La promenade du vairon

Transcription

La promenade du vairon
La promenade du vairon
Par W. G. Sutherland 1
En différentes occasions, lorsqu’un cours de concept crânien se terminait, le Dr Sutherland donnait
une causerie improvisée qu’il appela « promenade du vairon. » Elle ne fut jamais consignée par
écrit. Par conséquent, chaque promenade était différente des autres ; l’idée générale cependant,
était toujours la même. Dès qu’il commençait la promenade avec ses auditeurs, on voyait le cerveau et son intérieur, on se concentrait dessus et on comprenait. Les demandes sans cesse renouvelées prouvent l’efficacité de cette promenade touristique unique, la « promenade du vairon ».
Le périple présenté ici est un composite, rassemblant des notes prises à l’époque par Me Sutherland, Rebecca C. Lippincott, DO, et Marion Howe Wilder, DO, et un enregistrement magnétique textuellement transcrit par Rollin E. Becker DO. Le tout a été assemblé par Anne Wales, DO.2 Il est tiré
de sept causeries données entre 1948 et 1951.3 Il y eut d’autres périples dont il n’existe pas d’enregistrement, mais il est probable que le présent composite inclut l’essentiel de la pensée du Dr Sutherland exprimée sous cette forme.
Enfants, nous démontrions fréquemment une vigoureuse faculté : l’aptitude à déployer notre
imagination. Le Créateur de l'Univers avait de l'Imagination – imagination avec un grand I.
Sans elle, aucun Univers n’eût été créé. Je vous demande maintenant de faire usage de cette
faculté et de m’accompagner dans un périple touristique. Une traversée dans le liquide céphalo-rachidien, ce grand corps liquide puissant et fluctuant. Eveillez cette imagination, la vôtre,
et venez avec moi escorter un petit vairon, un vairon fluorescent, capable d’allumer ou d’éteindre sa lumière à volonté, pendant qu'il explore, cherche et raisonne. Il progresse grâce à
ses nageoires et réalise que ses mouvements font fluctuer le liquide céphalo-rachidien.
Le petit vairon a appris que le liquide céphalo-rachidien se répartit dans le cerveau, la moelle
épinière et, en dehors du cerveau et de la moelle, dans les espaces sous-arachnoïdiens. Il
estime que l'endroit le plus logique pour embarquer pour son périple est le quatrième ventricule, où existe une communication entre les ventricules et la grande citerne, permettant au liquide céphalo-rachidien de passer des ventricules dans la masse liquidienne entourant le cerveau et la moelle épinière. En considérant cela, il se rappelle ce que disait le Dr. Still, dans
Philosophie de l'Ostéopathie : « Le fluide cérébro-spinal est l'élément le plus noble connu
1
Traduit de l'américain par Pierre Tricot, décembre 1999.
2
Adah Strand Sutherland (1889-1976) épousa William G. Sutherland, DO, en 1924. Elle fut le porte parole du Dr
Sutherland, attentive à ses idées, l’aidant à les exprimer verbalement, tout en assurant le secrétariat des premiers
cours d’ostéopathie crânienne. Ce texte résulte de ses efforts pour rassembler les écrits du Dr Sutherland. Elle a
également écrit With Thinking Fingers, une biographie du Dr Sutherland.
Les Drs Lippincott, Becker et Wales furent membres de la faculté associée du Dr Sutherland. Rebecca C. Lippincott, DO (1894-1986 : Philadelphia College of Osteopathy, 1923), a coécrit A Manual Cranial Technique ; Rollin
E. Becker DO (1910-1996 : Kirksville College of Osteopathic Medicine, 1933) ultérieurement président de la Sutherland Cranial Teaching Foundation (1963-80) ; Anne Wales, DO (1904- : Kansas City College of Osteopathy
and Surgery, 1926) est l’éditeur de Teachings in the Science of Osteopathy de Sutherland.
3
Les causeries utilisées pour le présent périple – sept en tout –, ont été données à Des Moines, Iowa, Providence,
Rhode Island et Chicago, Illinois, le 1er juillet 1948, le 23 octobre 1948, le14 mars 1949, le 19 mai 1949, le 28
octobre 1949, le 25 mai 1950 et le 12 juillet 1951.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 1/11
contenu dans le corps humain, et à moins que le cerveau ne fournisse le fluide en abondance,
une condition d'incapacité du corps persistera. »4
Prestement, il se lance et se retrouve dans le quatrième ventricule du cerveau humain vivant. Il
regarde alentour et découvre qu’il se rétrécit vers le canal central de la moelle épinière et vers
l'aqueduc cérébral, aussi bien que vers les recessus latéraux qui communiquent avec la grande
citerne. À l’évidence, il s’agit d’un centre d'opération stratégique. Le voilà donc nageant le
long du plancher du quatrième ventricule, remarquant toutes les cellules nerveuses et les fonctions qu'elles servent : les centres physiologiques du corps humain. Il est particulièrement
important que ces centres de contrôle et de régulation soient en bonne condition de fonctionnement. Il nage alors vers le sommet et discerne le mouvement vivant du cervelet, la partie antérieure du toit. Il passe un temps considérable à examiner et se demande : Que se passe-t-il
ici ? Il observe les fibres issues du pont et allant vers le cervelet, la forme du cervelet, reposant sous la tente, dans la fosse postérieure de la base du crâne et recouvrant la partie postérieure du toit du quatrième ventricule, avec ses plexus choroïdiens descendant de l'extérieur.
Tiens ! Le cervelet bouge pendant l'inspiration et l'expiration comme un soufflet de forge ! Il
voit que les lobes cérébelleux ont un cœur de tissu blanc et de la matière grise en périphérie.
