Le système de santé algérien de l`indépendance à nos jours

Transcription

Le système de santé algérien de l`indépendance à nos jours
République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière
en collaboration avec
Ecole Nationale Supérieure en Sciences Politiques
Colloque International sur les Politiques de Santé
Alger, les 18 et 19 Janvier 2014
Pr L. CHACHOUA
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La santé: droit universel fondamental
ressource majeure pour le développement social,
économique et individuel.
Constitution: Art 54
« Tous les citoyens ont droit à la protection de leur santé. L’état assure la
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prévention et la lutte contre les maladies épidémiques et endémiques »
Loi sanitaire 85.05: Art 4
« Le SNS se définit comme l’E des activités et des ressources humaines
matérielles et financières , destinées à assurer la protection, la promotion,
l’amélioration, l’évaluation, la surveillance ainsi que le maintien ou le
rétablissement de la santé de la population »
« Le SNS doit être organisé pour prendre en charge les besoins en santé de
manière globale, cohérente et continue »
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Le SNS: progrès incontestables depuis l’indépendance
Néanmoins: multiples contraintes altèrent son efficacité
et ses performances.
Inadaptation aux mutations que connait le pays dans son
organisation, sa gestion et les modalités de son financement.
L’analyse de la situation actuelle à la lumière des données
disponibles et des travaux de réflexion permettraient d’évaluer
et d’améliorer ses performances sans pour autant remettre en cause
les principes d’équité et de solidarité.
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Période caractérisée : départ massif du corps méd français
500 médecins ( 50% d’algériens) pour 10,5 M d’habitants.
Insuffisance ++ d’infrastructures sanitaires
Quelques indicateurs:
▪ mortalité infantile: 180/1000
▪ espérance de vie : 50 ans
▪ maladies transmissibles : état endémique
cause de mortalité et de handicaps
Mesures prises:
▪ réduction des disparités ( corps médical)
▪ lutte contre les maladies transmissibles
▪ institution de la vaccination obligatoire pour les enfants
▪ programme d’éradication du paludisme
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Marquée par 3 faits majeurs:
▪ Instauration de la gratuité des soins ( janvier 1974) :
généralisation de l’accessibilité de la pop aux services de santé
▪ Réforme des études médicales :
amélioration qualité de l’enseignement ,
renforcement de l’encadrement
 grand nombre de praticiens médicaux ( toutes spécialités)
▪ création d’un secteur sanitaire:
pierre angulaire de l’organisation du SNS
Période caractérisée par:
▪ explosion démographique
▪ retard pris dans le dvlt d’autres secteurs sociaux: habitat,
hydraulique, urbanisme…
▪ émergence de maladies transmissibles : zoonoses, MTH
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Caractérisée par:
La réalisation d’un grand nombre d’infrastructures sanitaires:
hôpitaux généraux et structures légères
La création de 13 CHU chargés d’une triple mission de soins, de
formation et de recherche.
L’importance des promotions annuelles issues de la formation
médicale et paramédicale;
L’essor de la recherche en sciences médicales. Les médecins
hospitalo-U brilleront dans les congrès internationaux par des
communications de haut niveau.
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L’amorce de la transition épidémiologique, avec une remarquable
diminution de l’incidence de certaines maladies transmissibles
De profonds bouleversements socio-économiques avec csq :
▪ des difficultés cycliques d’approvisionnement en produits
pharmaceutiques et consommables.
▪ l’asphyxie financière du système public et la première génération
des réformes: la privatisation
▪ 1ère étape : dès 1986 :privatisation de l’exercice médical
( autorisation de s’installer , zooning)
▪ 2ème étape: dès 1990: autorisation d’ouverture des cliniques
privées.
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Décennie marquée par une situation sécuritaire liée à un terrorisme
particulièrement meurtrier et destructeur:
▪ 100 000 morts et 1 000 000 victimes
▪ destruction de centaines de structures de santé, d’établissement
scolaires, d’unités industrielles …….
