CLAUDE LEVI-STRAUSS LECTEUR DE MARCEL GRANET Rémi

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CLAUDE LEVI-STRAUSS LECTEUR DE MARCEL GRANET Rémi
CLAUDE LEVI-STRAUSS
LECTEUR DE MARCEL GRANET
Rémi Mathieu
Peut-on apprécier l'impact d'une pensée aussi originale
que celle de Granet sur l'œuvre immense de
Lévi-Strauss en fonction des seules références que
ce dernier en fournit ? Ou prétendra-t-on repérer dans
les travaux publiés par l'auteur des Mythologiques depuis près d'un demi-siècle le filigrane des théories élaborées dans les belles pages de Danses et légendes ou
dans celles, plus arides, des Catégories matrimoniales ?
On tâchera de ne pas préférer Charybde à Sylla, car
il ne saurait être question de limiter les preuves d'une
influence - si l'on peut risquer ce mot- à quelques citations d'ouvrages qui marquèrent surtout leurs lecteurs
par leur vertu "initiatique", tant il est vrai que Granet
ouvrit plus qu'aucun autre les voies qui mènent à la
Chine.
Durkheim, Fêtes et Chansons
Il est à l'évidence nécessaire de remonter à Durkheim
pour suivre le courant de pensée qui devait nourrir les
deux œuvres dont nous examinons ici les rapports. Assurément, dans la sociologie du début de ce siècle, le
fait de "considérer les faits sociaux comme des choses"
n'était pas une évidence pour tous les chercheurs (1).
Le premier coup de maître de Granet fut d'adopter
dans ses Fêtes et chansons (dédié à Durkheim et à Chavannes) cette attitude d'entomologiste dont on n'a jamais cessé, depuis Le Suicide jusqu'à La Potière jalouse
(p. 264), de reprocher "la froide objectivité" au fonda-
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teur de la sociologie française et à ses héritiers. Il est
difficile de faire plus beau contresens, lorsqu'on lit
cette analyse des chansons d'amour du Shijing, que d'y
voir une œuvre desséchée, alors que s'y peint au contraire le rythme saisonnier de la vie affective et sexuelle,
les couleurs des fleurs portées par les jeunes filles,
celles des costumes que revêtaient leurs galants... On
retrouve dans Danses et légendes, publié en 1926, cet
exposé plus qu'ébauché de la vie paysanne et aristocratique rythmée par les sacrifices, les mariages, les deuils
qui jalonnaient l'année (2). C'est à cette époque de son
œuvre que Granet s'attacha aux travaux de M. Mauss,
qui inspirent maint chapitre de cet admirable ouvrage.
L'aspect sociologique de Danses et légendes a,
semble+il, moins retenu l'attention de Lévi-Strauss
que la reconstruction plus théorique de la parenté
proposée en 1939 dans les Catégories
matrimoniales.
Ce qu'on a parfois qualifié de "sociologisme" transparaît
chez l'auteur des Danses dès les premières pages de
son texte : "Il n'y a pas d'individu, mais seulement des
catégories déterminées par le sexe, la génération et
la règle exogamique", il faut "substituer à la critique
des philologues une analyse résolument sociologique
qui tienne compte de l'histoire des institutions et des
croyances" (3).
C'est de cette époque également que date la théorie
de la dualité de l'organisation sociale chinoise : la paysannerie s'oppose à l'aristocratie, leurs croyances diffèrent ou se contredisent, qui sait même si leurs origines
ethniques ne sont pas radicalement hétérogènes (4)...
On repère là des oppositions de type binaire qui ne sont
pas sans rapport avec celles que Lévi-Strauss relèvera
dans les structures mentales des Amérindiens en étudiant leurs mythes. Ce quasi antagonisme intrasocial,
en revanche, on ne le retrouve pas dans les systèmes
monolithiques que Granet présentera en comparant
les minorités méridionales contemporaines aux Chinois
de l'antiquité. Pour lui (et l'on sait que bien d'autres
chercheurs après Maspero ont encore suivi cette voie
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judicieuse), les comportements sociaux et les mythes
de l'ancienne Chine ont été partagés par un très vaste
ensemble ethnique dont certains groupes ont conservé
certaines traditions, aujourd'hui perdues par un peuple
connaissant l'écriture (5). Ces analyses comparatives
et diachroniques ne sont pas non plus sans rappeler
les rapprochements remarquables proposés par le décrypteur des mythes américains entre des populations
du même continent séparées depuis des millénaires
par des distances considérables (6).
