Barhominum Une installation d`Emmanuelle Houdart

Transcription

Barhominum Une installation d`Emmanuelle Houdart
Barhominum
Une installation d’Emmanuelle Houdart
Marquée et inspirée par Freaks, Emmanuelle Houdart a réalisé une série de costumes de
personnages hors normes, représentatifs de l’univers circassien. Ces intrus dans notre monde de
normalité font de leurs faiblesses une force et de leurs difformités une manière de gagner leur vie.
À découvrir dans l’espace d’exposition "Circus", niveau -1 :
Un colosse, une diseuse de bonne aventure, des sœurs siamoises, la femme et la fille du lanceur de
couteaux, le petit peuple des émotifs et celui des enfants troncs, l’artiste a imaginé pour chaque élément de
la troupe, un costume qui trahit son caractère étrange.
Cette garde-robe, qui touche à l’intime, met à jour l’état intérieur ou la quête existentielle de tous ces
personnages.
Inscrite dans le cadre du programme « Résidence d’écrivains en Île-de-France », cette création est le fruit
de la rencontre d’une artiste avec des jeunes, des enseignants et des professionnels du spectacle. Les
trente costumes ont été réalisés pour une part par la costumière Angélique Calfati et pour l’autre par les
élèves et les enseignants du lycée professionnel Bartholdi de Saint-Denis.
Le film du défilé qui est projeté dans cet espace a été mis en scène par la réalisatrice Delphine Gleize.
L’artiste
Déployant un trait singulier et un univers fantasmagorique et atypique, à mi-chemin entre rêve et réalité, les
mondes d’Emmanuelle Houdart abritent d’étranges créatures parfois menaçantes, parfois rassurantes,
dans lesquelles les enfants reconnaissent leurs peurs et leurs rêves. Entre cabinet de curiosités et magie,
ses albums sont peuplés d’êtres hybrides, de règnes où le végétal, l’animal et le minéral fusionnent pour
ouvrir un espace de jeu imaginaire où tout peut se vivre.
Diplômée de l’École des Beaux-arts de Sion en Suisse et de l’École d’Arts visuels de Genève, Emmanuelle
Houdart est auteur et illustratrice depuis 1996. Outre des collaborations occasionnelles à différents
magazines et quotidiens (Libération, Le Monde, Sciences et vie junior, Ça m’intéresse), elle a illustré une
vingtaine d’albums pour la jeunesse chez différents éditeurs, et publié cinq ouvrages plus personnels en
signant le texte et les images.
Bibliographie sélective
Saltimbanques, texte Marie Desplechin, éditions Thierry Magnier, 2011
La garde-robe, éditions Thierry Magnier, 2010
Monstres malades, éditions Thierry Magnier, 2010
Les heureux parents, texte Laëtitia Bourget, éditions Thierry Magnier, 2009
Tout va bien Merlin !, éditions Thierry Magnier, 2009
L’abécédaire de la colère, éditions Thierry Magnier, 2008
Rencontre avec Emmanuelle Houdart
« Tout ce qui est particulier, étonnant, étrange, rare m’intéresse. »
Quels sont les personnages qui vont défiler sous votre chapiteau ?
C’est un défilé de personnages en costumes de freaks : il y aura un colosse, des sœurs siamoises, la
femme et la fille du lanceur de couteaux, la diseuse de bonne aventure, l’homme tronc, la femme à barbe,
1
la femme à 4 jambes, la lilliputienne… Ce ne sont pas des figures classiques du cirque… Le cirque
conventionnel m’a toujours ennuyée, je n’ai pas tellement la culture du cirque… En revanche, j’aime les
personnages particuliers du cirque d’antan, où l’on montrait des phénomènes humains, chargés d’une
symbolique puissante, qui dit beaucoup de choses sur la norme et sur la différence.
J’ai toujours été intéressée par la difformité et par ces personnages qui font de cette difficulté une force,
une manière de vivre, de s’exhiber.
Quels sentiments vous inspirent-ils ?
Face à ces personnages, je suis comme tout le monde, j’éprouve de l’effroi, de l’incompréhension, de la
curiosité, j’ai toutes sortes de pensées, pas très nettes, qui me traversent…
Par exemple ?
Je me demande comment un nain peut vivre, quelles sont les choses difficiles pour lui, est-ce qu’il a des
amis, est-ce qu’il peut tomber amoureux… Ce qui m’intéresse dans ces personnages c’est ce qu’ils
révèlent… Je crois qu’on a tous un côté compliqué, une faiblesse, des échecs et c’est notre côté
monstrueux.
Sur le plan artistique, l’étrangeté vous inspire ?
C’est mon cheval de bataille d’essayer de me décaler, de sortir des normes, de sortir des choses qu’on a
l’habitude de voir. Ça permet aussi de dessiner des choses étranges, d’avoir une plus grande liberté dans
le travail du dessin.
Le passage du dessin au défilé a donné une autre dimension à votre travail. C’est stimulant ?
C’est un rêve qui se réalise de voir mes costumes prendre forme, en 3D ! J’ai fait fabriquer des tissus, c’est
merveilleux : il y en a un avec des yeux, qu’on enroulera autour du petit peuple des enfants troncs, celui de
la fille du lanceur de couteaux est parcouru de veines, le manteau de la diseuse de bonne aventure est fait
de centaines de mains cousues… Ce sont des costumes imaginaires, complètement branques et fous.
