attraction des papillons, les plantes a massif les mieux a…

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attraction des papillons, les plantes a massif les mieux a…
Dynamique Horticole des Hauts de France
Compte rendu
ATTRACTION DES PAPILLONS : LES PLANTES A MASSIF LES
MIEUX ADAPTEES
Année 2006
Membre du réseau A.S.T.R.E.D.H.O.R
D.H.H.F- Lycée Horticole de Lomme
Rue de la Mitterie, 59 463 Lomme
Tél. : 03 20 00 11 78
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ATTRACTION DES PAPILLONS : LES PLANTES A MASSIF LES MIEUX ADAPTEES
I. Introduction
Pendant des années D.H.H.F. a été seule en France à travailler le concept de jardin
habité au sein de la recherche horticole appliquée (ASTREDHOR) ou fondamentale (INRA).
Il est pourtant évident qu’un jardin n’est pas un simple assemblage de plantes réparties
et taillées pour le plaisir visuel, même si notre culture du jardin à la française nous a maintenu
très longtemps dans cette vision.
Le jardin cela peut être aussi un lien pour apprécier les parfums ou plus largement
pour parler au 5 sens.
La notion de jardin des 5 sens s’est beaucoup développé ces dernières années. Le goût
pour l’écologie, la notion de jardin naturel, la gestion différenciée à aussi conduit à prendre en
compte d’autre dimension que l’aspect visuel statique.
D.H.H.F. a développé et travaillé le concept de jardin habité. Un enfant passe plus de
temps dans un jardin à y découvrir la faune (fourmis, oiseaux, papillons…) qu’à admirer les
fleurs.
Le concept de jardin habité n’est pas nouveau pour les pays de l’Europe du Nord mais
en France il a fallu batailler dur pour faire comprendre qu’un horticulteur produisait des fleurs
qui indirectement agissent sur la faune.
La première forme de jardin habité, c’est le jardin à papillons indigènes qui peut suivre
deux démarches :
-
une démarche ludique : attirer les papillons environnants pour l’agrément
du jardin. Cette démarche simple peut être comprise et mise en œuvre par
le public, le très grand public. Elle concernera des papillons abondants qui
ne sont pas en danger d’extinction (Paon du jour, Vulcain, Petite Tortue,
Belle Dame…)
-
une démarche écologique : favoriser la conservation des papillons (adultes
ou larves) en nourrissant et protégeant.
Sauf exception, on ne combine peu les deux démarches car on ne peut imaginer
nourrir des larves (sur des orties par exemple pour le Paon du jour) dans un coin de jardin pour
obtenir à terme l’apparition d’adultes qui viendront agrémenter un autre coin fleuri du jardin.
Les papillons sont trop mobiles pour cela. On ne peut les enfermer dans un seul jardin.
C’est ainsi que le Vulcain depuis le Sud, migre dans toute la France. Encore plus
migrateur la Belle Dame peut partir d’Afrique du Nord pour atteindre le milieu de l’Europe
(d’autres Belle Dame montent jusqu’au Spitzberg).
Ils sont rares les papillons comme l’Azuré des Ajoncs (Plebejus argus), ne s’éloigne de
pas plus de 30m de leur point de naissance.
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On peut par contre souhaiter contribuer à la conservation d’espèces rares, en cultivant
des plantes rares ou soigner des espèces de papillons à faible déplacement.
On est alors dans le domaine du public spécialisé ou dans le domaine des grands
jardins publics à grand moyen.
Dans un premier projet expérimental, D.H.H.F. a travaillé l’arbre à papillon, le
Buddleïa davidii. En effet, on signalait dans la littérature anglo-saxonne des différences
d’attractivité entre variétés.
Et puis il fallait répondre à la question : comment constituer un jardin à papillons ?
Cela a permis à D.H.H.F. de mettre au point des méthodes d’observation, des méthodes de
mesure.
Sur les 260 espèces diurnes de papillons recensées et les 4827 espèces de nuit
recensées en France, D.H.H.F. a retenu de façon restrictive de grands papillons, diurnes,
indigènes décoratifs, non nuisibles (ou peu nuisibles) : Paon du jour, Vanesse, Belle Dame,
Morio, Azurées, Citrons, Machaon, Flambée, Petite et Grande Tortue, Zygène de la Coronille,
Panthère…
Sont exc lues de cette liste : les Piérides, très nuisibles sur Crucifères cultivées, très
courantes, très mouvantes donc peu intéressantes à observer.
D.H.H.F. a fait des découvertes non prévues à l’origine sur la dynamique des
populations de papillons.
