Un écrivain royaliste du XIXème siècle Pierre

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Un écrivain royaliste du XIXème siècle Pierre
Un écrivain royaliste du XIXème siècle Pierre-Sébastien Laurentie (1793-1876)
Jean-Claude Drouin
Revue Française d'Histoire du Livre 1972
A part Maistre et Bonald, les théoriciens contre-révolutionnaires du XIXe siècle sont peu ou mal connus.
Presque cent ans après sa mort, il convient de remettre à sa vraie place l'un d'eux: Pierre Sébastien Laurentie dont
le nom est souvent cité dans les ouvrages consacrés à l'histoire, du XIXe siècle mais qui n'a jamais fait l'objet
d'une étude particulière1.
Il serait certainement très intéressant de présenter dans sa totalité et sa complexité le système de pensée antilibérale de Laurentie qui, disciple du théocrate La Mennais est toujours resté fidèle à la philosophie de la
tradition et de l'autorité. Par là, le nom de Laurentie peut être rapproché des noms de Donoso Cortès2, pour
l'Espagne, et du comte Ouvaroff, pour la Russie3.
Mais l'étude même rapide des différentes activités de Laurentie nous conduirait trop loin dans le labyrinthe de
événements de l'histoire de France de 1816 à 18765. Nous voudrions rappeler simplement la liste déjà très longue
de œuvres de cet écrivain aujourd'hui oublié mais qui a e une grande audience et une influence profonde pendant
plusieurs décennies dans une large fraction de l'opinion publique.
Les études sur Laurentie sont rares et se répètent le unes les autres6. La plupart s'appuient uniquement sur le
souvenirs de Laurentie publiés en 1892 et sur une parti des papiers personnels prêtés aux chercheurs par Mme
Joseph Laurentie (née Royer-Collard). Or, Edmond Biré dans un article de La Gazette de France et paru dans un
livre7 où il étudie en même temps Chateaubriand, Genoude Balzac, Auguste Nicolas et Laurentie, appelait déjà
de tous ses vœux la publication d'une biographie de Laurentie qui, selon lui, devait constituer un long chapitre de
l'histoire de la presse royaliste de 1815 à 1876. Mais malheureusement ce livre souhaité n'a jamais vu le jour car
l'historien François Laurentie a été tué prématurément lors de la guerre de 19148 et les deux revues qui avaient
pu s'intéresser à Laurentie, Le Correspondant et La Revue des Questions historiques, n'ont pas survécu aux
grands bouleversements du XXe siècle.
Nous présentons donc le personnage par l'intermédiaire des nombreux ouvrages qu'il a écrits entre 1819 et 1871
pour pouvoir ensuite insister plus particulièrement sur le séjour que Laurentie, alors directeur du journal
L'Union, fit à Bordeaux au début de l'année 1871.
***
Déjà sous la Restauration, Laurentie était considéré même par ses adversaires politiques et religieux comme un
des hommes les plus actifs et les plus doués de la jeune génération monarchiste et catholique.
C'est au Houga, à la limite des départements du Gers et des Landes, que naquit le 21 janvier 1793, le jour même
de l'exécution du roi Louis XVI, celui qui allait devenir un des chefs les plus dévoués du mouvement royaliste du
XIXe siècle. Laurentie poursuivit ses études au collège de Saint-Sever où il fit la connaissance de l'abbé Jourdan
auquel par la suite il consacra une notice biographique9. Au premier retour des Bourbons, il prit ardemment leur
parti et ce jeune royaliste convaincu " monta " à Paris où, grâce à ses mérites personnels et à des lettres de
recommandation à Lainé et à Picot, directeur de l'Ami de la Religion et du Roi, il parvint à faire carrière dans le
monde de la presse. L'abbé Liautard lui donna la charge de professeur de rhétorique dans sa fameuse institution
tandis que le puissant directeur de La Quotidienne, Michaud, lui demanda d'écrire dans son journal. Son premier
article fut consacré à la philosophie de La Mennais. Par la suite, Laurentie racheta même des actions du journal à
Fiévée (1818). C'est cette part que le ministère Villèle voulut racheter quelques années plus tard lors de l'affaire
du rachat des journaux des oppositions par la caisse d'amortissement de Sosthène de La Rochefoucauld10.
Toujours en 1818, Laurentie épouse une jeune fille dont le père avait rendu de grands services sous la Révolution
aux familles de Montmorency et de Béthune. Remarquons à ce propos que Laurentie semble toujours parler sur
un pied d'égalité aux grands seigneurs légitimistes.
1
En avril 1818, Laurentie est nommé répétiteur du cours de belles lettres et d'histoire à l'école polytechnique. En
1822, il quitte ces fonctions pour celles de chef de bureau de la librairie et des théâtres à la préfecture de police
où il est le protégé du préfet de police Lavau.
Laurentie fréquente alors les milieux de la Congrégation11 et commence à publier des livres importants par leur
volume et surtout par les thèmes abordés.
De l'éloquence politique et de son influence dans les gouvernements populaires et représentatifs est un ouvrage
de 459 pages paru en 1819 chez Pillet aîné, une seconde édition survit en 1821 chez Méquignon fils aîné. Le
premier livre de Laurentie dédié à l'abbé Jourdan, alors recteur de l'académie de Pau, est un véritable pamphlet
contre les sophistes qui ont corrompu les mots après avoir corrompu les choses:
" Les mots sonores sont, dans tous les temps, la ressource de la médiocrité. Malheureusement ils sont aussi la
ressource de l'ambitieux qui veut renverser ce qui est établi et qui appelle à son secours un peuple crédule et
ignorant. C'est par des déclarations emphatiques que les factions commencent par troubler les esprits " (p. 410).
