Claudine LERALU in memoriam Éléments de biographie Claudine

Transcription

Claudine LERALU in memoriam Éléments de biographie Claudine
Éducation et Sociétés Plurilingues n°30-juin 2011
Claudine LERALU
in memoriam
Éléments de biographie
Claudine Leralu est née le 4 septembre 1926 à Pont l’Évêque dans le
Calvados. Son père tenait un magasin de cycles avec sa mère. Quand les
Allemands ont envahi la France, la famille a fui la maison; en y revenant
quelques jours plus tard, le père est décédé d’épuisement et d’émotion.
Claudine et sa mère quittent alors Pont l’Évêque pour Colombes dans la
région parisienne où les bombardements sont constants. Claudine assistera
en personne au débarquement des Alliés.
Elle devient d’abord institutrice puis professeur de français, au collège de
Colombes jusqu’en 1963. À l’école normale supérieure de Fontenay aux
Roses, elle prépare et réussit le concours d’Inspectrice de l’Éducation
Nationale, dès lors elle occupe le poste à Bayeux jusqu’en 1978, date du
décès de sa mère qu’elle n’avait jamais voulu quitter. Plus rien ne la
retenant en Normandie, elle opte pour le Pays Basque par curiosité et par
souci pédagogique pour les projets d’introduction du basque dans
l’enseignement public.
On lui doit la création de l’enseignement bilingue au Pays Basque. Lors de
son arrivée, il existait trois heures d’enseignement de la langue basque dans
quelques écoles. Cet enseignement était assuré par des instituteurs
volontaires nommés «itinérants en langue basque». Claudine a rapidement
vu que la demande n’était pas satisfaite et a mis en place les classes
bilingues avec beaucoup de courage car on ne tolérait alors la langue
basque que pour les disciplines secondes, activités d’éveil, etc. Claudine
prend sa part dans la mise en œuvre de la filière Basque-Français, en
particulier dans les écoles du Pays Basque rural qu’elle a en charge,
d’Ustaritz à Urepel. Se passionnant pour toutes les questions posées par la
mise en place de la filière, elle intervient dans la rédaction de livres et de
revues et n’hésite pas à se déplacer jusqu’aux plus petits villages égarés
dans la montagne. Elle prend sa retraite en 1991.
Lors d’une cérémonie en son honneur le jour de sa retraite, le «makila
d’honneur» (1) lui a été remis en signe de reconnaissance par un enseignant
de basque en présence des enseignants de sa circonscription qui lui avaient
offert ce cadeau avec une devise en basque «Eman ta zabaldiu duzu
eskolan euskara» («Vous avez donné et répandu le basque dans l’école»).
L’importance qu’elle avait attachée à valoriser l’enseignement du basque a
été soulignée: non seulement elle a fait admettre les enseignants de basque
comme enseignants à part entière et comme enseignants de qualité mais
Claudine Leralu
elle est restée «exigeante comme on est exigeant avec ceux que l’on
considère». À cette occasion, elle est intervenue dans les termes suivants:
«Si je devais vous laisser quelques jalons pour votre chemin futur, je vous
dirais ceci: n’oubliez pas que vous êtes dans le service public. Cela engage
au respect de certaines règles et de certaines valeurs; n’oubliez pas que le
module de l’enseignement bilingue (2) est celui de l’éducation nationale et
de personne d’autre. Il a été conçu par des fonctionnaires de l’éducation
nationale pour les enfants du Pays Basque. Il est si bien fait, si audacieux et
si rigoureux qu’après l’avoir dénigré, tout le monde la revendique
maintenant car sans doute prépare-t-il le système d’enseignement de
demain».
Ces dernières années les déplacements étaient devenus difficiles pour
Claudine mais cela ne l’a pas empêchée de continuer à s’intéresser de la
manière bien vivante que nous lui connaissions tous à notre revue et à nos
travaux. Elle est décédée soudainement en rentrant chez elle après quelques
courses vers midi, le 18 juin 2010.
Andrée TABOURET-KELLER, avec la coopération d’Isabelle LICHAU
(Inspectrice honoraire de l’Éducation nationale) que nous remercions
vivement. Isabelle fut la collègue et proche amie de Claudine.
Notes
(1) Il s’agit d’une canne de défense d’un mètre de hauteur environ: une longue lame est
cachée dans son haut. Elle est taillée en bois de néflier et travaillée par un artiste, le bois
doit être choisi et travaillé jeune, puis gardé un certain temps. Le «malika d’honneur»
est particulièrement travaillé et décoré. Autrefois on s’en servait comme arme et il y eut
à la sortie des marchés plus d’un règlement de compte qui pouvaient se solder par un
meurtre. «Nos malikas d’honneur, nous dit Isabelle Lichau, sont paisibles, bien que la
lame soit toujours présente».
(2) Une présentation de ce module a été faite par Mme. Isabelle Lichau au «Samedi
matin du CMIEBP», le 21 mars 1998, le texte «Histoire de l’enseignement bilingue au
pays basque français» a paru dans Éducation et Sociétés Plurilingues n° 4, juillet 1998,
pp. 5-12.
Aperçu bibliographique
Dans Éducation et Sociétés Plurilingues:
N° 1, 1996, "Carte d'identité" de l'enseignement bilingue… en pays basque français &
Approches de l'écrit, pp. 18-22.
N° 3, 1997, Quelle formation pour des enseignants bilingues?, pp. 11-18.
N° 4, 1998, Les Bertsu, poésie improvisée au pays basque, pp. 48-50.
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Claudine Leralu
N° 10, 2001, Premiers contacts d’une Inspectrice en Pays Basque, pp. 49-52.
N° 12, 2002, De la difficulté d'être nationale… (avec Isabelle Lichau).
N° 20, 2006, Continuons le débat!, pp. 92-94.
N° 26, 2009, Entretien avec Saïda Trabelsi, pp. 77-81.
Ailleurs:
Enseigner les mathématiques en langue basque, Lidil n° 20, 1990 («Les langues
régionales»), pp. 117-127.
C. Leralu, I. Lichau, in J. Bortayrou, P. Etcheverry-Ainchart, M. Garat, C. Leralu, I.
Lichau (éds.), Le mouvement culturel basque, 1951 à 2001, 2005, tome 2, pp.
247-302.
Communication au Conseil international de Pax Linguis, 1994, Aoste.
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(Aoste, 15 octobrte 1994)
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