L`Eglise des Frères en Christ d`Orissa

Transcription

L`Eglise des Frères en Christ d`Orissa
courrier
Volume 20 N° 1, 2005
Une publication trimestrielle de la Conférence Mennonite Mondiale en français, anglais et espagnol
Les besoins :
une invitation
à partager
nos dons
page 2
Echange de
recettes aux
Pays Bas
page 6
Un pasteur
tué dans une
explosion
page 10
Au secours
des victimes
du tsunami
page 11
Epreuves
pour les
mennonites
vietnamiens
Inauguration d’une colonne sur les nouveaux membres de la CMM :
page 12
L’Eglise des Frères en Christ d’Orissa
page 10
Les besoins : une invitation
à partager nos dons
Pakisa K. Tshimika et Tim Lind
Q
uand plus de 5 000
anabaptistes mennonites se
rassemblèrent à Bulawayo au
Zimbabwe, en août 2003, le thème du
Rassemblement était “Mettons nos dons
en commun dans la souffrance et la
joie”. Ceux qui étaient présents ne l’ont
pas oublié, et beaucoup d’autres aussi à
travers le monde y pensent toujours.
Lors de ce rassemblement, une nouvelle vision de la Conférence
Mennonite Mondiale naquit, nous
appelant à devenir une “koinonia” mondiale d’églises anabaptistes. Une telle
vision demande un engagement réel de
ses membres : développer des relations
en mettant en commun les dons de
chacun.
Une vraie communauté est un
ensemble complexe de relations. Ces
relations se créent quand nous partageons des dons les uns avec les autres,
que ce soit des idées, des conversations
ou des biens.
La communauté de Dieu, c’est le
monde entier. Ces relations peuvent, et
doivent, donc se créer à de multiples
niveaux ; certaines seront plus proches
que d’autres, mais toutes contribueront
à construire notre communauté mondiale. Il est donc nécessaire d’établir des
relations au niveau local comme au
niveau international.
Courier / Correo / Courrier (ISSN 10414436) est publié quatre fois par an par la
Conférence Mennonite Mondiale, 8 rue
du Fossé des Treize, 67000 Strasbourg,
France. Adresse de publication : C/C/C,
616 Walnut Avenue, Scottdale, PA 156831999. Routage payé à Scottdale, PA.
Imprimé aux USA.
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to 616 Walnut Ave., Scottdale, PA 15683
2
Souvenons-nous que si nous voulons
mettre nos dons en commun, c’est
d’abord parce que nous formons une
seule entité avec les chrétiens du monde
entier. C’est aussi ce qui nous aide à
développer cette direction communautaire que nous avons choisie à
Bulawayo. Qui que nous soyons, nous
rappelle l’apôtre Paul, nous ne sommes
Le partage est un acte
réciproque et libre, qui
rapproche des églises et des
individus, et qui permet
d’utiliser les dons de tous
et donc de les valoriser.
plus des étrangers ni des gens de passage, mais nous faisons partie du peuple
de Dieu et nous sommes membres de la
famille de Dieu (Ephésiens 2/19).
Quand cette unicité est une réalité,
elle est signe d’une vraie relation et d’un
vrai partage.
Pendant notre travail avec ‘Dons en
Commun’, nous avons eu l’occasion
d’aller dans de nombreuses églises et
d’écouter leurs membres. Aussi est-il
bon de préciser que des échanges entre
églises et entre chrétiens se sont faits
depuis des années. Mais les assemblées
comprennent de mieux en mieux que
partager n’est pas la même chose que
donner.
Le partage est une relation
réciproque et libre, qui fait entrer les
individus ou les églises dans la vie les
uns des autres. C’est le fait de les
partager qui donne aux dons leur valeur
et leur utilité, et la CMM désire mettre
l’accent sur cette dimension.
Quand nous gardons nos dons pour
nous-mêmes alors que d’autres en
auraient besoin, nous ne formons pas
une communauté. L’idée d’un monde
divisé entre nantis et démunis n’est pas
biblique du tout. Tous les dons viennent de Dieu et lui appartiennent, et
Dieu veut que nous partagions ce que
nous avons reçu de lui.
Nous avons tendance à penser que
partager est simplement une bonne
chose. Mais c’est beaucoup plus que
cela : c’est une question de justice,
d’obéissance et de droiture.
Que ce soit au niveau individuel ou
collectif, nous devons utiliser les dons
que Dieu nous a donnés, sinon, ils
meurent. Quand on les garde pour soi,
ils pourrissent, comme la manne qui
avait été donnée tout à fait gratuitement
par Dieu aux Israélites dans le désert.
Malheureusement, nous sommes si
conditionnés à penser en termes de
nantis et de démunis que nous ne
voyons pas que les besoins sont en fait
souvent des dons : une invitation à
utiliser ses propres dons.
L’Eglise peut mettre ses dons en commun de bien des façons : entre unions
d’églises, entre institutions, entre assemblées ou entre individus ayant les
mêmes intérêts.
Il faut prendre certains éléments en
considération lorsque l’on veut former
une communauté :
1. Former une alliance. Il nous faut
être convaincus que nous sommes
vraiment une famille et nous accepter
tels que nous sommes. Parfois, nous
nous demandons combien de nos
églises (ou de nos frères et sœurs
anabaptistes) ont le sentiment de faire
partie d’une famille de foi mondiale.
2. Avoir du respect mutuel. Il y a bien
des choses que l’on ne comprend pas
courrier
bien dans la culture de l’autre, mais
cela ne devrait pas nous empêcher de
nous sentir proches les uns des autres.
Des dons d’argent ou de biens ne sont
pas appréciés quand ils sont offerts
froidement avec un sentiment de
culpabilité. L’esprit dans lequel ces dons
sont faits est beaucoup plus important
que la valeur du don.
3. Exercer une responsabilité
réciproque. Sinon, nous ne pouvons
parler sérieusement de relations : elles
ne doivent pas être à sens unique. Il ne
s’agit pas pour ceux qui ont davantage
d’argent d’attendre un compte-rendu
détaillé de l’utilisation de ce qu’ils ont
donné. Mais chacun doit être
responsable devant l’autre dans tous les
domaines de sa vie, autant ceux qui
donnent que ceux qui reçoivent.
4. Etre tourné vers les personnes. La
plupart de nos relations passent par les
institutions. Nous aimerions voir se
développer une communauté mondiale
dans laquelle les relations interpersonnelles aient davantage de place.
5. Donner une plus grande place aux
faibles. Dans la famille spirituelle, la
joie et la souffrance des membres sont
partagées par l’ensemble du peuple de
Dieu. Les faibles sont honorés, à la
différence de nos cultures, quelles
qu’elles soient, où ce sont plutôt les
forts et les puissants qui sont honorés.
Cette mise en commun des dons
concerne d’abord les individus et les
assemblées locales. Mais il faut que son
importance soit bien comprise par
toutes les structures d’églises. Alors, si
chacun d’entre nous s’engage dans ce
processus, où que nous soyons, nous
formerons une vraie communauté de
partage à l’échelle mondiale.
Pakisa K. Tshimika, Fresno, USA, est
secrétaire général adjoint- Réseaux et
Projets- de la CMM. Tim Lind, Three
Rivers, USA, est le coordinateur de ‘Dons
en Commun’. Ils ont dirigé ensemble des
ateliers ‘Dons en Commun’ dans diverses
parties du monde.
Pour Thokozile Mpofu (Zimbabwe),
utiliser ses dons signifiait aider
bénévolement à nettoyer plus de
5 000 chaises avant le début du
culte d’ouverture d’Afrique 2003 à
Bulawayo, le 10 août.
Premier trimestre 2005
L’Eglise de Frères en Christ d’Orissa en Inde :
Aider notre peuple
dans tous les domaines
Bijoy K. Roul
L
’Orissa est un état à l’est de l’Inde
dont la population (environ 37
millions de personnes) est en
majorité hindoue (98 %). Chaque
année, des millions d’hindous viennent
y faire un pèlerinage pour rendre
hommage à Lord Jagannath.
C’est aussi un état qui n’accepte pas
les chrétiens : les lois ne les autorisent
ni à convertir ni à baptiser les non-chrétiens et les églises ont besoin d’obtenir
une permission des autorités pour tenir
la moindre réunion.
