L`Eglise des Frères en Christ d`Orissa
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L`Eglise des Frères en Christ d`Orissa
courrier Volume 20 N° 1, 2005 Une publication trimestrielle de la Conférence Mennonite Mondiale en français, anglais et espagnol Les besoins : une invitation à partager nos dons page 2 Echange de recettes aux Pays Bas page 6 Un pasteur tué dans une explosion page 10 Au secours des victimes du tsunami page 11 Epreuves pour les mennonites vietnamiens Inauguration d’une colonne sur les nouveaux membres de la CMM : page 12 L’Eglise des Frères en Christ d’Orissa page 10 Les besoins : une invitation à partager nos dons Pakisa K. Tshimika et Tim Lind Q uand plus de 5 000 anabaptistes mennonites se rassemblèrent à Bulawayo au Zimbabwe, en août 2003, le thème du Rassemblement était “Mettons nos dons en commun dans la souffrance et la joie”. Ceux qui étaient présents ne l’ont pas oublié, et beaucoup d’autres aussi à travers le monde y pensent toujours. Lors de ce rassemblement, une nouvelle vision de la Conférence Mennonite Mondiale naquit, nous appelant à devenir une “koinonia” mondiale d’églises anabaptistes. Une telle vision demande un engagement réel de ses membres : développer des relations en mettant en commun les dons de chacun. Une vraie communauté est un ensemble complexe de relations. Ces relations se créent quand nous partageons des dons les uns avec les autres, que ce soit des idées, des conversations ou des biens. La communauté de Dieu, c’est le monde entier. Ces relations peuvent, et doivent, donc se créer à de multiples niveaux ; certaines seront plus proches que d’autres, mais toutes contribueront à construire notre communauté mondiale. Il est donc nécessaire d’établir des relations au niveau local comme au niveau international. Courier / Correo / Courrier (ISSN 10414436) est publié quatre fois par an par la Conférence Mennonite Mondiale, 8 rue du Fossé des Treize, 67000 Strasbourg, France. Adresse de publication : C/C/C, 616 Walnut Avenue, Scottdale, PA 156831999. Routage payé à Scottdale, PA. Imprimé aux USA. POSTMASTER: Send address changes to 616 Walnut Ave., Scottdale, PA 15683 2 Souvenons-nous que si nous voulons mettre nos dons en commun, c’est d’abord parce que nous formons une seule entité avec les chrétiens du monde entier. C’est aussi ce qui nous aide à développer cette direction communautaire que nous avons choisie à Bulawayo. Qui que nous soyons, nous rappelle l’apôtre Paul, nous ne sommes Le partage est un acte réciproque et libre, qui rapproche des églises et des individus, et qui permet d’utiliser les dons de tous et donc de les valoriser. plus des étrangers ni des gens de passage, mais nous faisons partie du peuple de Dieu et nous sommes membres de la famille de Dieu (Ephésiens 2/19). Quand cette unicité est une réalité, elle est signe d’une vraie relation et d’un vrai partage. Pendant notre travail avec ‘Dons en Commun’, nous avons eu l’occasion d’aller dans de nombreuses églises et d’écouter leurs membres. Aussi est-il bon de préciser que des échanges entre églises et entre chrétiens se sont faits depuis des années. Mais les assemblées comprennent de mieux en mieux que partager n’est pas la même chose que donner. Le partage est une relation réciproque et libre, qui fait entrer les individus ou les églises dans la vie les uns des autres. C’est le fait de les partager qui donne aux dons leur valeur et leur utilité, et la CMM désire mettre l’accent sur cette dimension. Quand nous gardons nos dons pour nous-mêmes alors que d’autres en auraient besoin, nous ne formons pas une communauté. L’idée d’un monde divisé entre nantis et démunis n’est pas biblique du tout. Tous les dons viennent de Dieu et lui appartiennent, et Dieu veut que nous partagions ce que nous avons reçu de lui. Nous avons tendance à penser que partager est simplement une bonne chose. Mais c’est beaucoup plus que cela : c’est une question de justice, d’obéissance et de droiture. Que ce soit au niveau individuel ou collectif, nous devons utiliser les dons que Dieu nous a donnés, sinon, ils meurent. Quand on les garde pour soi, ils pourrissent, comme la manne qui avait été donnée tout à fait gratuitement par Dieu aux Israélites dans le désert. Malheureusement, nous sommes si conditionnés à penser en termes de nantis et de démunis que nous ne voyons pas que les besoins sont en fait souvent des dons : une invitation à utiliser ses propres dons. L’Eglise peut mettre ses dons en commun de bien des façons : entre unions d’églises, entre institutions, entre assemblées ou entre individus ayant les mêmes intérêts. Il faut prendre certains éléments en considération lorsque l’on veut former une communauté : 1. Former une alliance. Il nous faut être convaincus que nous sommes vraiment une famille et nous accepter tels que nous sommes. Parfois, nous nous demandons combien de nos églises (ou de nos frères et sœurs anabaptistes) ont le sentiment de faire partie d’une famille de foi mondiale. 2. Avoir du respect mutuel. Il y a bien des choses que l’on ne comprend pas courrier bien dans la culture de l’autre, mais cela ne devrait pas nous empêcher de nous sentir proches les uns des autres. Des dons d’argent ou de biens ne sont pas appréciés quand ils sont offerts froidement avec un sentiment de culpabilité. L’esprit dans lequel ces dons sont faits est beaucoup plus important que la valeur du don. 3. Exercer une responsabilité réciproque. Sinon, nous ne pouvons parler sérieusement de relations : elles ne doivent pas être à sens unique. Il ne s’agit pas pour ceux qui ont davantage d’argent d’attendre un compte-rendu détaillé de l’utilisation de ce qu’ils ont donné. Mais chacun doit être responsable devant l’autre dans tous les domaines de sa vie, autant ceux qui donnent que ceux qui reçoivent. 4. Etre tourné vers les personnes. La plupart de nos relations passent par les institutions. Nous aimerions voir se développer une communauté mondiale dans laquelle les relations interpersonnelles aient davantage de place. 5. Donner une plus grande place aux faibles. Dans la famille spirituelle, la joie et la souffrance des membres sont partagées par l’ensemble du peuple de Dieu. Les faibles sont honorés, à la différence de nos cultures, quelles qu’elles soient, où ce sont plutôt les forts et les puissants qui sont honorés. Cette mise en commun des dons concerne d’abord les individus et les assemblées locales. Mais il faut que son importance soit bien comprise par toutes les structures d’églises. Alors, si chacun d’entre nous s’engage dans ce processus, où que nous soyons, nous formerons une vraie communauté de partage à l’échelle mondiale. Pakisa K. Tshimika, Fresno, USA, est secrétaire général adjoint- Réseaux et Projets- de la CMM. Tim Lind, Three Rivers, USA, est le coordinateur de ‘Dons en Commun’. Ils ont dirigé ensemble des ateliers ‘Dons en Commun’ dans diverses parties du monde. Pour Thokozile Mpofu (Zimbabwe), utiliser ses dons signifiait aider bénévolement à nettoyer plus de 5 000 chaises avant le début du culte d’ouverture d’Afrique 2003 à Bulawayo, le 10 août. Premier trimestre 2005 L’Eglise de Frères en Christ d’Orissa en Inde : Aider notre peuple dans tous les domaines Bijoy K. Roul L ’Orissa est un état à l’est de l’Inde dont la population (environ 37 millions de personnes) est en majorité hindoue (98 %). Chaque année, des millions d’hindous viennent y faire un pèlerinage pour rendre hommage à Lord Jagannath. C’est aussi un état qui n’accepte pas les chrétiens : les lois ne les autorisent ni à convertir ni à baptiser les non-chrétiens et les églises ont besoin d’obtenir une permission des autorités pour tenir la moindre réunion. En outre, ces cinq dernières années, la violence a fait rage