Marquée par l’initiation d’un processus d’adaptation à l’évolution
socio-économique du pays:
▪ l’ébauche de la mise en œuvre de la régionalisation sanitaire:
- intersectorialité
- décentralisation
- promotion d’un dvlt socio-sanitaire équilibré
- coordination assurée par le conseil régional santé
▪ cadre juridique et réglementaire insuffisant
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Mise en place de structure de soutien à l’action du M Santé:
▪ LNCPP: Laboratoire National Contrôle Produits Pharmaceutiques
▪ IPA : Institut Pasteur d’Algérie
▪ PCH : Pharmacie Centrale Hôpitaux
▪ ANS: Agence National Sang
▪ ANDR: Agence Nationale de Documentation de la Santé
▪ CNPV: Centre National Pharmaco- Vigilence
▪ CNT: Centre National Toxicologie
▪ INPFPM: Institut National Pédagogique Formation ParaMédicale
▪ CND: Conseil National Déontologie
Révision des statuts des établissements de santé ( CHU, EHS, SS)
mise en place des conseils d’administration
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3ème étape dans le processus de privatisation du système: mise en
application de l’activité complémentaire pour les praticiens de santé
publique et les hospitalo-universitaires.
Redynamisation des actions en matière de programme de santé et
de population,
Redéfinition de la politique du médicament en matière d’importation,
d’enregistrement, de contrôle et de distribution des produits
pharmaceutiques :
levée du monopole de l’Etat sur les importations, la production et la
distribution en gros des produits pharmaceutiques
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Initiation d’une politique de réforme hospitalière qui a pour
objectifs:
- planifier et organiser l’offre de soins dans les EH
- humaniser et sécuriser les prestations de soins dans les EH
- moderniser les établissements et requalifier les services de
soins en créant les activités adaptées aux nouvelles demandes
et aux nouveaux modes de prises en charge hospitalière
- permettre l’accès au secteur public hospitalier, seul garant de
la prise en charge par l’Etat de ses missions de service public
dans le respect des principes d’équité et de solidarité.
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En accompagnement à cette réforme et en tenant compte de la
nécessité de prendre en charge la double transition démographique
et épidémiologique
Le secteur de la santé a bénéficié d’un vaste programme de dvlt
basé sur les principes de densification et de proximité à l’effet de
rapprocher les soins de base et spéciale du citoyen.
Une nouvelle organisation sanitaire a été promulguée en Mai 2007
portant séparation des établissements hospitaliers de ceux assurant
les soins de santé de base.
Janvier 2008: mise en application de la nouvelle organisation
sanitaire ainsi que les nouveaux statuts des EH :
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Le SS est remplacé par 2 entités :
- l’EPH: établissement public hospitalier
- l’EPSP; qui regroupe l’E des structures extra hospitalières :
polycliniques et salles de soins.
Intense effort d’investissement de l’Etat pour élargir et renforcer
le réseau des infrastructures de santé
Période 2005-2009: le secteur de la santé a bénéficié de 244
Milliards DA d’investissements publics pour la réalisation d’un total
de près de 800 infrastructures hospitalières et de proximité.
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Dernière décennie : Le SNS
- a bénéficié d’investissements très important : budget ( x4)
- a enregistré des résultats appréciables et des avancées
remarquables ; ceci confirment la pertinence de ses fondements,
de ses principes généraux et de ses objectifs.
Les résultats d’une enquête type « focus groupe » février 2011
identifier les problèmes et les difficultés ainsi que les suggestions
pour améliorer la situation:
æ Une insatisfaction latente et persistante , un mécontentement des usagers
des professionnels de la santé et de l’Etat.
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L’insatisfaction du citoyen porte sur le système de soins, dans son
organisation , sa qualité et son efficience
Les professionnels portent un œil critique sur le SNS et son
adaptabilité aux mutations démographique, épidémiologique et socioéconomique du pays.
