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REPUBLIQUE DU NIGER
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
CABINET
DISCOURS DE SON EXCELLENCE
MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
CHEF DE L’ETAT,
EN REPONSE AUX VŒUX DE NOUVEL AN, PRESENTES
PAR LES PRESIDENTS DES INSTITUTIONS DE LA
REPUBLIQUE
03 janvier 2012
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Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Messieurs les Présidents des institutions ;
Honorables Députés ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs,
C’est désormais une tradition bien établie que la présentation
mutuelle des vœux du nouvel an soit l’occasion d’un échange
entre les Institutions de la République sur la vie de la Nation.
Je me soumets, pour la première fois, avec bonheur, à cet
exercice, neuf mois après mon investiture à la Présidence de
la République.
L’année 2011 aura été d’abord une année d’élections
générales, locales, législatives et présidentielles, au terme
d’une transition de 13 mois. C’est le lieu et l’occasion pour
moi de rendre un vibrant hommage aux hommes et aux
institutions qui ont animé cette transition, à commencer par
le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie
(CSRD) et son Président, le Général Salou DJIBO. Ils ont
conduit à l’accouchement sans douleur des nouvelles
institutions démocratiques, aujourd’hui à l’œuvre dans notre
pays.
Mesdames et Messieurs,
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Après mon investiture, la première institution à se
mettre en place est l’Assemblée Nationale où se trouve le
cœur de notre démocratie. Fut élu à sa tête, à l’unanimité,
mon camarade de lutte, à chaque fois que la démocratie a été
menacée dans notre pays, j’ai nommé Monsieur Hama
Amadou. C’est dire, Monsieur le Président de l’Assemblée
Nationale, que nous avons un socle de valeurs communes
dont l’allocution que vous venez de prononcer vient de nous
donner la quintessence. Aussi ne suis je pas surpris que vous
ayez apprécié, sur la base de ces valeurs, la situation
internationale, notamment les bouleversements politiques
intervenus dans le monde pendant l’année 2011, ainsi que la
grave crise financière provoquée par les dettes souveraines,
crise qui intervient au moment où sur les cendres de celle
provoquée par les « subprimes » sont encore chaudes. Je ne
suis pas non plus surpris, connaissant vos convictions, que
vous ayez mis l’accent sur la problématique institutionnelle
notamment celle de la stabilité des institutions
démocratiques dans un pays où l’instabilité est récurrente.
Notre conviction commune, c’est que seules des institutions
démocratiques stables et fortes peuvent permettre de
surmonter non seulement les accidents du suffrage universel,
quand il porte par exemple des incapables au pouvoir, mais
aussi pallier toutes les faiblesses et autres infirmités
inhérentes à la nature humaine. Condition de la stabilité
politique et d’un climat politique et social apaisé, la nécessité
d’une bonne gouvernance politique et économique ne vous a
pas échappée. Nous l’obtiendrons, vous l’avez souligné, à
travers la reprise en main de l’administration en vue d’une
meilleure qualité du service public mais aussi à travers
l’exercice démocratique du pouvoir, la lutte contre la
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corruption, l’amélioration de l’efficacité de la dépense, une
consommation optimale des financements extérieurs,
l’utilisation des ressources minières et pétrolières
principalement en faveur du monde rural où vit l’écrasante
majorité de notre peuple. La question de l’alternance
politique pacifique que le Niger n’a pas encore réussie, depuis
maintenant plus de vingt ans, doit être au centre de la
préoccupation de l’ensemble de la classe politique. Je
considère que cette question est de celles qui permettent à
un homme politique d’entrer, par la grande porte, dans
l’histoire. Sur cette question comme sur tant d’autres, je
remercie le Président de l’Assemblée Nationale de ses
appréciations, car elles confortent mes convictions et
consolident notre vision stratégique commune de l’avenir de
notre pays.