en Orissa. Un pasteur Frères en Christ (BIC) est devenu un martyr pour le Christ. Des évangélistes ont été battus, traînés dans les rues et menacés de mort. De nombreuses églises ont été brûlées et des Couverture : Quatre jeunes filles portant de l’eau en Orissa (Inde). L’union d’églises des Frères en Christ d’Orissa est l’un des 10 groupes qui se sont joints à la CMM l’année passée. C/C/C inaugure une nouvelle colonne pour les présenter. Photo de couverture : Nancy J. Hoke 4 chrétiens décapités ou tués par un autre moyen. En 1999, un missionnaire australien, Graham Stains, et ses deux fils, ont été brûlés vifs. Cet acte horrible a créé des remous dans toute la communauté internationale. Pourtant, en dépit de ces épreuves, en décembre 2003, l’union d’églises BIC d’Orissa comptait 104 églises, et pendant la seule année 2003, nous avons pu implanter neuf nouvelles églises. La population d’Orissa est très intéressée par l’évangile. Soixante-deux tribus vivent dans cet état, et moins d’1 % sont chrétiens. C’est donc là que nous travaillons principalement. Nous avons implanté des églises chez les Santali, les Kondh, les Ho, les Desia, les Majhi, les Kutia Kondh, et aussi parmi la caste la plus basse. Chaque groupe tribal a sa propre langue et sa propre culture, ce qui complique notre tâche. œuvre extraordinaire : aujourd’hui, nous avons plus de 3 270 membres baptisés. Entre janvier et mai 2004, quatre nouvelles églises sont nées, 56 personnes ont été baptisées et 180 vont l’être prochainement. N otre vision est de toucher toutes les personnes qui ont besoin du Christ. En 2004, l’Eglise BIC a décidé de former 100 responsables d’église, qui devront en former 100 autres l’année suivante. En procédant ainsi, le nombre de responsables va être multiplié et l’église aura des piliers solides. La formation recouvre cinq domaines : Nancy J. Hoke Lors du 14e Rassemblement à Bulawayo (Zimbabwe), en août 2003, 10 nouveaux groupes anabaptistes sont devenus membres de la CMM. Dans ce numéro, C/C/C inaugure une nouvelle colonne pour les présenter à la famille de la CMM.—Les éditeurs I l n’y a ni hôpital ni dispensaire près de nos églises. La population souffre du paludisme et de diarrhée, car l’eau n’est pas potable. La mort est chose courante. L’électricité est pratiquement inexistante. L’Orissa se trouve sur la côte, une zone où les cyclones, les inondations et même les sécheresses sont fréquents. C’est un de ces états arriérés de l’Inde, où des milliers de personnes ne mangent même pas une fois par jour. Notre ministère dans l’état d’Orissa a commencé en 1982. Le démarrage a été lent, mais le Seigneur a accompli une courrier Nancy J. Hoke • la vie chrétienne, la prière et les cultes ; • le discipulat et le travail pour la paix ; • le témoignage chrétien et le partage de l’évangile ; • le travail social dans les villages ; • l’autonomie et l’indépendance des églises. Chaque pasteur travaille dans cinq villages. Il commence en y montrant des films et en jouant des saynètes, si bien que les habitants veulent en savoir plus sur le Christ. Puis, par un suivi personnel et systématique, nous amenons les personnes intéressées aux pieds de notre Maître. Les cultes, l’école du dimanche pour adultes, les groupes de femmes, les groupes de jeunes, les études bibliques, les réunions de prière dans les familles et les réunions d’évangélisation permettent aux nouveaux croyants de grandir. En Orissa, l’Eglise BIC essaie aussi À gauche : Bijoy K. Roul dans son bureau d’Orissa. Le pasteur Roul est le coordinateur de l’Eglise BIC de l’Asie du Sud. Le témoignage de droite a été écrit par un membre de l’Eglise BIC d’Orissa. Premier trimestre 2005 d’améliorer les conditions de vie de la population. La plupart des croyants sont très pauvres. Ils ont chacun une petite parcelle de terre qu’ils cultivent, mais elle ne produit pas suffisamment de nourriture. Aussi, pendant six mois, doivent-ils aller dans la forêt à la recherche de fruits. Les enfants ne vont plus à l’école parce que leurs parents les envoient cueillir des fruits. L’Eglise BIC a donc ouvert trois centres pour nos enfants : 180 enfants y logent afin de pouvoir aller à l’école la plus proche. En dépit des persécutions et des con- Un groupe de convertis se prépare à être baptisé dans une rivière d’Orissa, en Inde. Remarquez la présence de spectateurs dans le fond. ditions de vie difficiles, le Seigneur a fait de grandes choses dans cet état. Notre désir est d’implanter des églises dans les régions où nous ne sommes pas encore allés et d’améliorer les conditions de vie de la population. Notre mission est de les aider à se développer au niveau social comme au niveau spirituel. J e m’appelle Hira Hansda, je suis mariée à Ruhya Hansda, et je vis dans le village de Baunsakhali. Je souffrais de problèmes mentaux depuis sept ans. Après avoir reçu la guérison du Seigneur Jésus quand Khelaram Hansda a prié pour moi, je suis devenue membre de l’église BIC de Baunsakhal. Mon mari, mes amis et ma famille m’ont dit que pendant ces sept années, j’étais incapable de rester chez moi et j’errais dans la campagne. Je ne mangeais ni ne dormais à une heure régulière. Je ne reconnaissais pas ma famille et personne n’arrivait à me maîtriser. J’ai pris toutes sortes de médicaments, je suis même allée voir un sorcier, mais rien n’y a fait. Maintenant, je loue le Seigneur car il m’a complètement guérie. Je mène une vie normale et je suis heureuse de connaître le Seigneur. Merci de prier pour moi—Hira Hansda 5 Dieu utilise un enlèvement ! Stella Ho D ans la lettre aux Ephésiens, Paul écrit que Dieu peut faire infiniment plus que ce que nous demandons ou pensons (3/20). Mais je n’ai jamais pensé que ce serait un enlèvement qui conduirait mon mari à accepter le Seigneur ! Je suis chinoise et j’ai connu bien des difficultés pendant les 30 années que j’ai passées au Venezuela. Mais Dieu a toujours été avec moi. Des cambrioleurs ont attaqué plusieurs fois notre magasin, ils ont même tiré sur mon mari, le magasin a brûlé deux fois… Mais nous avons toujours pu recommencer. Je remercie Dieu qui nous a donné la santé et nos trois enfants. Le 21 janvier, trois hommes arrêtèrent ma voiture, cassèrent les vitres, me poussèrent à l’arrière, puis s’enfuirent au volant de ma voiture. J’ai réalisé qu’ils m’enlevaient. Ils me prirent tout ce que j’avais. J’avais très peur. Les ravisseurs m’ont gardé huit jours. J’ai eu l’impression que c’était huit ans. J’avais très faim. Ces hommes étaient très brutaux. Ils ont menacé de me couper une main, ou les doigts, ou de m’emmener avec eux en Colombie. J’ai essayé de m’enfuir, mais je n’ai pas réussi. J’ai pleuré. Puis j’ai ressenti la paix de Dieu et j’ai dit à l’un d’entre eux : “Dieu vous aime. J’espère qu’un jour, nous pourrons devenir amis”. Le troisième jour, mes ravisseurs m’ont permis de prendre un bain. Pendant ces huit journées, j’ai passé plus de temps à prier que je ne l’avais jamais fait. Le Seigneur m’a conduite à prier pour mes ravisseurs. Ils ont accepté ma prière. Je n’ai jamais pensé que j’aurais l’occasion de partager l’évangile avec des gens si violents. Je me suis sentie bénie par Dieu. L’un des ravisseurs avait déjà passé presque 20 ans en prison, et me dit 6 que la police avait tué son frère alors qu’il participait à un enlèvement. Je lui rappelai que la même chose pourrait lui arriver. Je leur ai dit que je n’avais pas peur de mourir, car j’irais au ciel et retrouverais ma famille. J’espérais de tout mon cœur que si je ne voyais plus mon mari sur terre, je le retrouverais au ciel. Mais il n’était pas chrétien. Depuis 10 ans, il avait eu bien des occasions d’entendre l’évangile, mais son cœur s’était endurci. Le septième jour, un des ravisseurs