Les papys font de la résistance et tiennent le haut
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Les papys font de la résistance et tiennent le haut
LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 28 JANVIER 2012 26 RIFFS HIFI CLASSEMENT Tiens, on repartage une fois de plus les meilleurs guitaristes Les papys font de la résistance et tiennent le haut du pavé... PIERRE-ALAIN KESSI Inlassablement, les classements des meilleurs guitaristes se suivent et se ressemblent et ce sont toujours les mêmes qui squattent lespremièresplacessoitHendrix, Clapton, Beck, Page et Richards, moyenne d’âge aux alentours de septante balais pour les survivants. Au-delà de l’(in)utilité même de l’exercice, chacun ayant son favori, il est amusant de préciser que personne n’a, jusqu’ici, véritablement étayé ces classements de données aussi précises qu’incontestables, voire chiffrées. Dans ce dernier cas, le meilleur pourrait être celui qui a vendu le plus de disques. George Harrison, par exemple! Sur quoi sont donc basés les classements?L’influenceexercée, le style, le son, l’invention, le feeling, la rapidité de jeu, le look, la couleur de la guitare ou la taille des amplis? Certainement un peu de tout cela. Mais plus probablement une certaine nostalgie qui ne laisse que peu de place aux jeunes. Prenez par exemple Joe Bonamassa. Jeune, doué, travailleur et créatif, il ne figure pas parmi l’élite recensée, alors qu’il a le feeling de BB King, le son de Clapton période Mayall (le fameux Beano), la maîtrise des riffs de Page, les harmoniques et le vibrato de Beck, les pentatoniques et les gammes brisées des Comme chaque année, le Rock’Air Festival de Porrentruy organise un tremplin destiné aux gangs du Jura et du Jura bernois. Cette année, il sera réparti sur deux soirs, les vendredi 20 et samedi 21 avril, au Caveau de la Brasserie artisanale, à Porrentruy. Pour y participer, il suffit de sévir dans le Jura ou le Jura bernois, mais aussi d’envoyer un dossier à Tremplin, Rock’Air Festival, Case postale 26, 2900 Porrentruy 2. Ledit dossier devra contenir un CD démo, une présentation du combo, des photos et une adresse. Dix formations seront sélectionnées et trois pourront participer au Rock’Air, qui aura lieu du 2 au 5 août. Tout est dit. A vos accordéons! Attention à ne pas manquer la date d’inscription: le 29 février. [ PABR Quand Marillion s’adonne aux «side projects» Joe Bonamassa possède toutes les qualités pour l’emporter. Mais il est trop jeune et n’a rien inventé... LDD shredders. Que lui manque-t-il donc, à ce phénomène, pour déclasser les vieux caciques qui squattent depuis bientôt cinquante ans? Rien, il arrive juste trop tard, tout a déjà été inventé. Mais il a tout compris. Notamment que si la guitare électrique et le blues viennent des Etats-Unis, ils ont subi une mutation irrémédiable en Angleterre au milieu des années soixante. En avril mil neuf cent soixantecinq pour être précis, date de l’en- registrement du fameux disque desBluesbreakersdeMayall,avec un juvénile Clapton à la guitare, qui inventa l’alchimie Marshall à fond et Les Paul en surchauffe. Le son produit par cette combinaison effraya tant les techniciens de l’époque qu’ils craignirent la destruction pure et simple de leur matériel d’enregistrement et de leurs oreilles par la même occasion. Cet ovni qui, depuis, a reçu le surnom de «Beano», titre de la BD feuilletée par Clapton sur la pochette, est véritablement l’acte fondateur du blues électrique moderne.Iln’yaqu’aécouterleslignes miraculeuses de «Have you heard», qui reste, à ce jour, le plus intense et magnifique solo d’un Clapton qui ruisselle de feeling. D’Hendrix ensuite, qui posa comme condition une rencontre avec Clapton pour sa venue à Londres, une année plus tard à Led Zeppelin, qui pillera Dixon et Waters en les fondant dans le métal dur du son claptonien, tous les tireurs d’élite se réfèrent à cet album. L’ancienne et la nouvelle garde vénèrent l’objet au point que l’exgâchette de