Mesdames et Messieurs,
La démocratie sera irréversible dans notre pays
dès le jour où elle aura apporté la preuve qu’elle rend au
peuple plus de services que les autres types de régime. D’ores
et déjà, je constate que, sous la Présidence de Monsieur
Hama AMADOU, l’Assemblée Nationale a abattu un travail
législatif important pendant l’année 2011 et a adopté tous les
projets de loi qui ont pour objectif l’épanouissement du
peuple Nigérien. Elle a également assumé avec rigueur sa
mission de contrôle de l’action gouvernementale. Permettezmoi, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, de vous
en féliciter, vous et l’ensemble des députés. Notre Assemblée
Nationale a cette grande chance d’avoir à sa tête un homme
d’Etat. Représentants du peuple, je sais combien vous,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale et
l’ensemble des députés, contribuez à la réalisation du
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programme de renaissance dont le Gouvernement est le
maître d’œuvre. En effet notre constitution dispose que le
Gouvernement, responsable devant l’Assemblée Nationale et
devant le Président de la République, détermine et conduit la
politique de la Nation. Monsieur le Premier Ministre, votre
équipe et vous êtes au centre de l’action publique. A ce titre,
vous êtes donc mes collaborateurs quotidiens, partageant
avec moi les angoisses comme les satisfactions des hommes
et des femmes qui agissent pour : bâtir des institutions
démocratiques, assurer la sécurité des personnes et des
biens, relancer l’économie, bref mettre en œuvre le
programme sur lequel le peuple nigérien a souverainement
porté son choix. Loin d’être irréaliste, ce programme est en
deçà des ambitions que j’ai pour le Niger. Du reste, au regard
du bilan que vous venez de dresser, Monsieur le Premier
Ministre, j’ai la ferme conviction que nous le réaliserons avec
l’aide de Dieu et la probabilité de le dépasser dans certains de
ses objectifs est loin d’être nulle. Ainsi en sera-t-il
probablement des objectifs dans les domaines de l’éducation
où 1900 classes sur les 2500 prévues au 07 avril 2012 sont
déjà réalisées ou encours de l’être et où un effort
exceptionnel d’investissement dans les infrastructures est
prévu dans les prochains mois, dans le domaine de
l’hydraulique où, au 7ème mois à partir de la date de mon
investiture, il a été réalisé 1450 équivalents points d’eau
contre un objectif annuel de 2000 équivalents points d’eau.
Dans tous les autres domaines, Monsieur le Premier Ministre,
le Gouvernement, dont vous êtes le chef, a obtenu des
résultats probants : en effet, il a pu contenir les conséquences
sécuritaires, économiques et sociales des crises libyennes et
Ivoiriennes, engager une lutte absolue contre la corruption et
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autres actes de mauvaise gouvernance, ce qui a déjà permis
d’arrêter l’hémorragie que connaissait la gestion des finances
publiques, réaliser les objectifs de mobilisation de recettes
internes, renouer avec tous les bailleurs de fonds et
partenaires du Niger, concevoir et mettre en œuvre un
programme d’urgence pour faire face à la sécheresse qui,
l’engagement est pris, ne sera pas, Inchallah, synonyme de
famine, avancer dans l’élaboration des programmes détaillés
de l’initiative « 3N », lancer le barrage de Kandadji, lancer la
nouvelle cimenterie de Malbaza, créer les conditions de la
poursuite du projet Imouraren, avec pour objectif la
production du premier uranate à la fin de l’année 2013, en
dépit du pessimisme qui s’est emparé de l’opinion après les
accidents de Fukushima, au Japon. Dans le domaine de la
santé, le Gouvernement a recruté plus de médecins que
l’effectif cumulé de médecins recrutés depuis plus de
cinquante ans. Dans le domaine des infrastructures routières,
à la réhabilitation, qui va bientôt démarrer, des routes
