12 05 Brèves n° 61 Décembre-1 - CONVAINCRE

Transcription

12 05 Brèves n° 61 Décembre-1 - CONVAINCRE
1/3
Décembre 2007
N°61
Brèves de Convaincre
Dans le dernier Brèves, n°60, une erreur a fait disparaître le titre du livre présenté par Pierre
PRUNET Il s'agit du livre de Philippe Bruneau "Le travail ne paie pas" Denoël, 2007.
Mille excuses du responsable des Brèves
Brèves propose l’opinion d’un lecteur sur le dernier livre de Jospin.
L'IMPASSE,
De Lionel Jospin, édition Flammarion, septembre 2007.
Un livre de Lionel Jospin mérite toujours que l'on s'y intéresse.
L'homme a été un des meilleurs chefs de gouvernement de la 5ème république, deux fois candidat à la
présidentielle et secrétaire du parti socialiste, qu'il connaît bien.
Il a démontré d'indéniables qualités d'homme d'état, de courage et d'intégrité.
Le titre choisi pour son dernier ouvrage est ambigu et imprudent. Il peut provoquer des plaisanteries
faciles ou agir comme un boomerang, selon l'acception qu'on lui donnera.
L'IMPASSE, c'est sans nul doute celle où se trouve actuellement le parti socialiste, mais n'est-ce pas
aussi celle où se trouve l'auteur lui-même ?
À la lumière des événements de mai 2005, on pourrait ironiser aussi. L'UN PASSE son tour et l'autre
le rate.
Si Lionel Jospin s'étend largement sur les raisons de l'élection perdue, il n'est pas convaincant sur la
stratégie qui fut la sienne et qui le conduisit à dire qu'il n'était pas candidat, à écrire un livre assez
remarquable et remarqué en 2005*, puis à laisser entendre que si on venait le lui demander, si les
candidats déclarés se retiraient, il était prêt à représenter la gauche une nouvelle fois à l'élection
présidentielle. Plus déterminé et plus clair, il eut peut-être été choisi par les militants. Il y avait un
risque qu'il n'a pas voulu courir.
L'objectif annoncé de ce livre est de revenir sur l'analyse de l'échec de 2002, puis de 2007, malgré un
contexte qui pouvait apparaître favorable à la gauche, puis d'énoncer les conditions d'un renouveau et
les perspectives d'une victoire future.
Si le menu s'annonce attrayant, sa dégustation est au deux tiers, décevante.
De son Aventin, Jospin estime avoir vu juste, alors que tous les autres se sont fourvoyés :
- le gonflement "habile" des adhérents par l'opération 20 €, une manœuvre.
- les 60 % qui ont choisi Ségolène Royal, des néophytes abusés.
- François Hollande accusé de ne pas s'être déclaré, d'être resté arbitre, d'avoir laissé faire…et
sans doute de ne pas avoir fait appel à lui.
- les autres candidats, réels : comme Fabius et Strauss-Kahn ou putatifs comme Lang, Hollande,
Aubry…Delanoë…velléitaires plus que décidés.
- le débat des primaires socialistes, "académique"; même s'il fut salué par la quasi-totalité des
médias comme une innovation démocratique.
Rien ne trouve grâce à ses yeux. Les résultats de l'élection montrent que Lionel Jospin a raison sur
l'essentiel : la gauche était partie pour gagner, elle avait de solides atouts et elle a perdu. Mais la
démonstration paraît moins pertinente car l'auteur s'exonère un peu facilement de sa propre
responsabilité dans ces deux défaites successives. Elle devient carrément inaudible et inacceptable
quand la moitié du livre se révèle être une charge sans appel, sans nuance et d'une violence inouïe visà-vis de Ségolène Royal, et pour quel profit ? oubliant qu'il l'avait plusieurs fois choisi comme
ministre, signe qu'elle avait quand même quelques petites qualités !
Une gêne s'installe ainsi progressivement chez le lecteur. Pourquoi tant de haine distillée au fil des
pages contre la candidate socialiste?