En 1822 parait chez A. Bouclier, De la Justice au XIXe siècle (in-8º, 147 p.). En 1823, chez Ponthieu, Laurentie
donne les Questions du jour (in-8º, 31 p.). Ces ouvrages consolidèrent la réputation du Gersois appelé le 12 avril
1823 aux fonctions importantes d'inspecteur général de l'Université. A ce titre, il s'occupa de l'affaire de l'école
libre de Sorèze12 et fut l'objet de violentes critiques de la part des libéraux. En plus, mal vu du ministère Villèle à
cause de ses relations avec le milieu ultra montain de La Mennais, il fut révoqué de ses fonctions universitaires
le 5 novembre 182613.
Jusqu'en 1830, Laurentie continue à écrire dans les journaux royalistes où il ne cesse d'attaquer le ministère
Martignac. En 1828, il publie De la persécution de l'Eglise catholique, au sujet des ordonnances sur les petits
séminaires (E. Bricon, 1828. In-8º, IV, 96 p.). En même temps, il est secrétaire de la société catholique des bons
livres14 et responsable de la " bibliothèque choisie " où lui-même s'occupe de publier les historiens latins et
Montaigne. A cause de ses multiples activités, Laurentie s'était attiré des haines farouches aussi bien à droite qu'à
gauche. Frayssinous n'hésite pas à le signaler comme un " Jacobin religieux " à l'ambassadeur de France à
Rome15.
Le rôle de Laurentie pendant les événements de juillet 1830 est certainement important bien que peu connu16.
Ami de Peyronnet, Laurentie eut avec le ministre un entretien en patois gascon le 27 juillet 1830 durant lequel il
aurait demandé au ministre de prendre des mesures énergiques. Au moment des troubles parisiens, Laurentie se
rendit chez Capelle auquel il proposa de publier une proclamation pour rallier au gouvernement les ouvriers sans
ouvrage en leur assurant du travail. Capelle accepta cette idée mais les événements se précipitèrent et
empêchèrent la réalisation de ce projet.Le mercredi 28 juillet 1830, Laurentie se trouvait encore au palais des
Tuileries en compagnie des ministres bien que n'assurant aucune fonction essentielle. Il leur demanda quelques
moyens d'imprimer des bulletins pour les faire distribuer aux Parisiens car son journal ne pouvait pas paraître. Le
dialogue suivant se serait alors engagé entre le prince de Polignac et Laurentie. Le président du Conseil des
ministres aurait lancé :- Eh ! mon Dieu, ce n'est pas un journal qui sauvera la monarchie.
Et le journaliste de répondre :- Non, mais c'est un journal qui annoncera qu'elle est perdue! Après la chute de la
monarchie des Bourbons aînés, la carrière de Laurentie se confond avec la vie des journaux La Quotidienne et
L'Union monarchique devenue après 1848 L'Union17 Laurentie est certainement l'un des plus féconds
journalistes français du XIXe siècle, il assure la transition entre les journalistes royalistes de la première
révolution qu'il a fréquentés sous la Restauration et ceux de la troisième République dont il a été le maître.
Disciple et ami de Michaud, il est lui-même reconnu comme un " patron " par Balzac et Gobineau, par les frères
Riancey et Pontmartin, par Paul Féval et Arsène Houssaye, par Alfred Nettement et Poujoulat18.Avant de se
consacrer entièrement à La Quotidienne, ce journaliste né avait fondé et dirigé Le Courrier de l'Europe et Le
Rénovateur, feuilles qui fusionnèrent le 1er mai 1833 et qui durèrent jusqu'au 31 décembre 1835. Malgré son
opposition fondamentale aux régimes, louis-philippiste, napoléonien et républicain, Laurentie sut éviter
longtemps non pas les poursuites, les procès et les amendes, mais la prison. Il connut la première fois la privation
de liberté en 1862 pour un article intitulé: " Liberté du mal c'est toute la théorie de la Révolution ". Son œuvre de
journaliste est immense et étalée sur une très longue période. Elle comprend évidemment des répétitions et l'on a
accusé Laurentie d'avoir écrit le même article. Ce jugement est vrai dans la mesure où les convictions profondes
de ce journaliste royaliste et catholique n'ont pas changé. Un certain nombre de ses articles sur les sujets les plus
variés ont été soit publiés sous forme de brochures soit réunis dans deux volumes de Mélanges parus en 1865.
Les différents chapitres témoignent des préoccupations très larges de leur auteur : religion, philosophie, morale,
2
histoire, littérature, critique, politique chrétienne, études, éducation. Cette énumération montre bien les multiples
centres d'intérêt d'un homme qualifié un peu dédaigneusement par les dictionnaires de la IIIe République de "
publiciste ". Le rôle de Laurentie dans la vie politique française n'a jamais été pleinement mis en valeur. Bien
qu'il n'ait exercé aucune fonction officielle, il semble cependant qu'il ait été l' " éminence grise " du mouvement
légitimiste de 1835 à 1876. Candidat malheureux aux élections législative de 1831 dans les Landes et de 1849
dans le Gers, Laurentie a été presque toujours membre et, le plus souvent, secrétaire des comités électoraux de
liberté religieuse Ou de lit presse conservatrice française. En 1849, il s'engage plus profondément dans la
campagne électorale en publiant un pamphlet contre les " rouges " De la démocratie et des périls de la société.
