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2 sur 3 Webzine Webzine > Sorties En Dvd > Belle d’André Delvaux Belle d’André Delvaux 2011-10-10 Cette sortie en DVD est parue dans le Webzine n°164 La vie est un songe Afficher les sorties en DVD : Par date Par catégorie Par titre La sortie en DVD d'un film d'André Delvaux est toujours un événement qui non seulement fait battre le cœur, mais met le cerveau en ébullition car son cinéma est à la fois un exercice intellectuel complexe, imbriquant une foule de références, mais il est aussi profondément humanistique. Avec l'aide de Triodos, banque éthique hautement recommandable, la CINEMATEK édite Belle, son quatrième long métrage réalisé en 1973. Sous des allures de fable, voire de conte de fée moderne, Belle explore le fantasme amoureux et nous plonge dans un monde aux confins de la réalité et du fantastique. Dès son premier long métrage, L'homme au crâne rasé (1966), André Delvaux noue avec des thèmes qui ne le quitteront plus et accompagneront toute sa filmographie : l'amour secret, voire tabou, la conscience blessée, la richesse et le trouble de la vie intérieure... le tout plongé dans un climat mystérieux, enveloppé de non-dits et de beaux et signifiants silences. André Delvaux Cinémathèque Royale de Belgique Annonces Google DVD Film PÅ DVD Achat DVD Film Il filme, comme personne encore ne l'avait fait jusque-là, les paysages belges, paysages qui ne sont plus les simples lieux où se déroulent les actions, mais engendrent et construisent véritablement les histoires. Pour Belle, ce sont bien les marécages des hautes Fagnes qui enlisent le personnage dans tous les sens du terme et vont lui faire perdre pied avec le réel, de même qu'au spectateur... Où se situe la frontière entre rêve et réalité ? Existe-t-elle finalement ? On pense immédiatement à Shakespeare, et cette phrase célèbre du dramaturge anglais pourrait servir de sous-titre à ce film, comme à beaucoup d'autres du cinéaste : « Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. » Mathieu Grégoire, incarné par l'acteur suisse Jean-Luc Bideau, est un écrivain estimé dans sa région. Il mène une vie confortable auprès de Jeanne, sa femme, et Marie sa fille. De retour d'une lecture publique, Mathieu percute « quelque chose ». Terriblement troublé par cet événement qu’il ne peut expliquer, il retourne sur les lieux et découvre alors une jeune et jolie femme, réfugiée dans une maison en ruine au cœur de la forêt. Elle porte un long manteau et ne parle pas un mot de français. Mathieu, brutalement envoûté par cette fée des bois, lui donne une identité et une place dans sa vie : elle sera désormais « Belle », nom autant qu’adjectif qui accentue encore les références au conte. Cette rencontre insolite le fait basculer très vite dans une double vie, deux vies qui vont finir par fusionner et se contaminer l'une l'autre. Ce double jeu, devenu un « double-je » va permettre de construire le mécanisme narratif du film. Par un subtil effet de miroir, chaque scène se répond, chaque plan trouve un écho pour démultiplier les sens. Les allers-retours de Mathieu d'un monde à l'autre, d'une femme à l'autre, jouent sur les opposés : la ville, petite et étriquée d'un côté, la vaste forêt sauvage et indomptable de l'autre ; le verbe d'un côté, pétri de références littéraires que l'on partage au cours des dîners, les gestes et les silences de l'autre qui ouvrent tous les possibles. Mais ce jeu binaire, que l'on pourrait énumérer à l'envi, s'avère rapidement beaucoup plus complexe. Au centre de tout, se trouve Marie, la fille de Mathieu, qui, bientôt, va quitter la famille pour épouser un jeune homme. Et si Mathieu est bien celui qui se permet de nommer les choses (il est écrivain), et les êtres (c'est bien lui qui nomme Belle), son futur gendre, lui, restera irrémédiablement « l'autre »... Mathieu, visiblement, ne supporte que très mal « l’enlèvement » de sa fille. Personnage hyper sexualisé dès la première scène, Marie s'inscrit comme l'élément perturbateur qui déclenche l'obsession, obsession qui prendra ses libertés au cours d'un rêve dans lequel le rapport père-fille est (pudiquement) transgressé. Ce rêve, au centre du film, est un hommage rendu au peintre homonyme du cinéaste, Paul Delvaux. Sur le quai d’une gare, la nuit, un homme de dos (Mathieu), vêtu d’un long manteau noir, enserre les épaules d’une jeune femme nue (Marie). Un train passe avec fracas. Cette image hommage, qui a servi d’affiche au film, montre bien toute l’importance qu’André Delvaux accordait à ce rêve. Il est une des clés de lecture de tout le film et renforce l’idée que réalité et imaginaire se côtoient en permanence, qu’il est difficile, voire impossible d’en dessiner les frontières. En ce sens, la rencontre avec Belle serait un déplacement de cet amour coupable, et les deux femmes, d’ailleurs, possèdent des similitudes évidentes. Ainsi, arrive l’inévitable question : Belle est-elle réelle ou imaginaire ? La réponse d'André Delvaux est significative de tout son cinéma : « Si vous pensez qu’elle est imaginaire, allez chercher des indices qui prouvent le contraire ; c’est très stimulant. Et si vous trouvez qu’elle est bien réelle, ce qui est favorable à votre état sentimental, vous trouverez bien d’autres indices qui prouvent le contraire. » Comme un roman, riche et foisonnant, Belle est complexe, et s’ouvre sur une infinité de possibles. Tout en strates narratives, symboliques, référentielles, associatives, sonores etc. le film de Delvaux, s’il ne se laisse pas parcourir facilement, nous plonge dans un océan de nappes, rugueuses ou délicates, qui font rapidement décoller hors de toute réalité. Sarah Pialeprat Belle d’André Delvaux - 93’ - 1973 Scénario : André Delvaux et Monique Rysselinck - production ; Jean-Claude Batz et Albina de Boisrouvray - Musique originale : Frédéric Devreese - Photographie : Ghislain Cloquet et Charles Van Damme - Montage : Emmanuelle Dupuis et Pierre Joassin Son : Antoine Bonfanti et Auguste Galli Avec : Jean-Luc Bideau, Danièle Delorme, Adriana Bogdan… Egalement disponible sur Cinergie.be : Articles André Delvaux et le cinéma belge mis à l'honneur à l'ULB. 01/01/2005 Articles L'Audiovisuel européen 02/01/2005 Articles Frédéric Fonteyne sur la démarche qu'il a eu en dialoguant avec le public 03/01/2005 Articles Frédéric Sojcher : André Delvaux ou l’art des rencontres. 04/01/2005 Articles Hommage à André Delvaux 10/01/2002 Articles CinémaTECH - André Delvaux 11/01/2004 Articles Delvaux is back Rendez-vous à Bray en DVD 12/01/2004 Articles Stijn Coninx, réalisateur, vice-président de la Cinémathèque Royale de Belgique 02/06/2009 Articles Publication : Delvaux ou le réalisme magique 01/01/1970 Critiques mef - La Deux toujours, elle démarre un cycle des films d'André Delvaux 10/01/2004 17/10/2011 12:47