Mayall, Buddy Whittington, a intitulé le premier titre de son nouveau CD «Back when the Beano was Boss». Les paroles résument l’admiration, le respect maiségalementunecertainenostalgie. «There’s been nothin’ like it, before or since it’s all quite sterile in the present tense.» Conclusion, le classement actuel ne va pas changer de sitôt et, finalement, on s’en fout un peu. Le plaisir et l’émotion ne sont pas conditionnés par un classement, quel qu’il soit. [ DINOSAURE Refaire du vieux avec du vieux The Straits clonent Mark Knopfler Terence Reis, ou Mark Knopfler pour les nuls. DR Aubaine pour les gangs régionaux: le tremplin HOTEL HOBBIES Le meilleur pourrait aussi être celui qui a vendu le plus de disques. Comme George Harrison. Le gigantisme absolu. Des milliers de fans, des dizaines de milliers même, agglutinés dans des stades, jour après jour. Ils étaient plus de 50 000, un soir de juillet 1992, dans l’ancien Stade SaintJacques de Bâle pour célébrer les Sultans du swing. Une interminable tournée, le «On every street Tour», 229 dates à travers le monde. Et au bout, le point de rupture. Vidé mentalement et physiquement, Mark Knopfler jette l’éponge. Définitivement. ROCK’AIR À PORRENTRUY A Saragosse, le 9 octobre 1992, Dire Straits dispense son dernier concert officiel. «MK» et sa Fender ont été avalés par la bête qu’ils ont fabriquée. Mark Knopfler fuit à ce point les paillettes qu’en 1990, entre «Brothers in arms» (1985, 30 millions d’exemplaires vendus) et «On every street» (1992, 8 millions), il avait sciemment écourté l’existence de son projet blues-country The Notting Hillbillies pour cause de... succès! Enregistré entre potes, «Missing... Presumed having a good time» venait d’atteindre la 2e place des charts britanniques. Alors, pensez donc, en 2012, Dire Straits n’est plus qu’un mauvais et lucratif souvenir pour le père Knopfler, qui continue pourtant de remplir les salles en solo. Mais tranquille, sans pression, loin de la folie furieuse d’un groupe qui a marqué les deux dernières décennies musicales du XXe siècle. Dire Straits, c’est pour l’histoire, ainsi en a décidé le roi du «finger pick- ing». John Illsley, son éternel bassiste acolyte, savoure également un forme de quiétude retrouvée. Il peint et grattouille dans son coin, respectant l’héritage de maître Knopfler. Tous n’ont pas autant d’égards. Claviériste officiel de Dire Straits depuis 1980, Alan Clark a réveillé le monstre en mai 2011. Le temps d’un concert de charité au Royal Albert Hall, pensaiton. Mais il a craqué, le brave Alan. En collaboration avec d’autres anciens membres – jamais officiels, eux –, le saxophoniste Chris White et le guitariste Phil Palmer, Clark a fondé The Straits. Un cover band qui s’est permis l’arrogance de cloner Mark Knopfler. Egalement adepte du «finger picking», le guitariste-chanteur Terence Reis «a des similitudes remarquables avec Mark», selon les mots de Clark. Une copie à l’incroyable efficacité. La gratte et les cordes vocales vibrent avec une telle sincérité «knopflerienne»! A donner le frisson... The Straits réalisent ce que Yes a concrétisé, il y a trois ans, en enrôlant le Québécois Benoît David pour remplacer le mythique vocaliste et parolier Jon Anderson, alors atteint dans sa santé. A entendre leur dernière livraison studio, «Fly from here» (2011), les Anglais semblent avoir commis le crime parfait. La récente sortie de «In the present – Live from Lyon», concert enregistré en décembre 2009 avec David au micro, accentue le sentiment de pillage intellectuel. Bon, la présence de morceaux rarement interprétés en live ces dernières années («Tempus Fugit», «Machine Messiah») rend la chose intéressante. Mais le rock est cruel. Une fois dans la légende, impossible d’occire les fantômes du passé. Demandez aux Rolling Stones... [ LAURENT KLEISL + INFO The Straits en tournée dans le coin The Straits seront en concert le 2 juin prochain à Aarberg dans le cadre du Stars of Sound Festival. Les cinq de Marillion