L’état relève , en plus des disparités et des iniquités dans la
couverture sanitaire nationale ainsi que des couts de santé élevés.
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Le SNS trouve , aujourd’hui , difficilement la cohérence et la force
que devait lui donner la synergie et la complémentarité des
différents intervenants publics, parapublics, privés, sectoriels et
intersectoriels.
Le secteur parapublic s’est quasi effondré sous les difficultés
économiques vécues par grand nombre d’entreprises nationales.
Le secteur privé peine à trouver sa place et à tendance à se
concentrer dans les grands centres urbains du pays, dès lors qu’il
se nourrit en grande partie dans son fonctionnement des
ressources humaines publiques.
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Le secteur public connait encore des difficultés d’adaptabilité à la
nouvelle situation épidémiologique et manque de rationalité et de
flexibilité pour offrir aux citoyens des soins accessibles , de
qualité et de moindre coût.
La transition démographique et épidémiologique que l’Algérie a
consommé doit éclairer la pertinence de sa stratégie.
La situation épidémiologique que vit le pays sur le plan des maladies
chroniques doit constituer l’épine dorsale du développement du
système de santé dans l’avenir.
1962
1999
2007
2010
Population générale ( millions habitants)
10,40
29,7
34,1
35,7
Espérance de vie à la naissance
47
72
75,7 76,2
Taux de mortalité maternelle ( pour 100 000 nais vivante
500
117,4
88,9
Taux de mortalité infantile( pour 1000 nais vivantes)
180
36,9
26,2
Taux de nuptialité ( pour 1000 habitants)
8,10
5,44
9,34
Age moyen au mariage hommes
25,2
31,3
33,5
Age moyen au mariage femmes
19,6
27,6
29,9
La population générale est en augmentation et représente en 2010: 35,7 M
en 2012: 37,2 M
L’espérance de vie est de 76,2 ans en 2010
Part des décès
Algérie
OCDE
Maladies non transmissibles
60%
75-80%
Maladies transmissibles
30%
10-15%
Morts violentes
10%
5-10%
Les effets de la double transition épidémiologique et démographique font
que la situation épidémiologique de l’Algérie rejoint progressivement celle
des pays de l’OCDE
Cette double transition est la résultante des effets conjugués du
développement national et de l’amélioration de la couverture sanitaire.
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Résultats probants pour les maladies transmissibles contrôlables
par la vaccination:
- couverture vaccinale ( 99% BCG, 96% DTC Polio, 92% rougeole)
- incidence 2008: polio et diphtérie= nulle
coqueluche: 0,08% , tétanos: 0,01%
Résultats mitigés pour les maladies à transmission vectorielle :
leshmaniose: 7895 cas en 2008, brucellose: 5343 cas en 2008
Faible prévalence des maladies à transmission sanguine et sexuelle
hépatite B et C , VIH/ SIDA
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Les données épidémiologiques actuelles:
Accroissement de l’incidence
- des maladies cardiovasculaires (HTA) ,
- du diabète ,
- des affections respiratoires chroniques ,
- les tumeurs malignes ,
- des affections mentales,
- des affections neuro-dégénératives,
- des affections chroniques rénales
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.
Enquête TAHINA:
Les premières causes de décès:
- les complications de l’HTA : 44,5%
- les tumeurs malignes : 16%
- les affections respiratoires : 7,6%
- le diabète : 7,4%
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A partir des données des registres du cancer , le nombre de
nouveaux cas de Kc estimés en 2009 pour toute l’Algérie est
de 39.713 cas (20.867 cas femmes et 18.864 cas hommes)
Les prédominances des Kc hommes: poumon , colon rectum,
prostate , vessie , estomac
Les prédominances des Kc femmes : sein, colon-rectum, col utérin,
ovaire.