En outre, ces cinq dernières années,
la violence a fait rage en Orissa. Un pasteur Frères en Christ (BIC) est devenu
un martyr pour le Christ. Des
évangélistes ont été battus, traînés dans
les rues et menacés de mort. De nombreuses églises ont été brûlées et des
Couverture : Quatre jeunes
filles portant de l’eau en Orissa
(Inde). L’union d’églises des
Frères en Christ d’Orissa est
l’un des 10 groupes qui se sont
joints à la CMM l’année passée.
C/C/C inaugure une nouvelle
colonne pour les présenter.
Photo de couverture : Nancy J. Hoke
4
chrétiens décapités ou tués par un autre
moyen.
En 1999, un missionnaire australien,
Graham Stains, et ses deux fils, ont été
brûlés vifs. Cet acte horrible a créé des
remous dans toute la communauté
internationale.
Pourtant, en dépit de ces épreuves,
en décembre 2003, l’union d’églises
BIC d’Orissa comptait 104 églises, et
pendant la seule année 2003, nous
avons pu implanter neuf nouvelles
églises.
La population d’Orissa est très
intéressée par l’évangile. Soixante-deux
tribus vivent dans cet état, et moins
d’1 % sont chrétiens. C’est donc là que
nous travaillons principalement. Nous
avons implanté des églises chez les
Santali, les Kondh, les Ho, les Desia, les
Majhi, les Kutia Kondh, et aussi parmi
la caste la plus basse.
Chaque groupe tribal a sa propre
langue et sa propre culture, ce qui complique notre tâche.
œuvre extraordinaire : aujourd’hui,
nous avons plus de 3 270 membres
baptisés. Entre janvier et mai 2004,
quatre nouvelles églises sont nées, 56
personnes ont été baptisées et 180 vont
l’être prochainement.
N
otre vision est de toucher
toutes les personnes qui ont
besoin du Christ. En 2004,
l’Eglise BIC a décidé de former 100
responsables d’église, qui devront en
former 100 autres l’année suivante. En
procédant ainsi, le nombre de
responsables va être multiplié et l’église
aura des piliers solides. La formation
recouvre cinq domaines :
Nancy J. Hoke
Lors du 14e Rassemblement à Bulawayo
(Zimbabwe), en août 2003, 10 nouveaux
groupes anabaptistes sont devenus membres de la CMM. Dans ce numéro,
C/C/C inaugure une nouvelle colonne
pour les présenter à la famille de la
CMM.—Les éditeurs
I
l n’y a ni hôpital ni dispensaire près
de nos églises. La population souffre
du paludisme et de diarrhée, car
l’eau n’est pas potable. La mort est
chose courante. L’électricité est
pratiquement inexistante. L’Orissa se
trouve sur la côte, une zone où les
cyclones, les inondations et même les
sécheresses sont fréquents. C’est un de
ces états arriérés de l’Inde, où des
milliers de personnes ne mangent même
pas une fois par jour.
Notre ministère dans l’état d’Orissa a
commencé en 1982. Le démarrage a été
lent, mais le Seigneur a accompli une
courrier
Nancy J. Hoke
• la vie chrétienne, la prière et les
cultes ;
• le discipulat et le travail pour la
paix ;
• le témoignage chrétien et le partage
de l’évangile ;
• le travail social dans les villages ;
• l’autonomie et l’indépendance des
églises.
Chaque pasteur travaille dans cinq
villages. Il commence en y montrant
des films et en jouant des saynètes, si
bien que les habitants veulent en savoir
plus sur le Christ. Puis, par un suivi
personnel et systématique, nous
amenons les personnes intéressées aux
pieds de notre Maître.
Les cultes, l’école du dimanche pour
adultes, les groupes de femmes, les
groupes de jeunes, les études bibliques,
les réunions de prière dans les familles
et les réunions d’évangélisation permettent aux nouveaux croyants de grandir.
En Orissa, l’Eglise BIC essaie aussi
À gauche : Bijoy K. Roul dans son
bureau d’Orissa. Le pasteur Roul
est le coordinateur de l’Eglise BIC
de l’Asie du Sud. Le témoignage
de droite a été écrit par un membre
de l’Eglise BIC d’Orissa.
Premier trimestre 2005
d’améliorer les conditions de vie de la
population. La plupart des croyants
sont très pauvres. Ils ont chacun une
petite parcelle de terre qu’ils cultivent,
mais elle ne produit pas suffisamment
de nourriture. Aussi, pendant six mois,
doivent-ils aller dans la forêt à la
recherche de fruits. Les enfants ne vont
plus à l’école parce que leurs parents les
envoient cueillir des fruits. L’Eglise BIC
a donc ouvert trois centres pour nos
enfants : 180 enfants y logent afin de
pouvoir aller à l’école la plus proche.
En dépit des persécutions et des con-
Un groupe de convertis se prépare à
être baptisé dans une rivière d’Orissa,
en Inde. Remarquez la présence de
spectateurs dans le fond.
ditions de vie difficiles, le Seigneur a
fait de grandes choses dans cet état.
Notre désir est d’implanter des églises
dans les régions où nous ne sommes pas
encore allés et d’améliorer les conditions de vie de la population. Notre
mission est de les aider à se développer
au niveau social comme au niveau
spirituel.
J
e m’appelle Hira Hansda, je suis mariée à Ruhya Hansda, et je vis
dans le village de Baunsakhali. Je souffrais de problèmes mentaux
depuis sept ans. Après avoir reçu la guérison du Seigneur Jésus quand
Khelaram Hansda a prié pour moi, je suis devenue membre de l’église
BIC de Baunsakhal.
Mon mari, mes amis et ma famille m’ont dit que pendant ces sept
années, j’étais incapable de rester chez moi et j’errais dans la campagne. Je
ne mangeais ni ne dormais à une heure régulière. Je ne reconnaissais pas
ma famille et personne n’arrivait à me maîtriser. J’ai pris toutes sortes de
médicaments, je suis même allée voir un sorcier, mais rien n’y a fait.
Maintenant, je loue le Seigneur car il m’a complètement guérie. Je
mène une vie normale et je suis heureuse de connaître le Seigneur. Merci
de prier pour moi—Hira Hansda
5
Dieu utilise un enlèvement !
Stella Ho
D
ans la lettre aux Ephésiens,
Paul écrit que Dieu peut
faire infiniment plus que ce
que nous demandons ou pensons
(3/20). Mais je n’ai jamais pensé que
ce serait un enlèvement qui
conduirait mon mari à accepter le
Seigneur !
Je suis chinoise et j’ai connu bien
des difficultés pendant les 30 années
que j’ai passées au Venezuela. Mais
Dieu a toujours été avec moi. Des
cambrioleurs ont attaqué plusieurs
fois notre magasin, ils ont même tiré
sur mon mari, le magasin a brûlé
deux fois… Mais nous avons toujours pu recommencer. Je remercie
Dieu qui nous a donné la santé et
nos trois enfants.
Le 21 janvier, trois hommes
arrêtèrent ma voiture, cassèrent les
vitres, me poussèrent à l’arrière, puis
s’enfuirent au volant de ma voiture.
J’ai réalisé qu’ils m’enlevaient. Ils me
prirent tout ce que j’avais. J’avais très
peur.
Les ravisseurs m’ont gardé huit
jours. J’ai eu l’impression que c’était
huit ans. J’avais très faim. Ces
hommes étaient très brutaux. Ils ont
menacé de me couper une main, ou
les doigts, ou de m’emmener avec
eux en Colombie. J’ai essayé de
m’enfuir, mais je n’ai pas réussi.
J’ai pleuré. Puis j’ai ressenti la paix
de Dieu et j’ai dit à l’un d’entre eux :
“Dieu vous aime. J’espère qu’un jour,
nous pourrons devenir amis”. Le
troisième jour, mes ravisseurs m’ont
permis de prendre un bain. Pendant
ces huit journées, j’ai passé plus de
temps à prier que je ne l’avais jamais
fait. Le Seigneur m’a conduite à prier
pour mes ravisseurs. Ils ont accepté
ma prière. Je n’ai jamais pensé que
j’aurais l’occasion de partager l’évangile avec des gens si violents. Je
me suis sentie bénie par Dieu.
L’un des ravisseurs avait déjà passé
presque 20 ans en prison, et me dit
6
que la police avait tué son frère alors
qu’il participait à un enlèvement. Je
lui rappelai que la même chose pourrait lui arriver. Je leur ai dit que je
n’avais pas peur de mourir, car j’irais
au ciel et retrouverais ma famille.
J’espérais de tout mon cœur que si
je ne voyais plus mon mari sur terre,
je le retrouverais au ciel. Mais il n’était pas chrétien. Depuis 10 ans, il
avait eu bien des occasions d’entendre l’évangile, mais son cœur s’était
endurci.