Ne pouvant prendre lui-même la parole aux tribunes parlementaires, Laurentie n'a cessé de donner dans son
journal ou dans ses lettres des conseils aux députés-pairs et sénateurs de son parti. On le consultait plus
particulièrement sur les problèmes de lit presse et de l'enseignement. D'une façon plus précise, nous possédons
les preuves des relations directes entre Laurentie et le comte de Chambord. Avant la guerre de 1914, les princes
de Bourbon-Parme avaient confié à l'historien François Laurentie un certain nombre de lettres manuscrites de
Pierre- Sébastien Laurentie qui sont de véritables rapports sur la situation politique en France. Laurentie y
apparaît comme l'informateur et le conseiller du roi Henri V en exil. En outre, il est possible de démontrer qu'un
programme politique publié sous la seconde République et intitulé La politique royale est en grande partie
l'œuvre de Laurentie lui-même alors qu'on a souvent attribué cette brochure au comte de Chambord. Ce petit
livre publié chez Lagny connut cinq éditions en 1848 et 1849. On y trouve encore une critique extrêmement
sévère du protestantisme: " la Réforme protestante, dans son caractère politique, fut une réaction contre l'oeuvre
laborieusement créée dans l'Etat par la Royauté, de même que dans son caractère religieux, elle était le
renversement de l'unité dans l'Eglise par l'autorité des Papes et des pasteurs " (p. 65).
Par la suite, le trait d'union entre le comte de Chambord et Laurentie fut le comte Henri de Vanssay, élève et
disciple de Laurentie, qui était en même temps directeur de l'Ecole de Pont-Leroy19. Vanssay devint par la suite
secrétaire de l'exilé de Frohsdorf. La correspondance passive de P.-S. Laurentie comprend plusieurs dizaines de
lettres de Vanssay. C'est ce dernier qui, le 19 octobre 1810, s'oppose à l'installation de L'Union à Genève, la
Rome protestante. Il a peur que l'Union ne devienne le Moniteur de Coblentz. Le maître et l'élève se montrent
tous deux fondamentalement hostiles aux concessions et aux compromis proposés par les Orléanistes et, par là,
ils représentent l'un et l'autre la véritable pensée du Comte de Chambord : " N'oublions pas que l'Orléanisme c'est
la Révolution, la pire des Révolution ", écrit Vanssay le 6 janvier 1870. Enfin, c'est dans journal de Laurentie
que le comte de Chambord fit connaître en France sa pensée profonde dans ses manifestations et ses
proclamations.
***
Laurentie est, au XIXème siècle, au centre d'un réseau de relations extrêmement complexes et étroites qui
unissent les théoriciens et les partisans du principe de légitimité dans l'Europe entière. Le 1er février 1850, le
prince de Metternich lui écrit après avoir pris connaissance de la revue L'Autorité : " En prenant la tâche de
plaider en faveur de l'Autorité, vous vous attachez au fond des maux qui pèsent aujourd'hui sur le corps social ".
Dans cette lutte acharnée et permanente, Laurentie possédait des soldats nombreux et des alliés fidèles. Dans sa
période de percée, celle de la Restauration, Laurentie agit de concert avec les puissants membres de la
Congrégation et les différentes sociétés à tendance littéraire. Il est alors en relations avec Charles Nodier,
Charles Louis de Haller, Capefigue, Cauchy, Bonald, La Mennais, pour la fondation d'une Société catholique des
sciences. A la société des bonnes lettres20, il rencontre le baron d'Eckstein et le vicomte de Chateaubriand. Sur la
liste des associés honoraires, il vient juste après les trois Hugo et avant Alphonse de Lamartine. Certaines amitiés
formées à cette époque se poursuivirent plusieurs décennies. Laurentie continua à correspondre avec Alexandre
Mazas, Raoul-Rochette, le duc de Noailles, les abbés Gerbet21, et Salinis jusqu'à la mort de ses amis.
Il serait fastidieux, mais instructif, de passer en revue tous les correspondants de Laurentie. Contentons-nous de
souligner quelques amitiés et collaborations significatives. Balzac et Gobineau travaillèrent tous deux comme
journalistes sous la direction de Laurentie, le premier au Rénovateur, le second à La Quotidienne. Parmi les
hommes de lettres qui durent en partie leur réussite et leur réputation à Laurentie, on peut relever les noms de
Blanc de Saint-Bonnet22, de Roger de Beauvoir, un des dandies les plus célèbres de la monarchie de Juillet, de
Jules Barbey d'Aurevilly, de Jules Janin, de Reboul (l'auteur des Traditionnelles), de Paul Féval, du prince Henri
de Valori. Nous ne citons là que quelques exemples.
3
Toute sa vie, Laurentie est resté en relations épistolaires avec ses collaborateurs du Courrier de l'Europe, le
marquis de Blosseville et Augustin Bonnetty, le fondateur des Annales de philosophie chrétienne. Il était aussi
un des plus fidèles amis de François Rio, historien de l'art chrétien23.
Rio meurt en 1874, Laurentie en 1876, Bonnetty en 1879. La IIIe République triomphe et toute la génération
catholique qui disparaît alors semble avoir été volontairement et systématiquement négligée par les historiens
laïques du nouveau régime.Dans le domaine politique, il est aussi très instructif de dresser la liste des relations
de Laurentie. Le directeur de l'Union prodigua sans arrêt avis, conseils, mises en garde à tous les responsables e
la cause légitimiste : Berryer, les ducs de Fitz-James, de Valmy, de Blacas d'Aulps, de Lévis. Les relations sont
parfois difficiles avec les " grands seigneurs " au point qu'en 1844 un petit scandale éclata lorsque le comte de
Chambord eut connaissance de jugements très sévères portés par Laurentie sur certains " grands noms " du parti :
" Non, ces gens là ne veulent rien savoir, ils sont convaincus que tout leur est dû, le sang, le travail, la fortune et
que pour eux ils n'ont qu'à attendre le moment de la Providence. C'est pitoyable ! C'est désolant ! Mais comment
voulez-vous que moi, pauvre petit particulier, qui n'ai qu'une plume, qui n'ai pas d'épée, qui n'ai pas une autorité
de nom et d'origine, qui n'ai tout au plus qu'un mérite de persistance, m'en aille porter de la morale à des gens
ainsi faits "24
Sur le plan européen les amitiés de Laurentie s'étendent fort loin jusqu'à Saint-Pétersbourg. Les relations de
l'écrivain français et d'un homme politique russe, Ouvaroff, sont particulièrement intéressantes. Serge
Sémionovitch Ouvaroff est un personnage de premier plan dans la vie intellectuelle et politique de son pays25.