Mauss, Catégories
matrimoniales
Dans la longue quête qu'il mène à travers les ouvrages
relatifs aux systèmes d'alliances, le théoricien qui travaille aux Structures élémentaires de la parenté ne
peut faire l'économie d'une lecture de Granet, et principalement de son célèbre texte Catégories matrimoniales et relations de proximité dans la Chine ancienne.
Dès cette époque, celui qui dans sa thèse avait révolutionné l'étude de la société chinoise antique grâce à
une analyse profondément novatrice des stances du
Shijing constitue en quelque sorte un passage obligé
pour accéder au système parental de l'Extrême-Orient.
On sait que l'ambition des Catégories matrimoniales
ne se limitait pas à la Chine ancienne, mais que l'enquête s'y étendait aux organisations claniques de certaines
ethnies d'Asie du Sud-Est et de Chine méridionale (7).
Lévi-Strauss consacre le long chapitre XIX des Structures élémentaires à la "théorie de Granet" relative au
système chinois. Il y estime que ce dernier "fournit
une contribution décisive à la théorie générale des systèmes de parenté", mais en les présentant exclusivement comme des faits chinois, alors qu'il s'agit en fait
de structures fort répandues en dehors de ce cadre
culturel (8). Dans cet ouvrage au moins, l'ethnologue
se montre relativement sévère, tant envers les sources
utilisées (parlant d'un "contexte de faits chinois extrêmement douteux") qu'à l'encontre d'interprétations
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qu'il juge "confuses et contradictoires".
On se souvient que les sinologues accueillirent avec
quelques réserves les démonstrations faites par l'auteur
de La Pensée chinoise. Sans doute l'ambition de Granet,
soucieux de sortir des conceptions traditionnelles en
ce domaine, comme en tant d'autres, n'était-elle pas
étrangère à c e t t e réaction. Mais aussi bien, toute r e cherche sur la Chine antique, appuyée par nécessité
sur une documentation très fragmentaire, ne peut susciter chez le lecteur le mieux disposé qu'une attitude
de réserve et de prudence. Le mérite de Granet fut
avant tout de m e t t r e un terme à l'un des mythes (lesquels, on le sait, ont la vie dure) de la sociologie traditionnelle, qui voyait dans la filiation unilatérale un
principe de la parenté primitive en général, chinoise
en particulier.
Sans trop entrer dans le détail des réserves exprimées
par Lévi-Strauss à l'égard des Catégories
matrimoniales, on doit néanmoins souligner que l'auteur de VAnthropologie structurale a relevé dans ce t e x t e un certain nombre d'erreurs. Selon lui, si Granet connaissait
admirablement les faits chinois et australiens, il n'était
pas familiarisé avec les autres systèmes de parenté
(9). De plus, il s'est apparemment trompé en affirmant
qu'un système matrimonial à quatre classes (fondé simultanément sur la filiation et sur la distinction des
générations consécutives) était le plus simple qui se
pût rencontrer ; de même que dans son interprétation
du système australien dit Kariera ou dans le parallélisme établi entre ce dernier et le système chinois (10).
C'est c e t t e dernière erreur qui l'amène à avancer imprudemment que le système à quatre classes est le
plus ancien qu'ait connu la société chinoise (11).
Mais c'est "avec une force et une persuasion exceptionnelles" qu'il s'applique à démontrer la thèse - vraisemblablement inspirée de l'Essai sur le don (12) - de
la circulation des prestations de femmes au sein de
groupes traditionnellement associés. Il est certain que
la d e t t e de Granet envers Mauss (il lui dédiera ses Dan-
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ses et légendes) trouve son expression dans l'énoncé
de cette idée selon laquelle "les règles du mariage sont
toujours destinées à fonder un système d'échange".
