COCAÏNE OU COPINE ..?
Transcription
COCAÏNE OU COPINE ..?
Cocaïne ou Copine ..? 1 Il était maintenant seul … Seul dans ce vaste monde qui l’entourait, poursuivi par la police aussi. De plus, il ne s’était pas présenté devant la juridiction. Jo’ et Coco s’étaient fait attraper et ils en ont pris pour cinq ans chacun. Où aller dans Nantes, cette ville où il était connu de tout le monde mais où lui n’avait confiance en personne. Puis il repensa à l’amende: quinze millions d’euros … Comment allaient-ils faire pour la payer à trois ? Dans sa tête tout allait vite et tout s’emmêlait. La police était sur ses traces et d’après des sources sûres, il savait qu’elle avait déjà fouillé son domicile six fois et interrogé toutes ses connaissances et le peu de famille qu’il lui restait. Et maintenant, il était seul … et en cavale avec pour seul ami, un neuf millimètre caché dans la poche intérieure de sa veste et son véhicule, une vieille Golf GTi ayant appartenu à sa grand-mère … Son nom : Salem Dionys, âgé de vingt-neuf ans. Dans ses pensées, on pouvait lire une sorte de haine envers ses soi-disant « collègues » de Fort-de-France. Ils l’avaient bien eu. Ceux qu’il croyait être ses amis, étaient en vérité des pourris, des infiltrés travaillant pour la police des stupéfiants. Il se rappelait de la « belle époque », celle où il trainait dans le square en bas de son bâtiment, celle où il vendait encore seulement des petites drogues en petites quantités pour se payer quelques loisirs et pouvoir emmener sa copine dans son restaurant préféré, à l’écart de ces barres HLM où il vivait depuis sa plus tendre enfance et qu’il rêvait de quitter. Mais cela ne serait possible que le jour où un pote aura reçu une balle perdue lors d’une fusillade entre deux groupes de jeunes. Son quartier était devenu invivable depuis plusieurs années et la violence s’installait encore et toujours… Puis, un jour, sa copine l’avait quitté pour un autre, alors il s’était remis en question et s’était mis en tête de décrocher un boulot. Il avait décroché un poste dans le Mac Do’ du quartier voisin. Mais au bout de deux ans, il voyait les factures et impôts qui s’empilaient au fur et à mesure sur sa table de salon et il comprit qu’avec ce job ça ne marcherait pas. Il décida donc d’essayer de reprendre les études mais aucune institution ne l’accepta à cause de son parcours et de sa « tête de voyou ». Il tomba en dépression et sombra dans l’alcool. Ses potes d’enfance décidèrent d’agir et lui proposèrent leur aide. Et c’est à partir de là que tout a démarré. Il se rappelait très bien de cette soirée au bar de Jason où il avait bu comme un trou et où Coco et Jo’ l’avaient retrouvé affalé sur un capot de voiture en train de vomir tout l’alcool qu’il avait ingurgité. 2 C’est Jo’ qui s’était énervé ce soir là. Il se demandait pourquoi Salem faisait ça et Coco proposa alors qu’ils aillent tous les trois dans son appartement’ pour parler de tout çà au calme. Salem expliqua ses problèmes et pourquoi il se mettait dans des états pareils. Coco et Jo’ l’avaient attentivement écouté et Coco se leva et partit dans sa chambre. Il revint avec un sachet plein de poudre blanche et dit à son ami Salem : « Salem, si tu veux, j’ai la solution pour tes problèmes de frics, j’te préviens mon pote, çà rapporte gros mais c’est un boulot pas légal du tout et grave risqué mec ! Tu vois ce sachet ? Dedans c’est de l’or en poudre! Avec juste un sachet comme celui-là, j’peux m’faire au moins deux mille cinq cents balles ! Tu te rends compte ou pas ?! » Dans son sachet il y avait environ trente grammes. Salem avait déjà vu de la cocaïne mais avait juré qu’il n’y toucherait jamais … Sauf que vu les conditions dans lesquelles il était maintenant, tout allait devenir de pire en pire et l’appât du gain lui fit être de la partie. Puis au bout de quelques mois, la marchandise passa du gramme au kilogramme. Le business se passait comme il fallait et le petit groupe n’avait aucun problème à faire passer la drogue avec l’aide de leurs acolytes de Martinique. Mais environ un an plus tard, les martiniquais annoncèrent aux trois nantais une cargaison entière, une ÉNORME commande ! Exactement trois cent cinquante kilogrammes de cocaïne ! Il y en avait pour environ trente millions d’euros ! De quoi arrêter directement et se payer une magnifique retraite en Algérie, la terre de son grand-père ! Sauf que toute cette histoire de commande c’était du vent … C’est là que les infiltrés ont agi… Ce jour-là, il y avait du monde sur le bateau. Personne ne se connaissait vraiment, alors Salem ne s’est pas méfié. Comme d’habitude, le chargement s’est déroulé sans encombre. Qui aurait eu l’idée de chercher de la cocaïne dans les pneus d’une voiture de collection ! Car c’est comme ça que la marchandise passait à chaque fois. On faisait croire à une livraison de voitures de luxe et on y cachait la marchandise. Ingénieux… Cela faisait des années que ça marchait comme ça ! Alors, il ne fallait rien changé. Le bateau a levé l’ancre, avec un peu de retard cette fois, peut-être que cela aurait dû leur mettre la puce à l’oreille, et il est parti vers la France en direction du port de saint Nazaire. Quelques jours plus tard, il a accosté. Salem, Jo’ et Coco sont partis à Nantes en voiture. Il faisait beau, il y avait de la circulation. C’est à un feu rouge que tout s’est déroulé. C’est Coco qui a donné l’alerte, il a reconnu un des types qui était sur le bateau, sauf que là il était en tenue de policier. 3 Tout le monde s’est fait coffrer ! Salem, lui, a réussi à s’échapper à l‘aide son neuf millimètres qu’il a utilisé sans compter. Heureusement, il n’a blessé personne et on dit qu’il s’est éclipsé pour un bon bout de temps et qu’il est bien tranquille là où il est maintenant. Mais d’après les dernières sources de la police, on a retrouvé une voiture blanche avec une immatriculation connue des services de police. La même que Salem … une Golf GTi garée près de la maison de sa grand-mère disparue il y a deux ans … la voiture était stationnée de manière à ne pas être vue de la route. La police n’aime pas laisser les brigands dans la nature, alors elle a perquisitionné la maison dès six heures ce dimanche. Dans la maison, on a retrouvé le corps de Salem Dionys, une balle dans le cœur et une enveloppe posée sur la table avec un mot écrit: « Je t’aime ma chérie, toi qui m’as quitté pour un autre dont je ne connais même pas le nom. J’aimerais que tu lises cette lettre et que tu viennes sur ma tombe m’expliquer pourquoi tu m’as abandonné sans me donner de nouvelle ; toutes ces conneries, c’est pour toi que je les ai faites pensant pouvoir te retrouver un jour, et t’offrir une belle vie. Mais, je me rends compte que je ne sais même pas ce que tu es devenue, je suis fatigué de te chercher et d’être recherché… C’est toujours de l’amour que nous souffrons même quand nous croyons ne souffrir de rien. L’amour c’est le droit que nous donnons à l’autre de nous persécuter. En fait, j’ai toujours souffert et c’est toi qui m’as persécuté. Nous sommes lents à croire ce qui fait mal à croire . J’ai compris, et je pars….. Adieu. Salem ». Les obsèques de Salem eurent lieu, et personne ne vint troubler la cérémonie. Cet homme amoureux est parti seul. 4