A Echirolles, le foot rapproche les jeunes de l`entreprise

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A Echirolles, le foot rapproche les jeunes de l`entreprise
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Samedi 31 mai 2014
| SPORT & FORME |
AV I S AU X A M AT E U R S
A Echirolles, le foot rapproche
les jeunes de l’entreprise
si tu vas à rio
Marouane Fellaini,
le Belge revanchard
prix « le monde » - fais-nous rêver
L’association Vie et partage a monté une section football pour créer
des passerelles entre un quartier populaire et le monde du travail
En délicatesse avec son club, Manchester
United, le milieu de terrain veut prouver
sa valeur au Mondial
bruno lesprit
L
Entraînement au centre sportif Pablo-Picasso d’Echirolles, mardi 27 mai.
SYLVAIN FRAPPAT POUR « LE MONDE »
benoît pavan
Echirolles (Isère), envoyé spécial.
C’
est un mardi soir ordinaire au stade Pablo-Picasso
d’Echirolles.
Comme chaque semaine, Amine Hamadi,
24 ans, et plusieurs
autres jeunes mordus de ballon rond ont
chaussé leurs crampons pour investir ce
terrain synthétique qui jouxte l’un des
quartiers populaires de cette ville de
36 000 habitants de la banlieue de Grenoble. Au programme, une rencontre amicale
de foot à sept face à des adversaires qu’ils
connaissent bien. La plupart ont les tempes
grisonnantes et la silhouette qui s’est arrondie. Tous travaillent surtout pour l’une des
plus grandes entreprises françaises, implantée dans la région : Schneider Electric.
Voici deux ans que les adhérents de l’association Vie et partage, qui œuvre pour
l’insertion sociale des jeunes habitants du
Village 2, l’un des quartiers sensibles
d’Echirolles, viennent tâter le cuir chaque
jeudi en compagnie de ces pères de famille
à la situation stable et bien ancrée. Avec
l’appui de la municipalité, la structure s’est
rapprochée en 2012 du comité d’entreprise
du grand groupe industriel, dont le siège
est à Grenoble, afin de lui proposer des
confrontations amicales régulières. Avec
un objectif : faire se rencontrer deux mondes qui ne se connaissent pas pour tenter
de briser les a priori qui subsistent chez les
jeunes des quartiers sur la question de
l’emploi. Baptisée « Résidence entreprise »,
l’initiative, à laquelle participent trois
autres sociétés, est encore à l’état de prototype. Mais elle vient compléter le maillage
des structures d’aide au retour à l’emploi
soutenu par la municipalité.
« Les gamins ont une représentation très
négative de l’entreprise. Ce qu’on a souhaité,
c’est qu’ils puissent se dire : “Tiens, ce n’est
pas ce que j’imaginais” », précise Elisabeth
Legrand, adjointe chargée des sports à Echirolles. « Et puis, au foot, l’ingénieur, on peut
lui passer devant. Cela aide aussi à casser les
représentations », ajoute Jean-Noël Perrin,
responsable des équipes éducatives de la
ville. Née en 2005 au sortir des émeutes qui
ont agité certains quartiers sensibles français, l’association Vie et partage s’est structurée sous l’impulsion de la municipalité,
qui a accédé au souhait d’un groupe de jeunes de créer une structure de foot de loisir
avec pour seule condition qu’une dynamique associative plus large lui soit associée.
Aller chercher les jeunes
« Au début, leur discours, c’était plutôt de
dire : “On veut ça et c’est tout, ou on brûle
tout.” Ce qu’ils souhaitaient, c’était juste
jouer au foot. Aujourd’hui, ils organisent
par exemple la fête de leur quartier », décrit
Elisabeth Legrand. L’association regroupe
quelque 120 adhérents, dont 60 qui viennent jouer au foot, en salle ou en plein air.
Pour des politiques publiques
d’éducation par le sport
L’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) organise, mercredi
4 juin, à l’Assemblée nationale, une conférence-débat « Pour des politiques publiques d’éducation et d’insertion par le sport dans les villes françaises ». A cette occasion, le député de la Loire Régis Juanico
présentera dix propositions issues de l’expérimentation menée pendant trois ans par l’Apels dans neuf villes dont Calais et Sarcelles. Les
maires de ces deux communes ainsi que ceux du Havre, de Sevran et
Vaulx-en-Velin participeront aussi au débat.
Assemblée nationale, salle Colbert, mercredi 4 juin, 19 heures.
Pour la municipalité, il s’agit surtout, avec
« Résidence entreprise », d’aller chercher
les jeunes qui zonent au pied des tours,
dans un contexte de mixité sociale faible,
pour tenter de les ramener à une réalité,
celle du travail, en leur donnant la possibilité de se créer un réseau personnel. « Un
bon moyen de les sortir de ces logiques de
cloisonnement, c’est de les impliquer dans
une association et de la leur faire porter »,
explique Jean-Noël Perrin.