Ici, les cellules nerveuses lui apparaissent comme des antennes de récepteurs de radio. « Pourquoi, se demande-t-il, la structure est-elle agencée de cette façon ? »
Tout ce qui est situé autour ou près du quatrième ventricule, répondant si nettement à la tente
du cervelet, à l’intérieur de la courbure de l’écaille occipitale, au-dessus du trou occipital et de
l’apophyse basilaire et reposant contre les surfaces postérieures des portions pétreuses des os
temporaux, tout cela commence à lui apparaître comme un système naturel destiné à faire
fluctuer l’ensemble du liquide céphalo-rachidien. Peut-être pourrait-on faire exactement cela
avec l'écaille occipitale : – quelle commodité pour comprimer le cervelet et le quatrième
ventricule, et faire fluctuer le liquide céphalo-rachidien vers le haut à travers l'aqueduc, vers
le troisième ventricule, vers le bas, à travers le canal central, vers le dehors, et à travers les parois, autour, sous et sur l’ensemble du cerveau et de la moelle épinière. Ici, le mouvement
fluctuant du liquide céphalo-rachidien peut être contrôlé en comprimant et en relâchant le quatrième ventricule. Pensez aux fibres du pont, s'étendant du plancher du quatrième ventricule
au cervelet, qui non seulement compriment à partir du dessus, mais de plus ensemble, tirent.
En apprenant à comprimer la fluctuation en comprimant le quatrième ventricule, vous pouvez
obtenir immédiatement un échange rythmique équilibré entre tous les liquides du corps, et je
dis bien tous.
Dans le plancher du quatrième ventricule, se trouvent tous les centres physiologiques, notamment ceux de la respiration et de dix nerfs crâniens (les deux autres font partie du cerveau).
Non seulement vous faites fluctuer le liquide, mais de plus, cette action nourrit par l'intermédiaire de « l'élément le plus noble connu », qui est transmis le long des fibres vers tous les tissus : le cœur, les poumons, la rate, le foie. Ce sont les centres physiologiques primaires !
Remarquez qu’il y a expansion et contraction de l’aqueduc avec la motilité de ses parois : le
cerveau moyen. Voyez l'ondulation du flux du liquide céphalo-rachidien à travers lui jusque
dans le troisième ventricule. Notez qu'à cet endroit, le vairon se trouve juste au-dessus de la
symphyse sphéno-basilaire. Il considère que des positions extrêmes de cette articulation en
flexion, extension, latéroflexion et surtout en torsion, feraient comme un plis dans un « bas »,
perturbant la fluctuation du liquide entre les troisième et quatrième ventricules. Cette manière
de considérer le crâne peut-elle avoir quelque intérêt ? Le petit vairon commence à le penser.
Regardez l’ensemble du système des ventricules au sein du tube neural. Troisième et quatrième ventricules sont comme le corps d'un oiseau. La moelle épinière est la queue, les ailes
sont les ventricules latéraux, entourés par le cerveau mobile, s'attachant, là où toutes les ailes
4
Still, A. T. Philosophy of Osteopathy, p. 39.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 2/11
s’attachent. Des ailes qui en cours de vol s’élèvent en arrière et au repos se replient. En même
temps qu’ils entrent en expansion, les hémisphères cérébraux chevauchent chaque ventricule.
C'est pourquoi lors de l’inspiration, l’élargissement est plus important à la partie postérieure
de la suture sagittale et au niveau de la suture occipito-mastoïdienne. Chaque chose étudiée
indique la motilité du cerveau et le mouvement des os et de toutes les parties du mécanisme
de la respiration primaire. J’ai essayé de le réfuter.
Le petit vairon, se trouve maintenant au-dessus d'une fissure profonde au sommet du troisième
ventricule. Entendant un bourdonnement le long des faisceaux nerveux moteurs partant des
hémisphères cérébraux vers le bas, il surveille un petit cône qui bascule sur sa tige pendant la
respiration – une fonction rythmique accordée aux principes mécaniques. C'est le corps pinéal
basculant vers l'arrière lorsque la symphyse sphéno-basilaire est en extension et vers l'avant
lorsqu'elle est en flexion. Petit gars curieux, il la saisit, la tire vers l’avant et la ramène pour
voir ce qui se passera dans cette zone d’important fulcrum à la jonction de la faux du cerveau
et de la tente du cervelet. Ça ressemble à une poignée qui fait glisser les pignons car elle
bouge en va et vient. Il doit bien exister quelque connexion entre le petit corps pinéal et la
membrane de tension réciproque ! Certains philosophes ont pensé que cette région est le siège
de l'âme. Il en doute. Mais il semble bien exister quelque connexion mécanique, parce que
l’ensemble de la membrane de tension réciproque glisse vers l’avant au cours de l'inspiration
et vers l’arrière pendant l'expiration.
Regardant vers l’avant dans le liquide du troisième ventricule, le petit vairon voit pendre un
rideau que le liquide fait remuer. Pendant l’inspiration, le rideau s’étire et il pense que le
plexus choroïdien du troisième ventricule change de forme. En fait, la forme du ventricule
change lorsque les parois se déplacent, prenant la forme d'un V au cours de l'inspiration et se
rapprochant au cours de l'expiration. Mais, ces parois sont des fibres nerveuses transmettant
des impulsions ! Donc cette mobilité doit être une autre fonction physiologique, sans laquelle
il n'y aurait rien pour assurer l’accommodation du liquide céphalo-rachidien allant du quatrième ventricule vers le troisième et vice versa.