Le septième jour, un des ravisseurs
m’apporta une Bible et tous me
demandèrent de leur pardonner. J’ai
cru que je me réveillais d’un
cauchemar.
Plus tard, j’ai appris que mes frères
et sœurs chinois faisaient une chaîne
de prière, et avaient demandé aux
ravisseurs, à la télévision, de ne pas
me faire de mal. Ce message a touché
leur cœur. Ils me dirent : “De nombreux Vénézuéliens prient pour vous.
Des pasteurs nous ont demandé de
vous libérer. On va le faire.”
Quand j’ai retrouvé ma famille,
elle m’a appris que mon mari avait
accepté le Christ pendant un culte.
C
ette expérience m’a appris
quelque chose : le temps est
court ; nous ne savons pas ce
qui peut nous arriver. Il nous faut
chercher à servir le Seigneur et
discerner ce que nous pouvons faire
pour lui maintenant.
Je n’ai jamais ressenti de haine ou
d’amertume envers mes ravisseurs.
Cet enlèvement a produit du bien.
Mais je ne souhaite à personne d’en
passer par là pour réfléchir à sa vie.
Stella Ho vit à Isla Margarita,
au Venezuela. Elle a raconté
l’histoire de son enlèvement lors du
deuxième Congrès Anabaptiste des
Andes au Venezuela, en septembre
dernier.
Echanger
des recettes
pour faire
connaissance
D
ans un quartier d’Almere, aux
Pays-Bas, on découvre que le
plaisir d’être assis à la même
table dépasse le plaisir gustatif : des
voisins partagent leurs recettes préférées
et leurs traditions, et la méfiance
s’estompe pour laisser place à l’amitié.
Qui en est responsable ? Un livre de
cuisine intitulé De Smaak van
Stedenwijk (le goût de Stedenwijk) ! Ce
livre a été présenté à Stedenwijk, un
quartier d’Almere, le 3 octobre 2004,
lors d’une fête de la commune.
Le livre contient des recettes de pays
très différents : Arménie, Maroc,
Surinam, Indonésie, Irak, Iran,
Kurdistan, Afrique du Sud, Amérique
du Nord et Pays-Bas. Chaque recette est
accompagnée d’une photo et d’une
petite histoire sur les auteurs de la
recette, qui habitent ou travaillent tous
dans le quartier de Stedenwijk.
Le jour de la parution officielle du
livre, les invités sont arrivés tôt : l’impatience était grande de découvrir le résultat final d’un projet sur lequel ils
courrier
À gauche : Annamarie Jorritsma,
maire d’Almere, reçoit le premier
exemplaire officiel de De Smaak
van Stedenwijk des mains de
Gerrit Jan Romeijn, missionnaire à
Inloophuis de Ruimte et membre
du comité d’organisation.
avaient travaillé ensemble longtemps,
sans ménager leurs efforts.
Jackie Wyse, qui travaille à Almere
avec Mennonite Mission Network (USA)
et le Comité de Mission Mennonite
Néerlandais, raconte que pendant que
la salle se remplissait, elle sentait monter la tension. “En effet, jusqu’à ce jour,
personne, à part les membres du
comité, n’avait vu le livre. Sa présentation était vraiment un grand
moment !”
Ce projet est né de conversations
entre Gerrit Jan Romeijn, un collègue
de Jackie, et Jan-Willem Menkveld, qui
travaille avec l’Église protestante néerlandaise. Gerrit Jan travaille dans un
centre d’accueil, Inloophuis de Ruimte,
soutenu par le Comité de Mission
Mennonite Néerlandais. Gerrit Jan et
Jan-Willem cherchaient une idée de
projet communautaire et la proposition
de faire un livre de cuisine a paru être
une façon simple et unique de créer des
liens entre les habitants de
Stendenwijk. Comme Almere est une
ville nouvelle, fondée en 1976, il n’y a
encore que peu de liens entre les
habitants.
“Comment aimer ses voisins quand
on ne les connaît pas ?” demande
Jackie. “Notre livre de cuisine communautaire nous donne une occasion de
nous connaître un peu mieux” continue-t-elle. “Je crois que c’est un don
inestimable, un fondement sur lequel
Inloophuis, les églises de Stedenwijk et
tout le quartier, peuvent se développer.”
Lors de la présentation du livre, au
moment du discours inaugural, plus de
130 personnes étaient présentes pour
écouter de la musique et goûter aux
Stedenwijkertjes, des petits gâteaux faits
spécialement pour la cérémonie et dont
le nom fait référence au quartier.
G
errit Jan Romeijn, le président
du comité, offrit le premier
livre au maire, Annemarie
Jorritsma. La commune a donné
5 000 € pour ce projet ; d’autres
organismes y contribuèrent aussi
comme Inloophuis de Ruimte, le Comité
de Mission Mennonite Néerlandais, des
assemblées locales de Stedenwijk, des
services sociaux d’Almere et d’autres
sponsors.
À la fin de ce dimanche de fête, les
organisateurs avaient vendu 140 livres
sur les 500 imprimés.
“C’était un tel plaisir de vendre ces
livres de cuisine et de regarder les
acheteurs les feuilleter avidement, cherchant leur propre recette, celle de
membres de leur famille ou d’amis.” dit
Jackie Wyse.
Les exemplaires restants seront vendus au centre de Inloophuis et dans une
librairie de Almere.
“Nous espérons que notre livre va
aider les habitants de ce quartier à
découvrir leur diversité” dit Gerrit Jan
Romeijn. “Ce quartier pourrait devenir
un lieu où les gens sont prêts à s’aider
les uns les autres. Je rêve que chacun se
salue par son nom et soit vraiment
heureux de vivre dans ce quartier.”
Pour Gerrit Jan, ce projet est une
façon de proclamer la bonne nouvelle ;
mais il précise que ce n’est pas une
solution instantanée ou magique pour
résoudre tous les problèmes du quartier. “Il y a encore du chemin à faire, et
il se peut que nous n’arrivions jamais
au bout” dit-il, “mais ce n’est pas un
problème, aussi longtemps que nous
marchons dans la bonne direction.”
L
es membres de la communauté
espèrent que l’élan ne va pas se
perdre. Ils projettent d’organiser
une série de repas avec des plats réalisés
à partir des recettes du livre. Le maire
avait suggéré que les plats soient essayés
les uns après les autres dans tout le
quartier. D’autres ont eu l’idée
d’organiser un tournoi de volleyball
pour que les membres du quartier
continuent à faire connaissance.
“Nous avons vraiment besoin les uns
des autres afin que nos vies aient plus
de sens” dit Jackie. “Je suis reconnaissante d’avoir pu participer à ce projet.
Je prie que le Saint-Esprit continue à
souffler sur Stedenwijk et nous guide
pour que nous sachions vivre dans la
joie et dans l’espérance, tous ensemble,
en tant que voisins.”—Bethany Keener,
Mennonite Mission Network
Le but du projet du livre de
recettes d’Almere était d’aider
les habitants du quartier à se
connaître. Jackie Wyse (à droite)
s’entretient avec Bassam Konda
et Hazha Kol, qui tiennent un
magasin dans le quartier, pendant la fête à l’occasion de la
parution du livre. Bassam et
Hazha viennent d’Irak et
Jackie des E-U.
Premier trimestre 2005
7
Développer des relations inter-églises par un échange de responsables
Un chemin long m
L
a Pennsylvanie est bien loin de
l’Indonésie. Comment créer un
partenariat entre deux lieux aussi
distants et différents ?
Ce partenariat est né de l’idée de
développer des relations inter-églises
entre les membres de la CMM par des
échanges de responsables d’églises. Cet
échange permettrait de mieux répondre
à l’appel missionnaire lancé par Jésus,
de partager les dons et les connaissances
et de donner aux responsables l’occasion
de renouveler leurs forces physiques
mentales et spirituelles.
Larry Miller, le secrétaire général de
la CMM, savait que l’union d’églises
Franconia Mennonite Conference (FMC)
en Pennsylvanie (E-U) cherchait à étendre ses relations et ses connaissances
dans la direction du Sud. Et il savait
que Mesach Krisetya, un des dirigeants
de la Persatuan Gereja-Gereja Kristen
Muria Indonesia (GKMI) apprécierait
de découvrir une autre culture. Larry
savait aussi que Mesach, qui était alors
président de la CMM, saurait faire connaître un tel projet autour de lui.