2/3
"Ségolène Royal a échoué parce que, insensiblement, mais inexorablement, l'idée s'est inscrite dans
l'esprit de nos concitoyens que la candidate socialiste n'avait pas la stature nécessaire pour être
portée à la magistrature suprême…À la crainte inspirée par Nicolas Sarkozy s'est finalement
substituée l'inquiétude à l'égard de notre candidate…figure seconde de la vie publique…"(p 83, 84 et
88)
Est-ce pour cela que les pages consacrées à Sarkozy, à l'irrépressible orgueil qui le pousse à faire tout,
tout seul, à tout ramener à lui, sans pitié pour ses prédécesseurs, sans égard pour ses partenaires
européens, à sa grossièreté vis-à-vis des médias et sa volonté de les mettre au pas, à ses liens
personnels et étroits avec les pouvoirs d'argent, sont traitées si rapidement ?
Viennent ensuite, on a envie de dire, enfin, ses propositions pour "sortir de l'impasse".
On retrouve là quelques idées développées par Jospin dans son précédent ouvrage*, livre dont le PS
aurait été bien inspiré de …s'inspirer pour proposer un véritable Projet, plutôt qu'un programme
compilant des mesures sans axes structurants.
Sont abordées pour finir la question des gauches, des alliances, de l'attitude vis-à-vis du centre de
François Bayrou, de la réflexion à conduire sur l'identité du PS, sur son leadership.
On pourra regretter que rien ne soit vraiment dit sur l'Europe, sa relance, ses mécanismes de
fonctionnement et de régulation, le nouveau traité et les modalités de sa ratification.
Et si l'homme du "droit d'inventaire" fait, à l'instar de Ségolène Royal, référence appuyée à
Mitterrand, il passe sous silence, Mendès France, Delors et Rocard. C’est inquiétant.
Finalement, l'impression qui se dégage de ce livre est qu'il est un plaidoyer d'autojustification, assis
sur un pilonnage sans merci de Ségolène Royal. Cette amertume non maîtrisée qui sourd à toutes les
pages irrite et gâche un essai qui aurait pu être utile. Il apparaîtra vain et autodestructeur à beaucoup.
Pourtant ce sont les mêmes sans doute qui pensent que Lionel Jospin peut contribuer au
renouvellement de la gauche et aider le PS à sortir de l'impasse.
Michel Préfol, membre du bureau de Convaincre.
* "Le monde comme je le vois" Gallimard, 2005
*****
Afin
de développer une information qui ne soit pas que “descendante“, le bureau du Club a décidé de
lancer une nouvelle formule. Les Brèves ne traitent habituellement que de questions qui ont été
élaborées soit dans un de nos groupes soit individuellement, mais rédigées après un sérieux travail de
réflexion. Or il y a des problèmes d’actualité que nous n’avons pas le temps d’approfondir. Afin de
développer une information qui tienne compte des opinions et réactions des uns et des autres nous
proposons un espace où chacune et chacun seront invités à réagir et à nous écrire. Nous publierons
les réponses, les plus significatives. Les “Brèves de Brèves“ seront publiées dans les Brèves, qui ne
changent donc pas pour le texte principal.
Voici ce premier Brèves de Brèves.
A propos du test ADN : “Les animaux aussi peuvent donner la vie. Mais le père, Marius, c’est celui
qui aime“ (Marcel Pagnol, cité dans un article du Monde, 20 octobre dernier). Etablir une filiation à
partir de tests, c’est nier le fondement non seulement de la famille (souvent élargie dans les pays
d’émigration) mais de toute relation humaine. Il y a un problème d’immigration à clarifier, c’est sûr.
Le faire en déconnectant la filiation de la relation humaine, c’est nier des valeurs universelles, valeurs
sur lesquelles la France a fondé son image et son consensus.
Joyeux Noël à tous et bonnes fêtes de fin
d’année.
Secrétaire Club Convaincre du Rhône :
Christiane POTHIN La Centigonière 38070 Saint QUENTIN FALLAVIER
3/3
Tél : 04 74 94 25 45
Courriel : [email protected]