carrefour france - Aptilogis Formation
Transcription
carrefour france - Aptilogis Formation
R e t o u r d ’ E x p é r i e n c e CARREFOUR FRANCE Mise sur le Développement Durable Suivant la volonté du Groupe Carrefour de s’engager dans une démarche de développement durable (DD), la Direction Supply Chain de Carrefour France entreprend des actions à tous les niveaux : participation à des trophées DD internes, réduction d’émissions de CO2, accueil de populations en marge de l’emploi… Pour impliquer son encadrement et ses équipes, la DRH SC France a commencé par lancer un vaste programme de formation au DD avec le cabinet CPV Associés/Aptilogis et va jusqu’à intégrer des objectifs DD à ses accords d’intéressement. Supply Chain Magazine : Qu’est-ce qui motive la Direction SC de Carrefour France à se lancer dans des projets de DD ? Jacques Guillot : Notre motivation a trait à la volonté du Groupe Carrefour d’être engagé dans des sujets d’ordre sociétal. Une entreprise N°47 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2010 Jacques Guillot, DRH France pour Carrefour Market (ex DRH Supply Chain France, Groupe Carrefour) ©DR 34 comme la nôtre se doit d’être citoyenne et de s’engager. En tant que distributeur mondial, le sujet du DD tombe sous le sens. C’est un domaine qui couvre énormément de sujets : protection de l’environnement et des citoyens, travail des enfants, gestion des déchets, consommation raisonnable, économies d’éner- gie… le tout devant se faire aussi dans un souci économique. Autrement dit, cela doit contribuer à la performance et aux résultats de la société (cf. le Rapport d’activité Carrefour). Ce que nous voulions aussi exprimer à travers le DD, c’est que la performance d’une entreprise comme la notre est économique mais aussi basée sur d’autres critères comme ceux du DD. SCMAG : Comment ces engagements du Groupe se sont-ils déclinés dans les Directions de Carrefour France ? J.G. : Nous sommes dans un cadre participatif. C’est à chacun de dire, par rapport à la voie tracée, quelles propositions il peut faire. En logistique et Supply Chain, nous sommes par exemple de gros consommateurs de kilomètres et émetteurs de CO2. D’où la pertinence de s’interroger sur les moyens de réduire ces émissions. Cela passe par le développement des transports alternatifs, l’optimisation des kilomètres parcourus et des chargements, ainsi que des retours à vide. En tant que Directeur Supply Chain de Carrefour France, Didier Thibaud, aussi Président du Club Demeter, a donné une impulsion extrêmement forte. Il nous a très vite mobilisés et fédérés sur ce sujet-là. Et nous sommes ainsi passés très rapidement de la volonté à l’action. SCMAG : Comment avez-vous défini les actions à mener en Supply Chain ? J.G. : Le point de départ a été la formation. En effet, comment mobiliser et fédérer les équipes si elles n’ont pas un minimum de connaissances ? Un programme d’une journée a été bâti. De façon assez ludique, il ouvre les yeux sur ce qu’est le DD et permet de traduire en actes son quotidien. Cette démarche a débuté il y a deux ans et aujourd’hui, nous avons formé plus de 1.000 personnes. Nous avons voulu commencer par l’encadrement (Comités de Directions, Cadres, Agents de Maîtrise) et pour certains sites, nous démarrons la formation des employés. SCMAG : Qu’avez-vous entrepris ? J.G. : Au niveau Groupe, un trophée DD est organisé. Il comporte quatre catégories : Economie de ressources, Maîtrise des déchets, Consommation raisonnable et Citoyenneté. Trois coupes sont à gagner : une Hyper, une Super et une Autres Entités. Les entités du Groupe, dont la Direction SC, sont invitées à La Direction SC de Carrefour France D epuis deux ans, Carrefour fait converger ses enseignes multi format pour capitaliser sur sa marque. Ainsi, les magasins se déclinent en Carrefour, Carrefour Market, Carrefour City, Carrefour Contact. En parallèle, Carrefour développe ses MDD et a lancé depuis un an