À L`ESC PAU - Studyrama grandes écoles

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À L`ESC PAU - Studyrama grandes écoles
espace
Pierre Dreux, directeur
du Groupe ESC Pau.
NOUVELLE DIRECTION
À L’ESC PAU
Depuis le 22 juillet, Pierre Dreux
a pris les rênes de l’ESC Pau. Aux
côtés des préparationnaires qui
ont intégré la business school en
septembre, il a vécu sa première
rentrée ! Il a ainsi pu constater
par lui-même ce qu’on lui disait
de cette école : les étudiants sont
amoureux de l’ESC Pau ! Espace
Prépas a eu le plaisir d’échanger
avec un directeur confiant et
plein d’enthousiasme en l’avenir
de son école, et plus
généralement des écoles de
management françaises et des
classes préparatoires…
Espace Prépas. Vous prenez la tête de l’ESC
Pau à un moment où le monde de l’éducation est en véritable mutation…
Pierre Dreux. Absolument et cela tient à deux
phénomènes majeurs. Le premier réclame
des business schools de revoir leur business
model et de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation au vu de l’augmentation
croissante des bacheliers qui entrent dans
l’enseignement supérieur et d’une population de plus en plus nombreuse en demande
d’une formation bac +5 et aux profils variés
(prépas, admissions parallèles). Une réalité
que nous vivons au quotidien à l’ESC Pau,
puisque nous accueillons à la fois des préparationnaires et des étudiants issus des admissions parallèles. Cela s’inscrit dans un
contexte mondialisé où la pédagogie à la
française a, selon moi, de beaux jours de-
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Espace Prépas n°151
vant elle. Rien qu’en ingénierie, le modèle
français est sollicité de toute part par les
Émirats, la Chine, Singapour. La création
de l’École Centrale à Pékin est un exemple.
Le deuxième est que nous préparons des
étudiants à embrasser des carrières longues
durant lesquelles ils exerceront des métiers
qui n’existent pas encore à l’aide de technologies encore inconnues tout en explorant
des problématiques dont on ignore également tout ! D’où l’importance pour les
écoles de management d’entretenir des relations étroites avec les entreprises afin
d’anticiper leurs besoins, en constante évolution. La nécessité d’innover est donc plus
criante encore aujourd’hui qu’hier et doit
toujours être considérée au regard de l’employabilité des étudiants formés. C’est véritablement un monde passionnant et c’est
pour cela que j’ai décidé d’y faire ma
deuxième carrière… (Voir l’encadré cicontre.)
E.P. Pourquoi avez-vous choisi de prendre
la direction de l’ESC Pau?
P.D. Après mon départ de Toulouse
Business School, des opportunités se sont
présentées comme piloter l’implantation
d’une école en Asie ou travailler sur la problématique de l’enseignement du design en
Europe… J’ai choisi de conduire un véritable projet stratégique qui portera l’ESC
Pau jusqu’à l’horizon 2020. Implantée au
cœur d’une région dynamique et fortement
empreinte de technologie — TurbomecaGroupe Safran y a implanté son siège social, Total s’y est installé ainsi que des entreprises au rayonnement international :
Euralis, Lindt, Quiksilver… —, la business
school paloise est bien ancrée dans son territoire. Une « Carbon Valley » est en train
de se dessiner dans la région avec l’installation de firmes internationales spécialisées
dans la production de matériaux composites
à base de carbone. De nombreux emplois
vont être créés, avec le soutien des autorités
locales, hors des secteurs de prédilection de
la région qui, rappelons-le, restent le tourisme et l’agroalimentaire. C’est donc un véritable challenge que je relève!
E.P. Les rumeurs de fusion avec des écoles
de management françaises sont-elles encore d’actualité?
P.D. L’ESC Pau a récemment traversé des
périodes révélant qu’elle se pose des questions sur sa situation et son identité. Des
rapprochements avec France Business
School puis avec KEDGE Business School
ont été évoqués, examinés puis écartés. Il
avait été aussi envisagé d’ouvrir un campus
à Biarritz, une idée finalement avortée.
L’École fait ainsi l’objet de toutes les attentions des acteurs du milieu de l’enseignement. Il m’appartient désormais — en lien
avec toutes les parties prenantes de l’École
— de construire un plan stratégique visible
et lisible à cinq ans. Celui-ci sera présenté
en 2014, en début d’année, et s’inscrira
dans la continuité de la baseline qui fait la
singularité de l’ESC Pau : « Act business,
think human ».
E.P. D’autres rapprochements sont-ils à
l’étude ? Par exemple avec des écoles
d’ingénieurs.
P.D. Familier des écoles d’ingénieurs, je
suis le premier conscient de la richesse intellectuelle dont elles regorgent. Or l’ESC
Pau tire un avantage considérable de sa position géographique puisqu’elle est située à
quelques mètres de deux écoles d’ingénieurs paloises et de l’université de la ville.
Si le rapprochement n’est pas à proprement
parler examiné, la collaboration des écoles
et l’échange d’expérience de chacune sont
bien évidemment de mise, notamment pour
espace
toutes les questions touchant aux évolutions des technologies. Les écoles d’ingénieurs sont en effet les premières à travailler sur ces technologies de demain dont
leurs étudiants mais aussi ceux formés par
l’ESC Pau auront besoin pour faire face
aux défis à venir. À terme, l’idéal serait de
construire un véritable hub pour accompagner les étudiants et diplômés dans les mutations que connaissent les métiers.