m’apporta une Bible et tous me demandèrent de leur pardonner. J’ai cru que je me réveillais d’un cauchemar. Plus tard, j’ai appris que mes frères et sœurs chinois faisaient une chaîne de prière, et avaient demandé aux ravisseurs, à la télévision, de ne pas me faire de mal. Ce message a touché leur cœur. Ils me dirent : “De nombreux Vénézuéliens prient pour vous. Des pasteurs nous ont demandé de vous libérer. On va le faire.” Quand j’ai retrouvé ma famille, elle m’a appris que mon mari avait accepté le Christ pendant un culte. C ette expérience m’a appris quelque chose : le temps est court ; nous ne savons pas ce qui peut nous arriver. Il nous faut chercher à servir le Seigneur et discerner ce que nous pouvons faire pour lui maintenant. Je n’ai jamais ressenti de haine ou d’amertume envers mes ravisseurs. Cet enlèvement a produit du bien. Mais je ne souhaite à personne d’en passer par là pour réfléchir à sa vie. Stella Ho vit à Isla Margarita, au Venezuela. Elle a raconté l’histoire de son enlèvement lors du deuxième Congrès Anabaptiste des Andes au Venezuela, en septembre dernier. Echanger des recettes pour faire connaissance D ans un quartier d’Almere, aux Pays-Bas, on découvre que le plaisir d’être assis à la même table dépasse le plaisir gustatif : des voisins partagent leurs recettes préférées et leurs traditions, et la méfiance s’estompe pour laisser place à l’amitié. Qui en est responsable ? Un livre de cuisine intitulé De Smaak van Stedenwijk (le goût de Stedenwijk) ! Ce livre a été présenté à Stedenwijk, un quartier d’Almere, le 3 octobre 2004, lors d’une fête de la commune. Le livre contient des recettes de pays très différents : Arménie, Maroc, Surinam, Indonésie, Irak, Iran, Kurdistan, Afrique du Sud, Amérique du Nord et Pays-Bas. Chaque recette est accompagnée d’une photo et d’une petite histoire sur les auteurs de la recette, qui habitent ou travaillent tous dans le quartier de Stedenwijk. Le jour de la parution officielle du livre, les invités sont arrivés tôt : l’impatience était grande de découvrir le résultat final d’un projet sur lequel ils courrier À gauche : Annamarie Jorritsma, maire d’Almere, reçoit le premier exemplaire officiel de De Smaak van Stedenwijk des mains de Gerrit Jan Romeijn, missionnaire à Inloophuis de Ruimte et membre du comité d’organisation. avaient travaillé ensemble longtemps, sans ménager leurs efforts. Jackie Wyse, qui travaille à Almere avec Mennonite Mission Network (USA) et le Comité de Mission Mennonite Néerlandais, raconte que pendant que la salle se remplissait, elle sentait monter la tension. “En effet, jusqu’à ce jour, personne, à part les membres du comité, n’avait vu le livre. Sa présentation était vraiment un grand moment !” Ce projet est né de conversations entre Gerrit Jan Romeijn, un collègue de Jackie, et Jan-Willem Menkveld, qui travaille avec l’Église protestante néerlandaise. Gerrit Jan travaille dans un centre d’accueil, Inloophuis de Ruimte, soutenu par le Comité de Mission Mennonite Néerlandais. Gerrit Jan et Jan-Willem cherchaient une idée de projet communautaire et la proposition de faire un livre de cuisine a paru être une façon simple et unique de créer des liens entre les habitants de Stendenwijk. Comme Almere est une ville nouvelle, fondée en 1976, il n’y a encore que peu de liens entre les habitants. “Comment aimer ses voisins quand on ne les connaît pas ?” demande Jackie. “Notre livre de cuisine communautaire nous donne une occasion de nous connaître un peu mieux” continue-t-elle. “Je crois que c’est un don inestimable, un fondement sur lequel Inloophuis, les églises de Stedenwijk et tout le quartier, peuvent se développer.” Lors de la présentation du livre, au moment du discours inaugural, plus de 130 personnes étaient présentes pour écouter de la musique et goûter aux Stedenwijkertjes, des petits gâteaux faits spécialement pour la cérémonie et dont le nom fait référence au quartier. G errit Jan Romeijn, le président du comité, offrit le premier livre au maire, Annemarie Jorritsma. La commune a donné 5 000 € pour ce projet ; d’autres organismes y contribuèrent aussi comme Inloophuis de Ruimte, le Comité de Mission Mennonite Néerlandais, des assemblées locales de Stedenwijk, des services sociaux d’Almere et d’autres sponsors. À la fin de ce dimanche de fête, les organisateurs avaient vendu 140 livres sur les 500 imprimés. “C’était un tel plaisir de vendre ces livres de cuisine et de regarder les acheteurs les feuilleter avidement, cherchant leur propre recette, celle de membres de leur famille ou d’amis.” dit Jackie Wyse. Les exemplaires restants seront vendus au centre de Inloophuis et dans une librairie de Almere. “Nous espérons que notre livre va aider les habitants de ce quartier à découvrir leur diversité” dit Gerrit Jan Romeijn. “Ce quartier pourrait devenir un lieu où les gens sont prêts à s’aider les uns les autres. Je rêve que chacun se salue par son nom et soit vraiment heureux de vivre dans ce quartier.” Pour Gerrit Jan, ce projet est une façon de proclamer la bonne nouvelle ; mais il précise que ce n’est pas une solution instantanée ou magique pour résoudre tous les problèmes du quartier. “Il y a encore du chemin à faire, et il se peut que nous n’arrivions jamais au bout” dit-il, “mais ce n’est pas un problème, aussi longtemps que nous marchons dans la bonne direction.” L es membres de la communauté espèrent que l’élan ne va pas se perdre. Ils projettent d’organiser une série de repas avec des plats réalisés à partir des recettes du livre. Le maire avait suggéré que les plats soient essayés les uns après les autres dans tout le quartier. D’autres ont eu l’idée d’organiser un tournoi de volleyball pour que les membres du quartier continuent à faire connaissance. “Nous avons vraiment besoin les uns des autres afin que nos vies aient plus de sens” dit Jackie. “Je suis reconnaissante d’avoir pu participer à ce projet. Je prie que le Saint-Esprit continue à souffler sur Stedenwijk et nous guide pour que nous sachions vivre dans la joie et dans l’espérance, tous ensemble, en tant que voisins.”—Bethany Keener, Mennonite Mission Network Le but du projet du livre de recettes d’Almere était d’aider les habitants du quartier à se connaître. Jackie Wyse (à droite) s’entretient avec Bassam Konda et Hazha Kol, qui tiennent un magasin dans le quartier, pendant la fête à l’occasion de la parution du livre. Bassam et Hazha viennent d’Irak et Jackie des E-U. Premier trimestre 2005 7 Développer des relations inter-églises par un échange de responsables Un chemin long m L a Pennsylvanie est bien loin de l’Indonésie. Comment créer un partenariat entre deux lieux aussi distants et différents ? Ce partenariat est né de l’idée de développer des relations inter-églises entre les membres de la CMM par des échanges de responsables d’églises. Cet échange permettrait de mieux répondre à l’appel missionnaire lancé par Jésus, de partager les dons et les connaissances et de donner aux responsables l’occasion de renouveler leurs forces physiques mentales et spirituelles. Larry Miller, le secrétaire général de la CMM, savait que l’union d’églises Franconia Mennonite Conference (FMC) en Pennsylvanie (E-U) cherchait à étendre ses relations et ses connaissances dans la direction du Sud. Et il savait que Mesach Krisetya, un des dirigeants de la Persatuan Gereja-Gereja Kristen Muria Indonesia (GKMI) apprécierait de découvrir une autre culture. Larry savait aussi que Mesach, qui était alors président de la CMM, saurait faire connaître un tel projet autour de lui. En 2000, des responsables des deux groupes se rencontrèrent pour la première fois afin d’explorer les possibilités de faire un échange entre Mesach et Philip C. Bergey, un responsable