Ici, dans le troisième ventricule, il fait très attention où il nage car il entend le bourdonnement
des cellules nerveuses dans les deux thalamus. Il lui semble qu'il y a quelque chose de vivant
dans ces parois : les ganglions basaux. Il a entendu parler des cellules nerveuses électriques de
ces parois, et il n’aimerait pas être électrocuté par le contact avec la force électrique, pas plus
que vous n’oseriez toucher un de ces câbles haute tension qui transportent l’électricité devenant le courant 220 volts que vous utilisez chez vous. La puissance dans ce thalamus est tellement grande ! Parce qu’il reçoit quelque chose du « plus noble élément connu », ainsi que le
Dr. Still l’évoquait, c’est différent des impulsions nerveuses qui circulent avec des messages
ordinaires. Elle est transmuée en impulsions nerveuses caractéristiques, cheminant le long des
nerfs, que l’on peut comparer au courant 220 volts.
Le petit vairon décide qu'il serait intéressant d’aller voir le fond de cette profonde cavité pour
découvrir ce qui s'y passe ; alors, il plonge vers le bas. La première chose qu’il rencontre, c’est
l'hypothalamus. Il repère un petit canal et traverse l'infundibulum, jusqu'au corps de l’hypophyse, bien maintenue dans sa selle, la selle turcique du sphénoïde, par le diaphragme de la
selle. C'est vraiment drôle – chevaucher l’hypophyse !
Au moment de l’inspiration, le troisième ventricule prend la forme d’un V, ce qui contraste
avec la fermeture du V au moment de l’expiration. L'hypothalamus, ainsi que le corps pituitaire et l'infundibulum montent et descendent rythmiquement lorsque le sphénoïde tourne en
arrière et en avant, sur son axe transverse. En fait, le corps pituitaire est bien mobile, aussi
bien que motile dans sa selle mouvante. Le petit vairon se demande : « La dilatation des parois
supérieures du troisième ventricule soulève-t-elle l'infundibulum ? Soulève-t-elle l’hypophyse
et le sphénoïde ?
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 3/11
La fonction physiologique hypothalamique hypophysaire est d'importance fondamentale pour
tout le système neuro endocrinien. Existe-t-il une fonction plus importante ? En étudiant toute
la scène et toute l'irrigation sanguine de ces tissus, il devient facile de comprendre que ce
mouvement du corps pituitaire est particulièrement important. Pourrait-il y avoir ici un « chef
d'orchestre » s'il n'existait en lui motilité et mobilité ? Il se doit d'être actif pour pouvoir diriger son orchestre, le système endocrinien.
Le Dr. Hoover a attiré l'attention sur une déclaration faite par un pathologiste faisant autorité,
disant que 40.000 fibres nerveuses, reliant l'hypothalamus et les deux lobes antérieur et postérieur du corps pituitaire transitent par l'infundibulum. Nous avons la fonction consistant à sécréter les liquides nécessaires pour contacter les autres systèmes glandulaires du corps, mais
elle ne pourrait s'effectuer s’il n’y avait à la fois motilité et mobilité.
Le petit vairon a la capacité de penser. Alors, il réfléchit : « Si l'os sphénoïde tourne et que le
petit corps pituitaire chevauche dans la selle, il y a un mouvement. Nous pouvons imaginer le
corps pituitaire chevauchant comme s'il allait au trot ou au pas, ou peut-être en amazone, un
pied sur le pommeau de la selle, car il peut changer son assise, en fonction des changements
de position de la selle. » Le petit vairon a entendu parler de latéroflexion rotation et de torsion.
Le sphénoïde doit pouvoir tourner sur ses axes antéro-postérieur et vertical. Tout cela pourrait
expliquer certains spécimens de laboratoire d'anatomie dans lesquels le corps pituitaire a creusé une dépression non pas au centre de la selle, mais sur un côté, en avant ou en arrière. Il s'agit d’indications sur la position anormale dans laquelle le petit corps pituitaire chevauchait.
Que cela pourrait-il signifier sur le fonctionnement de l’hypophyse et de tous les systèmes
qu’elle influence, y compris la soi-disant personnalité du corps ?
Chevauchons l’hypophyse et voyons ce qui se passe. Regardez droit devant vous, vous apercevez le chiasma optique. Remarquez l'échancrure ethmoïdale s'élargir et se rétrécir. Voyez les
nerfs optiques se faufilant entre les racines des petites ailes du sphénoïde, vers les cavités orbitaires qui changent rythmiquement de forme. Imaginez la signification pour la vascularisation de cette région, pour la forme des globes oculaires et la relation avec la myopie et l’hypermétropie. Remarquez au-dessus de vous le réservoir de liquide céphalo rachidien, la citerne
interpédonculaire, où le fluide repose hors de l'infundibulum et participe à la constitution du
« lit d'eau » sur lequel repose le cerveau, comme le dit Hilton, dans son ouvrage Repos et douleur,5 souvent considéré comme un texte ostéopathique. Comprenez qu’à cet endroit, la partie
centrale du cerveau non seulement repose, mais également ballote son berceau articulaire crânien.
Nous allons maintenant quitter cette petite hypophyse. Non, nous allons faire autre chose.
Nous allons faire en sorte que le petit vairon saisisse la membrane de tension réciproque et la
tire pour faire sonner la cloche de la locomotive par l’intermédiaire de la crista galli. Nous
voyons alors l'ethmoïde se balancer d’avant en arrière, le même mouvement qu’une cloche de
locomotive. Observez les bulbes olfactifs au-dessus de la lame criblée qui se déplacent de
haut en bas, et comprenez que le liquide céphalo-rachidien se trouve le long des fibres des
nerfs olfactifs, qui sont une extension du cerveau – une formation différant du système nerveux habituel. On lit dans Speranski comment il a bloqué le liquide céphalo-rachidien (il l’appelle circulation) le long de ces mêmes fibres nerveuses et comment, à la suite de ces obstructions, il a vu apparaître dans les lymphatiques cervicaux de petits nodules de la même couleur
que les solutions colorées qu'il utilisait.6
5
Hilton, John : Rest and Pain, p. 24. E. W. Walls et al., eds. Philadelphia : J. B. Lippincott Company, 1950 (Originellement publié à Londres en 1863).