E.P. Quels sont les projets que vous allez
mener en priorité ?
P.D. C’est sur la déclinaison d’une nouvelle
maquette pédagogique que l’effort se
concentre. Nous avons cherché à offrir aux
étudiants l’équilibre parfait entre le travail en
cours et le travail préparatoire mené en groupe ou individuellement en dehors des cours.
Une réflexion qui s’inscrit dans un processus
plus global sur l’innovation pédagogique
sur laquelle les équipes de l’École travaillent
en ce moment. Le but étant de trouver
les moyens les plus efficaces afin de
transformer les connaissances en actions,
elles-mêmes créatrices de valeurs. L’apprentissage, domaine dans lequel l’ESC Pau
est à la pointe puisqu’elle propose en 2e et 3e
années 150 contrats de ce type aux étudiants
du programme Grande École, fait partie de
l’équation. Les apprentis passent ainsi six
semaines en entreprise pour deux semaines à
l’École. Tout cela est intrinsèquement lié à
ce que je disais plus haut sur les mutations
auxquelles doivent faire face les écoles de
management aujourd’hui.
E.P. Et à l’international ?
P.D. Le MBA France-Inde développé avec
IBM est un excellent exemple de l’expertise que l’ESC Pau est capable de déployer à
l’international avec le soutien de partenaires privés. Nous avons tout intérêt à
poursuivre le dialogue engagé avec de
grands acteurs industriels et économiques
de la région qui souhaitent renforcer leur
internationalisation. Cela nous permettra
d’identifier des pays cibles sur lesquels
concentrer notre stratégie. La politique de
développement international de l’ESC Pau
s’associe à la stratégie du territoire sur lequel l’École est implantée.
ont quelque peu perturbé la traditionnelle
grille de lecture.
E.P. Une centaine de préparationnaires
ont fait leur rentrée à l’ESC Pau.
Comment expliquez-vous cette progression par rapport au concours 2012 ?
P.D. Pour être exact, ce sont 92 élèves issus
de classes préparatoires économiques et
commerciales qui ont intégré l’École depuis septembre. Un choix qui, j’en suis
E.P. Que dites-vous à ceux qui pensent que
le modèle de la classe préparatoire est dépassé?
P.D. Il est certain que les classes préparatoires participent à la richesse pédagogique
du modèle français. Et les Assises de l’enseignement supérieur qui se sont tenues
avant l’été l’ont bien compris. Pour autant,
même si je pense que les élèves y acquièrent des méthodes de travail et d’analyse indispensables, il est normal, au même titre
convaincu, est lié au travail remarquable
abattu par le personnel et les étudiants de
l’École chargés de l’accueil des admissibles. Grâce à cela, les étudiants nous ont
fait davantage confiance que les années
passées. Cependant, les prochains concours
seront décisifs pour conforter cette tendance au vu des mouvements de fusions qui
que d’autres modèles pédagogiques,
qu’elles évoluent. L’effort doit notamment
être fait sur la diversité sociale. Puisque les
prépas sont le premier vivier de recrutement des Grandes Écoles, qui elles-mêmes
cherchent à s’ouvrir à tous les talents, il est
crucial que les classes préparatoires s’ouvrent à leur tour.=
Le portrait de Pierre Dreux
Diplômé de Centrale Paris, Pierre Dreux est titulaire d’une thèse en
physique nucléaire qu’il a réalisée au CEA.
19884Il rejoint Altran alors que l’entreprise ne compte que 300 salariés. Il y prend notamment en charge le développement du groupe en
Amérique du Nord. Avec l’université de Harvard, Pierre Dreux développe un cours sur l’innovation (« Creativity in sciences and engineering »). De retour en France, il devient Directeur Scientifique du
Groupe qui compte alors 17 000 salariés.
19984Avec le Directeur Général d’Altran, il crée la Fondation Altran
pour l’Innovation dont la mission est la promotion de l’innovation au
service de l’intérêt général. Il en est le Vice-Président jusqu’en 2006.
20064Il crée Dynnovation Consulting, cabinet de conseil spécialisé
dans l’innovation, la valorisation du capital humain et la résolution de
situations opérationnelles complexes. C’est à ce titre qu’il mène des
opérations de réorganisation et de retournement.
20104Pierre Dreux devient le directeur adjoint de l’École Centrale de
Lyon, en charge des relations internationales, des partenariats et de la
communication. Il œuvre au rapprochement entre l’École Centrale de
Lyon et EMLYON Business School, convaincu de l’intérêt de formations à la croisée du management et des technologies.
20124Pierre Dreux prend la direction de Toulouse Business School. Il
définit les axes stratégiques futurs et signe les premiers accords de
doubles diplômes. Il consolide les implantations internationales de
Barcelone et de Casablanca.
20134Arrivée à la tête de l’ESC Pau.
Pierre Dreux est ancien auditeur de la promotion Hubert Curien de
l’IHEST (Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie).
Il a dirigé la plateforme de prospective Futuris au sein de l’Association
Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT).
Au sein de Parsons School of Arts and Design, Pierre Dreux enseigne
le commerce international, l’éthique des affaires et le management des
organisations créatives.
Pierre Dreux est membre du think tank Innovation de l’Association des
anciens élèves de l’École Centrale de Paris, dont les travaux ont donné
lieu à la publication de l’ouvrage 8 priorités pour dynamiser l’innovation en France.
Octobre 2013
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