En 2000, des responsables des deux
groupes se rencontrèrent pour la première fois afin d’explorer les possibilités
de faire un échange entre Mesach et
Philip C. Bergey, un responsable de la
FMC. L’idée était que cet échange
ouvrirait la voie à des relations à long
terme.
En 2000, Mesach et sa femme
Miriam se rendirent en Amérique du
Nord, et vécurent six mois à Souderton
en Pennsylvanie. Puis, en 2003, Phil
passa six semaines dans des communautés mennonites d’Indonésie, sur les
îles de Java et de Bali.
Pendant leur séjour, les participants
travaillèrent avec les unions d’églises et
les pasteurs, logèrent dans des familles,
prêchèrent dans les assemblées et découvrirent la culture, les amis, les difficultés
8
et les joies l’un de l’autre.
Dans son rapport, Phil revient à
plusieurs reprises sur le sens des mots
“chemin” ou “voie”. Il y avait des
chemins à travers l’incroyable diversité
qu’est l’archipel d’Indonésie, remarquat-il. Comment ce pays si peuplé, avec
ses 6 000 îles habitées, peut-il être uni ?
Phil raconte qu’il a vécu la diversité
dans les moyens de locomotion : motos,
chevaux et triporteurs appelés “becak”,
circulaient parmi des automobiles de
toutes tailles, des bicyclettes, des charrettes tirées par des ânes ou des bœufs,
et parmi des chèvres, des poulets et des
buffles… Il a aussi découvert la diversité
dans la nourriture : 17 variétés de
bananes, plus de 12 variétés de mangues
et des douzaines de fruits dont Phil
n’avait jamais entendu parler, et dont il
connaissait encore moins le goût !
Chaque jour était une expérience culinaire, dit-il.
P
hil découvrit des forêts tropicales,
des arbres à épices—clous de
girofle, cardamome, noix de
muscade—des caféiers, des théiers et
des rizières.
Et la multitude de langues ! Il n’y a
personne qui ne parle couramment au
moins deux langues, et en général bien
davantage, sans compter les rudiments
de quelques autres, et de plus un
“anglais correct”… Certains parlent
aussi une ou plusieurs langues chinoises
et souvent un dialecte régional.
L’Indonésie connaît aussi la diversité
dans la religion. Des hindous et des
bouddhistes vivaient déjà sur ces îles
quand les commerçants arabes introduisirent l’Islam au 7e siècle. Les
dirigeants indonésiens firent de l’Islam
une religion d’État au 16e siècle, au
temps de la réforme protestante en
Europe. Aujourd’hui, l’Indonésie
revendique la plus grande population
musulmane du monde.
Au 17e siècle, les Hollandais
fondèrent un empire commercial en
Indonésie et à la fin du 19e siècle des
missionnaires mennonites des Pays-Bas
travaillaient déjà parmi les Javanais.
Ainsi s’ouvrit la voie d’un partenariat
reliant les mennonites, qui, au 20e siècle, comprenaient la CMM, le MCC,
Mennonite Brethren Mission & Service
International (MBMSI) et Eastern
Mennonite Missions (EMM).
Avant sa visite, Phil savait déjà qu’il
existait des relations entre les missions
mennonites d’Indonésie et d’Amérique
du Nord. Mais les relations inter-églises
sont différentes. Les responsables du
synode de la GKMI souhaitent développer des relations fraternelles avec la
FMC en particulier.
Le pasteur Bastian Yosin de l’assemblée GKMI de Kudus a appris à Phil
comment la GKMI fait face aux problèmes de croissance et de stabilité. La
GKMI grandit régulièrement, implantant des églises et créant des groupes de
maison, ce qui intéresse vivement la
FMC. De Adhi Dharma, le secrétaire
général du synode de GKMI, Phil a
appris comment l’évangile de paix peut
avoir un impact significatif dans une
culture à prédominance musulmane qui
regarde les églises avec méfiance et se
montre souvent violente envers elles.
En Indonésie, la conversion n’est
courrier
mais passionnant
jamais rapide ni facile. Pour un musulman, devenir chrétien c’est offenser sa
famille. Les assemblées GKMI doivent
faire plus que de simplement parler de
Jésus ; elles doivent se modeler sur lui
en tout. Elles doivent aussi être prêtes à
risquer leur sécurité pour faire avancer
le royaume de Dieu.
P
our être un signe du royaume de
Dieu dès maintenant, les disciples
de Jésus indonésiens doivent être
convaincants et leur vie attirante, tout
en sachant que leur salle de culte peut
être démolie ou brûlée.
Phil a entendu des récits de destruction d’églises. Mais, dans une petite
église mennonite javanaise (synode de
GITJ), il a aussi assisté à la célébration
d’un mariage qui rassemblait des
musulmans et des chrétiens. Comment
est-il possible de célébrer un mariage
dans ce contexte ? Parce qu’un pasteur
de village a construit des ponts entre
les deux communautés.
Quelquefois le progrès complique la
situation. Dans la ville de Kudus, au
centre de Java, Phil a rencontré les
directeurs d’un hôpital, fruit de beaucoup d’efforts et appartenant à la
GKMI. Cependant, les chefs locaux
font pression sur le conseil d’administration, constitué uniquement de mennonites, pour qu’il construise une
mosquée sur le terrain de l’hôpital pour
les patients, dont 98 % sont musulmans. Jusque-là, le conseil a temporisé
en mettant une petite pièce à la disposition des musulmans pour la prière.
“Que devrions-nous faire ?” demandent les responsables de GKMI. “Que
feraient les Américains ?”
La GKMI est intéressée aussi par les
écoles et les facultés dirigées par la
FMC, par la gestion des conseils d’administration et de la direction, ainsi
que par le renforcement des relations
avec des organismes d’église. Phil précise que la FMC a beaucoup à apprendre de la GKMI dans les domaines de
la formation des responsables, du ministère de la prière et de l’implantation
d’églises. Elle est composée de 45
assemblées, 60 nouvelles églises et 60
autres, fruits du travail missionnaire de
la GKMI.
Phil est rentré d’Indonésie désireux
d’inciter les assemblées de la FMC à
prendre davantage au sérieux la puissance “qui agit en nous, fait au-delà,
infiniment au-delà de ce que nous pouvons demander et imaginer” (Eph 3/20).
Tout à fait à gauche : chez Sylvia
et Bastian Yosin avec Phil Bergey ;
Bastian est pasteur de l’assemblée
GKMI de Kudus. À gauche : Phil
avec Padma et Paul Gunawan,
des responsables mennonites
indonésiens. “La volonté d’utiliser
toutes les ressources pour le
royaume de Dieu m’a beaucoup
impressionné” dit Phil.
Premier trimestre 2005
Habituellement en Amérique du
Nord, les assemblées se demandent si
elles devraient implanter une nouvelle
église ou agrandir le bâtiment existant.
La GKMI pense qu’une église qui
grandit peut faire les deux en même
temps, remarque Phil.
La GKMI est bien organisée, créative, a des ressources substantielles et
des responsables très compétents. Elle
n’a pas besoin de la FMC pour survivre
et n’acceptera qu’une relation mutuelle,
dit Phil. Le défi immédiat pour les
deux unions d’églises est de développer
des relations interpersonnelles suffisamment fortes pour que de nouveaux
partenariats naissent naturellement.
E
n 2004, trois groupes de la
GKMI sont allés en
Pennsylvanie. En 2005, trois
groupes de la FMC iront à Jakarta,
Semarang et Denpasar en Indonésie.
Les relations se créent par la connaissance de la culture, des personnes et les
églises. Des rencontres formelles entre
responsables d’églises sont utiles, mais
les liens se nouent surtout lorsque l’on
assiste à une fête d’anniversaire, un
enterrement, un mariage ou un autre
événement.
Lorsque l’on veut organiser un échange de responsables, il est nécessaire
d’avoir un coordinateur et un groupe
prêt à apporter une aide logistique, dit
encore Phil. Créer des relations par des
échanges est un processus lent, qui
demande un engagement à long terme.
Il faut aussi être prêt à attendre le
temps de Dieu pour que des échanges
se transforment en visites spontanées.
Phil conclut en disant que ce qui l’a
le plus impressionné, c’était le sentiment d’urgence et la volonté profonde
d’utiliser toutes les ressources existantes
pour la croissance de l’Eglise en vue du
royaume de Dieu.
9
Responsable d’une assemblée mennonite à La Victoria
Un jeune pasteur tué par l’explosion d’une bombe à Bogotá
Bogotá, Colombia—Le 28
novembre 2004, Javier
Segura, 31 ans, pasteur de
l’assemblée mennonite de La
Victoria à Bogotá est mort
sur le coup lors de l’explosion
d’une bombe devant un
bâtiment
public dans
le centre ville
de Bogotá.