de la FMC. L’idée était que cet échange ouvrirait la voie à des relations à long terme. En 2000, Mesach et sa femme Miriam se rendirent en Amérique du Nord, et vécurent six mois à Souderton en Pennsylvanie. Puis, en 2003, Phil passa six semaines dans des communautés mennonites d’Indonésie, sur les îles de Java et de Bali. Pendant leur séjour, les participants travaillèrent avec les unions d’églises et les pasteurs, logèrent dans des familles, prêchèrent dans les assemblées et découvrirent la culture, les amis, les difficultés 8 et les joies l’un de l’autre. Dans son rapport, Phil revient à plusieurs reprises sur le sens des mots “chemin” ou “voie”. Il y avait des chemins à travers l’incroyable diversité qu’est l’archipel d’Indonésie, remarquat-il. Comment ce pays si peuplé, avec ses 6 000 îles habitées, peut-il être uni ? Phil raconte qu’il a vécu la diversité dans les moyens de locomotion : motos, chevaux et triporteurs appelés “becak”, circulaient parmi des automobiles de toutes tailles, des bicyclettes, des charrettes tirées par des ânes ou des bœufs, et parmi des chèvres, des poulets et des buffles… Il a aussi découvert la diversité dans la nourriture : 17 variétés de bananes, plus de 12 variétés de mangues et des douzaines de fruits dont Phil n’avait jamais entendu parler, et dont il connaissait encore moins le goût ! Chaque jour était une expérience culinaire, dit-il. P hil découvrit des forêts tropicales, des arbres à épices—clous de girofle, cardamome, noix de muscade—des caféiers, des théiers et des rizières. Et la multitude de langues ! Il n’y a personne qui ne parle couramment au moins deux langues, et en général bien davantage, sans compter les rudiments de quelques autres, et de plus un “anglais correct”… Certains parlent aussi une ou plusieurs langues chinoises et souvent un dialecte régional. L’Indonésie connaît aussi la diversité dans la religion. Des hindous et des bouddhistes vivaient déjà sur ces îles quand les commerçants arabes introduisirent l’Islam au 7e siècle. Les dirigeants indonésiens firent de l’Islam une religion d’État au 16e siècle, au temps de la réforme protestante en Europe. Aujourd’hui, l’Indonésie revendique la plus grande population musulmane du monde. Au 17e siècle, les Hollandais fondèrent un empire commercial en Indonésie et à la fin du 19e siècle des missionnaires mennonites des Pays-Bas travaillaient déjà parmi les Javanais. Ainsi s’ouvrit la voie d’un partenariat reliant les mennonites, qui, au 20e siècle, comprenaient la CMM, le MCC, Mennonite Brethren Mission & Service International (MBMSI) et Eastern Mennonite Missions (EMM). Avant sa visite, Phil savait déjà qu’il existait des relations entre les missions mennonites d’Indonésie et d’Amérique du Nord. Mais les relations inter-églises sont différentes. Les responsables du synode de la GKMI souhaitent développer des relations fraternelles avec la FMC en particulier. Le pasteur Bastian Yosin de l’assemblée GKMI de Kudus a appris à Phil comment la GKMI fait face aux problèmes de croissance et de stabilité. La GKMI grandit régulièrement, implantant des églises et créant des groupes de maison, ce qui intéresse vivement la FMC. De Adhi Dharma, le secrétaire général du synode de GKMI, Phil a appris comment l’évangile de paix peut avoir un impact significatif dans une culture à prédominance musulmane qui regarde les églises avec méfiance et se montre souvent violente envers elles. En Indonésie, la conversion n’est courrier mais passionnant jamais rapide ni facile. Pour un musulman, devenir chrétien c’est offenser sa famille. Les assemblées GKMI doivent faire plus que de simplement parler de Jésus ; elles doivent se modeler sur lui en tout. Elles doivent aussi être prêtes à risquer leur sécurité pour faire avancer le royaume de Dieu. P our être un signe du royaume de Dieu dès maintenant, les disciples de Jésus indonésiens doivent être convaincants et leur vie attirante, tout en sachant que leur salle de culte peut être démolie ou brûlée. Phil a entendu des récits de destruction d’églises. Mais, dans une petite église mennonite javanaise (synode de GITJ), il a aussi assisté à la célébration d’un mariage qui rassemblait des musulmans et des chrétiens. Comment est-il possible de célébrer un mariage dans ce contexte ? Parce qu’un pasteur de village a construit des ponts entre les deux communautés. Quelquefois le progrès complique la situation. Dans la ville de Kudus, au centre de Java, Phil a rencontré les directeurs d’un hôpital, fruit de beaucoup d’efforts et appartenant à la GKMI. Cependant, les chefs locaux font pression sur le conseil d’administration, constitué uniquement de mennonites, pour qu’il construise une mosquée sur le terrain de l’hôpital pour les patients, dont 98 % sont musulmans. Jusque-là, le conseil a temporisé en mettant une petite pièce à la disposition des musulmans pour la prière. “Que devrions-nous faire ?” demandent les responsables de GKMI. “Que feraient les Américains ?” La GKMI est intéressée aussi par les écoles et les facultés dirigées par la FMC, par la gestion des conseils d’administration et de la direction, ainsi que par le renforcement des relations avec des organismes d’église. Phil précise que la FMC a beaucoup à apprendre de la GKMI dans les domaines de la formation des responsables, du ministère de la prière et de l’implantation d’églises. Elle est composée de 45 assemblées, 60 nouvelles églises et 60 autres, fruits du travail missionnaire de la GKMI. Phil est rentré d’Indonésie désireux d’inciter les assemblées de la FMC à prendre davantage au sérieux la puissance “qui agit en nous, fait au-delà, infiniment au-delà de ce que nous pouvons demander et imaginer” (Eph 3/20). Tout à fait à gauche : chez Sylvia et Bastian Yosin avec Phil Bergey ; Bastian est pasteur de l’assemblée GKMI de Kudus. À gauche : Phil avec Padma et Paul Gunawan, des responsables mennonites indonésiens. “La volonté d’utiliser toutes les ressources pour le royaume de Dieu m’a beaucoup impressionné” dit Phil. Premier trimestre 2005 Habituellement en Amérique du Nord, les assemblées se demandent si elles devraient implanter une nouvelle église ou agrandir le bâtiment existant. La GKMI pense qu’une église qui grandit peut faire les deux en même temps, remarque Phil. La GKMI est bien organisée, créative, a des ressources substantielles et des responsables très compétents. Elle n’a pas besoin de la FMC pour survivre et n’acceptera qu’une relation mutuelle, dit Phil. Le défi immédiat pour les deux unions d’églises est de développer des relations interpersonnelles suffisamment fortes pour que de nouveaux partenariats naissent naturellement. E n 2004, trois groupes de la GKMI sont allés en Pennsylvanie. En 2005, trois groupes de la FMC iront à Jakarta, Semarang et Denpasar en Indonésie. Les relations se créent par la connaissance de la culture, des personnes et les églises. Des rencontres formelles entre responsables d’églises sont utiles, mais les liens se nouent surtout lorsque l’on assiste à une fête d’anniversaire, un enterrement, un mariage ou un autre événement. Lorsque l’on veut organiser un échange de responsables, il est nécessaire d’avoir un coordinateur et un groupe prêt à apporter une aide logistique, dit encore Phil. Créer des relations par des échanges est un processus lent, qui demande un engagement à long terme. Il faut aussi être prêt à attendre le temps de Dieu pour que des échanges se transforment en visites spontanées. Phil conclut en disant que ce qui l’a le plus impressionné, c’était le sentiment d’urgence et la volonté profonde d’utiliser toutes les ressources existantes pour la croissance de l’Eglise en vue du royaume de Dieu. 9 Responsable d’une assemblée mennonite à La Victoria