Wim Delvoye

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Wim Delvoye
Wim Delvoye
10 mars - 12 mai 2007
Delvoye emerged in the early nineties, a cunningly original, he takes ordinary working class objects and transformed them into luxury products. Like
many other artists of the nineties, he has employed the strategy of constructing enlarged versions of familiar objects from unfamiliar materials to ironic
effect. But while in the hands of so many other artists this subject-material dialectic has become a predictable, Delvoye used it to build a product range
of the most morally ambiguous works of art of our age.
Delvoye is unique in his ability to produce work that is remorselessly cynical (cynicism is the new ism) and hopelessly utopian at the same time. His
tattooed pigs are the the most advanced formulation of this ambiguity to date. He began tattooing pigs in Belgium in the nineties, and taking advantage
of the less developed regulation of economic activity in emerging capitalist economies, he moved his project overseas – a process which is known as
‘globalisation.’ Delvoye opened a pig farm on the outskirts of Beijing. There he has been breeding twenty pigs. Once a week they have been tattooed
under mild sedatives with diverse motifs from Russian prison tattoos, Walt Disney or luxury brand. At first sight these works of art appear, like so
much other nineties art, another dada-ist joke about the endgame of contemporary art: the pig as an artwork; tattooing as the new painting; farming as
a mimesis of economics of the capitalist art market (Delvoye has sold shares in his artfarm). They are also, like other works by Wim, another mediavel
symbol of human vanity – the fashion for tattooed self-decoration among young Western consumers, with its significations of physical power, sexual
desirability and hipness, now mocked by its transferal to lowly animal skins. Yet the tattooed pigs are also a perversely idealist project. Delvoye’s pigs
have been saved from China’s factory farms. The impoverished Chinese farmstead has become ennobled as an artist studio; the farm hands have
become artist’s assistants. Delvoye’s pig farm, it could be argued, is a prototype for a better world. In this way Delvoye has parodied what French
theorists and German curators call ‘parallel structures’ – in which the artist uses his privileged position free from the constraints of consumerism and
corporate marketing to create prototypes for a better world. Hence pigs as works, rather than pork.
Elements of appropriation, he signs his name in the style of the Walt Disney logo, parallel structures/ utopianism, dada anti-art statements mediavelism (the gothic, symbols of vanitas, stained glass, scatology), industrial processes and computer-assisted design
Delvoye a émergé au début des années 90. Il utilise des objets chers aux couches populaires et les transforme en produits de luxe. Comme beaucoup
d’autres artistes des années 90, la stratégie qu’il utilise consiste à construire des versions amplifiées d’objets familiers, fabriqués dans des matériaux
rares et dans un esprit d’ironie. Mais alors que chez d’autres cette dialectique est devenue prévisible, Delvoye se sert d’elle pour élaborer une gamme
de produits recélant les œuvres d’art les plus moralement ambiguës de notre époque.
Delvoye est unique par sa capacité à produire des œuvres à la fois résolument cyniques et désespérément utopiste. Ses cochons tatoués sont
l’expression la plus avancée de son ambiguïté. Ce projet a débuté en Belgique dans les années 90. Puis, profitant des régulations économiques plus
souples des pays émergents, Delvoye l’a délocalisé, selon les règles de la mondialisation, et a ouvert un élevage de cochons dans la banlieue de
Pékin. Une fois par semaine, son cheptel de vingt bêtes, après avoir absorbé un léger sédatif, est tatoué de motifs divers dus à l’imagination de Walt
Disney ou d’autres inspirations populaires. À première vue, ces œuvres, comme tant d’autres des années 90, ressemblent à une plaisanterie dadaïste
sur les dernières heures de l’art contemporain : le cochon en tant qu’œuvre d’art, le tatouage en tant que nouvelle peinture, l’élevage en tant que
mimesis du marché d’art capitaliste. Mais ils sont aussi, à l’instar d’autres créations de Wim, un symbole médiéval de la vanité humaine. La mode de
la décoration corporelle, si répandue chez les jeunes consommateurs occidentaux, de même que la puissance physique, la séduction sexuelle et le
caractère branché qu’elle implique, sont tournés en ridicule par leur transfert sur la peau d’un humble animal. Pourtant, les cochons tatoués sont aussi
un projet d’un idéalisme pervers. Ils ont échappé aux fabriques alimentaires chinoises. La pauvre ferme chinoise a été promue au rang de studio
d’artiste. Et ses ouvriers sont devenus les assistants d’un créateur. La ferme de Delvoye, pourrait-on dire, est un prototype pour un Monde Meilleur.
Dans ce sens, Delvoye a parodié ce que les théoriciens français et les conservateurs allemands appellent les « structures parallèles », où l’artiste
utilise sa position privilégiée, libéré des contraintes du consumérisme et du marketing, pour créer des prototypes et améliorer le monde. D’où ses
cochons traités en œuvres d’art plutôt qu’en saucisses.
Des décorations gothiques taillées au laser sur ses camions de construction aux saints figurants sur ses vitraux, la religion est un thème récurrent
chez Delvoye.
En signe d’appropriation, la signature de Delvoye puise à différentes sources : le logo de Walt Disney, les structures parallèles- l’utopie, l’anti-art dada,
le médiévisme (le style gothique, les vanités, le vitrail, la scatologie).