30% des Kc confirmés sont diagnostiqués à un stade compatible
avec une guérison et/ou une longue durée de survie
35% des Kc confirmés bénéficient d’une thérapie à des stades
relativement tardifs
35% des Kc confirmés n’ont aucun bilan d’extension
Les taux de survie à 5 ans sont difficiles à établir en raison de la
perte de vue des patients.
greffe
2007
2008
2009
total
rein
116
112
77
305
foie
03
03
01
07
cornée
484
543
313
1420
moelle
147
135
140
422
2008: 13 000 cas IRCT dialysés , 1% greffés , donneurs vivants apparentés
1420 greffes de cornée en 3 ans , toutes à partir de greffons importés USA
1500: nombre patients nécessitant greffe de cornée par an
Nécessité d’une banque de cornée
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Réduction significative des TSE liée à:
- l’effort de l’Etat en matière d’investissement en infrastructures
- de formation et équipement des services hospitaliers
année
2005
2006
2007
2008
Nbre transf
1282
1002
779
578
Progrès à réaliser : cardiopathies congénitales
rétinoblastomes, mélanomes choroidiens
malformations artérioveineuses
chirurgie plastique
oncologie chirurgicale
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Couverture en personnels médical et paramédical:
année
1962
Médecin
général
Médecin
spécial
1 pour 25643 hab
Chirurg
dentiste
Pharmacien Para
médical
1/72848
1/41667
1/2979
1999
1/1750
1/3594
1/3752
1/6134
1/346
2009
1/1457
1/2052
1/3241
1/4492
1/370
• les ratios 2009 sont satisfaisants,
•Plusieurs disparités existent sur les plans géographiques, des spécialités et
des régimes d’exercice.
•Insuffisance en praticiens spécialistes et en paramédicaux notamment dans
de nombreuses Wilayas des Hauts plateaux et du Sud.
Corps
Nombre -2010
Professeurs
522
Docents
183
Maitres assistants
2658
Spécialistes
13.132
Généralistes
13. 390
Pharmaciens
7276
Chirurgiens dentistes
Médecins parapublic
Total
10. 422
589 et 819 de la CNAS
48.991
Le ratio médecins/habitants : 1 médecin pour 908 habitants
Le ratio paramédicaux/habitants : 1paramédical/258 habitants
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Infrastructures hospitalières: Structures de proximité
- 14 CHU
- 271 EPSP
- 1 EHU
- 1375 polycliniques
- 5 EH
- 5376 salles de soins
- 68 EHS
- 195 EPH
Total: Hôpitaux publics: 282
Structures de proximité: 7022
Structures privées: 330 structures + 111 centres de dialyse
68 154 lits ( publics + privés) : 1 lit pour 500 habitants
Couverture globale en lits d’hospitalisation satisfaisante mais très
disparate entre les Wilayas.
Source de Financement
Année
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Etat
Sécurité
sociale
Ménages
Mutuelles
Entreprise
2000
30%
41%
22%
7%
2007
43%
28%
18%
11%
L’essentiel des sources de financement repose sur l’Etat et la
sécurité sociale
Dotations budgétaires du secteur public en milliards DA
Année
Budget de
fonct et
équipem

2000
2007
60,149
196,747
dont
dont
20,54 cnas 35 cnas
2009
222
dont
38 cnas
2010
233
dont
38 cnas
Les dotations budgétaires ont été multipliés par quatre entre 2000
et 2010
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L’analyse des principaux indicateurs montrent des résultats et des
avancées appréciables :
- en ressources humaines
- en infrastructures
- en équipements
- en qualités de soins
Mais des inégalités et des insuffisances persistent avec :
- insatisfaction des professionnels ,des gestionnaires de santé
ainsi que des usagers
- malgré de gros efforts consentis ces dix dernières années et
un financement de plus en plus important
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Des actions prioritaires structurantes sont nécessaires:
- la loi sanitaire
- l’agence du médicament
- l’agence de greffe ( banque de tissus)
- la formation et la recherche
- la réforme hospitalière
- la contractualisation
- le plan cancer
- les transferts pour soins à l ’étranger

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