Un jeune pasteur tué par l’explosion d’une bombe à Bogotá Bogotá, Colombia—Le 28 novembre 2004, Javier Segura, 31 ans, pasteur de l’assemblée mennonite de La Victoria à Bogotá est mort sur le coup lors de l’explosion d’une bombe devant un bâtiment public dans le centre ville de Bogotá. Six personnes ont été blessées. Javier, qui Javier Segura était pasteur depuis moins d’un an, venait de dire au revoir à sa fiancée et attendait le bus pour rentrer chez ses parents âgés avec lesquels il vivait. La bombe avait été placée sur le trottoir, devant le bâtiment. Le gouvernement a offert une récompense de 100 millions de pesos pour fournir des informations conduisant à l’identification des coupables. En Colombie, les explosions font partie de la vie. Ce pays est ravagé par de nombreux groupes armés : rebelles, paramilitaires, trafiquants de drogue, délinquants et forces gouvernementales. “Nous apprenons à vivre avec le danger,” dit Peter Stucky, président de l’Eglise mennonite colombienne, “mais nous ne pensons jamais faire partie des victimes, surtout dans une ville de sept millions d’habitants. Quand un tel événement vous touche d’aussi près, c’est La paix vaincra. Jesus reviendra. U ne rose gît au milieu du verre cassé et des débris… La rose : un symbole de vie et d’amour, d’espérance et de beauté. Le verre : un rappel de la violence et de la mort. Comme souvent, ils coexistent, formant un contraste et se défiant l’un l’autre en un pas de deux à qui l’emportera. Le parfum des roses m’enveloppe, leur beauté m’émerveille. Mais le plaisir que leur parfum et leur beauté me procurent ne peut effacer la tristesse causée par la mort de Javier Segura Gonzales, le premier pasteur mennonite qui ait perdu la vie à cause de la violence qui sévit en Colombie. La grande église était pleine à craquer pour le culte qui rendit hommage à ce jeune homme. Sa fiancée lut son oraison funèbre, puis essuya ses larmes et rendit un témoignage impressionnant : “Javier n’aimait pas laisser les choses à moitié terminées. Il vous semble peut-être que c’est ce qu’il a fait. Mais l’église n’est pas l’église de Javier. C’est celle de Dieu, et c’est lui qui va poursuivre ce qui a été commencé.” Après le culte, nous avons suivi le cer- cueil, avec des pancartes et des ballons blancs, jusqu’à l’endroit où est mort Javier. Peter Stucky parla du pasteur Javier comme d’un homme de paix. Il dit que ce n’était pas lui qui avait posé la bombe, contrairement à ce qu’avait suggéré la presse colombienne. C’était un acte violent contre un enfant de Dieu. D evant les centaines de personnes présentes, nous avons alors laissé s’envoler les ballons blancs, signes de paix. Et nous avons chanté “Je demande la paix pour ma ville. Seigneur, je te demande de pardonner ma ville”. Une rose gît parmi les gravats, sur le trottoir où a explosé la bombe. Il y a encore du sang sur le mur et un trou dans le trottoir. Cependant, la beauté de la rose reposant sur les débris nous rappelle qu’un jour, la paix vaincra. Jésus reviendra.—D’après une méditation de Janet Plenert, International Ministries, Mennonite Church Canada terrible et toute l’Eglise est sous le choc.” Javier Segura était membre de l’église mennonite du Sinaí, située à quelques pâtés de maisons du lieu de l’explosion. Il avait été formé par le pasteur Islandes Lozada, et on lui avait demandé récemment de devenir le pasteur de l’église mennonite de La Victoria, une jeune église située dans le secteur sud-est de Bogotá, un secteur très peuplé. Javier était très doué pour s’occuper des jeunes et était très aimé. L’Eglise mennonite colombienne pleure cette immense perte et prie que sa mort porte des fruits. Cette Eglise promeut la non-violence active parmi ses membres comme dans les autres églises protestantes depuis plus de 20 ans. La semaine de la mort de Javier, une délégation de 10 mennonites est allée à Barrancabermeja et a rendu visite aux communautés situées le long de la rivière Opon. Là, Christian Peacemaker Teams (CPT), une organisation mennonite nord-américaine, “se met en travers du chemin pour construire la paix”. Leur but était de mieux connaître le témoignage non-violent en faveur de la paix et d’accompagner l’équipe de CPT. Les membres d’églises vivent dans le danger constant et les pasteurs reçoivent fréquemment des menaces. Le Comité National a demandé à Justapaz, le centre mennonite pour la justice, la paix et l’action non-violente, d’organiser des ateliers pour les pasteurs et les responsables d’église sur les précautions à prendre pour assurer une meilleure sécurité. —Jenny Neme courrier YEU / ACT International Les mennonites indonésiens se mobilisent Indonésie : une des scènes de dévastation causée par le tsunami, le 26 décembre, en Asie du Sud-Ouest. Les mêmes scènes se sont produites ailleurs, comme en Inde et au Sri Lanka. Des organisations liées à la CMM tout autour du monde se sont mobilisées pour apporter leur aide. Les églises anabaptistes d’Inde apportent leur aide aux victimes du tsunami Strasbourg, France—Les mennonites et les Frères en Christ d’Inde n’ont pas été touchés par les vagues du tsunami tout le long de l’Océan Indien. Leurs églises sont construites sur les hauteurs loin de la côte. Même si les anabaptistes indiens ont été épargnés, l’ampleur de la soudaine calamité, et les dévastations touchant leurs frères et sœurs MCC : 10 millions USD pour venir en aide aux victimes du tsunami Akron, Pennsylvania, USA— Le Mennonite Central Committee débloque 10 millions USD pour venir en aide, à court et à long terme, aux victimes du tsunami. C’est la plus grosse somme que le MCC ait jamais débloquée en réponse à une catastrophe naturelle. “L’avalanche des dons nous a émus” dit Ronald J.R. Mathies, le directeur exécutif du MCC. “Nous louons Dieu pour ces dons qui seront utilisés pour restaurer l’espoir et la dignité à des gens qui ont tout perdu.” Vous trouverez des informations supplémentaires sur : www.mmc.org Premier trimestre 2005 les ont profondément choqués. “Nous souffrons pour ceux qui sont gravement touchés” dit Emmanuel Minj, directeur de Mennonite Christian Service Fellowship of India (MCSFI) et représentant de l’Inde dans le comité de planification de la GMF. Il ne leur a fallu que quelques jours pour s’organiser afin d’apporter leur aide en dépit de leurs ressources li-mitées. La MCSFI et les unions d’églises mennonites et Frères en Christ d’Inde collectent des fonds. La MCSFI coordonne aussi la réception des dons et le travail des bénévoles des églises. Le MCC en Inde soutient l’action de la MCSFI. La MCSFI et le MCC (Inde) travaillent avec Church Auxiliary for Social Action (CASA) pour apporter des secours dans les provinces de Tamil Nadu, du Kerala, et d’Andhra Pradesh, ainsi que dans les îles d’Andaman et de Nicobar. CASA a prévu d’aider 50 000 familles. Des rapports provenant d’Inde indiquent que la vie est retournée à la normale, mais que le travail de reconstruction va être très long. Strasbourg, France—Atterrés par l’ampleur des dégâts causés par le tsunami du 26 décembre, les mennonites d’Indonésie s’organisent pour venir en aide aux victimes de leur pays. En quelques jours, l’union d’églises GKMI de Semarang a mis sur pied un projet de distribution d’aide en deux volets : 1. Les fonds reçus seront utilisés pour acheter des produits de première nécessité comme de l’eau potable, des médicaments, de la nourriture, des aliments pour bébé, des installations sanitaires, des tentes, des sacs de couchage, des masques et des sacs pour les cadavres. Tout cela sera distribué par l’intermédiaire d’organisations qui travaillent déjà sur place. 