Six
personnes
ont été
blessées.
Javier, qui
Javier Segura
était pasteur depuis moins
d’un an, venait de dire au
revoir à sa fiancée et
attendait le bus pour rentrer
chez ses parents âgés avec
lesquels il vivait.
La bombe avait été placée
sur le trottoir, devant le bâtiment. Le gouvernement a
offert une récompense de
100 millions de pesos pour
fournir des informations
conduisant à l’identification
des coupables.
En Colombie, les explosions font partie de la vie.
Ce pays est ravagé par de
nombreux groupes armés :
rebelles, paramilitaires, trafiquants de drogue, délinquants et forces gouvernementales.
“Nous apprenons à vivre
avec le danger,” dit Peter
Stucky, président de l’Eglise
mennonite colombienne,
“mais nous ne pensons
jamais faire partie des victimes, surtout dans une ville
de sept millions d’habitants.
Quand un tel événement
vous touche d’aussi près, c’est
La paix vaincra. Jesus reviendra.
U
ne rose gît au milieu du verre cassé
et des débris… La rose : un
symbole de vie et d’amour,
d’espérance et de beauté. Le verre : un
rappel de la violence et de la mort.
Comme souvent, ils coexistent, formant
un contraste et se défiant l’un l’autre en un
pas de deux à qui l’emportera.
Le parfum des roses m’enveloppe, leur
beauté m’émerveille. Mais le plaisir que
leur parfum et leur beauté me procurent
ne peut effacer la tristesse causée par la
mort de Javier Segura Gonzales, le premier
pasteur mennonite qui ait perdu la vie à
cause de la violence qui sévit en Colombie.
La grande église était pleine à craquer
pour le culte qui rendit hommage à ce
jeune homme. Sa fiancée lut son oraison
funèbre, puis essuya ses larmes et rendit un
témoignage impressionnant : “Javier
n’aimait pas laisser les choses à moitié terminées. Il vous semble peut-être que c’est
ce qu’il a fait. Mais l’église n’est pas l’église
de Javier. C’est celle de Dieu, et c’est lui
qui va poursuivre ce qui a été commencé.”
Après le culte, nous avons suivi le cer-
cueil, avec des pancartes et des ballons
blancs, jusqu’à l’endroit où est mort
Javier. Peter Stucky parla du pasteur
Javier comme d’un homme de paix. Il
dit que ce n’était pas lui qui avait posé
la bombe, contrairement à ce qu’avait
suggéré la presse colombienne. C’était
un acte violent contre un enfant de
Dieu.
D
evant les centaines de personnes
présentes, nous avons alors
laissé s’envoler les ballons
blancs, signes de paix. Et nous avons
chanté “Je demande la paix pour ma
ville. Seigneur, je te demande de
pardonner ma ville”.
Une rose gît parmi les gravats, sur le
trottoir où a explosé la bombe. Il y a
encore du sang sur le mur et un trou
dans le trottoir. Cependant, la beauté de
la rose reposant sur les débris nous rappelle qu’un jour, la paix vaincra. Jésus
reviendra.—D’après une méditation de
Janet Plenert, International Ministries,
Mennonite Church Canada
terrible et toute l’Eglise est
sous le choc.”
Javier Segura était membre
de l’église mennonite du
Sinaí, située à quelques pâtés
de maisons du lieu de l’explosion. Il avait été formé
par le pasteur Islandes
Lozada, et on lui avait
demandé récemment de
devenir le pasteur de l’église
mennonite de La Victoria,
une jeune église située dans
le secteur sud-est de Bogotá,
un secteur très peuplé. Javier
était très doué pour s’occuper
des jeunes et était très aimé.
L’Eglise mennonite colombienne pleure cette immense
perte et prie que sa mort
porte des fruits.
Cette Eglise promeut la
non-violence active parmi
ses membres comme dans les
autres églises protestantes
depuis plus de 20 ans. La
semaine de la mort de Javier,
une délégation de 10 mennonites est allée à
Barrancabermeja et a rendu
visite aux communautés
situées le long de la rivière
Opon. Là, Christian
Peacemaker Teams (CPT),
une organisation mennonite
nord-américaine, “se met en
travers du chemin pour construire la paix”. Leur but
était de mieux connaître le
témoignage non-violent en
faveur de la paix et d’accompagner l’équipe de CPT.
Les membres d’églises
vivent dans le danger constant et les pasteurs reçoivent
fréquemment des menaces.
Le Comité National a
demandé à Justapaz, le centre
mennonite pour la justice, la
paix et l’action non-violente,
d’organiser des ateliers pour
les pasteurs et les responsables d’église sur les précautions à prendre pour assurer
une meilleure sécurité.
—Jenny Neme
courrier
YEU / ACT International
Les mennonites
indonésiens se mobilisent
Indonésie : une des scènes de dévastation causée par le
tsunami, le 26 décembre, en Asie du Sud-Ouest. Les mêmes
scènes se sont produites ailleurs, comme en Inde et au Sri
Lanka. Des organisations liées à la CMM tout autour du
monde se sont mobilisées pour apporter leur aide.
Les églises anabaptistes d’Inde apportent leur aide aux victimes du tsunami
Strasbourg, France—Les
mennonites et les Frères en
Christ d’Inde n’ont pas été
touchés par les vagues du
tsunami tout le long de
l’Océan Indien. Leurs églises
sont construites sur les
hauteurs loin de la côte.
Même si les anabaptistes
indiens ont été épargnés,
l’ampleur de la soudaine
calamité, et les dévastations
touchant leurs frères et sœurs
MCC : 10 millions USD
pour venir en aide aux
victimes du tsunami
Akron, Pennsylvania, USA—
Le Mennonite Central
Committee débloque 10
millions USD pour venir en
aide, à court et à long terme,
aux victimes du tsunami.
C’est la plus grosse somme
que le MCC ait jamais
débloquée en réponse à une
catastrophe naturelle.
“L’avalanche des dons
nous a émus” dit Ronald J.R.
Mathies, le directeur exécutif
du MCC. “Nous louons
Dieu pour ces dons qui
seront utilisés pour restaurer
l’espoir et la dignité à des
gens qui ont tout perdu.”
Vous trouverez des informations supplémentaires
sur : www.mmc.org
Premier trimestre 2005
les ont profondément choqués.
“Nous souffrons pour
ceux qui sont gravement
touchés” dit Emmanuel
Minj, directeur de Mennonite
Christian Service Fellowship of
India (MCSFI) et représentant de l’Inde dans le comité
de planification de la GMF.
Il ne leur a fallu que quelques
jours pour s’organiser afin
d’apporter leur aide en dépit
de leurs ressources li-mitées.
La MCSFI et les unions
d’églises mennonites et
Frères en Christ d’Inde collectent des fonds. La MCSFI
coordonne aussi la réception
des dons et le travail des
bénévoles des églises. Le
MCC en Inde soutient l’action de la MCSFI.
La MCSFI et le MCC
(Inde) travaillent avec
Church Auxiliary for Social
Action (CASA) pour apporter
des secours dans les
provinces de Tamil Nadu, du
Kerala, et d’Andhra Pradesh,
ainsi que dans les îles
d’Andaman et de Nicobar.
CASA a prévu d’aider
50 000 familles.
Des rapports provenant
d’Inde indiquent que la vie
est retournée à la normale,
mais que le travail de reconstruction va être très long.
Strasbourg, France—Atterrés
par l’ampleur des dégâts
causés par le tsunami du 26
décembre, les mennonites
d’Indonésie s’organisent pour
venir en aide aux victimes de
leur pays.
En quelques jours, l’union
d’églises GKMI de Semarang
a mis sur pied un projet de
distribution d’aide en deux
volets :
1. Les fonds reçus seront
utilisés pour acheter des
produits de première nécessité comme de l’eau potable,
des médicaments, de la nourriture, des aliments pour
bébé, des installations sanitaires, des tentes, des sacs de
couchage, des masques et des
sacs pour les cadavres. Tout
cela sera distribué par l’intermédiaire d’organisations
qui travaillent déjà sur place.
2. La GKMI va envoyer
une équipe qui participera au
travail de secours dans les
zones où personne ne
travaille encore.
La GKMI et deux autres
unions d’églises mennonites
en Indonésie (GITJ et JKI)
travaillent aux côtés du
MCC et de Eastern
Mennonite Missions, des
organisations nordaméricaines.