Il est apparu de très grandes disparités entre régions. D.H.H.F. n’étant pas chargé de
toute la France ni de l’Europe, il a fallu chercher un réseau de collaboration, qui a été difficile
à constituer car les spécialistes de papillons (et surtout de spécialistes du papillons vivant dans
son milieu naturel) sont 100 fois moins nombreux que les spécialistes ornithologiques.
Il est apparu aussi de très grandes variations de populations entre les saisons et entre
les années. Ces variations doivent être connus par le pépiniériste vendeur de plantes à
papillons, par la paysagiste concepteur de jardin à papillons. Ces variations doivent aussi être
expliquées. Cela est d’autant plus difficile que le papillon est souvent un migrateur et que
l’étude sur une seule région peut se situer à une échelle trop petite.
Il fallait encore à D.H.H.F. trouver un réseau de grande dimension pour être efficace.
Celui ci a été trouvé en cours d’année 2006. Mais on ne pouvait limiter l’étude de l’attractivité
au seul Buddleïa davidii.
C’est pourquoi à partir de 2006, D.H.H.F. a décidé de s’attaquer à l’étude de
l’attractivité des plantes à massif et des plantes vivaces. Vaste programme dont on ne peut
faire le tour en une année.
Ce programme s’impose d’urgence. La demande est forte en jardinerie sur le papillon.
De plus en plus de sociétés proposent des mélanges de graines dits à papillons. A l’usage, il
apparaît que ces mélanges mal étudiés attirent des butineurs divers et pas spécialement les
papillons.
D.H.H.F. a montré qu’il fallait aller plus loin que l’étude de la faune papillons mais
qu’il fallait définir un « profil butineurs » par variétés avec sa cohorte de minuscules insectes
sans attrait, ses nuisibles (Noctuelles du soir), ses utiles (Syrphes), ses décoratifs (grands
papillons), ses mi repoussants – mi utiles (abeilles), ses inoffensifs effrayants (bourdons)…
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II. Matériel et Méthode :
2.1. Diversité des situations :
La première difficulté à surmonter dans un domaine peu étudié (donc avec peu de
méthodes au point), c’est d’affronter la diversité du monde végétal ornemental à étudier :
-
des centaines d’espèces d’ornement
des milliers de variétés
Mais plus complexe encore une infinité d’association entre espèces de coefficients
d’attractivité différentes. En effet, une espèce de faible attractivité dans une pénurie de fleurs
attire les butineurs, par contre, au milieu, d’autres espèces plus attractives sera délaissée.
Nous l’avons déjà bien montré dans la relation entre le Buddleïa et les autres espèces.
Karl Von Fritz, prix Nobel a montré depuis longtemps le comportement sélectif des
butineurs, comportement que D.H.H.F. a retrouvé dans les essais des années précédentes sur
les différents types de buddleïas.
2.2. Premier tri et méthodologie :
En première année d’essai, il n’est pas envisageable de donner des réponses à tout et il
faut plutôt envisager un premier tri, pour distinguer de grandes catégories , pas attractif
(éventuellement parce qu’il n’y a pas de nectar), peu attractif, attractif, très attractif.
Il faut disposer d’une grande variétés de sites, entretenus portant de grandes variétés
de plantes ornementales fleuries.
Par définition les espèces (ou variétés) attractives :
1°. Doivent avoir plus de papillons dans leur proximité (que les autres plantes)
2° Doivent être observées plus souvent avec des papillons posés en attitude
d’alimentation, que les plantes moins attractives.
Cette remarque aboutit à la méthode 1 : l’observateur se déplace et note en instantané
les papillons avec le végétal sur lequel il est posé.
Réciproquement à ce qui vient d’être dit ci-dessus, un papillon qui voyage se posera
(pose alimentaire) avec une fréquence plus forte sur les plantes les plus attractives.
Cette remarque aboutit à la méthode 2 utilisée les années précédentes dans
l’expérimentation D.H.H.F. sur les Buddleïas. L’observateur est immobile, il suit le vol du
papillon et note toutes les poses alimentaires (nature de la plante d’accueil).
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2.3. L’époque d’observation et les sites
Du fait de la lourdeur des mesures, le mois de juillet 2006 a été consacré aux
observations. Ce mois présente un maximum d’espèces fleuries par contre dans le Nord de la
France, il est susceptible (selon les années) de n’apporter que de faibles populations de
papillons.
Cependant il ne faut pas sous estimer l’efficacité des observations des spécialistes de
l’équipe D.H.H.F. : Aurélie FANET, Jean-Marc SERGENT, Hervé SEGUET sur Douai,
François DELEPIERRE sur la zone côtière. Leurs observations tout le long de l’année et sur
plusieurs années permettent d’accumuler une connaissance considérable sans qu’à aucun
moment n’apparaisse un cadre expérimental lourd.