2. La GKMI va envoyer une équipe qui participera au travail de secours dans les zones où personne ne travaille encore. La GKMI et deux autres unions d’églises mennonites en Indonésie (GITJ et JKI) travaillent aux côtés du MCC et de Eastern Mennonite Missions, des organisations nordaméricaines. Les églises ont été épargnées. La GKMI compte 11 églises dans le nord de Sumatra, dont 3 dans la capitale. La plupart sont construites sur des terrains élevés et loin de la côte. Elles ont senti les tremblements de terre, mais n’ont pas eu de dégâts. On a désespérément besoin d’humanitaires sachant conduire des camions et des gros engins, faire de la cuisine et donner des soins, dans les zones touchées par les tsunamis, dit Eddy Sutjipto, ancien modérateur de la GKMI et membre du conseil exécutif de la CMM. L’infrastructure a été fortement endommagée, rendant la communication d’informations précises très difficile. La GKMI a encouragé ses églises à faire des collectes spéciales pour les régions d’Aceh et du nord de Sumatra, lors des cultes du Nouvel An, du 2 janvier et du Dimanche de la Fraternité Mondiale. L’union d’églises a ouvert un compte bancaire pour recueillir les dons des mennonites indonésiens. Contributions de l’étranger : les amis étran- gers qui veulent contribuer peuvent envoyer leurs dons (en dollars USD) à Bank International Indonesia (BII), numéro de compte : 205 007 2986 (Code Swift : IBBKIDJA) à Semarang. Le compte a été ouvert sous le nom de Yohanes Sutanto. Afin de pouvoir confirmer la réception des dons, Eddy Sutjipto demande que les donateurs internationaux envoient un courriel à Yohanes Sutanto, trésorier de la GKMI, l’informant du don, à : [email protected]. La CMM a envoyé une lettre de condoléances aux églises mennonites en Asie. Elle souhaite “qu’ils ressentent le soutien de Dieu se manifestant par le soutien des frères et sœurs, dans les jours, les semaines et les années à venir.” “Nous nous engageons à transmettre les informations afin que nous, votre famille mondiale, puissions vous apporter une aide généreuse” écrit Nancy Heisey, la présidente de la CMM. 11 Les mennonites du Vietnam devant un avenir incertain L’Eglise du Vietnam en 2004 : incendies, torture et L ’année 2004 a été difficile pour les mennonites vietnamiens. Des responsables d’églises ont été arrêtés, torturés et emprisonnés ; des membres ont été harcelés ; des églises ont été incendiées et ont dû fermer. Mais ils ont connu aussi des joies. Le soutien international a été extraordinaire : visites, lettres aux églises, aux autorités et aux ambassadeurs, engagements dans la prière. Ils ont continué à se rassembler pour le culte et ont pu fêter Noël ; deux pasteurs ont été consacrés aux E-U (les églises mennonites n’étant pas légales, la con- sécration n’aurait pas été reconnue au Vietnam) et deux responsables emprisonnés ont été libérés début décembre. Le pasteur Nguyen Hong Quang, un responsable dynamique du mouvement évangélique des églises de maison qui s’est joint aux mennonites en 1998, paraît avoir été la cible principale. Quang vivait avec sa famille à Ho Chi Minh Ville. Sa maison était utilisée pour les cultes et servait de centre de formation pour les jeunes évangélistes. Il participait à l’évangélisation dans le centre du Vietnam et parmi les minorités ethniques de ces régions montagneuses. Lorsque les différents groupes mennonites s’unirent pour former l’Eglise Mennonite du Vietnam en juillet 2003, Quang fut choisi pour en être le viceprésident et secrétaire général. J uriste de formation, Quang était aussi à la tête du conseil juridique de Vietnam Evangelical Fellowship (VEF), une association de groupes d’églises de maison. Il a fréquemment rédigé des rapports sur le harcèlement des autorités contre les églises en différents lieux. En décembre 2003, il avait demandé la libération des personnes arrêtées pour avoir distribué de la littérature chrétienne à Ho Chi Minh Ville. Des observateurs vietnamiens pensent que les activités juridiques de Quang, tout autant que son travail d’évangélisation, sont la cause de ses problèmes avec les autorités, dans un pays où la constitution garantit pourtant la liberté de religion. Le 2 mars 2004, Quang et quelques autres confron- La famille mondiale manifeste son affection et son admiration Larry Miller, le secrétaire général de la CMM, et Eleanor, son épouse, se sont rendus au Vietnam du 20 au 26 novembre. Dans cet entretien, Larry livre à Courier / Correo / Courrier quelques réflexions sur sa visite. C/C/C : Pourquoi êtes-vous allés au Vietnam ? LM : La situation sur place ainsi que des conversations avec des personnes proches de l’Eglise Mennonite du Vietnam, nous ont convaincus qu’il était temps que des représentants de la Conférence Mennonite Mondiale se déplacent. Notre visite avait 2 objectifs : (1) manifester le soutien de la communauté internationale de façon visible ; (2) entrer en communication directe avec les autorités vietnamiennes pour connaître leurs intentions et les informer de la position de la communauté mennonite internationale à propos du harcèlement des églises mennonites et de l’incarcération de leurs responsables. C/C/C : Qui espériez-vous rencontrer pendant votre visite ? LM : Nous espérions voir les responsables de l’Eglise mennonite, dont le président, le pasteur Nguyen Quang Trung, et le vice-président et secrétaire général, le pasteur Nguyen Hong Quang, toujours emprisonné. Nous espérions aussi rendre visite à Mme Le Thi Phu Dung (Mme Quang) et ses enfants, et nous rendre dans quelques assemblées mennonites. C/C/C : Mais vous n’avez pas pu faire ces visites. Pourquoi ? LM : Le Bureau des Affaires Religieuses de Ho Chi Minh 12 Ville avait arrangé une visite avec le pasteur Trung, mais ne nous avait pas permis de voir le pasteur Quang, officiellement parce qu’il avait fait appel de sa sentence de trois ans de prison. Mais quand nous sommes arrivés à Hanoi, le 20 novembre, toutes les autorisations pour les visites étaient encore en cours. Et, deux jours plus tard, j’ai été informé que je ne pourrais pas me rendre à Ho Chi Minh Ville ni voir les mennonites vietnamiens. J’avais la permission d’assister à un atelier sur les relations Vietnam-USA et de rencontrer des responsables du Bureau National des Affaires Religieuses de Hanoi. Le 24 novembre, le co-représentant régional du MCC, Lowell Jantzi et moi, avons été reçus par le viceprésident de ce Bureau. Nous avons eu une longue discussion qui, à la fin, a été très franche. C/C/C : A quoi a servi ce voyage plus ou moins avorté ? LM : Dieu sait cela mieux que moi. Pendant que nous étions à Hanoi, nous étions en contact indirect avec des mennonites d’Ho Chi Minh Ville et d’ailleurs. Et nous avons pu leur envoyer, par un émissaire personnel, différents cadeaux pour leur montrer notre affection, notre soutien et aussi l’admiration des membres de notre famille anabaptiste mondiale. Des mennonites vietnamiens nous dirent que notre tentative de visite les avait encouragés. Je l’espère. J’espère aussi que les autorités vietnamiennes comprennent mieux l’importance des liens entre les mennonites du monde entier et ceux du Vietnam et que nous avons l’intention de continuer à nous opposer à la répression exercée à l’encontre des églises mennonites. courrier emprisonnement tèrent deux agents du gouvernement en civil devant sa maison. Moins d’une demiheure plus tard, des douzaines de policiers chargés de la sécurité convergèrent sur la scène et un diacre de l’église fut arrêté. Plus tard, des évangélistes se rendirent au bureau de police pour se renseigner sur le sort du diacre. Ils furent aussi arrêtés et certains furent même battus. Bien qu’aucun n’ait été inculpé, ils furent maintenus en prison jusqu’au 12 novembre, date de leur procès. Quang fut incarcéré le 8 juin pour “incitation à résister à des agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions”. Puis la presse s’en prit à lui. Sa maison fut fouillée et les ordinateurs, les dossiers personnels et juridiques et l’argent furent confisqués. L e 30 juin, une monitrice d’école du dimanche, Mme Le Thi Hong Lien, fut arrêtée, et jugée en même temps que Quang le 12 novembre. Des membres de la famille qui ont finalement pu obtenir un droit de visite, rapportèrent que Quang était pâle et maigre et que l’on voyait que Lien avait été violemment battue. Lors du procès, elle était trop faible pour tenir debout et paraissait “avoir perdu l’esprit”. Les avocats des six détenus n’eurent que quelques jours pour préparer leur défense. Les charges retenues étaient : Dans les églises mennonites vietnamiennes, les fêtes de Noël attirèrent beaucoup de monde l’année passée. Premier trimestre 2005 “Résistance à des agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions”, en lien avec l’incident du 2 mars. Le procès fut expédié en quatre heures. U n avocat vietnamien qui a souhaité garder l’anonymat, précise qu’au vu des éléments du dossier, ils ne sont pas coupables des charges retenues contre eux. Néanmoins, Quang fut condamné à trois ans de prison et Lien à un an. Les autres reçurent des peines allant de deux ans à neuf mois. Deux évangélistes furent relâchés début décembre mais le pourvoi en appel de l’un d’entre eux a été rejeté. Le pourvoi de Quang est en cours d’examen mais l’étude de celui de Mme Lien a été interrompu du fait de sa maladie mentale. Les hommes libérés ont décrit les violences qu’ils ont subies ainsi que les brutalités infligées à Mme Lien dont ils ont été témoins. Amnesty International a pris en charge le cas de Lien et la considère comme “une prisonnière de conscience ... et une victime de mauvais traitements et de tortures”. Amnesty a appelé la communauté internationale à prendre contact avec les autorités de leur pays pour plaider en faveur de Mme Lien (voir www.amnestyusa.org/countries /vietnam/actions.do). Juste avant le procès, des responsables de la CMM ont envoyé une lettre au premier ministre du Vietnam pour exprimer leur soutien et leur inquiétude et pour demander que Quang et ses collègues aient un procès équitable. Des lettres furent aussi envoyées aux ambassadeurs vietnamiens des Nations Unies et à Genève en avril, juin et juillet. Larry Miller, le secrétaire général de la CMM s’est rendu au Vietnam en novembre pour témoigner du soutien Les mennonites vietnamiens fêtèrent Noël malgré la menace de fermeture ou d’incendie de leurs églises. Une chorale se produit pendant l’un de ces cultes. de la fraternité internationale à l’Eglise Mennonite du Vietnam et pour rencontrer des représentants du gouvernement vietnamien (voir encadré page 12). L arry Miller n’a pas été autorisé à rencontrer les mennonites vietnamiens, ni les détenus, mais il a pu parler avec les autorités et a eu des contacts indirects avec des mennonites d’Ho Chi Minh Ville et d’ailleurs. Au moment de Noël, des responsables d’églises étaient toujours en prison et les mennonites vietnamiens étaient l’objet de surveillance, cela ne les a pourtant pas empêchés d’organiser des cultes de Noël où les enfants ont reçu des cadeaux. L’avenir des mennonites vietnamiens est bien incertain et ils sollicitent les prières de notre famille mennonite mondiale.—Ferne Burkhardt, communiqués de presse de la CMM 13 Shamshabad, Inde—Almaty, la capitale du Kazakhstan, en Asie Centrale, a été choisie par le comité de planification pour la prochaine rencontre de la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF), qui aura lieu du 21 au 24 septembre 2006. Le comité de planification de la GMF s’est réuni en Inde du 9 au 12 novembre, et a ainsi pu assister à la 6e Conférence Mennonite d’Asie. Emmanuel Minj, membre du comité exécutif et directeur de Mennonite Christian Service Fellowship of India, avait organisé la logistique. La rencontre d’Almaty en 2006 sera l’occasion pour les responsables des missions anabaptistes de tous les pays de partager leurs conceptions et leurs expériences de mission inter-culturelle. Ils vont aussi réfléchir à la possibilité de franchir une nouvelle frontière de l’Asie Centrale, avec peut-être d’autres églises ou agences missionnaires. Johannes Reimer, membre du comité de planification et représentant allemand pour Peter Rempel Almaty, lieu de la prochaine rencontre mondiale sur la mission Conférence Mennonite d’Asie Shamshabad, Inde 10-14 novembre 2004 Des centaines de personnes assistèrent à la 6e Assemblée Générale de la Conférence Mennonite d’Asie qui se tenait sur le campus de Mennonite Brethren Centary Bible College. Aux représentants de sept pays d’Asie se joignirent des invités venus de six autres pays étrangers. Emmanuel Minj, président de Mennonite Christian Service Fellowship of India (cidessus) et Shant Kunjam, président de la Conférence Mennonite d’Asie, dirigeaient la conférence. l’Europe s’est rendu à Almaty en juin et a rapporté qu’autant les responsables d’églises que les autorités du pays seraient très heureux d’accueillir une rencontre mennonite. A Shamshabad, le comité a tracé les grandes lignes du programme, choisi un thème ainsi que les principaux orateurs et donné son autorisation pour la négociation de la partie logistique.—Peter Rempel Lors de la cérémonie d’ouverture, les participants furent conduits vers une shamiana colorée (tente) par un groupe de danseurs. Yoshihira Inamine, membre de la Fraternité des Églises mennonites de la région de Tokyo fut élu président de la conférence qui se retrouvera dans 3 ans au Japon. Un rapport sur cette Conférence sera publié dans le prochain numéro de C/C/C. Une grande perte pour le projet d’histoire mennonite Strasbourg, France—Le 12 octobre, un accident de bateau a coûté la vie à Sjouke Voolstra, 62 ans, théologien hollandais et passionné de bateau. Sjouke est tombé à l’eau pendant une tempête ; son gilet de sauvetage était défectueux et son coéquipier ne put le sortir de l’eau à temps. Sjouke Voolstra devait Karina Derksen-Schrock, seconde coordinatrice de YAMEN! Strasbourg, France—Karina Derksen-Schrock d’Akron, E-U, a été nommée coordinatrice internationale de Young Anabaptist Mennonite Exchange Network (YAMEN!) Liesa Unger, Karina Karlsruhe, DerksenAllemagne, la Schrock 14 première coordinatrice de YAMEN!, a quitté ce poste pour se rendre à Fresno, E-U étudier avec son mari Wilhelm à Fresno Pacific University et à Mennonite Brethren Seminary. Karina est née et a vécu en République Démocratique du Congo (anciennement Zaïre) jusqu’en 1998, date à laquelle ses parents, qui étaient missionnaires, retournèrent aux E-U. Son mari Andrew et elle faisaient tous deux partie des responsables du Village de l’Église Mondiale à Afrique 2003 à Bulawayo. En 2002, Karina a travaillé quelques mois au bureau de la CMM à Strasbourg, France. YAMEN! est un programme conjoint d’échange de jeunes, entre églises, de la CMM et du Mennonite Central Committee (MCC). écrire les chapitres de l’histoire des mennonites néerlandais pour le vo- Sjouke Voolstra lume sur l’Europe du projet d’histoire mennonite mondiale, dont la parution est prévue pour 2006. “Son décès est une grande perte pour l’église néerlandaise et le monde mennonite tout entier” dit John A. Lapp, co-éditeur. “C’était un homme réfléchi, tout autant dans ses paroles que dans ses écrits.” Sjouke Voolstra était professeur de théologie au séminaire mennonite d’Amsterdam. A la retraite depuis 2002, il rédigeait des articles et préparait une édition critique des œuvres complètes de Menno Simons. Il était marié à Trynke VoolstraBottema. courrier Courier Correo Courrier Volume 20 • Pour prier . . . L’un de vous souffre-t-il ? Qu’il prie. Est-il joyeux ? Qu’il chante des cantiques.