Nous avons là un des principes qui constitueront les
bases des Structures de la parenté, et l'on conçoit aisément que Lévi-Strauss n'y ait pas été insensible. L'œuvre de Marcel Mauss est à l'origine de bien des positions
communes au sinologue et à l'anthropologue, et la théorie sociologique de "l'échange généralisé" paraît bien
être issue des recherches du neveu de Durkheim, menées dans un tout autre cadre culturel (13). Peut-on
avancer que la notion de fait social total, chère à
Mauss, a pu orienter la position théorique prise par
Granet dans ses Fêtes et chansons, ainsi que dans Danses et légendes ? A l'époque où Lévi-Strauss mettait
en place ses Mythologiques, l'aspect novateur de cette
idée s'était passablement estompé, et il est permis
de croire que l'absence de toute référence à ce concept
est surtout due à son acceptation unanime par la communauté des anthropologues, sa défense et son illustration devenant par là-même superflues (14).
Danses et légendes
C'est bien là où on l'attend qu'on trouvera mention de
cette dette que Lévi-Strauss reconnaît envers Granet.
A nos yeux du moins, Danses et légendes constitue,
de nos jours encore, le travail occidental le plus brillant
jamais consacré à la mythologie chinoise ; mais l'auteur
de La Pensée sauvage en fait généralement peu mention
dans ses textes, et n'en retient le plus souvent que l'analyse sociologique (15). C'est en revanche dans les deux
premiers volumes des Mythologiques qu'on découvre
les plus chaleureuses louanges à l'égard du sinologue
défunt, et nous pensons que c'est au mythologue qu'elles
s'adressent d'abord. "L'œuvre de Marcel Granet est
étincelante d'intuitions géniales", écrit en effet LéviStrauss au début de Le Cru et le cuit ; de même, le
travail d'analyse de la vie cultuelle chinoise est-il salué
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comme "admirable" à la fin de Du Miel aux cendres
(16). C'est dans ce même ouvrage qu'il met en parallèle
les danses boitées d'Amérique et de Chine, dont la plus
célèbre est celle de Yu le Grand. De chaque côté du
détroit de Bering, semble-t-il, elles symbolisaient la
coupure des saisons, la rupture des communications
ciel-terre, et elles établissaient un rapport entre le
déluge et la sécheresse : elle signifiaient à leur façon
un défaut de périodicité saisonnière (17). D'une même
manière, on note de chaque côté du Pacifique une commune valeur symbolique attachée à la calvitie dénotant,
sur le haut du crâne ou au sommet d'une montagne,
un grave déséquilibre entre le sec et l'humide (18).
Il est certain que l'analyse structurale des mythes
ne doit rien à Granet, quoique l'on trouve chez lui des
attitudes qui, sans être par la suite propres à LéviStrauss, courront tout au long de son œuvre comme
autant de supports méthodologiques. Nous pensons à
l'étude des valeurs symboliques du discours mythique,
à l'attention portée au langage du rite et aux structures
linguistiques, à l'importance décisive du détail (19).
Danses et légendes a fourni à Lévi-Strauss un ensemble
de données difficilement accessibles aux non-sinologues, mais non une technique interprétative. Il est vrai
que l'œuvre est d'une densité telle qu'il est difficile
d'en avoir une vue d'ensemble, et donc de s'en inspirer
au niveau de la méthode (20).
Par ailleurs, si l'on peut penser que l'analyse structurale est en germe chez Granet, il est certain qu'à la
fin des années vingt son acte de naissance est encore
loin d'être signé. On note cependant que dans une bonne
partie de son œuvre, Granet accorde une attention constante aux rapports et aux correspondances qui lient
systèmes de pensée et structures linguistiques. Nous
pensons surtout aux Catégories matrimoniales et à
La Pensée chinoise qui, si elle n'est jamais citée par
Lévi-Strauss, n'en a pas moins été, pendant plus d'un
demi-siècle, la référence pour tout honnête homme
et pour tout lettré, qu'il fût ou non sinologue (21).