Cet ancien éducateur de terrain de 39 ans
aime définir « l’outil sportif » comme
n’étant « pas une fin en soi ». Il est familier
des problématiques du Village 2, cette zone
d’habitations populaires créées dans les
années 1960 pour accueillir les ouvriers venus travailler dans la région, aujourd’hui
en proie à une grande précarité. Le chômage des jeunes y dépasse les 30 % de la
population. Agés de 17 à 30 ans, les adhérents de la section foot ont tous pour point
commun d’avoir été au chômage un jour
ou l’autre. « Ils ne connaissent pas bien le
monde du travail car leurs parents eux aussi
le connaissent peu », dit-il.
Pour l’heure, l’expérience n’a pas encore
accouché d’un cas concret d’embauche.
« Aucun DRH n’est venu recruter au bord des
terrains, mais nous sommes prêts à les accueillir », sourit Anasse Bouallali, président
de l’association. « J’ai vu des gars qui étaient
dégoûtés du travail et qui, après avoir intégré
l’association, se sont bougés. Ils ont écouté les
conseils des salariés. Ils nous disent de ne rien
lâcher et que du travail, il y en a. Il suffit simplement de vouloir en trouver », témoigne
Amine Hamadile, « né au Village 2 ». Aussi
récent soit-il, le dispositif est déjà, petit à petit, en train d’échapper à la municipalité. Les
jeunes organisent eux-mêmes des rencontres avec les entreprises. « Tant mieux, c’est
ce qu’on souhaitait ! se réjouit Jean-Noël Perrin. Maintenant, la cerise sur le gâteau, ce serait que quelques-uns arrivent à décrocher un
poste dans l’une de ces entreprises. » p
Cette initiative concourt au prix
« Le Monde » - Fais-nous rêver, qui vise
à récompenser un projet d’éducation par
le sport. Pour en savoir plus : Apels.org
a mode capillaire dans
le football étant plutôt
au tondu, sinon au
crâne glabre, il sera difficile de ne pas repérer ce
gaillard sur les pelouses qui
doivent accueillir les Belges.
Marouane Fellaini arbore une
spectaculaire boule afro qui
augmente encore sa haute stature (1,94 m) et fait le bonheur
des designers de jeux vidéo.
Droit sortie d’un film de blaxploitation des années 1970, elle
lui donne l’allure d’un sixième
Jackson Five. Sauf que ce milieu
de terrain est, à 26 ans, un des
symboles de la renaissance des
Diables rouges, absents pendant douze ans du Mondial.
Fils d’un ancien gardien du
but du Raja Casablanca, Fellaini
est devenu une star dans son
pays au Standard de Liège, au
côté d’autres internationaux
comme Steven Defour ou Axel
Witsel, avec lesquels il remporte le championnat en 2008.
Ces deux-là seront élus Souliers d’or belges, lui Soulier
d’ébène, une récompense décernée au meilleur joueur africain ou d’origine africaine.
Son ascension passe désormais par la Premier League anglaise. A 20 ans, il est transféré à
Everton pour la somme de
20 millions d’euros, la plus importante jamais déboursée
pour un sujet d’Albert II. Les
Toffees ne regrettent pas l’investissement : le transfuge se rend
indispensable en pur « box-tobox », un homme à tout faire,
capable de défendre, de ratisser,
de distribuer comme de participer aux offensives. Il s’impose
dès sa première saison en inscrivant neuf buts et en récoltant
treize cartons, un record en Premier League, hérite du surnom
flatteur de « Big Mo » puis du brassard de capitaine.
Un Diable rouge chez les Red Devils
Fellaini suit en 2013 son entraîneur et mentor David Moyes,
appelé à succéder à Alex Ferguson sur le banc de Manchester
United. Un Diable rouge chez les Red Devils, c’est dans l’ordre
des choses. Mais le peuple d’Old Trafford fait d’emblée grise
mine devant cette unique recrue, achetée pour 32,5 millions
d’euros dans les dernières heures du mercato estival. Et il devient le symbole de l’échec de Moyes, voire « le plus grand
gaspillage » financier réalisé dans ce championnat, selon
l’ancien international anglais reconverti en consultant Jamie
Redknapp. En avril, Moses est viré. Son successeur intérimaire, Ryan Giggs, écarte son protégé de l’équipe.
La rumeur donne aujourd’hui Fellaini sur le départ avec l’arrivée de Louis van Gaal. Le bouc émissaire a fait front en confiant au Daily Telegraph son désir de remporter un trophée
avec Manchester United. Le sélectionneur belge Marc Wilmots a pris sa défense dans les colonnes du Het Laatste
Nieuws : « Je ne comprends pas pourquoi Manchester l’a acheté
si c’est pour le faire jouer dans un système avec deux numéros 6. La Coupe du monde représente une bonne occasion pour
lui de prendre sa revanche. » Elle pourrait même, si Fellaini retrouve sa superbe après sa saison en enfer, lui valoir des offres intéressantes. Notamment s’il veut disputer à l’automne
une compétition européenne, dont MU est privé. p
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