existantes comme Tsernaoua-Guidan-Roumdji, ZinderMagaria-frontière avec le Nigéria, Diffa- Nguigmi-frontière
avec le Tchad, viendront bientôt s’ajouter des routes
bitumées nouvelles comme la route Filingué-Tahoua et ArlitAssamaka. Sans être exhaustif, si l’on ajoute à la liste, la
contribution du Gouvernement à la qualification, pour la
première fois de son histoire, du MENA, notre équipe
nationale, aux phases finales de la Coupe d’Afrique des
Nations (CAN), le démarrage de l’exploitation pétrolière, le
démarrage de Niamey Nyala, les négociations en cours sur le
4ème pont sur le fleuve Niger, celui de Farié, en face de
Gothèye, en tenant compte du 3ème pont de Gaya, ainsi que
l’horizon début 2014 pour le démarrage des travaux de
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réalisation du chemin de fer comme cela a été arrêté par la
réunion des bailleurs de fonds du 29 Novembre dernier, je ne
peux réprimer mon envie peine de dire bravo Monsieur le
Premier Ministre ! Bravo Mesdames et Messieurs les
Ministres ! Votre bilan est positif ! Le Niger est en train de
devenir un vaste chantier avec à la clé les emplois promis :
déjà 40000 emplois à durée déterminée ou indéterminée
sont créés rien que dans les secteurs de l’éducation, de la
santé, de l’hydraulique et de l’environnement. Monsieur le
Premier Ministre, je sais compter sur vous tant j’ai pu
apprécier votre capacité de travail, votre rigueur et votre
engagement au service de l’intérêt général. Le Niger a besoin
de dirigeants et d’hommes d’Etat doté de telles qualités. Je
vous encourage, vous et vos Ministres à poursuivre et
renforcer les actions engagées, à entreprendre de nouvelles.
Ne vous laissez pas intimider par ceux qui, paniqués par la
rigueur de l’entreprise d’assainissement des finances
publiques, sont prêts à brûler le Niger comme semblent
l’indiquer les premières conclusions des investigations sur
l’incendie, ce matin, du bâtiment du Ministère de la Justice.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais saluer ici la rigueur et la compétence avec
laquelle le Conseil Constitutionnel de Transition a géré le
processus électoral si chargé, si serré et si compliqué de 2010
et 2011. Madame la Présidente, permettez-moi de vous
rendre un hommage mérité, à vous et aux autres conseillers
de la Cour Constitutionnelle de la 5ème pour votre esprit
d’indépendance et votre contribution à la défense des valeurs
républicaines. Cela vous a valu, récemment d’être désignée
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femme de l’année 2011 par un journal bien connu de notre
grand voisin, le Nigéria.
Dans votre allocution, vous avez souligné, à juste titre, que la
jouissance par le juge de son indépendance reconnue par la
constitution, est une des conditions pour que la paix règne
dans un pays.
Je voudrais ajouter que le respect de la Loi par tous les
pouvoirs, y compris par les juges, est aussi une condition de la
paix sociale, tant les frustrations nées de l’injustice légale
sapent la santé morale et la cohésion sociale d’une nation.
C’est pour cela, que je vous donne l’assurance, Madame la
Présidente, que je veillerai non seulement, à ce que nul ne
soit au dessus de la loi, mais aussi à ce que la justice ne soit
rendue que dans le respect de la loi, au nom du peuple
nigérien. La meilleure façon d’y arriver c’est de créer les
conditions de la séparation des pouvoirs pour que le pouvoir
arrête le pouvoir, car, c’est désormais connu de tous, le
pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument.
Le Président de la Cour d’Etat, a choisi de nous entretenir du
droit coutumier qui détermine le destin de l’écrasante
majorité de nos populations. Sujet pertinent s’il en faut.
Comment garantir l’égal accès de tous à la justice est une
préoccupation permanente de la République.
Le droit au juste et au vrai, comme le dit si bien le Président
de la Cour d’Etat, est un droit universel, quelle que soit sa
déclinaison culturelle.