C'est lui qui en 1833 présenta au tsar dans son rapport sur l'université la fameuse trilogie : orthodoxie,
aristocratie, nationalité. En 1835, le général Donnadieu alors en voyage à Saint- Péterbourg écrit à Laurentie : "
Ouvaroff m'a parlé de vous, il vous est très attaché. C'est ici un homme très influent ". Ministre de l'instruction
publique de 1833 à 1843, Ouvaroff est un esprit terriblement réactionnaire , il aurait dit dans une conversation
privée : " Si je parviens à retarder pour cinquante ans le destin que les théoriciens préparent (à la Russie) je
mourrai tranquille. Voilà ma doctrine ".
Ouvaroff possédait une riche bibliothèque de 70.000 volumes et demanda plusieurs fois à Laurentie de lui
procurer des ouvrages consacrés à la franc-maçonnerie et aux sociétés secrètes26,. Laurentie s'occupa aussi de la
diffusion des ouvrages d'Ouvaroff en langue française, en particulier des Etudes de philosophie et de critique
dont la deuxième édition parut chez Didot en 1844.
Laurentie et Ouvaroff sont tous deux des traditionalistes, ils appartiennent à ce groupe d'esprits qui après le
bouleversement révolutionnaire réagirent contre les opinions qui, selon eux, renversaient les traditions du genre
humain. En révolte contre l'idée de progrès, ils ont vu dans l'histoire de l'homme les traces d'un état meilleur et
les témoignages de la dégénération de l'espèce humaine. Ils posent à l'origine un âge d'or qui devait être
caractérisé par " la connaissance de notions primordiales, don aussi divin que la parole et renfermé en elle ".
Dès 1810, Ouvaroff avait en outre examiné le projet d'une société asiatique pour que l'Asie soit étudiée comme
la terre sacrée d'où sont parties toutes les civilisations. L'Asie, selon lui, serait le berceau central de la civilisation
" le point central d'où se sont écoulées toutes les lumières éparses dans le monde ". Ouvaroff voulait faire de la
Russie l'intermédiaire entre l'Europe et l'Orient, c'est là le but de sa brochure parue à Breslau en 1819, Uber das
Studizini des Orients27.
La correspondance entre les deux réactionnaires européens est abondante. Citons un seul exemple : en 1842,
Ouvaroff annonce que le précepteur de son fils unique retourne en France après cinq années passées en Russie, il
ajoute dans cette lettre :
" Tout ce qui revient de votre pays n'est pas de nature à rassurer les amis de l'ordre et des principes. Il n'en est
pas un qui ne désirait pour la France repos, gloire et sécurité. Mais onze années d'agitations au bout desquelles
apparaissent l'émeute et l'assassinat comme le dernier mot de la société nouvelle ne peuvent manquer de produire
une impression profondément triste "28.
En 1850, Laurentie est mêlé à une autre affaire russe C'est lui qui, le 1er janvier 1850, présenta dans la Revue des
Deux Mondes l'article de Tiouttchev sur la question romaine29. L'article avait été envoyé de Munich par le beau
frère de l'écrivain russe, le baron Karl Pfeffel, qui était un correspondant habituel de Laurentie. Ce dernier
4
n'ayant pas l'habitude d'écrire dans la revue de Buloz, accompagna l'article d'un commentaire ironique pour
lequel le directeur dut s'excuser auprès de Pfeffel.
Nous avons donc rapidement replacé Laurentie dans son milieu politique et intellectuel, nous voudrions
maintenant montrer que toute étude de la pensée traditionaliste au XIXème siècle ne peut pas ignorer l'oeuvre de
cet écrivain.
P. S. Laurentie a eu une activité débordante et tentaculaire. Inspecteur général de l'Université, il s'est toujours
intéressé, même après sa destitution, aux questions d'éducation dans lesquelles il joignait la pratique à la théorie
en tant que responsable de l'école de Pont-Leroy, voisine de sa résidence habituelle de La Mahoudière. En 1844,
ses lettres à M. Thiers sur la liberté d'enseignement, extraites de La Quotidienne, furent tirées à 10.000
exemplaires. En 1871, Les crimes de l'éducation française, petit pamphlet de 81 pages, contient un procès sévère
du système universitaire napoléonien. Pédagogue, Laurentie a écrit des ouvrages sur les méthodes
d'enseignement. Les plus importants sont De l'étude et de l'enseignement des lettres, publié en 1828 chez
Méquignon, et De l'Esprit chrétien dans les études, paru en 1852 chez Lagny frères. Quelques années
auparavant, le même libraire avait lancé plusieurs éditions des Lettres à un père sur l'éducation de son fils.
Un autre aspect de l'activité intellectuelle de Laurentie est la rédaction d'études historiques. Un de ses premiers
livres diffusé dans tous les lycées de France est intitulé Etudes littéraires et morales sur les historiens latins.
(Paris, Méquignon, fils ainé, 1822, 2 vol.) Quarante ans plus tard, il publie chez Lagny une Histoire de l'empire
romain en quatre volumes sur laquelle Edmond Biré porte un jugement très favorable: " c'est un chef d'oeuvre de
style en même temps qu'une œuvre historique de haute portée ".
