programmes et types de métiers développés

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programmes et types de métiers développés
18.11.2005
COLLOQUE DES BOUTIQUES FRANCOPHONES
Atelier 1 : Programmes développés et types de métiers créés autour
de ces programmes
HISTORIQUE
1ère Lignes est née à la suite des Etats Généraux de l’AFR en 2004 avec pour
objectif de promouvoir et défendre les acteurs de RdR issus du milieu festif dans la
reconnaissance de leur savoir et savoir-faire. Depuis février 2005, les acteurs de
prévention du milieu festif techno ont échangé sur des objectifs communs et se sont
mobilisés pour répondre à la suppression du testing et au climat déstabilisant
entourant la mise en place des CAARRUDS (lettre adressée à la DGS et à la
MILDT). En juin 2005, 1ères Lignes est devenue une Fédérations regroupant 12
associations :
ASUD Loiret,
Espace Indépendance,
Keep-Smiling,
La Tête dans les Etoiles,
Le Tipi,
Lo Tipi la Ciutat,
L’Otrasso,
Prev’en Teuf Basse Normandie,
Prev’en Teuf Haute Normandie,
Spiritek,
Techno +,
Techno + Grand Ouest.
Partenaire : Mission Rave de Médecins du Monde.
QUELQUES CHIFFRES
9 régions représentées,
Des associations avec un savoir et savoir-faire depuis 1995,
150 personnes (dont 15 salariés et 145 bénévoles),
Une moyenne de 25 actions à l’année en club, rave, free, teknival, festival.
5 formations internes.
TYPES DE PROGRAMMES DEVELOPPES
Au milieu de années ’90, le testing est pratiqué par les usagers au sein du milieu
festif techno (raves). Sous l’égide d’André Benezech, l’outil séduit par son potentiel
d’entrée au cœur de la consommation de drogues de synthèse et l’interaction qu’il
permet pour développer un discours de réduction des risques sanitaires. L’outil a très
rapidement intéressé Médecins du Monde qui en a fait le thème centrale d’une
recherche-action entre 1998-1999. L’outil a largement été diffusé au sein des acteurs
de RdR agissant dans le milieu festif et a fini par intéresser l’OFDT. Le programme
TREND/SINTES a alors vu le jour. La plupart des structures de 1ères Lignes ont
contribué à faire avancer la science via des rapports d’observations qualitatifs au
plus proche des usagers, décrivant avec minutie les pratiques et représentation des
usagers du festif. Médecins du Monde a « amélioré » le testing via une analyse
chimique plus poussée (la chromatographie sur couches minces) : une sorte de
laboratoire mobile seulement accessible aux chimistes et préconisant l’analyse des
composants chimiques d’un produit au détriment de la relation humaine et sociale.
En 2005, le testing (contrôle rapide des produits) est interdit par une circulaire de la
MILDT sans concertation avec les acteurs de RdR l’utilisant. L’argument est celui de
l’incitation à la consommation, ce qui épargne les analyses plus toxicologiques telles
SINTES ou la CCM.
La RdR techno a aussi développé le chill-out, un espace de repos permettant au
« teufeur » de venir trouver du repos pour son corps et ses oreilles au sein de
l’espace festif. C’est aussi un outil indispensable à la gestion des « bad trips » et qui
permet de faire de l’écoute active, de la réassurance pour remettre les usagers
« psychotant » sur le bon rail. Cela a permis notamment de ne pas exclure à la hâte
un « teufeur » en le portant sur des civières pouvant ajouter au « bad trip » un choc
psychologique réel.
Face à la montée de l’hépatite C et à la difficulté de trouver des solutions pour freiner
son expansion, le « roule ta paille » a permis de créer un outil simple, parlant pour le
« snifeur », diffusant un message de prévention (ne pas partager sa paille et la
changer à chaque usage) et favorisant des gestes écologiques (papier recyclable,
abandon progressif des pailles en plastique). Cet outil a permis aussi de mettre en
avant les limites d’un outil tel le Strawbag, outil cher et au contenu souvent incompris
par le « teufeur » ou considéré comme un « kit de luxe ».
Face à la suppression du testing et aux changements récents de l’identité de la RdR,
l’évaluation est entrée au cœur de nos pratiques. Le questionnaire est devenu un
outil permettant de recréer du lien, comblant un manque certain entraîné par
l’interdiction du testing. Diffusé sur Internet ou au stand de prévention, les
questionnaires ont pour objectif de mesurer l’impact des actions de RdR sur les
usagers (pratique de RdR, représentations de la RdR…). L’Internet présente un
questionnaire plus complet sur les pratiques d’usage de produits psychoactifs de la
population techno. Notre volonté est de créer un bureau d’études interne proposant
ses propres analyses et évaluations afin de les confronter avec celles émanant
d’autres études. C’est un moyen pour nous d’avoir aussi des données qui collent aux
plus près de nos préoccupations : celles de développer l’information et la logique
citoyenne parmi la population des « teufeurs ».
TYPES DE METIERS
Nos structures fonctionnent à 90% sur le mode du bénévolat. Les validations
d’acquis d’expérience sont possibles au bout de 3 ans et permettent à certains de
pouvoir reprendre des études et se professionnaliser dans le monde de la RdR
(coordination, gestion de projet, éducation spécialisée…). Il faut néanmoins signaler
que les VAE sont difficiles de reconnaissance malgré des années de pratique.
Beaucoup d’étudiants passent par les structures de 1ères Lignes afin d’obtenir un
diplôme professionnalisant. Cela touche majoritairement les secteurs du médical, de
la recherche et du social.
Les métiers liés à la formation sont également grandement investis par le savoir issu
de notre approche. Ces formations peuvent se faire en interne (auprès des acteurs
du milieu techno, auprès d’usagers) mais de plus en plus en externe (éducation,
professions médicales, travailleurs sociaux, métiers du sports…).
Le militantisme est également au chœur de nos actions et permet à certains de
développer une carrière politique et/ou humanitaire en intégrant de plus grandes
institutions.
Le grand combat qu’il reste à mener dans notre société française est de faire
reconnaître qu’un usager ou un teufeur ont les mêmes potentiels et capacités qu’un
autre homme pour mener à bien leur travail. Ils permettent de questionner sur le
degrés d’intégration d’un stigmate dans le monde du travail et propose de réviser nos
points de vue sur le professionnel-usager ou le professionnel-teufeur. Car à l’aube de
la reconnaissance de la RdR, nous ne pourrons éviter de poser ces questions sur les
stéréotypes entourant une identité. Car si on les tolère lorsqu’on évoque la notion de
« non jugement », il s’avère que la réalité du monde professionnelle est beaucoup
plus cynique et cruelle…