cad magazine-n175-1310
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François Amara, président de BIM France BIM France est une nouvelle association dont l’objectif est de promouvoir la démarche BIM en France qui, selon son président François Amara, accuse un retard en ce domaine. Cad-magazine : Quand BIM France a-t-il été créée et par qui ? BIM France est une association créée par dix fondateurs le 18 mars 2013. Des BIM manageurs en architecture : Jacques Lévy-Bencheton architecte-DSI BRUNET SAUNIER, François Amara architecte consultant, en BET : Anis Naroura architecte consultant, en synthèse : Annalisa de Maestri directrice de synthèse, fondatrice MBA Ingénierie, de géomètre : Eric Malenfer expert Cour d’Appel de Paris - président GEXPERTISE, d’éditeur : Emmanuel Di Giacomo responsable REVIT Europe AUTODESK, d’économiste de la construction : Odile et François Palissot dirigeants PRESTI-CONSTRUCTION, de spécialiste du M&A Régis Prunier PDG ITEKA, d’un distributeur: Pierre-Emmanuel Chambraud dirigeant EUROSTUDIO et d’une entreprise générale : Trino Beltran directeur innovation BOUYGUES BATIMENT INTERNATIONAL. Ce noyau s’est étoffé avec l’éditeur : Erick Komlavi Agbetiafa directeur des ventes BENTLEY, le fabricant de composants Itaï Cellier et Laura Proust fondateurs POLANTIS et le seul formateur en BIM de France le GEPA Sophie Lerault directrice, Bernard Coudert président. Cad-magazine : Pourquoi cette organisation ? Depuis novembre 2012 nous nous réunissions pour échanger sur nos expériences, en trouvant curieux le très faible nombre de projets et chantiers en BIM en France : moins de 6 à 7. Avec pourtant une construction et un immobilier tertiaire des plus vigoureux d’Europe et une France détenant en 2010 le plus fort taux d’adoption du BIM en Europe : 38%, devançant l’Allemagne et le Royaume-Uni, selon l’étude menée par MCGraw-Hill Construction et le Conseil de l’Ordre des Architectes ! D’autre part, nous avons très rapidement vu, dans les enjeux du Plan Bâtiment Durable, ce que pouvait apporter le BIM. Le bâtiment est le plus gros poste, avec 43% des énergétiques et 80% des sources d’économies à réaliser. Si le BIM, innovation majeure du XXIe siècle, ne peut corriger à lui seul le changement climatique, il peut contribuer à une hauteur significative à la réduction des énergies directes et grises dans la construction et l’exploitation des ouvrages immobiliers en simulant et garantissant ses différentes performances avant leur réalisation, puis avant leur exploitation. Jusqu’au 18 mars 2013, le BIM en France n’avait pas d’organisation pour fédérer les différents partenaires de la conception, de la construction et de l’exploitation des ouvrages immobiliers. Cad-magazine : En matière de démarche BIM, la France est donc en retard par rapport à ses voisins, sur quels éléments factuels vous basez- vous ? Nous suivons de près les opérations en BIM dans le monde, qui les initient ? quel montant ? type de marché ? les temps ? les partenaires ? les outils ?... Oui, la France est en retard par rapport à ses voisins. Au Royaume-Uni, le BIM Task Group a été mis en place sous l’impulsion de Francis Maude*, Minister for the Cabinet Office, avec un agenda mobilisant tous les acteurs pour l’ensemble des marchés publics pour 2016 et ceux du Ministère de la Justice pour 2015. Avec un projet phare, le Crossrail de Londres, pour un montant de 17,4 milliards d’euros. Mais le retard est pris aussi vis-à-vis des pays nordiques où les opérations pilotes publics et privées sont déjà nombreuses. *Le Royaume-Uni a pour ambition le leadership mondial du BIM : «This whole sector approach to BIM will see the UK as the world leader in a new digitally built era, offering new ways of working, as well as massive growth potential both at home and abroad.» Francis Maude’s speech to the Government Construction Summit, 2 juillet 2012. 