Wang Yu - institut des droits de l`homme des avocats européens

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Wang Yu - institut des droits de l`homme des avocats européens
2016– Ces avocats persécutés dans le monde
CHINE – 9 juillet 2015
Wang Yu
L’arrestation de l’avocate du cabinet Fengrui marque le début d’une
violente vague de répression envers les avocats des droits de l’Homme
Bien à son insu, Wang Yu, avocate du cabinet Fengrui,
est devenue l’héroïne malheureuse de l’année 2015. A
partir de son arrestation, a commencé le mouvement
aujoud’hui dénommé la répression de juillet ou « 709
crackdown ». Près de 300 militants des droits de
l’Homme, dont plus de cent avocats et leurs assistants,
accusés de soutien au cabinet Fengrui, ont été tour à
tour placés en détention provisoire.
Aux premières heures du matin du 9 juillet, l'électricité
et Internet ont été coupés au domicile de Wang Yu, la
porte a été enfoncée. Wang Yu a ensuite disparu.
Des voisins ont témoigné et ont déclaré que la police a
prétexté une descente chez un trafiquant de drogue qui retenait une personne en
otage. Ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard, lorsqu’a été diffusé un reportage
sur la télévision d’État, que l’entourage de Wang Yu a compris qu’elle avait été
arrêtée. Dans cette vidéo qui datait de deux mois, on la voyait plaider devant le
Tribunal de Shenyang en protestant contre le comportement violent de policiers. La
télévision chinoise a qualifié le cabinet Fengrui de « bande criminelle ».
Au moment de l’enlèvement, son époux, Bao Longjun et leur fils, Bao Zhuoxuan, 16
ans, qui étaient à l’aéroport de Pékin, venaient d’être interpellés au moment de
l’embarquement. Bao Zhuoxuan, a été confié à sa tante tandis que ses deux parents
ont été placés en détention dans un lieu inconnu. Il devait être ensuite intercepté le 6
octobre à la frontière sino-birmane où des amis l’avaient conduit pour tenter de lui
faire gagner les États-Unis. Bao Zhouxuan a été interrogé à quatre reprises par la
police. Son passeport a été confisqué et il a été placé chez ses grands-parents en
Chine. Surveillé de très près par la police, il a interdiction de parler aux avocats.
Wang Yu n'en est pas à sa première persécution. En 2008, alors qu'elle était avocate
en droit des affaires, des policiers l’avaient empêchée par la force de retrouver son
mari sur le quai d’une gare, alors qu’elle était munie du titre de transport nécessaire.
Lorsqu’elle a porté plainte, c’est elle qui s’est retrouvée condamnée à trois ans de
prison pour coups et blessures envers les policiers. Depuis 2011, Wang Yu s’est
consacrée aux affaires liées aux droits de l’Homme notamment des cas de
discrimination fondée sur le handicap, la liberté religieuse, les droits fonciers et la
restriction illégale de la liberté personnelle et, pour cela, elle a fréquemment été
menacée, harcelée et physiquement agressée par la police. Elle est aussi intervenue
notamment pour défendre le militant ouïghour Ilham Tohti, ainsi que dans l’affaire
de l'expulsion forcée de Fan Mugen. Elle a défendu l’avocate et militante des droits
de l’Homme, Cao Shunli accusée de provoquer des troubles, et que l’on a retrouvée
morte, en 2015, dans un hôpital militaire avec des signes de mauvais traitements
pendant sa détention. Elle a également défendu le célèbre militant associatif et
utilisateur de Twitter, Wu Gan, qui est également un employé du cabinet Fengrui.
Wang Yu a été formellement inculpée le 8 janvier, 2016 de « d’incitations à la
subversion du pouvoir d’Etat ». Elle est détenue à Tianjin. (Voir aussi pp.113-118).
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