Témoin de son temps, Laurentie a écrit également des livres " d'histoire engagée ". Adversaire du roi des
Français, il ne ménage guère ses ancêtres dans l'Histoire des dites d'Orléans (Paris, Béthune, 1832-1834, 4 vol.).
Mais son plus grand succès de librairie fut certainement une monumentale Histoire de France depuis les origines
gauloises jusqu'aux temps présents dont la première édition s'échelonne de 1839 à 1843, la quatrième édition
date de 1873.
Laurentie s'est lancé également dans les spéculations métaphysiques. Son livre capital est l'Introduction à la
philosophie ou Traité de l'origine et de la certitude des connaissances humaines (première édition en 1826,
deuxième édition en 1829), livre qui fut par la suite traduit en russe et en italien. Vers la même époque, il publie
aussi un livre en latin, Methodits nova institutiiendoe philosophioe (première édition sans date, la seconde en
1830). Dans ces ouvrages,Laurentie paraît très proche des thèses traditionalistes selon lesquelles une révélation
primitive fut absolument nécessaire au genre humain pour acquérir les vérités fondamentales de l'ordre
métaphysique, moral et religieux30.
S'appuyant sur les écrits de l'abbé Bergier et de John Leland31, il se montre le disciple de Bonald et La Mennais
préparant les points de vue de Bonnetty et de l'abbé Bautain. Comme tous ces auteurs, il reconnaît l'impuissance
de l'esprit de l'homme à trouver seul la vérité.
" La raison humaine n'invente rien, c'est-à-dire ne crée rien, et non seulement elle n'eût pas inventé l'existence de
Dieu, mais elle n'en eût même pas inventé la supposition " (P. 13).
Au milieu des systèmes philosophiques variés et contradictoires, Laurentie qui cherche une philosophie
permanente et immobile affirme n'avoir rencontré que la religion chrétienne: " La révélation n'est pas seulement
un fait accompli, mais si je l'ose dire, une vérité spéculative et philosophique, sans laquelle l'homme n'est pour
lui-même qu'un abîme et l'univers tout entier, qu'une vaste illusion " (p. 63). Ce livre fut transmis dès sa parution
aux Italien Lambruschini et Gasparini. Encore en 1862, le pape Pie IX remercie Laurentie pour la traduction
italienne de son livre de 1826.
A la fin du second Empire, Laurentie lance un petit ouvrage qui peut être considéré comme son chef-d'oeuvre.
Ce n'est plus un ouvrage de philosophie pure mais une oeuvre de circonstance que le vigoureux écrivain dirige
du haut de ses soixante-seize ans contre le système de Proudhon La critique de la Révolution lui permet de
présenter en négatif son propre système politique, social et religieux Dans l'Athéisme social et l'Eglise, schisme
du monde moderne (Paris, H. Plon, 1869, in-8º, 152 p.), Laurentie ne cache pas son admiration pour la logique
interne de la pensée de Proudhon, par contre il n'a que mépris pour ceux qui veulent à tout prix concilier les deux
termes antagonistes l'Eglise, d'une part, la Révolution, source de l'athéisme politique, d'autre part. Quelle
5
définition donne t-il du monde athée ? Pour lui c'est un monde " pour qui la Révolution est la justice, c'est-à-dire
un monde qui de soi fait la justice, ou pour qui la justice dérive de la volonté de l'homme, volonté maîtresse,
souveraine indépendante de toute règle, de toute religion, de toute morale et de toute sanction " (p. 52).
Les méthodes d'éducation, les recherches historiques, les considérations philosophiques ne suffisaient pas à ce
bourreau de travail. Laurentie fut en plus un des artisans les plus actifs d'une entreprise qui avait l'ambition de
remplacer l'Encyclopédie anti-chrétienne du XVIIIème siècle. A partir de 1836, il collabora avec le vicomte
Walsh et l'abbé Glaire à l'Encyclopédie du XIXème siècle. C'est lui en particulier qui rédigea l'introduction qui
fit l'objet d'une publication séparée sous le titre Théorie catholique des sciences (rééditée en 1841, 1842 et 1846).
Laurentie y affirme une fois de plus sa foi chrétienne : " Notre conviction à nous, c'est que le siècle ne sera grand
que par l'acceptation ouverte de cette pensée chrétienne que l'Encyclopédie du siècle antérieur chassa de toutes
les sciences " (p. 7).
L'entreprise fut, malgré de nombreuses difficultés, menée jusqu'à son achèvement : dix-huit volumes parurent,
mais il est difficile d'affirmer que ce fut une réussite. Il est évident que dans le climat général du XIXème siècle,
cette encyclopédie anti-libérale n'arrive pas à supplanter celle qui l'avait précédée.
Edmond Biré rapporte que Bonald auquel, on présentait Laurentie peu après son arrivée à Paris, lui aurait lancé
cet avertissement: " Jeune homme, vous êtes modeste, vous n'arriverez pas ! ". Cette prophétie ne semble pas
avoir été réalisée ; Laurentie est bien " arrivé ", il est devenu un des hommes les plus influents de la presse et de
la politique françaises entre 1816 et 1876. Ses soixante ans de journalisme actif lui ont permis d'être reconnu
vers la fin de sa vie comme le doyen de la presse française. Cette position ne l'empéche pas d'être lui-même très
amer sur le rôle du journal et du journalisme. Dans une lettre à Adrien Péladan, il constate: " Nous faisons des
académiciens, nous avons fait des ministres, cela pourrait faire imaginer que nous avons de la puissance, si ce
n'est que le lendemain du succès chacun a droit de l'oublier, surtout ceux qui nous le doivent. "
Dans l'ensemble et en dépit de ce mouvement d'humeur, il faut retenir que Laurentie est un homme
d'organisation qui à l'intérieur de la " machine " du parti légitimiste et du mouvement catholique a été à l'origine
de nombreuses sociétés à la fois littéraires, politiques et religieuses. Ces groupes de pression ont tous dans leur
sphère d'action favorisé la réaction du XIXe siècle en face de la révolution et du libéralisme.