Les églises ont été
épargnées. La GKMI
compte 11 églises dans le
nord de Sumatra, dont 3
dans la capitale. La plupart
sont construites sur des terrains élevés et loin de la côte.
Elles ont senti les tremblements de terre, mais n’ont
pas eu de dégâts.
On a désespérément
besoin d’humanitaires
sachant conduire des
camions et des gros engins,
faire de la cuisine et donner
des soins, dans les zones
touchées par les tsunamis, dit
Eddy Sutjipto, ancien modérateur de la GKMI et
membre du conseil exécutif
de la CMM.
L’infrastructure a été fortement endommagée, rendant
la communication d’informations précises très difficile.
La GKMI a encouragé ses
églises à faire des collectes
spéciales pour les régions
d’Aceh et du nord de
Sumatra, lors des cultes du
Nouvel An, du 2 janvier et
du Dimanche de la Fraternité Mondiale. L’union d’églises a ouvert un compte bancaire pour recueillir les dons
des mennonites indonésiens.
Contributions de
l’étranger : les amis étran-
gers qui veulent contribuer
peuvent envoyer leurs dons
(en dollars USD) à Bank
International Indonesia (BII),
numéro de compte : 205
007 2986 (Code Swift :
IBBKIDJA) à Semarang. Le
compte a été ouvert sous le
nom de Yohanes Sutanto.
Afin de pouvoir confirmer
la réception des dons, Eddy
Sutjipto demande que les
donateurs internationaux
envoient un courriel à
Yohanes Sutanto, trésorier de
la GKMI, l’informant du
don, à : [email protected].
La CMM a envoyé une
lettre de condoléances aux
églises mennonites en Asie.
Elle souhaite “qu’ils ressentent le soutien de Dieu se
manifestant par le soutien
des frères et sœurs, dans les
jours, les semaines et les
années à venir.”
“Nous nous engageons à
transmettre les informations
afin que nous, votre famille
mondiale, puissions vous
apporter une aide généreuse”
écrit Nancy Heisey, la présidente de la CMM.
11
Les mennonites du Vietnam devant un avenir incertain
L’Eglise du Vietnam en 2004 : incendies, torture et
L
’année 2004 a été difficile pour les mennonites vietnamiens. Des
responsables d’églises ont été
arrêtés, torturés et emprisonnés ; des membres ont été
harcelés ; des églises ont été
incendiées et ont dû fermer.
Mais ils ont connu aussi
des joies. Le soutien international a été extraordinaire :
visites, lettres aux églises, aux
autorités et aux ambassadeurs, engagements dans la
prière. Ils ont continué à se
rassembler pour le culte et
ont pu fêter Noël ; deux pasteurs ont été consacrés aux
E-U (les églises mennonites
n’étant pas légales, la con-
sécration n’aurait pas été
reconnue au Vietnam) et
deux responsables emprisonnés ont été libérés début
décembre.
Le pasteur Nguyen Hong
Quang, un responsable
dynamique du mouvement
évangélique des églises de
maison qui s’est joint aux
mennonites en 1998, paraît
avoir été la cible principale.
Quang vivait avec sa
famille à Ho Chi Minh
Ville. Sa maison était utilisée
pour les cultes et servait de
centre de formation pour les
jeunes évangélistes. Il participait à l’évangélisation dans le
centre du Vietnam et parmi
les minorités ethniques de
ces régions montagneuses.
Lorsque les différents
groupes mennonites s’unirent pour former l’Eglise
Mennonite du Vietnam en
juillet 2003, Quang fut
choisi pour en être le viceprésident et secrétaire
général.
J
uriste de formation,
Quang était aussi à la
tête du conseil juridique
de Vietnam Evangelical
Fellowship (VEF), une
association de groupes
d’églises de maison. Il a
fréquemment rédigé des
rapports sur le harcèlement
des autorités contre les
églises en différents lieux. En
décembre 2003, il avait
demandé la libération des
personnes arrêtées pour avoir
distribué de la littérature
chrétienne à Ho Chi Minh
Ville.
Des observateurs vietnamiens pensent que les
activités juridiques de
Quang, tout autant que son
travail d’évangélisation, sont
la cause de ses problèmes
avec les autorités, dans un
pays où la constitution
garantit pourtant la liberté
de religion.
Le 2 mars 2004, Quang et
quelques autres confron-
La famille mondiale manifeste son affection et son admiration
Larry Miller, le secrétaire général de la CMM, et Eleanor, son
épouse, se sont rendus au Vietnam du 20 au 26 novembre.
Dans cet entretien, Larry livre à Courier / Correo /
Courrier quelques réflexions sur sa visite.
C/C/C : Pourquoi êtes-vous allés au Vietnam ?
LM : La situation sur place ainsi que des conversations
avec des personnes proches de l’Eglise Mennonite du
Vietnam, nous ont convaincus qu’il était temps que des
représentants de la Conférence Mennonite Mondiale se
déplacent. Notre visite avait 2 objectifs : (1) manifester
le soutien de la communauté internationale de façon
visible ; (2) entrer en communication directe avec les
autorités vietnamiennes pour connaître leurs intentions
et les informer de la position de la communauté
mennonite internationale à propos du harcèlement des
églises mennonites et de l’incarcération de leurs
responsables.
C/C/C : Qui espériez-vous rencontrer pendant votre
visite ?
LM : Nous espérions voir les responsables de l’Eglise
mennonite, dont le président, le pasteur Nguyen
Quang Trung, et le vice-président et secrétaire général,
le pasteur Nguyen Hong Quang, toujours emprisonné.
Nous espérions aussi rendre visite à Mme Le Thi Phu
Dung (Mme Quang) et ses enfants, et nous rendre dans
quelques assemblées mennonites.
C/C/C : Mais vous n’avez pas pu faire ces visites.
Pourquoi ?
LM : Le Bureau des Affaires Religieuses de Ho Chi Minh
12
Ville avait arrangé une visite avec le pasteur Trung, mais
ne nous avait pas permis de voir le pasteur Quang,
officiellement parce qu’il avait fait appel de sa sentence
de trois ans de prison. Mais quand nous sommes arrivés
à Hanoi, le 20 novembre, toutes les autorisations pour
les visites étaient encore en cours. Et, deux jours plus
tard, j’ai été informé que je ne pourrais pas me rendre à
Ho Chi Minh Ville ni voir les mennonites vietnamiens.
J’avais la permission d’assister à un atelier sur les relations Vietnam-USA et de rencontrer des responsables
du Bureau National des Affaires Religieuses de Hanoi.
Le 24 novembre, le co-représentant régional du
MCC, Lowell Jantzi et moi, avons été reçus par le viceprésident de ce Bureau. Nous avons eu une longue
discussion qui, à la fin, a été très franche.
C/C/C : A quoi a servi ce voyage plus ou moins avorté ?
LM : Dieu sait cela mieux que moi. Pendant que nous
étions à Hanoi, nous étions en contact indirect avec des
mennonites d’Ho Chi Minh Ville et d’ailleurs. Et nous
avons pu leur envoyer, par un émissaire personnel,
différents cadeaux pour leur montrer notre affection,
notre soutien et aussi l’admiration des membres de
notre famille anabaptiste mondiale. Des mennonites
vietnamiens nous dirent que notre tentative de visite les
avait encouragés. Je l’espère. J’espère aussi que les
autorités vietnamiennes comprennent mieux
l’importance des liens entre les mennonites du monde
entier et ceux du Vietnam et que nous avons l’intention
de continuer à nous opposer à la répression exercée à
l’encontre des églises mennonites.
courrier
emprisonnement
tèrent deux agents du gouvernement en civil devant sa
maison. Moins d’une demiheure plus tard, des douzaines de policiers chargés de
la sécurité convergèrent sur la
scène et un diacre de l’église
fut arrêté.
Plus tard, des évangélistes
se rendirent au bureau de
police pour se renseigner sur
le sort du diacre. Ils furent
aussi arrêtés et certains furent
même battus. Bien qu’aucun
n’ait été inculpé, ils furent
maintenus en prison jusqu’au
12 novembre, date de leur
procès.
Quang fut incarcéré le 8
juin pour “incitation à résister à des agents de la force
publique dans l’exercice de
leurs fonctions”. Puis la
presse s’en prit à lui. Sa maison fut fouillée et les ordinateurs, les dossiers personnels
et juridiques et l’argent
furent confisqués.