42 • cad-magazine • N°175 • Septembre-Octobre 2013 Cad-magazine : Quels sont les pays les plus en avance ? Si nous nous engageons dans le meilleur des cas en 2016, le retard sera de sept ans par rapport à un grand nombre d’Etats Américains qui, dès 2009 : Wisconsin, Ohio, Texas..., New York en juillet 2012, ont mis en place des politiques nationales déterminées autour de trois axes : un calendrier mobilisateur, un attachement du BIM et de la maquette numérique aux projets publics dont le coût de construction est supérieur à un montant défini, et enfin une charte précisant les modalités de production, d’échanges et de livraison. Singapour a une politique publique et un BIM guide depuis 2012 , Hong-Kong depuis 2006. Cad-magazine : Pourtant l’architecture et le savoirfaire français dans le domaine de la construction s’illustrent brillamment à travers notre patrimoine. Et, mis à part les géants chinois tirés par leur propre marché, Bouygues et Vinci se placent sur le podium des géants mondiaux du BTP. Alors, pourquoi y a-t-il un tel retard ? Est-ce justement le poids de ce passé ? Les concepteurs, constructeurs, gestionnaires de patrimoines américains, britanniques comptaient sur cette impulsion donnée par les nouvelles normes dans les marchés publics, en exploitant ces savoir-faire sur leurs marchés intérieurs puis à l’international. Turner Construction, avec ses 9 milliards de dollars annuels et ses 5 200 employés, vient de pénétrer sur le marché français en BIM project management pour les Twins Tower d’Hermitage à la Défense. Le BIM requiert une chaîne de compatibilité d’outils dès la convention de maîtrise d’oeuvre proposée par le maître d’ouvrage. Sans cet acte, les concepteurs sont réduits à faire de la maquette numérique s’arrêtant à la porte de l’agence dans la quasi-totalité des cas: de la maquette numérique morte. Cad-magazine : Quelles sont les conséquences de ce retard pour les différents acteurs du marché de la construction ? En ne mettant pas rapidement en place ces normes dans les marchés publics, nous privons nos majors de l’acquisition de ces savoir-faire pour satisfaire la demande émergente et gagner à l’international. Le BIM est intimement lié aux langues, aux normes nationales, aux DTU, DTH, aux certifications écologiques. Le retard pris en BIM aura des effets sur ces autres segments. La lutte entre les différentes certifications écologiques est emblématique. Le développement de celles-ci est conjoint à celui du BIM. Le LEED et le BREEAM imposent le suivi d’un plan de commissionnement qui a pour tâche d’atteindre et de tenir les exigences de performance durant toutes les phases du projet immobilier. Un des outils est la maquette numérique, avec la richesse de ses données, la simulation et la garantie qu’elle peut apporter en matière énergétique. La GPEI, Garantie de Performance Énergétique Intrinsèque, mise en place en France en juillet 2013 par Philippe Pelletier dans le cadre du Plan Batiment Durable est dans une logique similaire, mais c’est une démarche volontaire dans l’attente du BIM. Cad-magazine : Quels sont les métiers les plus impactés ? Toute la chaîne de production est touchée. Dans l’entreprise générale, le changement est venu de la cellule de synthèse qui a trouvé un intérêt évident : anti-collision, phasage, coût et pouvoir sur le projet, que les maîtres d’oeuvre de conception aient ou non réalisé leur projet en maquette numérique. L’entreprise générale impose alors à ses sous-traitants une fourniture des documents dans un format compatible, ou réalise ces documents pour ceux-ci ! Elle sera en mesure de livrer le DOE au maître d’ouvrage et à l’utilisateur final, le gestionnaire de patrimoine. Cad-magazine : Quelles sont les solutions pour combler ce retard ? Pour les marchés publics, nous avons besoin d’une feuille de route similaire au Royaume-Uni, d’un leader politique engagé, d’un agenda, avec un projet important et fédératif, le Crossrail de Londres, c’est le Paris Metropole pour la France. Une feuille de route sans pré-requis d’interopérabilité ce qui constituerait une exception française et disqualifierait l’action de l’état en BIM. Pour les marchés privés dès à présent, les acteurs essentiels sont les directeurs immobiliers et les promoteurs-gestionnaires de patrimoine. Cad-magazine : Quelle est la prochaine étape que la profession doit franchir concrètement ? Dans l’immédiat, nous rejoindre. Nous disposons de praticiens couvrant les phases du BIM, d’informations très précises et actualisées et d’une stratégie. BIM France fédère l’action vers les institutions et les corporations pour donner une voix à nos besoins. cad-magazine • N°175 • Septembre-Octobre 2013 • 43