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En schématisant à l'extrême, on peut risquer d'affirmer que Lévi-Strauss n'attend rien du mythe pour reconstituer un système social qu'il peut parfaitement
connaître par d'autres voies (enquêtes de terrain ou
rapports ethnographiques), alors que Granet en sait
trop peu sur la réalité chinoise antique pour négliger
le mythe en tant que moyen d'investigation sociologique. Le statut du mythe est par conséquent différent
dans la mesure où, pour l'auteur de La Religion des
Chinois, il se range aux côtés de l'histoire, de l'archéologie et de la sociologie parmi les éléments nécessaires
à l'analyse des multiples aspects d'une civilisation complexe et momifiée par les textes. Doit-on dire que chez
Lévi-Strauss on a le sentiment que le récit mythique
est l'auteur d'une enquête qu'il mènerait sur lui-même,
parmi les hommes qui "sont parlés" par lui ?
Sans doute ces deux conceptions renvoient-elles à
des attitudes singulièrement distinctes, puisque dans
un cas les hommes semblent être le moteur de leur
histoire, et dans l'autre le produit de structures mentales qui fonctionnent en eux et entre eux à leur insu.
En dépit des critiques souvent adressées par l'ethnologue à la psychanalyse, la dépendance au symbolique
y apparaît conjointement comme le signe de l'aliénation
de chacun à soi-même et à l'Autre. Chez Granet, par
contre, l'analyse symbolique des éléments des mythèmes
n'a jamais débouché sur une prise en considération des
théories freudiennes.
De ta Chine
Discrète dans l'œuvre de Lévi-Strauss, la présence de
la Chine est cependant attestée dès les premiers écrits
et jusqu'aux derniers ouvrages parus à ce jour. Dans
"Le Dédoublement de la représentation dans les arts
de l'Asie et de l'Amérique", il étudie les similitudes
qui ont été repérées, de part et d'autre du Pacifique,
entre les masques et les tatouages de ^-Amérique nordoccidentale et les bronzes chinois de l'époque Shang
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(22). C'est presque toujours en vue d'établir un rapport
entre l'Ancien et le Nouveau monde que l'auteur des
Mythologiques se réfère aux faits ou aux objets de la
Chine archaïque (23). En témoignent les analyses proposées dans Du Miel aux cendres relatives au renouvellement des feux au terme de l'année écoulée, au "manger froid", au pas de Yu et à la danse boitée, ainsi
qu'aux mythes du mûrier creux ou encore... à l'utilisation médicinale du crapaud phrynosome (24) !
Marcel Granet fut probablement pour Claude LéviStrauss comme une porte qui ouvrit le monde chinois
à sa curiosité vite fascinée. Les orientalistes n'éprouvent-ils pas une perplexité semblable, une même a t t i rance au spectacle d'un Amérindien des plaines occidentales aussi buriné et n a t t é qu'un Tibétain ?
Rémi Mathieu est Chargé de Recherches au CNRS,
Paris
NOTES
1. Anthropologie
structurale
deux, p. 17. M. Eliade
(La Nostalgie des origines, p. 306) a noté "la fascination" exercée par Durkheim sur Granet. Voir aussi Y.
Goudineau, Introduction a la sociologie de Marcel Granet, thèse de troisième cycle, Université Paris X, 1982,
p . 7.
2. "Granet a admirablement mis en lumière le c a r a c tère saisonnier de la vie cultuelle", écrit Lévi-Strauss
dans Mythologiques **, p. 397.
3. Danses et légendes, pp. 5 et 36. Il n'est d'ailleurs
pas certain que Granet ait toujours suivi ses propres
recommandations dans l'analyse des mythes.
4. Op. cit., p. 9- L'exemple le plus connu est à cet
égard l'antagonisme des computs par 5 et 6 dont on
retrouve les incompatibilités dans le Zhouli et le Liji.
Voir Mythologiques
***, p. 274 (où Lévi-Strauss cite
à ce sujet Danse.s,et légendes, p. 7 n. 2, p. 154 n. 1) et
Les Structures élémentaires, p. 366 n. 30.
5. Il est admis que la présence des barbares au milieu
des Chinois, à l'époque des Zhou (Danses et légendes,
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p . 11 n. 2), explique c e t t e interpénétration des croyances et des valeurs sociales. La comparaison entre les
rites des paysans chinois et ceux des ethnies méridionales contemporaines dans le domaine matrimonial apparaît dans Fêtes et chansons, p. 4 n. 2, et surtout dans
l'Appendice III (pp. 280-301). Voir aussi Etudes sociologiques sur la Chine, pp. 71-73.