nous avaient déjà fait le coup en 1996, après la sortie de l’exceptionnel «Afraid of sunlight». Un petit break d’équipe pour s’adonner aux plaisirs solitaires. En pleine préparation du successeur de «Less is more» (2009), rafistolage accoustique plus ou moins réussi d’anciens titres, les maîtres du rock-prog britannique se sont laissés aller aux projets parallèles. Le sémillant claviériste Mark Kelly s’est allé épauler le guitariste, multi-instrumentaliste, auteur compositeur Andy Ditchfield dans son projet DeeExpus. En ressort un album de heavy-prog classique, «The king of number 33», une œuvre pas inintéressante, mais quelque peu pompeuse. Bassiste de Marillion, Pete Trewavas s’est lui associé à Eric Blackwood, musicien new-yorkais plutôt connu dans l’industrie du film, dans le projet Edison’s Children. Souffrant de quelques défauts de production – cochonnerie de boîte à rythmes! –, «In the last waking moments...» n’en reste pas moins un très agréable moment de rock atmosphérique. Il y a même du Mark Hollis (Talk Talk) dans la voix d’Eric Blackwood. Quant aux fruits de la combinaison de l’organe vocal céleste de Steve Hogarth et des claviers de Richard Barbieri (Porcupine Tree), production intitulée «Not the weapon but the hand», ils sont attendus pour mi-février. Et plus tard, enfin, l’album studio No 17 de Marillion... [ LK LE PROG FRANCAIS S’EXPORTE Lazuli en concert en février au Z7 de Pratteln Pour preuve de la vivacité du groupe Lazuli (voir l’édition de Riffs Hifi du 31.12.11), groupe de rock prog français investi de mille et un espoirs par ses fans (et qui, étonnamment pour un band chantant en français, connaît un gros succès en Allemagne), voici quelques dates de live à venir : le 17 février au Colos-saal (Aschaffenburg, Allemagne), le 18 février au Substage (Karlsruhe, Allemagne), le 19 février au Z7 (Pratteln, les fans suisses n’ont plus d’excuses), et puis plus loin fin avril au Portugal, et en mai Chez Paulette, club situé dans les profondeurs de la Franche-Comté. La venue au Z7 de Pratteln, nouveau temple de la fraternité congrégationnaliste progressiste et néo symphonique du coin augmentera sans doute de façon marquée le nombre de fans conquis par ces Français du Sud dans les lointaines régions alémanes. [ PYT LA PLAYLIST DE... Cyrill Pasche [email protected] SNOOP DOGG Doggumentary (2011) Le 11e album solo du doberman le plus connu de la planète contient 21 titres, dont de nombreux featuring surprenants avec des artistes de tous horizons tels que les Gorillaz, David Guetta ou Bootsy Collins, le bassiste funk avant-gardiste. Le flow suave de Snoop Dogg le place dans une catégorie à part: les autres rappeurs hurlent, lui se contente de parler doucement. IAM L’Ecole du micro d’argent (1997) L’album qui a élevé IAM au rang d’icône. Truffé de morceaux engagés, il est considéré comme le meilleur de tous les temps dans l’histoire du rap français. Pour preuve, IAM n’y balance que du lourd : «Nés sous la même étoile», «Petit frère» et surtout «Demain c’est loin». A écouter sur la terrasse du cabanon à pastis, à côté du Vélodrome, juste avant un match de l’OM. Ah qu’il y fait bon, au Sud! JAY-Z & KANYE WEST Watch the Throne (2011) Le temps d’un album commun, les deux milliardaires du rap nous expliquent qu’ils ont, en fin de compte, d’autres soucis que nous. Du discours de riches, certes, à l’image de l’éblouissante pochette réalisée par le directeur artistique de Givenchy. Mais Jay-Z reste malgré tout un mec qui a placé plus d’albums no 1 qu’Elvis. Et surtout qui s’est ramené Beyoncé. Respect. FLO RIDA Good Feeling (single, 2011) Ce titre donne instantanément envie d’enfiler son survêt’, de courir les trois kilomètres de la maison au fitness, soulever de la fonte pendant 90 minutes, directement enchaîner avec un kil de natation, rentrer chez soi au sprint avant d’aligner des séries de pompes et d’abdos. Douche. Départ au boulot. Pile à l’heure devant l’ordi à 7h30. Sometimes I get a good feeling...