6
A. D. Speransky était un scientifique russe qui mena des expériences utilisant des traceurs colorés pour démontrer les connexions existant entre le liquide céphalo rachidien, les espaces périneuraux, de la cavité nasale et
le système lymphatique de la nuque. Voir : Speransky, A. D. : A Basis for the Theory of Medicine. C. P. Dutt, ed.
and trans. New York : International Publishers, 1943.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 4/11
Le petit vairon comprend comment, la latéroflexion rotation pourrait provoquer une compression sur la lame criblée du côté concave, ce qui pourrait créer un effet similaire, bloquant la
transmission du liquide céphalo-rachidien, système protecteur de la muqueuse nasale, sur lequel j'attire votre attention. Dans un certain, sens vous arrosez la pelouse. Éternuer ne signifie
pas que vous attrapez un rhume ; vous essayez de vous protéger. Voilà une des actions autocorrectives montrant une des possibilités de la science ostéopathique que vous pouvez découvrir en creusant.7 Vous pouvez chercher à utiliser les forces inhérentes dans des applications
qui favorisent ces pouvoirs de guérison plutôt qu'en utilisant quelque chose venant de l'extérieur.
Maintenant, revenons en arrière, et suivons cet infundibulum, avec ces 40.000 câbles vivants.
Pouvez-vous l’imaginer comme un tube, le tube de cuivre d’un câble coaxial,8 et voir que l’élément le plus noble transmet son énergie au tube de cuivre ? Cela peut vous donner matière
à réflexion. La glande maîtresse ne reçoit pas de fibres nerveuses en provenance du cerveau.
Remarquez que le corps hypophysaire fonctionne sans aucune connexion avec l'hypothalamus
par l’intermédiaire de fibres nerveuses. Le système nerveux central utilise donc d'autres
moyens de contrôle. Leur découverte permettrait de corriger bien des perturbations du système
nerveux humain. Grâce à votre imagination, nagez alentour et voyez les positions que prend le
corps pinéal selon que la symphyse sphéno-basilaire est en flexion ou en extension, alors que
l’ensemble du tube neural est en inspiration ou en expiration.
Chevauchons jusqu'au sommet du troisième ventricule et observons le rideau qui s'étire. C’est
ce que je veux vous faire remarquer – le réel étirement du toit du troisième ventricule au cours
de l'inspiration, ainsi que le resserrement du plexus choroïdien au cours de l'expiration. Vous
commencerez alors à comprendre ce que veulent dire les experts à propos du liquide céphalo
rachidien lorsqu’ils affirment qu’il y a échange entre les éléments chimiques du sang et le liquide céphalo rachidien à l’intérieur des plexus choroïdiens. Ils ne savent pas de quoi il s'agit
exactement. C'est votre mécanisme, votre principe mécanique, pour l'échange entre les
éléments chimiques du sang et le liquide céphalo-rachidien.
Les branches artérielles choroïdiennes naissent des artères carotides internes et traversent la
fissure transverse du cerveau, pour devenir les plexus choroïdiens du troisième ventricule et
des deux ventricules latéraux. La toile choroïdienne est située en dehors des ventricules mais
se prolonge en eux avec l'épendyme. Le liquide céphalo rachidien les entoure dans la distribution sous arachnoïdienne et dans les ventricules. Les veines choroïdes se vident finalement
dans le sinus droit, à travers la grande citerne cérébrale. En fait, cette région est appelée citerne de la grande veine cérébrale.
Le plexus choroïdien proprement dit se trouve dans le courant artériel dans la pie-mère, et non
pas dans le système veineux. En principe, le même arrangement existe dans le plexus choroï7
L’expression utilisée par Sutherland est Dig on : Du verbe anglais to dig « creuser ». Allusion à un épisode de
son enfance que Sutherland évoque fréquemment dans ses écrits: « Cela se passait dans les première années de
ma jeunesse. Papa nous avait demandé, à Steve, mon grand frère et à moi, de déterrer les pommes de terre du potager. Nous avons procédé à notre manière, très originale. Papa regarda le champ le lendemain matin et dit :
‘Garçons, allez ramasser à nouveau’. Il nous envoya ainsi trois fois faire le même travail et à chaque fois, nous
trouvâmes une bonne quantité de pommes de terre, y compris bon nombre de petites pommes de terres pouvant
être replantées. A travers cette expérience de jeunesse, j'ai appris qu'il vaut toujours la peine de creuser, même
d'une manière totalement originale […] Des années plus tard, j'ai commencé à approfondir la science de l'ostéopathie que nous a apprise le Dr. Still. Au cours de cette étude intensive, j'ai découvert une abondance de petites
choses que le Docteur, dans sa philosophie, appelait les grandes choses. Elles m'ont rappelé les nombreuses petites semences du champ de pommes de terre. » A. S. Sutherland : With Thinking Fingers, Ed. Cranial Academy,
1962.