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L'expression de " révolution à rebours " (the reactionnary revolution) a été mise à la mode par Richard Griffith,
professeur à Cambridge32. Elle est très contestée en France. Selon son auteur, elle englobe surtout la littérature
catholique en France de 1870 à 1914. Sans remonter jusqu'à Maistre et Bonald, on peut facilement retrouver les
maillons de la tradition réactionnaire à travers de nombreux auteurs au fond bien méconnus, les abbés Barruel,
Liautard, Genoude, Bautain, Blanc de Saint-Bonnet, Roselly de Lorgues, Guiraud, Madrolle. Dès 1844, un
observateur critique, Charles Louandre, avait le mérite dans un article de la Revue des Deux Mondes de mettre en
relief ce qui unissait ces différents auteurs33. Nous pourrions ajouter à ces noms des dizaines d'autres. Laurentie
bien sur mais aussi Jouffroy d'Abbans, La Gervaisais, Gougenot des Mousseaux, Riancey, Valori, pour la
France, Baimès et Donoso Cortès, en Espagne. Il existe bien en France un " modèle " réactionnaire catholique
qui possède des caractères communs avec une idéologie anti-intellectualiste, traditionaliste et mystique que l'on
retrouve dans l'Europe entière depuis Munich jusqu'à Saint-Pétersbourg.
Maistre et Bonald ont certes vécu au début du XIXème siècle, mais ils restent finalement en grande partie
étrangers à leur siècle car leur formation date de la fin du XVIIIème siècle. Par contre, Laurentie né en 1793, fut
véritablement par son action et son œuvre un homme du XIXème siècle mêlé à toutes les grandes querelles de
son époque. Lié au début avec l'abbé de La Mennais, né en 1792, et avec Balzac, né en 1799, Laurentie resta
toute sa vie un catholique orthodoxe alors que La Mennais dévia vers l'hérésie et que le catholicisme de Balzac
est très ambigu.
Enfin, Laurentie a été l'aîné et le maître de Frédéric Le Play (né en 1806), de Louis Veuillot (né en 1813),
Antoine Blanc de Saint-Bonnet (né en 1815) et du cardinal Pie (né en 1815). A la fin du XIXème siècle, une
autre école royaliste se développe, celle de l'Action française qui se fonde sur des principes totalement différents
qui sont ceux de la sociologie positiviste. En 1898, Charles Maurras dédicace un ouvrage" A la doctrine de nos
maîtres Comte, Le Play, Renan et Taine ". Par contre Pierre Sébastien Laurentie a été avec La Tour du Pin (né en
1834) et Albert de Mun (né en 1841) un des grands théoriciens contre-révolutionnaires catholiques.P. S.
Laurentie se définit lui-même comme l'anti-Girardin. En face de la commercialisation de la presse, il défend
6
jusqu'au bout sa conception de la presse politique chargée de défendre les principes." Le journal a été, de nos
jours, comme la parole un instrument de bien et de mal, il n'y a rien là de nouveau, depuis six mille ans il en est
ainsi ; l'homme se sert des dons de Dieu et il en abuse : le journal n'a été qu'une double manière d'honorer ou de
dégrader l'intelligence "34.
Dans ce manichéisme, Girardin représente évidemment le mal et la dégradation de l'intelligence, Laurentie le
bien et l'exaltation de l'intelligence...
Dans un article de 1856, Laurentie désabusé constatait: " Tout est contesté, parce qu'on ne croit à rien ". Lui, par
contre, croyait à quelque chose. Il contestait fondamentalement le régime politique en place ainsi que le
libéralisme triomphant et les principes de 1789. Par contre, il travaillait en ayant les yeux fixés sur un buste du
comte de Chambord et sur un crucifix.
***
Royaliste et catholique, Laurentie se rapproche souvent des positions du traditionalisme politique et religieux. Ce
terme de traditionalisme soulève de nombreux problèmes ; pour simplifier, nous disons que le traditionalisme
pose comme postulat la permanence de certaines valeurs qu'il faut défendre contre les injures du temps. Le
traditionalisme est aussi bien une politique qu'une philosophie de l'histoire et une métaphysique. Il existe un
système du monde traditionaliste qui par définition s'oppose au système du monde révolutionnaire. J. CrétineauJoly qui est un des auteurs les plus populaires du XIXème siècle et un correspondant assidu de Laurentie a
développé sa thèse manichéenne, dans ses nombreux ouvrages : la Révolution est d'essence diabolique alors que
l'Eglise est l'immortel gardien de l'ordre.
" Les trônes s'écroulent, mais l'Eglise reste. Les lis, les abeilles, les aigles même de tous les empires romain,
germanique, russe ou français ont leur jour de déclin. Rome assiste à ces grandes funérailles des peuples et des
dynasties. Seule, elle survit pour mener le deuil de tant de races éteintes, et pour tracer aux nouvelles la route
d'où l'on ne peut s'écarter "35.
D'autre part, il serait du plus grand intérêt de rechercher les liens existants entre le légitimisme politique et les
cosmogonies à tendance occultiste. Le manuel d'Albert Caillet nous apprend que Gougenot des Mousseaux
(1805-1878), auteur d'ouvrages mystiques, était un ardent légitimiste, démissionnaire en 1830. Roselly de
Lorgues, dans son livre souvent réédité Le Christ devant le siècle36 voulait comme Laurentie montrer les
nouveaux témoignages en faveur du catholicisme. D'autres légitimistes participent à cet état d'esprit : Lourdoueix
est l'auteur d'un livre intitulé: De la Vérité universelle pour servir d'introduction à la philosophie du Verbe
(1838).