6. On pense bien sûr aux quatre Mythologiques
et
à La Potière jalouse (voir par ex. p. 130).
7. Granet s'est plus particulièrement a t t a r d é sur le
systè^me de parenté des Katchin de Birmanie du nord
(Catégories matrimoniales,
pp. 211-212 e t 238-242).
Lévi-Strauss parle à ce sujet de ses "suppositions complaisantes", qui, peuvent difficilement ê t r e retenues
(Les Structures élémentaires,
p . 289).
8. Les Structures élémentaires,
p. 358. Pour de plus
amples détails, on ne peut que renvoyer le lecteur à
ce chapitre XIX et à ses développements, qu'il ne saurait ê t r e question de, reproduire ici.
9. Les Structures élémentaires,
p. 360.
10. Ibid., p. 361. Sur la question des "générations
alternées" dans les relations matrimoniales, voir aussi
Danses et légendes, p., 1,4 n. 1.
11. Les Structures élémentaires,
p. 362. Lévi-Strauss
revient d'un moj sur )e mariage chinois entre cousins
dans Le Regard éloigne, p. 107.
12. Les Structures élémentaires,
pp. 74, 359.
13. Il n'est guère besoin de s'attarder sur le profit
que Granet et Lévi-Strauss firent de l'œuvre de Mauss
(r "Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss" est à mon
sens un des plus précieux t e x t e s qui soient), et il ne
faudrait pas croire qu'il n'y eut pas, là encore, échanges
et contre-dons. Mauss écrivait en effet : "De la Chine,
je ne connais que ce que mon collègue et ami Marcel
Granet veut bien m'enseigner" ("Une catégorie de l'esprit humain : la notion de personne, celle de 'moi' ",
Journal of the Anthropologie al Institute of Great Britain and Ireland, LXVIII, 1 9 3 8 , p. 273). Lévi-Strauss
a souligné l'influence de Mauss sur "les orientalistes"
XIV. Voir aussi
p. 61. On ne trouve, si
je ne m'abuse, aucune allusion à Mauss ni citation de
dans les quatre volumes des Mythologiques.
Cf. la
îlui
remarque de J. Pouillon dans l'Arc, n° 26, 1967, p. 60.
, 1 5 . On ne repère que deux cotations de Danses et
légendes dans Les Structures
élémentaires,
pp. 366
et 425, cinq dans Mythologiques **, pp. 210 n. 1, 350,
397, 398, 399, et une seule dans Mythologique^
***,
p . 274. Nous sommes loin de la lecture des Catégories
matrimoniales,
qui avait provoqué "enthousiasme et
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exaspération" (Le Regard éloigne, p . 192 ; voir aussi
L'Arc, n° 26, p. 4). Fêtes et çhpnsons n'apparaît qu'aux
pp. 366 et 424 des Structures
élémentaires.
16. Mythologiques *, p. 23 n. 1 et Mythologiques
**,
p. 397. La courte note des Mythologiques * est consacrée aux dettes contractées envers Granet et G. Dumézil.
17. Mythologiques **, pp. 398-399. Voir aussi Mythologiques **, p. 396 ; Mythologiques ***, p. 287 ; Mythologiques ****, p. 92. C e t t e symbolique commune s'explique sans doute par le caractère extrêmement archaïque de ce rituel probablement paléolithique (Mythologiques **, p. 399).
18. Mythologiques **, pp. 398 et 399. On sait qu'en
Chine (ailleurs aussi sans doute), les arbres des montagnes passent pour retenir les nuages porteurs de pluie.
Raser^ la végétation d'une hauteur, c est la condamner
à la sécheresse.
19. Sur le langage gestuel du r i t e , voir les Etudes
sociologiques sur la Chine, p . XI. Sur l'approbation de
Lévi-Strauss pour l'attention portée aux détails par
Granet, voir notre Etude sur la mythologie et l'ethnologie de la Chine ancienne, Paris, IHEC, 1983, p. LXI
n. 4.
20. M. Kaltenmark a noté que Danses et légendes
a toujours découragé la critique (Revue de l'histoire
des religions, i960, p. 224). H. Maspero en a cependant
rendu compte dans le Journal asiatique de 1927, pp.