8
Un câble coaxial est composé d’un conducteur central isolé, entouré de brins de cuivre tressés. Les deux parties
sont séparées par des couches isolantes. Cet agencement permet au câble de transmettre simultanément des
milliers de signaux téléphoniques, radio ou télévisés tout en évitant la perte de signal provoquée par des interférences électriques extérieures.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 5/11
dien du toit du quatrième ventricule. Ainsi, ce système, dans le courant sanguin, est entouré
par le liquide céphalo-rachidien, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du tube neural. La motilité du cerveau modifie la forme des ventricules, produisant des changements rythmiques
dans les parois abritant les plexus choroïdiens, les étirant puis les relâchant. Les plexus des
ventricules latéraux s’incurvent avec chaque hémisphère cérébral, en descendant vers la corne
inférieure. On n’en trouve pas dans les cornes antérieures ou postérieures. Comme le cerveau
peut se déplacer sur sa base sur la lame terminale, en dessus de la tente, de chaque côté de la
faux, la courbe spirale vous donne l'image mentale du type de mouvement qu’effectue chaque
hémisphère. Voyez-vous pourquoi j'assimilais les hémisphères cérébraux aux ailes d'un oiseau ? Voyez-vous pourquoi les angles mastoïdiens des os pariétaux se déplacent antérieurement et extérieurement dans l'inspiration et pourquoi la courbe de la spirale s’allonge ?
Écoutons le Dr. Still : « Le cerveau de l'homme est la pharmacie de Dieu et comprend en luimême tous les liquides, drogues, lubrifiants, opiacés, acides et antiacides, et toutes sortes de
drogues que la sagesse de Dieu a pensées nécessaires au bonheur et à la santé humains. »9 En
tant que mécanicien du crâne, votre connaissance de ce mécanisme vous fait devenir pharmacien – il ne s’agit pas seulement de la connaissance du mécanisme articulaire et du petit fulcrum de la faux et de la tente, mais du fulcrum dans la fluctuation du liquide céphalo rachidien, son still point.
Faites diminuer la fluctuation du liquide céphalo rachidien jusqu’à son équilibre rythmique,
moment d’échange immédiat de tous les fluides entre le liquide céphalo rachidien et le sang.
Voyez-vous le tableau ? Un échange mutuel de produits chimiques entre le sang et le liquide
céphalo-rachidien.
Entreprenons maintenant un petit voyage à partir du troisième ventricule. Au sommet de la paroi antérieure, se trouvent de petits orifices ouvrant sur les ventricules latéraux. Vous décidez
de vous engager dans celui de droite. Si vous ne faites pas une petite marque pour repérer où
vous vous trouvez, vous risquez de vous perdre en revenant, parce que le ventricule latéral
s’incurve comme la corne d’un bélier, avec une petite corne qui part de ce côté et une autre là,
qui revient en arrière.
Tout d'abord, nous allons dans le lac antérieur, entouré par ce que certains appellent le centre
de l'intelligence, le lobe frontal du cerveau. Ici, les os frontaux sont plus proche du cerveau
que n'importe où ailleurs dans le crâne. Les os frontaux tournent en dehors et en dedans alors
que l'échancrure ethmoïdale l'élargit ou se rétrécit, les bulbes olfactifs se balançant dans leur
berceau, avec une motilité pulsatile et une mobilité de chevauchement.
Le petit vairon commence à comprendre la simplicité du tube neural. La région antérieure est
devenue la région supérieure, parce que le cerveau s’est enroulé en arrière et autour de l’extrémité du lobe temporal, qui se trouve maintenant en-dessous. Ainsi, la scissure transverse
vient, comme suspendue au-dessus de la partie moyenne. Le petit vairon nage dans les lacs intérieurs au lobe pariétal, au lobe temporal où il entend de nouveau le bourdonnement des
fibres motrices, et part en arrière dans la corne postérieure, où repose le cortex visuel, contre
la membrane de tension réciproque, là où la faux du cerveau constitue le mur et la tente du
cervelet le plancher. Si l'angle entre mur et plancher se réduisait, le cortex visuel serait pincé.
Le petit vairon souhaite maintenant retourner dans le quatrième ventricule. Vite ! L’y voilà. Le
choix entre l'excursion vers le bas à l'intérieur de la moelle épinière ou à l'extérieur est fait en
faveur de l'extérieur. Il nage à travers un recessus latéral, et se retrouve dans la grande citerne
qui entoure la moelle, juste au-dessus du trou occipital. C’est la région des choses grandes :
grande citerne et grand trou. S'agit-il du « trou dans l'arbre » qu’évoquait le Dr. Still ?10 C'est
en tout cas un trou de bonne dimension dans l'occiput.
9
A. T. Still, Autobiographie p. 164. Dans l’édition révisée de 1908, Still remplaça le mot « cerveau » par le mot
« corps ». Cf. édition originale américaine de 1897, p. 219.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 6/11
Le petit vairon a entendu dire qu’au moment de la naissance, l'occiput se compose de quatre
parties, séparée par du cartilage. Il s'assied au sommet de la colonne vertébrale et voit les petits condyles se balancer sur les masses latérales de l'atlas dans les hochement de tête. Les
quatre parties contribuent à former du trou occipital. Il est clair que la forme de cet orifice est
directement reliée à l'arrangement des quatre parties qui en constituent le bord.
Se reposant là, dans la grande citerne, le petit vairon peut voir les fibres pyramidales à la surface inférieure du bulbe rachidien. Juste au-dessous d’elles, se trouve l'apophyse basilaire de
l'occiput. Que pourrait-il se produire, se demande-t-il, si une personne tombait lourdement sur
les pieds, projetant violemment l'apophyse basilaire vers le haut, secouant ces faisceaux pyramidaux ? Ou bien, si à cause d’un traumatisme provoquant de la contrainte dans cette région,
l'apophyse basilaire venait à presser sur les faisceaux pyramidaux, ou que la moelle soit poussée trop fortement dans le trou occipital ? Ces possibilités étaient peut-être évoquées par le Dr.
Still lorsqu’il parlait du corps de l'écureuil demeuré dans le creux de l'arbre.