Le traditionalisme est une vue globale de l'univers, la politique n'étant qu'un aspect non pas mineur mais
secondaire. Toute politique suppose une métaphysique explicite ou non. L'homme n'est pas uniquement un
animal politique et les penseurs, créateurs de théories, ont besoin de s'appuyer sur une vue générale de l'homme
et de ses rapports avec les autres hommes et avec le monde. Les auteurs des traités de science politique exposent
parfois les bases profondes de leur démonstration, souvent il les laissent seulement deviner. Il appartient à
l'historien des idées de mettre en relief les bases de tous les systèmes.Nous pensons qu'il existe dans les œuvres
de Laurentie et de ceux qui l'entourent un véritable système légitimiste ou mieux traditionaliste qui reste stable
dans le temps car il tente de surmonter les circonstances extérieures et les défis divers 37. Cet ensemble logique
de propositions intellectuelles qui est censé représenter la réalité ne peut être modifié puisqu'il rend compte par
définition de la Vérité. Nous sommes en face d'un système réaliste où les mots coïncident avec les choses.
***
Notes
1 Si l'on met de côté les notices biographiques des encyclopédies et dictionnaires du XIXe siècle, les articles
consacrés à Laurentie sont rares. La plupart de ces articles ont pour source les documents cités par Joseph
Laurentie. dans Le Correspondant : " Le portefeuille d'un journaliste. Les correspondants de M. Laurentie ",
1893, pp. 521-537 et pp. 690-708. Beaucoup aussi ont utilisé sans la citer la notice de Saint-Maurice Cabany,
Galerie nationale des notabilités contemporaines, tome III, p. 297 (édition (le 1851).
Voir aussi sur un point particulier Deborde de Montcorin (Emmanuel), " Un collaborateur de Joseph Michaud au
journal La Quotidienne sous la Restauration Pierre-Sébastien Laurentie (1817-1830) " dans la Revue des
Questions historiques sept. 1934, pp. 339-346.
7
Des indications bibliographiques supplémentaires et différentiels sont données Par le P. Baron O. P. dans le
dictionnaire Catholicisme, fasc. 28, col. 58 et 59 (1969)
2 Voir Chaix Ruy (Jules), Donoso Cortés, théologien de l'histoire et prophète Paris, Beauchesne, 1956, in-8º,
183 p.
3 Voir Korié (Alexandre), La philosophie et le problème national en Russie au début du XIXe siècle, Paris, 1929
(tome X de la Bibliothèque de l'institut français de Léningrad.)
5 Au moment de sa mort de nombreux journaux avaient donné des articles nécrologiques, L'Univers du 11
février 1876 (Louis Veuillot), L'Union du 18 février (Poujoulat), Le Conservateur du Gers (Dubosc de
Pesquidoux) le 24 février 1876. Enfin, L'Union du 15 février cite un grand nombre de journaux de province.
Signalons aussi une notice biographique du chanoine Léon Couture, " M. Laurentie " dans La Revue de
Gascogne, 1876, pp. 81-193, et une notice nécrologique dans L'Echo religieux des Pyrénées et des Landes, 1876,
p. 124.
6 Laurentie, Souvenirs inédits publiés par son petit-fils J. Laurentie. Paris, Bloud et Gay, s.d. (1892), in-8-, IV,
348 p.
Les autres ouvrages où le nom de Laurentie est mentionné sont les suivants :
Valori (prince H. de), Les Vivants et les Morts, portraits politiques. Lyon, 1877-1882, 2 vol.
Granmaison (Geoffroy de), La Congrégation (1801-1830). Paris, 1889.
Maréchal (Christian), La dispute de l' "Essai sur l'indifférence ". Paris, C. Champion, 1925.
Enfin, à l'époque contemporaine toutes les thèses consacrées à La Mennais, Balzac ou à Gobineau font
nécessairement allusion à Laurentie. Elles sont trop nombreuses pour être citées ici. Contentons-nous des
principales :
Garnier (Adrien), Frayssinous, son rôle dans l'Université sous la Restauration (1822-1826). Paris, Picard, 1925.
Le Guillou (Louis), L'évolution de la pensée religieuse de Félicité La Mennais. Paris A. Colin, 1966.
Gerbod (Paul), La condition universitaire en France au XIXe siècle. Brive, 1965 (thèse lettres, Paris, 1966).
Tudesq (André-Jean), Les grands notables en France (1840-1849). Bordeaux, 1964 (thèse lettres, Paris, 1964).
Cadot (Michel), La Russie dans la vie intellectuelle française, 1839-1856. Paris, Fayard 1967.
7 Bire (Edmond), Portraits historiques et littéraires. Lyon, E. Vitte, 1892, in-8º, 349 p. L'auteur présente
Laurentie comme " l'illustre et dévoué champion de la cause royaliste ".
8 François Laurentie, agrégé de l'Université, fut tué sur le Front de la Somme le 12 Janvier 1915. Cf.
L'intermédiaire des chercheurs et des curieux. Nécrologie LXXI, 88, 1ere semaine, 1915, et LXXIIL 375, 1semaine, 1916. Dans le numéro XLI 482 on trouve " La Laurentiade ".
9 Notice sur M. l'abbé Jourdan, ancien recteur de l'académie de Pau, imp. de Béthune (1831), 7 p.
10 Sur cette affaire voir bien sûr le journal tenu par Laurentie lui-même (Souvenirs, op. cit., p. 63) et le livre un
classique d'Eugène Hatin(?), Histoire politique et littéraire de la presse en France ; Paris, 1859- 1961(Tome
VIII)
11 D'après Grandmaison qui a lui-même consulté Sébastien Laurentie, le baron Franchey d'Espérey, Joseph de la
Bouillerie et Edmond Biré, Laurentie aurait été présentée en 1817 au salon de Mademoiselle de Lavau. Il a été
reçu congréganiste le 15 juin 1817.