—Jc 5/13 N° 1 Larry Miller Responsable de la publication Milka Rindzinski Courier / correo / courrier is Rédactrice en chefto mailed free on request anyone desiring a copy. J. Lorne Peachey Send manuscripts and Directeur de la rédaction address changes to C/C/C, Ferne Burkhardt MWC, 8 rue du Fossé des Révision et Service de Presse Treize, 67000 Strasbourg, France.Sylvie Email: Gudin Rédactrice de Courrier [email protected]. Eleanor Miller Assistante en communication REGIONAL EDITORS Afrique Doris Dube Bulawayo, Zimbabwe Asie & Pacifique Louise Anne Porciuncula Lumban, Laguna, Philippines Europe Markus Rediger Münsingen, Switzerland Amérique Latine Milka Rindzinski Montevideo, Uruguay Amérique du Nord Ferne Burkhardt Petersburg, Ontario, Canadá Courier / Correo / Courrier a pour objectif de promouvoir l’édification, la communication et la collaboration au sein de la famille mondiale des mennonites et Frères en Christ qui font partie du mouvement anabaptiste. C/C/C est envoyé gratuitement à quiconque le demande partout dans le monde. Envoyer toute demande et changement d’adresse à C/C/C, CMM, 8 rue du Fossé des Treize, 67000 Strasbourg, France. E-mail: [email protected]. Informations sur la Conférence Mennonite Mondiale et exemplaires de C/C/C sur le site : www.mwc-cmm.org Premier trimestre 2005 • Prions pour la Fraternité Missionnaire Mondiale (GMF) qui cherche à coordonner les actions et à établir des partenariats sur tous les continents. La prochaine rencontre de la GMF aura lieu à Almaty, en Asie Centrale, du 21 au 24 septembre 2006. Jusqu’à cette date, chaque continent formera des Fraternités Missionnaires Régionales. • L’Association Anabaptiste d’Australie et de Nouvelle-Zélande célèbre10 années de travail commun. Soyons reconnaissants de son témoignage, en particulier dans le domaine de la non-violence active et de la paix. • Prions pour la paix en Irak. Prions pour que tous les partis présents aux élections récentes s’engagent pleinement à résoudre les problèmes internes avec le soutien, mais sans l’interférence, des nations étrangères. • Prions et agissons pour résoudre le problème de la violence domestique. De nouveaux cas de maltraitances épouvantables, surtout de pères envers leurs enfants, et parfois même avec le consentement des mères, sont recensés tous les jours. • Continuons à prier pour les responsables vietnamiens emprisonnés pour délit de conscience et louons Dieu pour le soutien des mennonites et Frères en Christ dans le monde. • Dans les prisons, la brutalité et les abus de toutes sortes sont universels. Soyons reconnaissants pour les ONG et les personnes qui exercent un ministère dans les prisons et pour les détenus qui se convertissent malgré de faibles espoirs de libération. • Le tremblement de terre et le tsunami de décembre 2004 ont dévasté des régions entières d’Asie et fait des centaines de milliers de victimes. Les églises mennonites d’Indonésie et d’Inde se sont jointes à d’autres groupes pour participer aux efforts de reconstruction. Ce travail demande un engagement local autant que mondial à long terme. Prions pour son efficacité. • Le 15e Rassemblement de la CMM se tiendra au Paraguay en juillet 2009. Les conversations avec les responsables d’églises sur place sont déjà en cours. Prions pour de bonnes et sages décisions concernant le lieu et le programme. • Le Dimanche de la Fraternité Mondiale à été célébré le 23 janvier dernier. Remercions Dieu des pas faits vers la formation d’une communion mondiale de frères et de sœurs en Christ dans ce monde déchiré. Remercions-le aussi pour les partenariats entre églises sœurs du Nord et du Sud. Deux nouveaux rédacteurs régionaux rejoignent l’équipe C/C/C L ouise Anne Porciuncula, Lumban, Philippines, et Markus Rediger, Münsingen, Suisse, se sont joints à l’équipe de Courier / Correo / Courrier en tant que rédacteurs régionaux. Louise Anne rassemblera des informations en provenance des églises d’Asie & du Pacifique, et Markus d’Europe. Louise Anne a étudié à l’Université des Philippines et a un diplôme en développement de la communication. Elle travaille dans le domaine de la recherche et de l’écriture. Markus a un diplôme d’enseignement et de journalisme et étudie en ce moment la gestion de la communication en entreprise. “Plus la mondialisation se développe et plus nous avons besoin d’être informés” dit Markus. “Je me considère simplement comme une servante de Dieu” dit Louise Anne. 15 Perspective: Ne plus dire : ‘Oui, oui ... mais regarde !’ Milka Rindzinski O h, si seulement nous pouvions oublier le passé et toutes ses blessures et recommencer ! Si nous faisions la liste des événements tragiques de cette dernière année, nous serions effarés… Des milliers de personnes sont mortes, que ce soit à cause de catastrophes naturelles ou de la folie humaine. Beaucoup d’entre nous ont dû dire adieu à des personnes proches. Comment réagissons-nous quand la mort enlève brutalement l’un d’entre nous ? C’est ce qui s’est passé pendant le 12e Congrès Anabaptiste-Mennonite du Cône Méridional (Amérique du Sud)* à Curitiba au Brésil, le 20 janvier 2005 : notre frère José Rodríguez, 43 ans, eut une crise cardiaque quelques heures après son arrivée et fut trouvé mort dans sa chambre. José était venu à Curitiba pour représenter l’Eglise mennonite d’Argentine. Il faisait partie du conseil pastoral de l’assemblée de Choele Choel. Ni son église ni sa famille ne s’attendait à une mort aussi soudaine. Nous espérons que nos paroles leur ont apporté un peu de consolation. Le Congrès fut interrompu le temps d’un culte d’adieu, pendant lequel nous avons pu exprimer ce que nous ressentions et chercher à discerner si Dieu voulait nous parler par cette tragédie. La mort de José nous rappelle que la vie est tout à la fois extrêmement résistante et étonnamment fragile. Nous nous y accrochons. Nous savons que nous ne pouvons éviter la mort : c’est la plus grande certitude de la vie. Et pourtant, obstinément et instinctivement, nous voulons vivre. Lors du Congrès, certains se sont demandé pourquoi José devait mourir à cette occasion et pas un autre d’entre nous. *Un rapport sur ce Congrès sera publié dans le prochain numéro de Courier / Correo / Courrier. courrier 616 Walnut Avenue Scottdale, PA 15683-1999 USA Cette question n’a pas de réponse. Mais sa mort nous conduit à nous interroger : considérons-nous la vie comme un dû ? Sommes-nous remplis d’une joie profonde ? Partageons-nous avec les autres les dons que nous avons reçus de Dieu ? En pensant à la mort de José, je ne peux m’empêcher de louer Dieu de ce que, miraculeusement, je sois toujours en vie. Je le loue de m’avoir appelée à le servir dans mon église et ma communauté et pour les dons qu’il m’a donnés à cette fin. D ans son livre, Lifesigns—Intimacy, Fecundity, and Ecstasy in Christian Perspective (Doubleday, 1986), Henri J.M. Nowen écrit : “[Jésus] marche avec nous et continue à nous rassurer chaque fois que nous sommes tentés de céder à la panique et sommes prêts à nous détruire ou à détruire d’autres personnes. Ses enseignements sont difficiles à vivre parce que nous gardons les yeux fixés sur les hautes vagues, les vents puissants, les orages rugissants. Nous disons toujours : “Oui, oui … mais regarde !” “Mais Jésus ne se lasse pas de répéter: ‘Demeurez en moi comme je demeure en vous (…) celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance’ (Jean 15/4-5).” Quelles paroles de réconfort, de consolation et d’espoir, alors que nous commençons une nouvelle année aussi remplie d’incertitudes que celle que nous venons de vivre ! Milka Rindzinski, Montevideo, Uruguay, est rédactrice en chef de C/C/C et rédactrice régionale pour l’Amérique Latine.