L
e 30 juin, une
monitrice d’école du
dimanche, Mme Le
Thi Hong Lien, fut arrêtée,
et jugée en même temps que
Quang le 12 novembre. Des
membres de la famille qui
ont finalement pu obtenir un
droit de visite, rapportèrent
que Quang était pâle et
maigre et que l’on voyait que
Lien avait été violemment
battue. Lors du procès, elle
était trop faible pour tenir
debout et paraissait “avoir
perdu l’esprit”.
Les avocats des six détenus
n’eurent que quelques jours
pour préparer leur défense.
Les charges retenues étaient :
Dans les églises mennonites vietnamiennes, les
fêtes de Noël attirèrent
beaucoup de monde l’année passée.
Premier trimestre 2005
“Résistance à des agents de la
force publique dans l’exercice
de leurs fonctions”, en lien
avec l’incident du 2 mars. Le
procès fut expédié en quatre
heures.
U
n avocat vietnamien
qui a souhaité garder
l’anonymat, précise
qu’au vu des éléments du
dossier, ils ne sont pas
coupables des charges
retenues contre eux.
Néanmoins, Quang fut
condamné à trois ans de
prison et Lien à un an. Les
autres reçurent des peines
allant de deux ans à neuf
mois.
Deux évangélistes furent
relâchés début décembre
mais le pourvoi en appel de
l’un d’entre eux a été rejeté.
Le pourvoi de Quang est en
cours d’examen mais l’étude
de celui de Mme Lien a été
interrompu du fait de sa
maladie mentale.
Les hommes libérés ont
décrit les violences qu’ils ont
subies ainsi que les brutalités
infligées à Mme Lien dont ils
ont été témoins.
Amnesty International a
pris en charge le cas de Lien
et la considère comme “une
prisonnière de conscience ...
et une victime de mauvais
traitements et de tortures”.
Amnesty a appelé la communauté internationale à prendre contact avec les autorités
de leur pays pour plaider en
faveur de Mme Lien (voir
www.amnestyusa.org/countries
/vietnam/actions.do).
Juste avant le procès, des
responsables de la CMM ont
envoyé une lettre au premier
ministre du Vietnam pour
exprimer leur soutien et leur
inquiétude et pour demander
que Quang et ses collègues
aient un procès équitable.
Des lettres furent aussi
envoyées aux ambassadeurs
vietnamiens des Nations
Unies et à Genève en avril,
juin et juillet.
Larry Miller, le secrétaire
général de la CMM s’est rendu au Vietnam en novembre
pour témoigner du soutien
Les mennonites vietnamiens fêtèrent Noël malgré la menace de fermeture
ou d’incendie de leurs églises. Une chorale se produit
pendant l’un de ces cultes.
de la fraternité internationale
à l’Eglise Mennonite du
Vietnam et pour rencontrer
des représentants du gouvernement vietnamien (voir
encadré page 12).
L
arry Miller n’a pas été
autorisé à rencontrer
les mennonites
vietnamiens, ni les détenus,
mais il a pu parler avec les
autorités et a eu des contacts
indirects avec des mennonites d’Ho Chi Minh Ville
et d’ailleurs.
Au moment de Noël, des
responsables d’églises étaient
toujours en prison et les
mennonites vietnamiens
étaient l’objet de surveillance, cela ne les a pourtant
pas empêchés d’organiser des
cultes de Noël où les enfants
ont reçu des cadeaux.
L’avenir des mennonites
vietnamiens est bien incertain et ils sollicitent les
prières de notre famille mennonite mondiale.—Ferne
Burkhardt, communiqués de
presse de la CMM
13
Shamshabad, Inde—Almaty,
la capitale du Kazakhstan, en
Asie Centrale, a été choisie
par le comité de planification
pour la prochaine rencontre
de la Fraternité Missionnaire
Mondiale (GMF), qui aura
lieu du 21 au 24 septembre
2006.
Le comité de planification
de la GMF s’est réuni en
Inde du 9 au 12 novembre,
et a ainsi pu assister à la 6e
Conférence Mennonite
d’Asie. Emmanuel Minj,
membre du comité exécutif
et directeur de Mennonite
Christian Service Fellowship of
India, avait organisé la logistique.
La rencontre d’Almaty en
2006 sera l’occasion pour les
responsables des missions
anabaptistes de tous les pays
de partager leurs conceptions
et leurs expériences de mission inter-culturelle. Ils vont
aussi réfléchir à la possibilité
de franchir une nouvelle
frontière de l’Asie Centrale,
avec peut-être d’autres églises
ou agences missionnaires.
Johannes Reimer, membre
du comité de planification et
représentant allemand pour
Peter Rempel
Almaty, lieu de
la prochaine
rencontre
mondiale sur
la mission
Conférence Mennonite d’Asie
Shamshabad, Inde
10-14 novembre 2004
Des centaines de personnes assistèrent à
la 6e Assemblée Générale de la
Conférence Mennonite d’Asie qui se tenait
sur le campus de Mennonite Brethren
Centary Bible College. Aux représentants
de sept pays d’Asie se joignirent des
invités venus de six autres pays étrangers.
Emmanuel Minj, président de Mennonite
Christian Service Fellowship of India (cidessus) et Shant Kunjam, président de la
Conférence Mennonite d’Asie, dirigeaient
la conférence.
l’Europe s’est rendu à Almaty
en juin et a rapporté qu’autant les responsables d’églises
que les autorités du pays
seraient très heureux d’accueillir une rencontre
mennonite.
A Shamshabad, le comité
a tracé les grandes lignes du
programme, choisi un thème
ainsi que les principaux orateurs et donné son autorisation pour la négociation de
la partie logistique.—Peter
Rempel
Lors de la cérémonie d’ouverture, les
participants furent conduits vers une
shamiana colorée (tente) par un
groupe de danseurs.
Yoshihira Inamine, membre de la
Fraternité des Églises mennonites de
la région de Tokyo fut élu président de
la conférence qui se retrouvera dans 3
ans au Japon.
Un rapport sur cette Conférence
sera publié dans le prochain numéro
de C/C/C.
Une grande perte pour le
projet d’histoire mennonite
Strasbourg, France—Le 12
octobre, un accident de
bateau a coûté la vie à
Sjouke Voolstra, 62 ans,
théologien hollandais et
passionné de bateau. Sjouke
est tombé à l’eau pendant
une tempête ; son gilet de
sauvetage était défectueux et
son coéquipier ne put le
sortir de l’eau à temps.
Sjouke Voolstra devait
Karina Derksen-Schrock, seconde coordinatrice de YAMEN!
Strasbourg, France—Karina
Derksen-Schrock d’Akron,
E-U, a été nommée
coordinatrice
internationale
de Young
Anabaptist
Mennonite
Exchange
Network
(YAMEN!)
Liesa Unger,
Karina
Karlsruhe,
DerksenAllemagne, la
Schrock
14
première coordinatrice de
YAMEN!, a quitté ce poste
pour se rendre à Fresno,
E-U étudier avec son mari
Wilhelm à Fresno Pacific
University et à Mennonite
Brethren Seminary.
Karina est née et a vécu
en République
Démocratique du Congo
(anciennement Zaïre)
jusqu’en 1998, date à
laquelle ses parents, qui
étaient missionnaires,
retournèrent aux E-U. Son
mari Andrew et elle faisaient
tous deux partie des responsables du Village de l’Église
Mondiale à Afrique 2003 à
Bulawayo. En 2002, Karina a
travaillé quelques mois au
bureau de la CMM à
Strasbourg, France.
YAMEN! est un programme conjoint d’échange
de jeunes, entre églises, de la
CMM et du Mennonite
Central Committee (MCC).
écrire les
chapitres de
l’histoire des
mennonites
néerlandais
pour le vo- Sjouke Voolstra
lume sur l’Europe du projet
d’histoire mennonite mondiale, dont la parution est
prévue pour 2006.
“Son décès est une grande
perte pour l’église néerlandaise et le monde mennonite tout entier” dit John
A. Lapp, co-éditeur. “C’était
un homme réfléchi, tout
autant dans ses paroles que
dans ses écrits.”
Sjouke Voolstra était professeur de théologie au séminaire mennonite d’Amsterdam. A la retraite depuis
2002, il rédigeait des articles
et préparait une édition critique des œuvres complètes
de Menno Simons. Il était
marié à Trynke VoolstraBottema.
courrier
Courier
Correo
Courrier
Volume 20 •
Pour prier . . .
L’un de vous souffre-t-il ? Qu’il prie.