En se reposant là, le petit vairon ressent un léger frémissement dans le liquide céphalo-rachidien allant directement vers le centre. Il ne se répand pas d'un côté ou de l'autre, et les vagues
ne se brisent pas non plus ici ou là. Le frémissement arrive directement au centre. Il
commence alors à comprendre ce que nous voulons en parlant de ralentir cette fluctuation du
liquide jusqu’à un rythme court où il y a un équilibre ; tout est équilibre, échange ; échange total entre tous les fluides du corps. C’est suffisant pour discerner l’étendue des possibilités.
Le petit vairon nage en descendant autour de la moelle épinière qui commence à ressembler à
une queue de têtard allant de haut en bas pendant l'inspiration et l'expiration. Il voit maintenant les filaments appelés « queue de cheval » descendant vers le bas, tout en bas, de ce mécanisme vertébral : des nerfs, la pie-mère et la membrane arachnoïdienne, le tout contenu dans
la dure-mère spinale. Ce tube dural, prolongement du feuillet interne de la dure-mère crânienne, est une membrane de tension réciproque. Je veux que vous visualisiez ce petit mécanisme entre l’occiput et le sacrum. C’est le tendon central, tendu entre la boule crânienne et
la boule pelvienne.
La dure-mère spinale est fermement attachée autour du trou occipital et sur le corps de la seconde vertèbre cervicale. Elle ne contracte aucun attachement osseux solide jusqu’à son arrivée au sacrum. Lorsque l’occiput accomplit sa circumrotation autour de son axe transverse
vers sa position d’inspiration, la position du trou occipital change d’un niveau bas vers un niveau plus élevé. La traction de la membrane tire la base du sacrum vers le haut et l’arrière et
l’apex bouge antérieurement. Lorsque l’occiput revient à sa position d’expiration, le trou occipital revient à son niveau inférieur et le sacrum chute dans sa position d’extension, la base en
avant et la pointe en arrière. Comme l’occiput est une pièce du mécanisme crânien, le principe
mécanique de la dure-mère spinale fonctionnant comme une membrane de tension réciproque
fait appartenir ce petit mécanisme au mécanisme respiratoire primaire. La surface externe de
la base du crâne participe au mécanisme respiratoire secondaire.
Ces principes mécaniques ne peuvent être observés dans le laboratoire d'anatomie. Il faut les
observer dans les corps humains vivants. Lorsque vous commencez à examiner les individus
que vous rencontrez, vous vous interrogez sur la signification de ce que vous voyez. Vous
pouvez devenir si expert en diagnostic que vous pouvez pointer le doigt et nommer la lésion,
croyez-le ou non.
De retour dans la grande citerne, le petit vairon part en avant, sous le cerveau à travers la citerne du pont jusqu'à la citerne basale. La membrane arachnoïde recouvre les inégalités de la
surface du cerveau, tandis que la pie-mère, véhiculant le courant artériel, y adhère intimement.
10
Le Dr Still présentait l’ostéopathie comme une science, une philosophie et un art dont le potentiel n’était pas
encore totalement évalué, à l’image de l’écureuil que l’on ne discerne que partiellement dans l’orifice d’un arbre.
Il affirmait que seule la queue de l’écureuil était actuellement visible.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 7/11
Comme le liquide céphalo-rachidien emplit l'espace qui les sépare, de nombreux endroits
permettent l’accumulation de liquide. La citerne basale est divisée en deux parties : la citerne
pédonculaire et la citerne chiasmatique. Une citerne existe autour des fibres optiques et une
dans la fissure latérale du cerveau et une distribution monte à travers la scissure transverse
vers la citerne de la grande veine cérébrale. En fait, tous les sillons sont de petites citernes de
liquide céphalo-rachidien, parce que la membrane arachnoïde passe en pont au-dessus d'elles,
alors que la pie-mère adhère à la profondeur.
Toute la scène commence à apparaître : le tube neural dans son ensemble apparaît comme une
maison dans un océan, et des portes sont ouvertes entre les pièces de cette maison. Cet océan
est un corps liquidien constant contenu à l'intérieur de la membrane arachnoïde et du tube
neural. Le mouvement du liquide à l'intérieur de sa cavité naturelle est un mouvement de marée, une fluctuation. La motilité du cerveau et la fluctuation du liquide céphalo-rachidien font
glisser le point d’appui de la membrane de tension réciproque, qui déplace à son tour les os du
crâne les uns par rapport aux autres, et le sacrum entre les iliaques. Voilà comment le cerveau
non seulement repose sur son lit d’eau, mais également balance son berceau articulaire à travers le mécanisme d’engrenage des articulations entre les os crâniens.
Au niveau du crâne, la membrane de tension réciproque est une duplication du feuillet interne
de la dure-mère crânienne, appelée la faux du cerveau et le tente du cervelet. En posture verticale, les deux moitiés de la tente, en forme de faucille sont suspendues à la faux du cerveau.
Si vous vous mettiez sur la tête, la faux serait suspendue à la tente. Couché sur le côté, la faux
et la moitié de la tente sont suspendues à l'autre moitié de la tente. En termes de fonction mécanique, le mécanisme articulaire membraneux du crâne est mobilisé et régulé par le point
d'appui anatomique, suspendu et glissant de la membrane de tension réciproque, localisé dans
la zone du sinus droit, là où la faux s’unit à la tente.
Ce point d'appui suspendu est comparable à celui des anciennes balances, que l'on suspendait
au plafond, comme j’en ai vues dans une réplique du premier comptoir commercial de Cap
Code. Le point d'appui autour duquel fonctionnait la balance était le point immobile, le point
de puissance dans la fonction du mécanisme. Il fallait un contact ferme pour la faire glisser, la
balance n’était pas sensible.