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Mesdames et Messieurs,
Les préoccupations de justice rejoignent toujours celles
relatives aux libertés. La liberté d’expression, et
singulièrement de la presse, est la première mesure de la
santé démocratique d’un pays.
A cet égard, je pense que notre pays se porte bien. Je salue le
travail remarquable accompli par l’Observatoire National de
la Communication, notamment à l’occasion du processus
électoral. Je voudrais souligner que les médias de l’Etat
comme les médias du privé doivent être des médias de
service public, car animer la vie démocratique, développer le
sens civique et cultiver le sens des responsabilités
contribuent assurément à renforcer la cohésion sociale et
nationale, ainsi qu’à moderniser notre vie publique.
Je continuerai pour ma part à veiller à l’exercice de la liberté
de la presse comme je m’y suis engagé en signant la
déclaration de la Montagne de la Table.
Mesdames et Messieurs,
Le Conseil Economique, social et culturel est en cours
d’installation. En tant qu’assemblée d’experts et de la société
civile, il complète utilement l’architecture institutionnelle de
notre pays. Par ses avis et ses rapports, il permet aux
pouvoirs publics de prendre des décisions renseignées et
procédant de consultations les plus larges possibles. Je ne
doute point, Monsieur le Président, que sous votre conduite,
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cette assemblée contribuera à l’œuvre de renaissance de
notre pays.
Améliorer et fluidifier les relations entre l’administration et
les citoyens, telle est votre mission, Monsieur le Médiateur
de la République. Votre expérience et votre sagesse ne seront
pas de trop pour conduire une tâche aussi délicate dans un
pays où la tradition bureaucratique de l’administration date
de la période coloniale.
Vous pouvez donc compter sur mon appui et ma sollicitude
de tous les instants pour accomplir cette noble mission.
La relation entre les citoyens et l’administration nous renvoie
naturellement à la qualité des services publics et à leur
gestion. De part sa mission de contrôle juridictionnel, la Cour
des Comptes doit, comme vous le dites Madame, la justice
aux comptables et la vérité au pays.
J’attache du prix à tous les instruments de contrôle de l’Etat :
administratif avec les inspections d’Etat et des Finances,
parlementaire avec la commission des finances de
l’assemblée Nationale et juridictionnel avec la Cour des
Comptes.
Sachez, Madame la Présidente de la Cour des Comptes, que
je veillerai à ce que votre institution retrouve toute sa place
dans l’architecture de la République.
Monsieur le Président de la Commission des Droits de
l’Homme, soyez assuré de mon engagement à promouvoir les
droits de toutes les générations : 1ère, 2ème et 3ème génération.
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Quant à vous Madame la Présidente de la Haute Cour de
Justice, je sais pouvoir compter sur votre Institution dans la
lutte pour l’assainissement des finances publiques et la
moralisation de la République.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la
République ;
Honorables Députés ;
Mesdames et Messieurs.
L’année 2011 est désormais derrière nous. Elle a
eu ses joies et ses peines, mais globalement elle a fait
renaître l’espoir chez nos concitoyens. C’est armés de cet
espoir, c’est armés de la conviction que la renaissance est
désormais en marche que nous abordons l’année 2012.
Comme je l’ai dit plus haut, celle-ci verra le Niger commencer
à se transformer en un vaste chantier. Le taux de croissance
de notre économie, évalué à 15% pour 2012, par un
organisme aussi sérieux que le FMI, le prouve. En nous
mettant debout comme nous le commande notre hymne,
moi le premier, avec ma boussole toujours en main, avec,
fermement tenu, le fil conducteur que constitue le service du
Niger, en nous mettant debout, dis-je, notre pays fera
entendre plus fortement sa voix dans le concert des nations.
Retroussons donc nos manches afin que les vœux de bonne
et heureuse année 2012 que je formule pour le peuple
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Nigérien, pour vous tous et pour vos familles respectives,
soient exhaussés avec l’aide de Dieu.
Qu’Allah Bénisse le Niger AMEN !
JE VOUS REMERCIE !
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