la gamme Carrefour Discount. Comme les produits Carrefour se trouvaient dans tous les formats, il était plus pertinent de regrouper les organisations logistique/Supply Chain. Ce qui facilitait aussi les échanges avec les fournisseurs et les transporteurs. Une Direction Supply Chain France, avec une organisation par format, a donc été créée il y a deux ans. Gilles Petit, alors DG France, chapeautait ainsi des Business Units Commerciales (Hyper, Super et Proximité/Cash& Carry) ainsi que des B.U. Support (une Direction marchandises et une Direction Supply Chain, confiée à Didier Thibaud). La Direction Supply Chain regroupe des Directions Appro. et Gestion de flux (Alimentaires et Non Alimentaires), des Directions Logistiques (Hyper et Super, Prox./C&C), avec en complément une Direction Référentiel de Données et S.I., une Direction Méthodes, une Direction Contrôle de Gestion, une Direction Ressources Humaines et une Direction des Relations Extérieures. La logistique des supermarchés est prestée tandis que celle des autres formats est intégrée. En tout, cette organisation compte 6.400 personnes, plus ou moins 1.000 intérimaires par mois pour la logistique des supermarchés. proposer des projets. Le jury final sera composé de représentants du Groupe et de clients. Les projets présentés sont sélectionnés par les entités en interne. En SC, nous avons décidé de faire apprécier les projets par les équipes. De nombreux projets nous arrivent. Ils portent principalement sur des économies de ressources (eau) et la maîtrise des déchets. SCMAG : Avez-vous conduit des actions sur le terrain ? J.G. : Au niveau Demeter, nous avons réfléchi à la manière d’impliquer les équipes dans des actions de DD. Et nous faisons un test sur un entrepôt du nord de la France, à Aire sur la Lys. Nous avons formé les 300 personnes qui y travaillent. Cette formation d’une journée du cabinet CPV Associés donne trois axes sur lesquels faire des propositions. 1. Comment impliquer le personnel ? Nous y avons répondu par la formation systématique des équipes. 2. Comment mobilier les équipes de l’entrepôt ? Ils ont décidé d’écrire un édito chacun leur tour (remontée d’idées). SEPTEMBRE 2010 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - N°47 35 R e t o u r d ’ E x p é r i e n c e nous avons mené avec l’appui des Directeurs de site. Et lorsque nous expliquons en formation que le DD va au-delà du « vert », cela donne aussi du sens à ce que nous faisons. Une journée pour tout comprendre au DD et avoir envie d’agir A la demande de sociétés qui souhaitaient former tout le monde du Comité de Direction au personnel pour transformer leur entreprise, nous avons conçu une formation d’une journée sur le Développement Durable dans ses trois dimensions : écologique, économique et sociale. Elle part des aspects théoriques (définition du DD, liens avec la Supply Chain, cas concrets…) pour aboutir à la proposition d’actions concrètes par les participants. Des sociétés comme Bel, Bic, Carrefour, Chep ou Monoprix ont déjà engagé des programmes de formation DD », expose JeanMarie Picard, Co-fondateur de CPV/Associés et Aptilogis Formation. CP SCMAG : Avez-vous aussi envisagé une motivation financière ? Jean-Marie Picard, CPV Associés/ Aptilogis Formation. Source Aptilogis Formation 36 N°47 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2010 J.G. : Effectivement. La SC est composée de deux sociétés : LCM et Cash France. Cette dernière a négocié son accord d’intéressement 2010. Pour la deuxième année consécutive, il inclut un objectif de DD, 20 % de la prime d’intéressement étant liée à son atteinte. En 2009, nous visions un taux de réduction des kilométrages camion (atteint) et cette année, nous avons élaboré un ratio d’émission de CO2 par palette. Tout le personnel, de Didier Thibaud au débutant, est concerné. LCM (Logistique SPC) a aussi décidé cette année d’introduire dans les entrepôts un objectif lié au DD, l’optimisation du tri sélectif. SCMAG : Qu’attendez-vous exactement de cette démarche DD ? Aptilogis a élaboré une formation ludique pour apprendre en une journée à appliquer la démarche de Développement Durable aux Opérations Logistiques. 