À travers l’art permettant de connaître le mécanisme, d’observer et de palper un crâne vivant,
vous pouvez apprendre à comprendre l'action normale du mécanisme respiratoire primaire.
Grâce à la connaissance du normal, vous pouvez diagnostiquer l'anormal. Le balancement de
la membrane de tension réciproque et la fluctuation du liquide céphalo-rachidien vous
indiquent le diagnostic et peuvent être utilisés pour la réduction des contraintes membraneuses
articulaires du mécanisme.
Il existe des schémas d'adaptation dans les articulations de la base du crâne, et certains effets
traumatiques particuliers ont besoin d’être compris. Nous les examinons selon ce qui se produit à la symphyse sphéno-basilaire ou, dans le cas de traumatisme, en fonction du point d'impact et des proches articulations affectées.
Comme il revient visiter le grand étang de liquide céphalo-rachidien, le petit vairon se rend
compte de la présence de la lumière, la lumière qui éclaire le champ. Elle est comme le rayon
émanant du phare. Il éclaire l'océan mais ne le touche pas. Parfois, je l'appelle « fluide au sein
d’un fluide », ou « lumière liquide » – quelque chose que vous allumez dans cette sombre
pièce et la pénombre disparaît. Où va-t-elle ? C’est quelque chose d’invisible : la Puissance, le
Souffle de Vie, ou l'élément le plus noble connu11 du Dr. Still. Nous pouvons l'utiliser quand
nous sommes embarrassés, ne sachant pas quoi faire. En cherchant à obtenir une image réelle
11
Pour une discussion plus complète sur l’utilisation du Souffle de Vie par le Dr. Sutherland, voir l’article 23
« entretien sans titre, 1944. » Cf. « Et Dieu forma l’homme avec la poussière du sol et souffla dans ses narines ; et
l’homme devint une âme vivante » Gen. 2 :7, Version King James.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 8/11
de ce qui se passe dans le mécanisme respiratoire primaire, nous trouvons de plus en plus de
choses ; tout, sauf la lumière liquide.
Dans la grande citerne, vous pouvez considérer le cervelet, vous voyez qu’il a été repoussé
vers l'arrière, peut-être à cause d'un coup sur l'arrière de la tête, peut-être à la suite d'une ponction lombaire qui a retiré du liquide céphalo-rachidien.
Dans la citerne inter pédonculaire, vous pouvez voir où une force de compression venant du
sommet de la tête, ou bien dans un schéma de lésion crânienne, en pressant vers le bas sur
cette citerne, presserait en avant sur la citerne au-dessus de lui. Une telle pression les fibres
optiques pourrait créer un effet sur l’œil, comme celui provoqué par une hypertrophie du
corps pituitaire, ou une tumeur. Toutes les indications ne signifient pas une anomalie ou une
tumeur du corps pituitaire. L'application ostéopathique du sens du toucher sur le crâne vous en
dira beaucoup. Si vous avez une sensation comme le contact d'une tomate gâtée, cherchez
quelque chose de pathologique dans le mécanisme, comme une tumeur. Vous pouvez établir
un diagnostic différentiel en combinant l'art de connaître la mécanique et l'application de votre
sens habile du toucher, par vos doigts qui pensent, sentent et voient.
Ces facteurs telles les forces de compression créant des anomalies dans la fluctuation normale
du liquide céphalo-rachidien – ou la limitant au niveau d’une citerne – le troublent et le restreignent dans sa totalité, à travers tout l’océan qui entoure le cerveau. Pas seulement autour
du cerveau, mais à l’intérieur de ses ventricules, de ses chambres et tout autour de la moelle
épinière, dans la moelle épinière et en dehors, et le long des fibres nerveuses, sur une certaine
distance. La magnitude de cela !
En grimpant ici, sur les hémisphères cérébraux, vous découvrez de petites scissures et vous regardez dedans. Vous voyez la pie-mère amenant la circulation artérielle au fond de ces fissures et le liquide céphalo-rachidien juste au-dessus de la pie-mère. Vous voyez la membrane
arachnoïdienne au-dessus, qui ne descend pas dans ces scissures mais s’étend au-dessus.
Alors, vous commencez à comprendre ce qui s'est produit chez ces jeunes hommes revenant
de la guerre et débarquant des avions et des bateaux avec des cheveux gris.
Par la peur et les vibrations, les membranes avaient bloqué le mécanisme juste au-dessus de
ces fissures et de ces sillons. Vous voyez ? C'est comme l'homme sur lequel nous attirions
votre attention dans la Boule crânienne [p. 54] qui se donna un choc méningé en mélangeant
mauvais alcool et eau froide. Pas par voie interne, mais par le froid de l’un et l’influence de
l’autre, un choc méningé verrouillant les membranes contre les hémisphères cérébraux. Il n'y
avait pas de fluctuation du liquide céphalo-rachidien, pas de pouls, pas de respiration. Je ne
sais pas combien de temps persiste cette lumière liquide, mais nous eûmes la chance « rembrayer la voiture » à ce moment, et avec l'apparition du Souffle de Vie, le patient commença
de respirer avec le souffle de l’air et poursuivit son périple terrestre.
Je veux que vous ayez cette image. Lorsqu'un choc méningé se produit, je veux que vous aussi, conceviez l'importance du point d'appui, pas seulement celui du mécanisme articulaire
membraneux, mais plus particulièrement, le point fulcrum, le still point dans la fluctuation du
liquide céphalo-rachidien, là où vous comprenez plus précisément ce que voulait dire le Dr.
Still en évoquant l'élément le plus noble connu dans le corps humain vivant.
