Isolants biosourcés : des matériaux en devenir
Transcription
Isolants biosourcés : des matériaux en devenir
001-040_BOIS_R37_INT_Mise en page 1 28/10/14 20:24 Page16 S’informer | Construction Limousin Isolants biosourcés : des matériaux en devenir Myriam Sappey, chargée de mission à la Dreal Limousin. L'interprofession BoisLim, en partenariat avec la maison de l'architecture, le pôle écoconstruction Limousin, la Dreal, le Réseau français de la construction paille et le fabricant de ouate de cellulose Igloo, a organisé un atelier technique sur la construction bois et les isolants biosourcés, le 10 octobre, à la maison de l’architecture de Limoges. ne vingtaine de maîtres d’ouvrage professionnels, architectes, économistes de la construction, bureaux de contrôle, ingénieurs, entrepreneurs de la rénovation et de la construction bois et représentants de collectivités ont participé à l’atelier technique sur la construction bois et les isolants biosourcés qui se tenait le 10 octobre à Limoges. Ces isolants de plus en plus utilisés dans la construction bois restent souvent méconnus de la part des prescripteurs et cantonnés dans le domaine technique non courant. Cet atelier a permis de faire le point sur l'aspect réglementaire et normatif. “Les matériaux biosourcés, encore marginaux dans la construction performante, sont amenés à se développer car ils présentent de bonnes caractéristiques environnementales et sont adaptés à la rénovation du bâti ancien”, expliquait Myriam Sappey, chargée de mission construction durable à la Dreal U 16 - Le Bois International - samedi 1er novembre 2014 la filière paille dotée de règles professionnelles. Certains isolants n'ont pas toutes les normes requises pour mener à bien tous types de projets. Les aspects réglementaires, contractuels et assurance sont à prendre en compte.” Règles et label Limousin. “Ils vont prendre de l'ampleur dans les années à venir. Cependant, les filières naissantes ne sont pas assez structurées et les entreprises qui installent ces matériaux ont du mal à être assurées. Certaines se développent bien, comme Une audience attentive pour cet atelier isolants biosourcés. La Commission prévention produit (C2P) a reconnu trois règles professionnelles en 2012, la construction en paille (remplissage isolant et support d'enduit), l'exécution d'ouvrages en béton chanvre (murs, isolation sol et toiture, enduits) et la mise en œuvre d'enduits sur supports composés de terre crue. La liste des isolants biosourcés avec avis technique est consultable sur www.qualiteconstruction.com. “Dans le cadre du plan d'action sur les matériaux bois, l'action n° 6 concerne le développement de protocoles d'essais pour aller vers le contexte normatif”, a signalé Myriam Sappey. “Un groupe de travail 001-040_BOIS_R37_INT_Mise en page 1 28/10/14 20:24 Page17 Construction planche depuis trois ans et a sélectionné des familles de produits pour normaliser leur qualification et mise en œuvre”. Défini en 2013, le label “Bâtiment biosourcé” a pour but de mettre en lumière la qualité environnementale de certains bâtiments. La chargée de mission de la Dreal estime qu'il est très favorable au bois, car il permettra de promouvoir l'usage de ressources renouvelables, de dynamiser le tissu économique local, de développer des savoir-faire locaux et de favoriser l'évolution vers une économie industrielle. “Il s'agit d'une démarche volontaire du maître d'ouvrage pour mettre en avant des bâtiments intégrant une part significative de matériaux comme le bois, le chanvre, la paille, la laine de mouton et les plumes.” Ce label comporte trois niveaux, le taux d’incorporation de matériaux biosourcés a fait l'objet d'un arrêté du19/12/2012 et ne concerne que la construction. Pour une maison individuelle, le niveau 1 est de 42 kg/m2 pour une maison, 63 kg/m2 pour le niveau 2 et 84 kg/m2 pour le niveau 3. Ces taux sont inférieurs pour des bâtiments industriels ou dédiés à d'autres usages. Le label est délivré par les organismes certificateurs Certivea (tertiaire, sportif), Cequami (maison) et Cerqual (collectif). Un appel à manifestation d'intérêt pour la rénovation et la construction a été Hugues Petit-Etienne, prescripteur bois construction à BoisLim. | S’informer comparative menée sur les performances hydrothermiques d'isolants d'origine synthétique (polystyrène expansé), minérale (laine de verre), végétale (laine de chanvre), animale (laine de mouton) et recyclée (laine de coton). “Les meilleurs résultats en termes de déphasage, capacité thermique et diffusion de la vapeur d'eau sont obtenus par l'isolant végétal, puis l'isolant recyclé et l'isolant animal”. Bois paille lancé cet été pour deux ans avec quatre axes de projets, le troisième porte sur des solutions bois, matériaux biosourcés et composants de matériaux issus du recyclage concernant des projets collaboratifs supérieurs à 1 million d’euros (voir sur www.ademe.fr). Performances Prescripteur bois construction BoisLim, Hugues Petit-Etienne a évoqué les techniques constructives bois, bien adaptées aux matériaux biosourcés rappelant les cinq objectifs de conception “empêcher l’infiltration de l'eau par l'extérieur, s'opposer aux flux de chaleur, garantir l'étanchéité à l'air, réguler les flux de vapeur d'eau et isoler des bruits extérieurs”. Il a présenté une étude Différents isolants ont été présentés. Membre du Réseau français de la construction paille, l'architecte Bruno Joffre a évoqué les caractéristiques et applications de ce matériau à travers deux constructions récentes en bois et paille, une école de 6.100 m2 à Issy-les-Moulineaux et le premier bâtiment R+7 dans les Vosges, une résidence sociale qui a obtenu le label PassivHaus. “La première maison en paille a été construite en 1920 à Montargis par l'ingénieur Feuillette et sauvée en 2013 grâce aux dons collectés par la Fondation du Patrimoine”, signalaitt-il. “La paille est un matériau sain, abondant, peu coûteux à 1,50 euro la botte, trois à quatre sont nécessaires par mètre carré. Ce matériau valorise la main d’œuvre, développe l'emploi local, crée de la convivialité sur les chantiers participatifs, réduit l'effet de serre et le recours aux achats extérieurs coûteux et dope la valorisation des excédents”. Après usage agricole, la production française de paille aurait permis de construire les 450.000 logements autorisés en 2010. Le Réseau paille a financé des études en 2010 pour caractériser le lambda, la réaction au feu et les attaques de termites. Par exemple la conductivité thermique du matériau atteint 0,052 et sa résistance 6,7 m2.K/W en épaisseur 35 cm pour une masse volumique sèche de 80 à 100 kg/m3. De notre correspondante Corinne Mérigaud samedi 1er novembre 2014 - Le Bois International - 17