Pour revenir à l’essentiel du travail expérimental, il a consisté :
1°. A effectuer un circuit en voiture entre 9h et 11h partant de la Madeleine suivant le
Nord de Lille (Bondues, Linselles, Wervicq, Deulemont, Frelinghien, Houplines, Pérenchies,
Lomme)
Ce circuit est effectué dans le sens inverse l’après- midi entre 15h et 17h.
32 ronds-points font l’objet d’observation rapides sur ce circuit.
La méthode 1 est appliquée : notation instantanée de la position de chaque papillon.
Deux personnes sont nécessaires dans la voiture : une personne qui conduit, une personne qui
note.
2°. Entre 11h30 et midi et entre 14h et 14h30, des observations immobiles sont
effectuées sur des sites favorables riches en fleurs suivant la méthode 2 : il s’agit des sites du
Lycée de Lomme, du Lycée de Douai et du Jardin d’Evea.
2.4. Le matériel végétal observé :
2.4.1. Végétaux sauvages
On a écarté pour 2006, l’étude de l’attrait des plantes sauvages. Ces plantes ont
leur place dans un «jardin naturel » qui est la transposition de la notion de gestion
différenciée dans les grands parcs publics. Une partie sauvage ou demi sauvage dans
un jardin est bien perçu aujourd’hui.
D.H.H.F. travaille pour ce sujet avec les données nombreuses sur ce sujet et
s’appuie sur les études en cours comme celle du Museum d’Histoire Naturelle ou la
Royal Horticultural Society.
Notons aussi que les plantes cultivées non entretenues comme par exemple une
haie de Troène non taillée constituent un milieu éminemment favorable aux papillons.
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2.4.2. Végétaux cultivés
Sur l’ensemble des 32 ronds-points et les 3 sites de Lomme, Douai, Evea, les espèces
suivantes cultivées sont observées :
-
Begonia semperflorens
Begonia tubéreux
Gazania
Muflier
Œillet de Chine – Dianthus chinensis
Œillet de poète – Dianthus barbatus
Osteospermum – Echlonis
Pavot d’Islande
Aubretia
Coreopsis grandiflora
Marguerite – Leucanthemum
Delphinium
Doronic
Gaillarde
Gaura lindheimeri
Penstemon
Scabieuse
Véronique spicata
Achillée millefolium
Digitale
Hypericum calycinum
Lavendula angustifolia
Rudbekia hirta
Rose trémière
Oeillet d’Inde – Tagetes patula
Rose d’Inde – Tagetes erecta
Pelargonium zonale
Pelargonium lierre
Salvia farinacea
Zinnia elegans
Pétunias
Bidens ferulifolia
Sanvitalia
Bacopa
Scaevola aemula
Verbena
Fuchsia
Impatiens
Impatiens de Nouvelle-Guinée
Lantana
Anthemis
Portulaca grandiflora
Diascia barbarae
Brachycome
Cosmos bipinatus
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-
Heliotropium arborescens
Dahlia nain
Némesia frutescens
Ipomée
Capucine
Torénia
Solidago canadensis
Echinops bannaticus
Ageratum houstonianum
Salvia splendens
Salvia farinacea
Nicotiana alata
Calendula officinalis
Calibracoa
Pois de senteur
Cleome spinosa
Nicotiana sylvestris
Mimulus
Sauge coccinea
Phlox paniculata
Nigelle
Lavatère
Eschcsholzia
Dorotheanthus
Abutilon
Tradescantia
Lysimachia punctata
Lobelia cardinalis
Ligularia
Kniphofia
Hemerocallis
Dicentra spectabilis
Valeriane – Centranthus ruber
Aster
Acanthus mollis
Alstibe hybride
Potentilla fructicosa
Crocosmia
Glaïeul
Helianthemum
Hortensia
Peroskia
Chèvrefeuille
Spirée
Verbena bonariensis
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III. : Résultats
3.1. Observations générales
Le travail d’observation de D.H.H.F., sur l’attractivité des plantes s’opère toute
l’année et pas seulement au cours du mois de juillet 2006. Il est bon de reporter ici quelques
observations générales qui se recoupent avec les autres travaux sur le sujet :
-
les Astéracées et les Sedums sont particulièrement attractives. Notons à l’automne
les Asters et les Sedums spectabiles qui a l’automne concentrent sur leurs fleurs de
nombreux papillons les nourrissant avant l’hivernage (Paon du jour) ou la
migration vers le Sud (Belle Dame).
-
les Achillées, les Centranthus, les Erigerons, les Hélénium, les Penstemon, les
Sauges, les Scabieuses, les Solidagos.