Est-il joyeux ? Qu’il chante des cantiques.—Jc 5/13
N° 1
Larry Miller
Responsable de la publication
Milka
Rindzinski
Courier
/ correo
/ courrier is
Rédactrice
en chefto
mailed
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desiring
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J. Lorne
Peachey
Send
manuscripts
and
Directeur
de la rédaction
address changes to C/C/C,
Ferne Burkhardt
MWC, 8 rue du Fossé des
Révision et Service de Presse
Treize, 67000 Strasbourg,
France.Sylvie
Email: Gudin
Rédactrice de Courrier
[email protected].
Eleanor Miller
Assistante en communication
REGIONAL EDITORS
Afrique
Doris Dube
Bulawayo, Zimbabwe
Asie & Pacifique
Louise Anne Porciuncula
Lumban, Laguna, Philippines
Europe
Markus Rediger
Münsingen, Switzerland
Amérique Latine
Milka Rindzinski
Montevideo, Uruguay
Amérique du Nord
Ferne Burkhardt
Petersburg, Ontario, Canadá
Courier / Correo / Courrier
a pour objectif de
promouvoir l’édification, la
communication et la
collaboration au sein de la
famille mondiale des
mennonites et Frères en
Christ qui font partie du
mouvement anabaptiste.
C/C/C est envoyé
gratuitement à quiconque le
demande partout dans le
monde. Envoyer toute
demande et changement
d’adresse à C/C/C, CMM, 8
rue du Fossé des Treize,
67000 Strasbourg, France.
E-mail: [email protected].
Informations sur la
Conférence Mennonite
Mondiale et
exemplaires
de C/C/C sur le site :
www.mwc-cmm.org
Premier trimestre 2005
• Prions pour la Fraternité Missionnaire
Mondiale (GMF) qui cherche à coordonner les actions et à établir des partenariats sur tous les continents. La
prochaine rencontre de la GMF aura
lieu à Almaty, en Asie Centrale, du 21
au 24 septembre 2006. Jusqu’à cette
date, chaque continent formera des
Fraternités Missionnaires Régionales.
• L’Association Anabaptiste d’Australie et
de Nouvelle-Zélande célèbre10 années
de travail commun. Soyons reconnaissants de son témoignage, en particulier
dans le domaine de la non-violence
active et de la paix.
• Prions pour la paix en Irak. Prions pour
que tous les partis présents aux élections
récentes s’engagent pleinement à résoudre
les problèmes internes avec le soutien,
mais sans l’interférence, des nations étrangères.
• Prions et agissons pour résoudre le problème de la violence domestique. De
nouveaux cas de maltraitances épouvantables, surtout de pères envers leurs
enfants, et parfois même avec le consentement des mères, sont recensés tous les
jours.
• Continuons à prier pour les responsables
vietnamiens emprisonnés pour délit de
conscience et louons Dieu pour le soutien des mennonites et Frères en Christ
dans le monde.
• Dans les prisons, la brutalité et les abus
de toutes sortes sont universels. Soyons
reconnaissants pour les ONG et les
personnes qui exercent un ministère
dans les prisons et pour les détenus qui
se convertissent malgré de faibles
espoirs de libération.
• Le tremblement de terre et le tsunami
de décembre 2004 ont dévasté des
régions entières d’Asie et fait des centaines de milliers de victimes. Les églises mennonites d’Indonésie et d’Inde
se sont jointes à d’autres groupes pour
participer aux efforts de reconstruction.
Ce travail demande un engagement
local autant que mondial à long terme.
Prions pour son efficacité.
• Le 15e Rassemblement de la CMM se
tiendra au Paraguay en juillet 2009.
Les conversations avec les responsables
d’églises sur place sont déjà en cours.
Prions pour de bonnes et sages décisions concernant le lieu et le programme.
• Le Dimanche de la Fraternité
Mondiale à été célébré le 23 janvier
dernier. Remercions Dieu des pas faits
vers la formation d’une communion
mondiale de frères et de sœurs en
Christ dans ce monde déchiré.
Remercions-le aussi pour les partenariats entre églises sœurs du Nord et du
Sud.
Deux nouveaux rédacteurs régionaux rejoignent l’équipe C/C/C
L
ouise Anne
Porciuncula, Lumban,
Philippines, et Markus
Rediger, Münsingen, Suisse,
se sont joints à l’équipe de
Courier / Correo / Courrier en
tant que rédacteurs
régionaux. Louise Anne
rassemblera des informations
en provenance des églises
d’Asie & du Pacifique, et
Markus d’Europe.
Louise Anne a étudié à
l’Université des Philippines
et a un diplôme en
développement de la communication. Elle travaille
dans le domaine de la
recherche et de l’écriture.
Markus a un diplôme
d’enseignement et de journalisme et étudie en ce
moment la gestion de la
communication en entreprise.
“Plus la mondialisation
se développe et plus nous
avons besoin d’être informés” dit Markus.
“Je me considère simplement comme une servante de Dieu” dit Louise
Anne.
15
Perspective:
Ne plus dire : ‘Oui, oui ... mais regarde !’
Milka Rindzinski
O
h, si seulement nous pouvions oublier le passé et
toutes ses blessures et recommencer ! Si nous faisions
la liste des événements tragiques de cette dernière
année, nous serions effarés… Des milliers de personnes sont
mortes, que ce soit à cause de catastrophes naturelles ou de la
folie humaine. Beaucoup d’entre nous ont dû dire adieu à
des personnes proches.
Comment réagissons-nous quand la mort enlève brutalement l’un d’entre nous ? C’est ce qui s’est passé pendant le
12e Congrès Anabaptiste-Mennonite du Cône Méridional
(Amérique du Sud)* à Curitiba au Brésil, le 20 janvier
2005 : notre frère José Rodríguez, 43 ans, eut une crise cardiaque quelques heures après son arrivée et fut trouvé mort
dans sa chambre.
José était venu à Curitiba pour représenter l’Eglise mennonite d’Argentine. Il faisait partie du conseil pastoral de
l’assemblée de Choele Choel. Ni son église ni sa famille ne
s’attendait à une mort aussi soudaine. Nous espérons que nos
paroles leur ont apporté un peu de consolation.
Le Congrès fut interrompu le temps d’un culte d’adieu,
pendant lequel nous avons pu exprimer ce que nous ressentions et chercher à discerner si Dieu voulait nous parler par
cette tragédie.
La mort de José nous rappelle que la vie est tout à la fois
extrêmement résistante et étonnamment fragile. Nous nous y
accrochons. Nous savons que nous ne pouvons éviter la
mort : c’est la plus grande certitude de la vie. Et pourtant,
obstinément et instinctivement, nous voulons vivre.
Lors du Congrès, certains se sont demandé pourquoi José
devait mourir à cette occasion et pas un autre d’entre nous.
*Un rapport sur ce Congrès sera
publié dans le prochain numéro de
Courier / Correo / Courrier.
courrier
616 Walnut Avenue
Scottdale, PA 15683-1999
USA
Cette question n’a pas de réponse. Mais sa mort nous conduit à nous interroger : considérons-nous la vie comme un
dû ? Sommes-nous remplis d’une joie profonde ?
Partageons-nous avec les autres les dons que nous avons
reçus de Dieu ?
En pensant à la mort de José, je ne peux m’empêcher de
louer Dieu de ce que, miraculeusement, je sois toujours en
vie. Je le loue de m’avoir appelée à le servir dans mon église
et ma communauté et pour les dons qu’il m’a donnés à
cette fin.
D
ans son livre, Lifesigns—Intimacy, Fecundity, and
Ecstasy in Christian Perspective (Doubleday, 1986),
Henri J.M. Nowen écrit :
“[Jésus] marche avec nous et continue à nous rassurer
chaque fois que nous sommes tentés de céder à la panique
et sommes prêts à nous détruire ou à détruire d’autres personnes. Ses enseignements sont difficiles à vivre parce que
nous gardons les yeux fixés sur les hautes vagues, les vents
puissants, les orages rugissants. Nous disons toujours :
“Oui, oui … mais regarde !”
“Mais Jésus ne se lasse pas de répéter: ‘Demeurez en moi
comme je demeure en vous (…) celui qui demeure en moi
et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance’ (Jean 15/4-5).”
Quelles paroles de réconfort, de consolation et d’espoir, alors que nous commençons une nouvelle année aussi remplie d’incertitudes que celle que nous
venons de vivre !
Milka Rindzinski, Montevideo, Uruguay,
est rédactrice en chef de C/C/C et rédactrice
régionale pour l’Amérique Latine.

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