Croire … c`est abandonner la violence qui reste attachée aux mains

Transcription

Croire … c`est abandonner la violence qui reste attachée aux mains
Croire … c’est abandonner la violence qui reste attachée aux mains
(Carême 2012, quatrième semaine)
Le troisième chapître du livre de Jonas se compose de trois parties: d’abord la mission de Jonas (vv. 1-4), au centre la
conversion des païens (vv. 5-9), enfin la réaction de Dieu (v. 10).
1
«Et fut, la parole du Seigneur, à Jonas une seconde fois en disant:
2
“Lève-toi, va à Ninive, la ville, la grande, et crie à elle la proclamation que moi je te dis”.
3
Et se leva, Jonas, et alla à Ninive, selon la parole du Seigneur.
Et Ninive était une ville grande, pour Elohim: une distance de trois jours pour la traverser.
4
Et commença, Jonas, à venir dans la ville, une distance d’une seule journée.
Et il cria et il dit: “Encore quarante jours et Ninive sera renversée”.
5
Et crurent, les gens de Ninive, en Elohim,
et ils crièrent un jeûne et ils se revêtirent de sac, de leur grand à leur petit.
6
Et parvint, la nouvelle, au roi de Ninive. Et il se leva de son trône,
et il fit glisser son vêtement royale de sur lui, et il se couvrit de sac, et il s’assit sur la cendre.
7
Et il fit pousser des clameurs et il dit dans Ninive:
“Par décret du roi et de ses grands:
l’être humain et la bête, le gros bétail et le petit bétail, qu’ils ne goûtent à quoi que ce soit;
qu’ils ne paissent et qu’ils ne boivent de l’eau.
8
Et que se couvrent de sac, l’être humain et la bête, et qu’ils crient vers Elohim avec force,
et qu’ils reviennent chacun de son chemin, le mal, et de la violence qui reste attachée à ses mains.
9
Qui sait! peut-être reviendra et aura du regret, Elohim, et il reviendra de la chaleur de sa colère
et nous ne périrons pas”.
10
Et vit, Elohim, leurs actes, qu’ils étaient revenus de leur chemin, le mal.
Et il eut du regret, Elohim, au sujet du mal qu’il avait dit de leur faire. Et il ne le fit pas» 1.
La mission de Jonas est racontée rapidement. Le narrateur souligne qu’il s’agit d’une parole que Dieu adresse à son
prophète «une seconde fois» (v. 1). Et cette fois Jonas se comporte d’une façon bien différente par rapport à la
première (voir 1,3). En effet, à ce second appel, «se leva, Jonas, et alla à Ninive, selon la parole du Seigneur» (3,3).
Très rapide est surtout le message que le prophète apporte aux Ninivites, en hébreu seulement cinq mots: «Encore
quarante jours et Ninive sera renversée» (v. 4).
Dans ce chapître, le narrateur souligne surtout la réaction des Ninivites, les «gens de Ninive» (v. 5) et le roi, le roi qui
publie un décret concernant tous les habitants et aussi les animaux. Le décret de cette autorité païenne est très soigné
du point de vue théologique. « l ne lie pas strictement jeûne et pardon de Dieu. Le jeûne n’est nullement un subtil
moyen de pression sur Dieu. Il est le signe d’un sincère repentir. Pour le reste, on s’en remet ici à la miséricorde de
Dieu»2.
La chose la plus surprenante, dans ce décret royale, est le lien entre le cri adressé à Dieu et l’abandon de la violence,
la violence qui - nous dit le texte - reste attachée aux mains de celui qui la pratique et qui pèse lourdement, très
lourdement, dans l’histoire d’une personne. Abandonner la violence. Voilà le choix des Ninivites, voilà leur foi dans
le message reçu du prophète et interprété par le roi.
De cette foi, un écho retentit aussi dans le Coran:
Si seulement il y avait, à part le peuple de Yûnus (Jonas),
une cité qui ait cru et à qui sa croyance eut ensuite profité!
Lorsqu’ils eurent cru, Nous leur enlevâmes le châtiment d’ignominie dans la vie présente
et leur donnâmes jouissance pour un certain temps 3 (Sourate Yûnus 10,98).
Croire et abandonner la violence, voilà ce qui réjouit Dieu lorsqu’il voit les actes des Ninivites, «leurs actes, qu’ils
étaient revenus de leur chemin, le mal» (v. 10). Et le Coran nous montre un Dieu qui aimerait bien qu’il y ait, «à part
le peuple de Yûnus, une cité qui ait cru et à qui sa croyance eut ensuite profité».
En pensant à ce Dieu qui veut la fin de la violence, avant de terminer cette page, je veux aussi faire mention de sœur
Anatolie (1962-1996) que beaucoup parmi vous ont connue. Ici au Centre et nous encourageait en ces termes:
«Mon peuple, ô mon peuple, mon ami, pourquoi nous continuons à nous entretuer?
Permet-toi d’aller vers Dieu qui est Amour, Lumière, Paix et Père de tous».
1
Une traduction presqu’identique, tu peux la lire dans Ancien Testament interlinéaire hébreu-français, Alliance Biblique Universelle,
Villiers-le-Bel 2007.
2
V. MORA, Jonas, CE 36, p. 17.
3
Tu trouveras cette traduction dans Le saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, Al-Madinah 1410 =
1989, p. 220.