Un coup de fouet dans le jardin de machos - Pagesperso

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Un coup de fouet dans le jardin des machos
C
onnaissez-vous le lézard à queue en fouet
Aspidoscelis tellesata ? Ce lézard qui vit
dans le nord de l’Amérique du Sud et le Sud
des Etats-Unis à une particularité pas si rare
dans la nature qui est la capacité de se reproduire sans avoir besoin
d’une quelconque activité sexuelle.
Ces lézards uniquement femelles ne sont
pas les uniques animaux
de la terre pratiquant
la reproduction asexuée
aussi
appelée
parthénogénèse du grec
parthenos
(παρϑένος)
vierge
et
génésis
(γένεσις) création.
Il existe plus de 70
espèces allant de la
puce d’eau en passant par quelques rares espèces d’oiseaux, le dragon de Komodo ou encore certains espèces de requins comme les
requins marteaux qui peuvent laisser des œufs
qui iront jusqu’à éclore sans l’intervention
d’une fécondation male.
Il ne semble pas exister de parthénogénèse
naturelle chez les mammifères même si, en
1936, Gregory Pincus, le père de la pilule
contraceptive, réussit une parthénogénèse sur
des embryons de lapin et que plus récemment
Tomohiro Kono et ses collègues de l'Université
de l'Agriculture de Tokyo ont produit des ovules de souris génétiquement modifiés permettant l’éclosion d’embryon sans spermatozoïde.
Comment nos petits lézards à queue en
fouet font-il pour éviter l’appauvrissement du
patrimoine génétique de cette forme ultime
d’inceste monoparental ? Il semblerait selon
une étude publiée dans la revue Nature que
les œufs de dame lézard contiennent le double
de la norme du patrimoine génétique. Lors de
la multiplication cellulaire, seule la série de
chromosomes la plus saine serait retenue, ce
qui empêcherait la perte de variation vitale.
La parthénogénèse serait un mode de reproduction transitoire de survie en cas d’isolation
de population qui pourraient ensuite revenir à
un mode de fécondation classique.
Mais nous voici donc
prévenus,
messieurs
les mâles !
Si la nature nous a
confié
l’essentielle
mission d’assurer la
variabilité nécessaire à
la survie de notre espèce par la copulation,
elle pourrait tout aussi
bien nous la retirer par
des mécanismes qui
nous rendraient parfaitement inutiles pour assurer la descendance
de l’espèce humaine…
Peut-être qu’un jour, au lieu d’une insémination artificielle, certaines femmes décidant
de se libérer du joug des mâles, ces êtres décidément bien encombrants et inutiles, demanderont simplement de s’autoféconder par
manipulation génétique ?
Je sais les remparts de la bioéthique seront
probablement largement érigés comme pour le
clonage humain pour mettre le holà sur ce
genre de pratique contre nature mais il se
trouvera bien un Frankenstein moderne pour
tenter l’expérience…
En attendant il est urgent que l’homme arrête depuis son plus jeune âge de regarder son
pénis comme la marque de sa supériorité, supposée mais largement démentie par les faits,
sur la gente féminine qui décidément pourrait
se passer de lui si l’homme continuait à refuser de lui laisser la place qui lui est due dans
la société.
Patrice Leterrier
24 février 2010

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