élevée.» I
Battu par Verdasco, Murray tombe de haut
LAURENT DUCRET, MELBOURNE
Le favori est allé au tapis pour le
compte. Considéré comme l’homme à battre, Andy Murray (No 4) ne
gagnera pas cette année à Melbourne le premier titre de sa carrière dans un tournoi du grand
chelem. L’Ecossais a été éliminé
en huitième de finale de l’Open
d’Australie, battu 2-6 6-1 1-6 6-3
6-4 par Fernando Verdasco (No 14).
Le gaucher valencien a renversé une situation qui semblait bien
compromise après la perte du
troisième set. Seulement, c’était
compter sans deux facteurs: une
légère grippe qui a affaibli Murray
ces derniers jours d’une part, et la
confiance nouvelle qui habite Fernando Verdasco d’autre part.
«J’ai gagné le point décisif de la finale de la Coupe Davis il y a à peine deux mois à Mar del Plata
contre l’Argentine. Contre Acasuso comme face à Murray, j’étais
mené deux manches à une, se
souvient-il. Je n’avais aucune raison de ne pas y croire.» Quelques
jours après cette finale, il s’est rendu à Las Vegas pour s’entraîner
physiquement avec Gil Reyes,
l’homme qui a accompagné Andre
Agassi durant toute sa carrière.
«Ce fut l’une des plus grandes
expériences de ma vie. J’ai énormément appris à ses côtés»,
lâche-t-il. Il relate également une
conversation de deux heures avec
Agassi la veille de Noël qui l’«a
beaucoup aidé».
Les résultats n’ont pas tardé.
Avant cet Open d’Australie, Verdasco s’était hissé en finale du tournoi
de Brisbane. A Melbourne, sa séparation d’avec sa fiancée Ana Ivanovic n’a pas affecté son tennis. Au
contraire. En ne perdant que douze
jeux lors de ses trois premiers
matches, il a battu un record dans
l’histoire du tournoi. Jamais dans
l’ère Open, un joueur ne s’était
qualifié pour les huitièmes de finale d’une manière aussi éclatante.
Le Verdasco nouveau est donc
l’un des deux gauchers espagnols
encore en course dans le haut du
tableau avec, bien sûr, Rafael Nadal. Le No 1 mondial s’est qualifié
en s’imposant 6-3 6-2 6-4 devant
Fernando Gonzalez (No 13). SI
LES RÉSULTATS
Melbourne. Open d’Australie. Tournoi du
grand chelem (dur/17,45 millions de francs).
Huitièmes de finale du simple messieurs:
Rafael Nadal (Esp/1) bat Fernando Gonzalez
(Chili/13) 6-3 6-2 6-4. Fernando Verdasco
(Esp/14) bat Andy Murray (GB/4) 2-6 6-1 1-6
6-3 6-4. Jo-Wilfried Tsonga (Fr/5) bat James
Blake (EU/9) 6-4 6-4 7-6 (7/3). Gilles Simon
(Fr/6) bat Gaël Monfils (Fr/12) 6-4 2-6 6-1
abandon.
Huitièmes de finale du simple dames: Serena
Williams (EU/2) bat Victoria Azarenka (Bié/13)
3-6 4-2 abandon. Elena Dementieva (Rus/4) bat
Dominika Cibulksova (Slq/18) 6-2 6-2. Svetlana
Kuznetsova (Rus/8) bat Jie Zheng (Chine/22) 4-1
abandon. Carla Suarez Navarro (Esp) bat Anabel
Medina Garrigues (Esp/21) 6-3 6-2.
Huitième de finale du double dames: Anna-Lena
Groenefeld/Patty Schnyder (All/S) battent Lucie
Safarova/Galina Voskoboeva (Tch/Kaz) 6-4 6-7
(5/7) 6-3.
Olympic renvoie
Bruce Fields
On ne saurait accuser Fribourg Olympic
d’avoir manqué de patience avec Bruce
Fields. Mais trop, c’est trop! En 15 matches,
l’Américain a tourné à 7,5 points pour 22,5
minutes de présence. Et ses statistiques,
notamment au tir à trois points (32,7%),
sont loin d’être fameuses. «Bruce Fields est
clairement insuffisant: il a un contrat et un
salaire de joueur pro, mais il n’en a pas le
rendement», constate Kurt Eicher. Le directeur sportif du club fribourgeois n’a rien
à reprocher à l’état d’esprit du joueur,
«mais le jeu de Fields n’allait tout simplement pas dans cette équipe».
Financièrement, Olympic s’en tire plutôt bien. «On a trouvé un accord qui nous
convenait. Ni le joueur ni son agent ne l’ont
contesté. On peut parler d’une séparation à
l’amiable avec un petit dédommagement»,
note Eicher.
Dans l’immédiat, Dave Esterkamp n’est
donc plus remplacé. Et il ne le sera pas
avant son éventuel retour sur les terrains
qui interviendrait au mieux à la fin du mois
de mars. Par contre, Olympic a finalement
décidé de chercher un nouveau meneur de
jeu pour pallier l’absence de longue durée
de Pascal Perrier-David, opéré à la mi-décembre. «Parce qu’on a une faiblesse à cette
position, même si ça ne se voit pas à tous
les matches, parce que Valentin Wegmann
n’est pas un véritable meneur et parce
qu’on ne peut pas faire reposer tout le poids
du jeu sur les épaules de Jonathan Kazadi»,
énumère Eicher.
Actuellement, le club fribourgeois piste
«trois ou quatre joueurs», révèle Eicher. Le
profil recherché? «Un joueur expérimenté
qui ne vienne pas pour se mettre en avant
mais pour faire jouer l’équipe.» Son arrivée
n’est pas exclue pour cette semaine encore,
mais plus probablement pour la prochaine. Il sera engagé jusqu’à la fin de la saison.
«Oui, parce qu’il est plus facile de trouver
des joueurs avec ce type de contrat et aussi
parce qu’on serait coincé si Perrier-David
connaissait le moindre pépin au moment
de son retour au jeu.» Kurt Eicher précise
encore: «Le joueur qui nous intéressera
sera d’abord mis à l’essai pour au moins un
match.» Ce sera logiquement un communautaire afin de ne pas fermer la porte à
Esterkamp. Enfin, le club relève dans son
communiqué que «les contraintes d’un
budget dont les cordons se sont resserrés
seront respectées». SL
TENNIS
KEYSTONE
Elle est folle de Roger
C’est une véritable déclaration d’amour
que Marion Bartoli a lâché à l’envoyé spécial de «L’Equipe», dimanche après sa victoire sur le No 1 mondial Jelena Jankovic en
huitième de finale de l’Open d’Australie.
Deux ans après avoir avoué son faible pour
Pierce Brosnan, l’un des acteurs qui ont
tenu le rôle de James Bond, la Française
est aujourd’hui folle de Roger Federer.
«Mon homme idéal? Roger Federer. C’est
l’homme parfait, avoue-t-elle dans les
colonnes du quotidien français. S’il me
demandait de décrocher la Lune, je le
ferais. J’avoue, je pleure quand il perd de
grands matches. Il est gentil, beau, il a la
classe. Quand il me dit bonjour, je tremble
de tout mon corps.» SI