12 Voir sur cette affaire la thèse du Chanoine Adrien Garnier qui cite lui-même les archives vaticanes (Dép. 11
mars 1824, n° 646 et 649) où le nonce renseignait Rome sur les affaires de Sorèze.
13 La destitution prise par ordonnance royale (Archives nationales F.1721 093) eut certainement des motivations
politiques. Alfred Nettement, dans son Histoire de la Restauration a utilisé une lettre de Laurentie lui-même.
14 La Société des bons livres a d'abord été fondée à Bordeaux puis à Grenoble. Sur le rôle de Laurentie voir
l'Ami de la religion et du roi. C'est lui l'auteur du rapport présenté au Conseil général de la société catholique des
bons livres..., 1827, in-12, 48 p..
15 Archives des affaires étrangères, fond Rome, volume 962, fol. 296-310, 19 juin 1827. Lettre de Frayssinous à
Montmorency-Laval.
16 Nous utilisons ici le témoignage de Saint-Maurice Cabany, qui avait certainement consulté Laurentie pour
rédiger, sa notice.
17 Mais Laurentie garde la nostalgie de son bref passage à l'Université. En 1847 sa , carte de visite porte les
mentions suivantes : " ancien inspecteur général des études, de l'Académie catholique de Rome, de l'Institut
national des Etats-Unis. chevalier de la Légion d'Honneur, chevalier du Lion d'or néerlandais ".
18 Pour tous ces personnages, consulter l'Histoire générale, de la presse. Paris P.U.F., 1969 (tome II).
19 École située dans le département du Loir-et-Cher, non loin de Blois, et qui avait été achetée en 1828 par
Laurentie. Cette école fut une véritable pépinière du légitimisme français au XIXe siècle. Voir de Laurentie,
Pont-Leroy, son abbaye et son école, album, Tours, 1844, in-fol. (fol. L K 780 13)
20 Ploplus (Margaret H.), La société des lettres, 1821-1830. Smith college studies in modern languages, 1923.
21 Voir LLOBET (Mgr de), Lettres et pages inédites de Mgr Gerber,1948, pp. 23-25 et 95-105
22 Maton (Père), Blanc de Saint-Bonnet, philosophe de l'unité , Lyon, F Vitte, 1961
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23 Bowe (Mary-Camille), François Rio, sa place dans le renouveau catholique, en Europe (1797-1874). Paris,
Boivin et Cie, 1938
24 Lettre de Laurentie au général Donnadieu (Collection privée du commandant Laurentie).
25 Serge Sémionovitch Ouvaroff né et mort à Moscou. filleul de Catherine II. (1785-1855). est cité par Albert
Caillet dans son fameux Manuel des sciences psychiques et occultes (1912), comme un occultiste très averti.
26 Le fils de Ouvaroff, Alexis Sergeiewitch, archéologue estimé, confia au Français Ladrague le soin de dresser
le catalogue de la bibliothèque de son père. Ce catalogue. Bibliothèque Ouvaroff, Catalogue spécimen, imprimé
à Moscou en 1870, (in-4º, IX p.. un f. de table et 217 p., 1883 numéros) ne fut tiré qu'à 75 exemplaires. Il est cité
dans Les fous littéraires mais marque surtout, d'après Caillet, une étape
importante dans la bibliographie des sciences ésotériques car il contient principalement des ouvrages de
mystique et d'occultisme. Ouvaroff avait lui-même écrit un Essai
sur les mystères d'Eleusis, Paris, Imprimerie royale, 1816.
27 Ouvaroff utilisant aussi la langue française, Laurentie écrit le 27 novembre 1855 : " Ouvaroff est un de ces
étrangers qui ont su conquérir chez nous le droit de cité en s'emparant de notre langue de nos goûts, de nos arts.
de nos idées, mêmes, et surtout de la forme de nos idées ", Mélanges, t. II, V. Littérature, pp. 193-211.
28 Collection personnelle du commandant Laurentie
29 Voir la thèse complémentaire de Stremooukhoff (D.), La poésie et l'idéologie de Tiouttchev, Paris, Les
Belles-Lettres, 1937.
30 Sur le traditionalisme religieux, voir le livre de Mgr Paul Poupard Essai philosophie chrétienne au XIXe,
L'abbé Louis Bautain. Paris, Desclée et Cie, 1961.
31 Signalons que le Dictionnaire de théologie de l'abbé Nicolas Bergier fut réédité à Besançon en quatre
volumes de 1826 à 1827, Laurentie cite également parmi se sources les œuvres du théologien John Leland dont
la Nouvelle démonstration évangélique avait été traduite en français en 1768.
32 Griffith (Richard), Révolution à rebours, Paris, Desclée et cie 1971, 352 p. Voir l'article de Juan Onimus dans
le Monde des Livres, du 6 avril 1971.
33 "La presse légitimiste depuis 1799 " Revue des Deux Mondes, 1844, pp. 615-642.
34 Ecrit et publié en 1856, Repris dans les Mélanges, T. I, p. 3.
35 L'Eglise romaine en face de la Révolution, Paris, H. Plon, 1859, T. II. p. 38.
36 Le Christ devant le siècle ou Nouveaux témoignages des sciences en faveur du catholicisme, Paris, L. F.
Hivert. 1835, in-8º, 399 p.
37 Nous pensons qu'il est possible de rechercher et de trouver dans l'histoire des idées et dans l'histoire tout court
le conflit perpétuel entre la mentalité traditionnelle ou religieuse d'une part. la mentalité moderne ou laïque
d'autre part. Sous des termes différents, il y a opposition du sacré et du profane.
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