152-155.
21. Il est probable que Lévi-Strauss a lu La Pensée
chinoise ; il est certain qu'il a pris connaissance de
La Civilisation chinoise (voir Les Structures
élémentaires, p. 359 n. 4). P . Claudel, qui fut quelque temps sinisant, ne cite Mengzi et Zhuangzi qu'à travers La Pensée
chinoise. C'est d'ailleurs le seul ouvrage de Granet qu'il
mentionne dans les six volumes de ses œuvres (éd. Gallimard, coll. "La Pléiade"). Voir son Journal
(19331955), t. 2, p. 456 n. 1-3. Les critiques qu'on pourrait
adresser au systématisme de Granet ne retirent rien
à la valeur d'une étude qui permet d'englober la quasitotalité des systèmes idéologiques de l'antiquité chinoise.
22. Cet article, paru en 1944-45 dans la revue Renaissance, 2 - 3 , pp. 168-186, a été repris dans VAnthropologie structurale
(rééd. 1974). Lévi-Strauss y cite l'ouvrage "ingénieux et brillant" de C. Hentze, Objets rituels^ croyances et dieux de la Chine antique et de
l'Amérique, Antwerp. 1936. Voir en particulier les pp.
275-276, 288 (sur le Zhouli) et 289.
23. Plus r a r e m e n t , la comparaison porte sur des faits
eurasiatiques, comme l'utilisation du champignon hallucinogène en Inde, en Sibérie et en Chine (Anthropologie
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structurale deux, p . 269),. ou l'assimilation du langage
des barbares à un gazouillis d'piseaux chez les Grecs
et les Chinois (Le Regard éloigne, p. 49).
24. Du Miel aux cendres, pp. 350-351, 356, 398-399,
402, e t La Pensée sauvage, p . 218 n.*. On trouve une
allusion à la calligraphie chinoise et au système graphique qu'elle illustre dans Mythologiques
*, p. 29 (cf.
encore La Potière jalouse, p . 258). Le rapprochement,
plus classique, entre les mythes sibériens et n o r d - a m é ricains apparaît dès Tristes tropiques, pp. 220-222.
D'autres comparaisons s'ébauchent dans La Voie des
masques, p . 125, entre la mythologie des séismes au
Japon ejt dans le nord-ouest de l'Amérique, ou dans
La Potière jalouse, p. 102, entre les mythes de naissance ab ovo en Chine et chez les Jivaro.
OUVRAGES CONSULTES
Marcel Granet
Fêtes et chansons anciennes de la Chine, Paris, Leroux,
1919.
La Religion des Chinois, Paris 1922, seconde édition,
Presses Universitaires de France, 1951.
Danses et légendes de la Chine ancienne, Paris, Alcan,
1926.
La Civilisation chinoise, Paris, La Renaissance du Livre,
1929.
La Pensée chinoise, Paris, La Renaissance du Livre,
1934.
Catégories
matrimoniales
et relations de
proximité
dans la Chine ancienne, Paris, Alcan, 1939.
La Féodalité chinoise, Oslo, H. Aschehoug, 1952 (posthume).
Etudes sociologiques sur la Chine, Paris, Presses Universitaires de France, 1953 (posthume).
"Le Roi boit" in Année sociologique, 1952, Paris, 1955
(posthume).
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R. MATHIEU
Claude Lévi-Strauss
Les Structures élémentaires de la parenté, Paris, Masson, 1955.
"Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss", in Marcel
Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950.
Tristes tropiques, Paris, Pion, 1955
Anthropologie structurale, Paris, Pion, 1958.
La Pensée sauvage, Paris, Pion, 1962.
Mythologiques *, Paris, Pion, 1964.
Mythologiques **, Paris, Pion, 1966.
Mythologiques ***, Paris, Pion, 1968.
Mythologiques ****, Paris, Pion, 1971.
Anthropologie structurale deux, Paris, Pion, 1973.
La Voie des masques, Paris, Pion, 1979.
Le Regard éloigné, Paris, Pion, 1983.
Paroles données, Paris, Pion, 1984.
La Potière jalouse, Paris, Pion, 1985.

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