Quelques pistes pour un travail préparatoire et susciter l’envie, l’attente de cette visite :
Sur une à deux séances
Le principal est de donner à voir afin que chacun puisse approcher l’univers de l’artiste et réfléchir au
contexte de création avec, par exemple :
Cette préparation peut être enrichie avec la présentation des livres de l’artiste (voir en bibliothèque, si vous
en avez la possibilité).
L’artiste
• La découverte des albums pour un partage collectif des impressions, ou plus individuellement pour
une rencontre plus directe avec les œuvres.
• L’observation et l’analyse des illustrations (à travers leurs caractéristiques, les techniques utilisées,
les couleurs dominantes)
• La présentation de l’auteur : son parcours, son travail, ses influences. À compléter, éventuellement,
par des recherches sur Internet ou dans la presse de critiques, d’entretiens, d’articles.
• La mise en évidence de grandes thématiques se dégageant de son travail, qui pourront nourrir des
questions.
• La recherche des éléments forts liés à l’imaginaire de l’auteur.
• L’organisation d’un petit débat littéraire (impressions, critiques argumentées)
Le cirque et les costumes
• Travailler et évoquer l’imagerie collective du cirque : interroger les enfants sur les images que leur
évoque le cirque (et plus particulièrement les costumes) pour pouvoir confronter leurs
interprétations et imaginaires à celui d’Emmanuelle Houdart lors de la visite de l’exposition
• Voir comment les vêtements, les costumes expriment les caractéristiques, les fonctions de ceux qui
les portent. Emmanuelle Houdart va plus loin et habille ses personnages avec des vêtements à
travers lesquels les émotions, sentiments ou les caractères transpirent (à confronter avec les
visages impassibles de ses personnages).
• La différence, l’altérité, les freaks, thèmes-phares de l’univers de l’illustratrice : ce que cela évoque
aux enfants ? Chercher des photographies ou images des personnages choisis par Emmanuelle
Houdart pour les montrer aux enfants.
2
•
Présenter les différentes manières d’approcher l’étrangeté, par exemple :
o
Dans les foires du XIXe siècle, la curiosité des hommes y est exploitée mais
paradoxalement, le cirque est un vrai lieu d’accueil, de mixité.
o
Dans la médecine et les expositions scientifiques de cette période, l’étrangeté et l’étranger
sont montrés, traités comme des objets.
o
Dans l’art : la peinture (représentation du monstre avec Lavinia Fontana ou Jérôme Bosch),
le cinéma (Freaks de Tod Browning, Elephant Man de David Lynch, La Venus Noire d’Abellatif
Kechiche), la littérature (Jesus Betz de François Roca et Fred Bernard, La Belle et la Bête de
Jeanne Marie Leprince de Beaumont), ou le cirque contemporain.
La visite
• Expliquer aux enfants ce qu’ils vont voir : des originaux liés à des albums, des créations, des
installations
• Donner des recommandations pour la visite : regarder, prendre le temps d’observer, de découvrir.
Pendant la visite
Votre visite sera accompagnée par un médiateur. Cette visite peut être le point d’appui pour ouvrir à des
discussions collectives et échanger sur les impressions.
•
•
•
•
•
Comment l’installation est présentée ? Quels éléments la composent ?
Comment sont présentés les costumes ? Qu’évoquent-ils ?
Quelles représentations du cirque nous donnent à voir l’artiste ? Quels artistes de cirque ? Quels
éléments permettent de les identifier ?
Comment Emmanuelle Houdart s’empare-elle de la thématique du cirque dans cette création ?
Faire le parallèle avec ce que vous aurez abordé en amont avec les enfants :
o
Comment a-t-elle voulu montrer la différence ? Par quel moyen ?
o
S’arrête-t-elle à la norme physique ?
o
Quelles émotions transcrites pour chacun des personnages ? La fille et femme du lanceur
du couteau sont plutôt des personnages blessés de « l’intérieur », et la diseuse de bonne
aventure ?
Si vous souhaitez aller plus loin et poursuivre le travail après la rencontre :
La visite de l’exposition et la découverte de l’univers d’une artiste pourront être le point de départ d’un
travail qui s’échelonnera sur l’année. Vous pourrez ainsi mettre en place :
• La découverte d’autres ouvrages de l’auteur.
• La recherche des points communs, des différences d’un livre à l’autre.
• La mise en place d’un programme axé sur le cirque : les artistes et les métiers du cirque, leur
évolution à travers les époques.
• Travailler sur le rôle et les fonctions du costume : Que doit-il cacher, montrer ? Porte-t-on des
costumes dans la vie ? Qui ? Pourquoi ?
• La création d’un costume « émotion »par chaque enfant
• La mise en place d’une exposition sur l’artiste à partir des recherches et des réalisations.
Liens utiles :
http://www.ricochet-jeunes.org/invites/invite/53-emmanuelle-houdart
http://www.editions-thierry-magnier.com/9782364740006-l-emmanuelle-houdart-saltimbanques.htm
3