3.2. Les profils de butinages
Ces profils sont en cours d’élaboration, mais il faut déjà évoqué les pistes prises. Les
espèces de butineurs sont nombreuses, il faut les regrouper par type, après avoir opéré une
phase d’identification.
Ces profils apportent bien des surprises. Prenons l’exemple de la lavande angustifolia.
CATEGORIES
Beaux papillons
Abeilles
Papillons de nuit
nuisibles
Bourdons
Petits butineurs peu
visibles
ABONDANCE
FREQUENCE
INTERET
ORNEMENTAL
INTERET
ECOLOGIQUE DIVERS
+
+++
+
-
+
- ou +
++
-
+
+++
-
+
++
-
+
Il est difficile de quantifier. La fréquence doit faire appel à l’attractivité en utilisant des
plantes référentes (« la lavande est-elle plus attractive que le Buddleïa ? » ou « quelle est la
position de la lavande dans une échelle d’attractivité ? ») et à l’abondance moyenne des
différentes populations de butineurs dans le milieu.
Contrairement à ce qui s’écrit, la lavande n’est pas d’abord une plante à papillons
diurnes mais une plantes à abeilles et bourdons, ce qui ne plaît pas à tout le monde.
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3.3.Les plantes spécifiques
S’il est intéressant dans un premier temps de fournir à la vente des plantes à papillons
polyvalentes, il est bon de pouvoir dans un deuxième temps fournir aux amateurs passionnés
des plantes spécifiques. D.H.H.F. en donne ci-dessous une liste non exhaustive :
PLANTES
Lotier corniculé (Lotus corniculatus)
Cardamine des Prés (Cardamine pratensis)
Phlox paniculata
Cardamine des Prés (Cardamine pratensis)
Marjolaine sauvage (Origanum vulgare)
Sedum spectabiles
Buddleïas
PAPILLONS
Argus bleu (Polyommatus icarus)
Aurore (Anthocaris cardamines)
Citron commun (Gonepteryx rhamni)
Pieride veinée de vert (Artogeia napi)
Gamma (Polygonia c-album)
Belle Dame
Paon du Jour
3.4.Les populations de papillons en juillet 2006
D.H.H.F. depuis des années a constaté dans le Nord Pas de Calais que juin – juillet
étaient environ 30 fois moins riches en beaux papillons que août – septembre.
Mais on ne s’attendait pas à une telle pénurie en juillet 2006.
Les papillons ont été si rares que le travail d’expérimentation n’a donné aucun résultat
significatif quant à l’attractivité relative des plantes énumérées au paragraphe 2.4.2.
Cela ne fait que rendre plus évident la nécessité de prendre en compte la dynamique
des populations sur de grands espaces. Et pour cela, pas de meilleure méthode que la science
participative abondamment pratiquée dans le monde anglo-saxon et en ce qui concerne les
oiseaux aussi largement pratiqué en France.
D.H.H.F. s’est donc insérée en 2006 dans la démarche du Museum d’Histoire
Naturelle et de Noé Conservation pour créer un Observatoire des papillons de jardin. Les
comptages sont assurés par un grand nombre d’observateurs bénévoles.
Une publicité nationale sur les chaînes télévisées et les revues grand public, des
échanges grâce à un site internet pour la formation des observateurs et la collecte de leur
donnée : ces quelques actions ont permis de faire fonctionner 4000 observateurs en 2006.
On notera que l’Observatoire a déjà mis en évidence que les Hauts de France (Nord
Pas de Calais, Picardie et Haute Normandie) étaient moins riche en papillons que le reste de la
France. L’Observatoire permet déjà de donner les périodes d’apparition des différentes
espèces et leur abondance par région (c’est ainsi que le Paon du Jour est reconnu abondant
dans le Nord).
Ce nouvel outil devrait aider D.H.H.F. à aller plus loin dans ses recherches.
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ANNEXE 1
PHOTO : A. FANET
Paon du jour (Inachis io) sortant d’hibernation – Mars 2006
De haut en bas sur
Buddleias davidii :
- Petite Tortue
(Aglais urticae)
- Belle Dame
(Cynthia cardui)
- Paon du Jour
(Inachis io)
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ANNEXE 2
PHOTO : D.H.H.F.
Sedums et Véroniques (Hebe) : deux familles de plantes très attractives
Vulcain
(Vanessa atalanta)
grand migrateur
sur Verbena bonariensis
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ANNEXE 3
PHOTO : A. FANET
Petite Tortue (Aglais urticae) sur Tagetes
PHOTO : A. FANET
Sphynx colibri (Macroglossum stellatarum)
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ANNEXE 4
La longueur de la corolle L par rapport à la longueur de la langue du butineur est un facteur
fondamental d’attractivité
32 ronds points ont été suivi journellement par D.H.H.F. en juillet 2006
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