Descendons dans la zone de la scissure externe du cerveau, entre le lobe frontal et le lobe temporal qui repose dans la fosse crânienne moyenne. L'artère cérébrale moyenne passe à travers
la scissure latérale ou scissure de Sylvius ; le bord libre de la petite aile du sphénoïde répond à
son extrémité. Vous pensez à ce qui arrive à un petit enfant qui a reçu un choc sur le frontal
ayant poussé le sphénoïde en arrière. Vous pouvez imaginer une compression entre ces deux
lobes s’appliquant sur l'artère cérébrale moyenne, quelque chose comme la compression
qu'exerce le manchon du tensiomètre au moment de la mesure de la tension artérielle, ce qui
limite temporairement la pulsation du battement. Une telle compression pourrait se produire
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 9/11
entre les deux lobes. Alors, pensez aux soi-disant attaques « légères ». En explorant l’histoire
de vos patients ayant eu de légères attaques, vous pouvez trouver un événement de ce genre.
Vous avez une possibilité, parmi beaucoup de diagnostics, offerte par l'art de la connaissance
du mécanisme et l’exploration de l'histoire de ces petits chocs.
Lorsque la symphyse sphéno-basilaire est dans une position de latéroflexion rotation, un côté
de la tête est moins convexe que l'autre. Le côté concave est plus haut que le côté convexe. En
allant nager dans les lacs des ventricules latéraux le petit vairon trouverait une plus grande
quantité de liquide du côté de la convexité, le côté le plus bas. Nous avons visualisé le pli
dans le bas se produisant dans l'aqueduc cérébral, en cas d’importante latéroflexion rotation
ou torsion ou d’extrêmes flexion ou extension. Visualisez maintenant le même effet, le même
pli dans l'infundibulum, perturbant la circulation du liquide céphalo-rachidien. Nous avons vu
que le petit corps de l’hypophyse peut altérer son siège quand sa selle s’incline et nous avons
vu que les bulbes olfactifs en avant et le cortex visuel à l’arrière, peuvent se trouver pincés.
Toutes ces choses sont des considérations dont il faut tenir compte lorsque l’on prend un cas
en charge. Observez, diagnostiquez et cogitez sur vos données. Alors, pour la réduction de la
lésion, recourez aux pouvoirs intrinsèques. Maintenez la membrane de tension réciproque et la
fluctuation des liquide au point d'équilibre. Vous pourrez les sentir faire « tug-tug-tug ».
Sur les côtés du corps du sphénoïde, il y a un autre conduit liquidien. Les sinus caverneux
descendent des veines ophtalmiques en traversant la dure-mère, pour gagner les sinus pétreux
inférieur et supérieur. Comprenez qu'une restriction du flux sanguin veineux dans les sinus
pétreux pourrait influencer les liquides des cavités orbitaires. Plus nous avançons, plus nous
découvrons de « pourquoi ». L'ostéopathie est une science aux possibilités aussi grandes que
la vastitude des cieux.
Si le liquide céphalo-rachidien se bloque sur les bulbes olfactifs, le mouvement de l'ethmoïde
est verrouillé. Des cornets congestionnés dans le nez peuvent également limiter le mouvement
de l'ethmoïde.
Lorsque la situation existant dans le mécanisme crânien a abouti à une protrusion des globes
oculaires, l’exophtalmie, vous pouvez les faire reculer en modifiant le mécanisme. Lorsqu'ils
ont reculé, la dilatation des pupilles a également changé.
Supposons que le patient ait fait une chute, tombant lourdement sur les ischions. Ou supposons qu'il ait prit un coup sur l'angle supérieur de l'occiput. De tels événements produisent non
seulement des lésions articulaires crâniennes, mais forcent également le cervelet vers le bas
sur la grande citerne. Une lésion occipito-mastoïdienne, avec forçage du cervelet vers le bas,
donne souvent au patient un sentiment de dépression. Beaucoup de personnes mentalement
malades ont de telles lésions. Un sacrum forcé antérieurement, ce qui peut se produire au moment d’un accouchement, peut créer le même effet par l'intermédiaire du tendon central entre
la boule crânienne et la boule sacrée et la traction fasciale. Le relâchement du mécanisme articulaire et le retour du liquide céphalo-rachidien dans la zone du cervelet corrige la situation.
Si vous vous apprêtez à corriger le sacrum à l'aide d'une technique ramenant la base en arrière,
pensez à écarter les iliaques en arrière pour que la technique réussisse. Cela supprimera la
traction de la membrane de tension réciproque et du fascia, permettant au cervelet de monter.
En imagination, nageons encore et regardons le corps pinéal en inspiration et expiration. Regardons le corps hypophysaire, fonctionnant sans connexion nerveuse avec l'hypothalamus. La
glande maîtresse ne reçoit aucune voie nerveuse venant du cerveau. D’autres moyens assurent
le contrôle par le système nerveux central. En les découvrant, on pourra parvenir à corriger
bien des troubles du système nerveux chez l'homme. Voyez l'infundibulum comme un tube,
comme un tube de cuivre dans un câble coaxial, et voyez que l'élément le plus noble connu
transfert son énergie au tube de cuivre. Cela donne matière à réflexion. Avec toutes ces vi-
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 10/11
sions et ces pensées, le vairon considère qu'il a suffisamment à réfléchir pour des années.
Alors, il plonge tout en bas bas, fait une ponction lombaire et s'en va.
Le Dr. Still ne pouvait dire toutes les choses qu'il comprenait sur le corps humain vivant.
Nous n'étions pas prêts à l’entendre. Si vous lisez entre les lignes de sa Philosophie de l'ostéopathie, vous découvrirez qu’il en est bien ainsi.
W. G. Sutherland : La promenade du vairon 11/11