3. Comment impliquer les clients internes, i.e. les magasins ? Notamment, comment réduire ensemble les émissions de CO2 ? La réflexion est en cours. Nous nous inspirerons de ce test pour démultiplier les actions auprès des autres entrepôts. D’autre part, nous venons de signer un accord assez novateur dans le périmètre intégré afin d’améliorer l’emploi des travailleurs handicapés à la fois par le recrutement et le maintien en emploi de salariés qui seraient en situation d’inaptitude. C’est un projet que ©DR « J.G. : Nous la faisons avancer d’abord parce que nous y croyons. Ensuite, il s’agit de donner plus de sens à son travail quotidien. Nous sommes dans une équipe, nous sommes un acteur de la société, nous sommes impliqués dans notre environnement. Les stagiaires qui ont suivi la formation DD disent qu’elle leur a permis de rendre cohérentes les bribes qu’ils captaient de tous côtés sur ce sujet. Ils comprennent désormais mieux ce que l’entreprise peut leur proposer de faire et ce qu’ils peuvent proposer de faire à l’entreprise. SCMAG : Sont-ils tous motivés ? J.G. : Il y a toujours « d’irréductibles Gaulois » mais la proportion d’équipes satisfaites nous a impressionnés favorablement. Nous avons entre 85 à 90 % de satisfaits. De même, les partenaires sociaux un peu dubitatifs au départ, ont adhéré à la démarche. SCMAG : Le DD est-il un moteur pour fédérer les groupes de l’entreprise ? J.G. : C’est en effet une pierre à la construction d’une fédération. Ce n’est pas la seule mais cela y contribue. Nous sommes au début d’une ère nouvelle. Et le terme même de DD est dans les esprits depuis relativement peu de temps. Mais c’est un sujet fédérateur car tout le monde a à y gagner. SCMAG : Ne devez-vous pas déménager prochainement ? J.G. : Oui, en 2013, à Massy Palaiseau. La majorité de nos équipes est à Evry-Courcouronnes. Durant une phase transitoire, les Approvisionnements Alimentaires vont rester et les Approvisionnements Non Alimentaires vont partir aux Ulis. Puis les équipes Gestion des Flux Alimentaires, qui sont à Levallois, vont emménager à Massy, avant que nous soyons tous regroupés en 2013 sur le nouveau site Carrefour de Massy. SCMAG : Compte tenu des inquiétudes et des perturbations générées par ces mouvements, vos salariés ne sont-ils pas plus préoccupés par leur situation personnelle que par le DD ? J.G. : Il est vrai que nous sommes implantés ici depuis longtemps et que de nombreux salariés habitent tout près. C’est un sujet important pour nous parce que changer de lieu de travail n’est jamais simple. Cela peut avoir des répercussions sur la vie personnelle. L’horizon 2013 est assez bien compris et Massy reste en région parisienne, accessible par les RER B et C. C’est un sujet qui pèse mais dont nous parlons. Nous sommes au début de la démarche, nous avons consulté nos partenaires sociaux… Mais au-delà de ce déménagement, l’entreprise a plein de projets d’évolution de son organisation. C’est ce qui fait la force d’une entreprise, notamment dans la distribution où cela va très vite. Tout l’art du Manager est justement de ne pas occulter ces sujets dans un contexte de pilotage du changement. Ce sont deux composantes de la vie normale d’une entreprise. Car une entreprise qui ne change pas doit être sur un bon créneau pour subsister. Quant à la problématique du DD, c’est à nous de la rendre présente dans les esprits et de faire en sorte que nos collaborateurs se l’approprient. En tout cas, au sein de la Direction SC, j’ai le sentiment que la problématique du DD est acquise et que tout le monde se l’est appropriée et la communique. Propos recueillis par Cathy Polge 37 SEPTEMBRE 2010 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - N°47