les femmes dans la construction

Transcription

les femmes dans la construction
LES FEMMES DANS LA CONSTRUCTION
Portrait statistique 2013
En 1995, le projet de loi 46 crée l'obligation pour la Commission de la construction du Québec
(CCQ) d'élaborer des règles particulières qui favoriseront l'accès des femmes, leur maintien et
l'augmentation de leur nombre dans l'industrie de la construction. C’est en 1997 que s’est mis
en œuvre le premier Programme d'accès à l’égalité des femmes dans l’industrie de la
construction (PAEF) dont l'objectif global, « 2 000 femmes pour les années 2000 », visait à
porter à 2 % la proportion de femmes dans la main-d’œuvre de l'industrie et ce, sur un
échéancier de 10 ans. C’est finalement en 2011 qu’a été atteint l’objectif de 2 000 femmes
actives. La CCQ a déposé en 2012 un bilan du premier PAEF et en 2013, la CCQ a mené une
vaste consultation auprès des partenaires de l’industrie et acteurs concernés dans le cadre du
renouvellement du PAEF. Le Rapport de consultation, publié au début de 2014, fait état des
consensus et divergences ainsi que des enjeux et pistes de solutions visant à faciliter
l’intégration et le maintien en emploi des femmes sur les chantiers et constitue l’assise sur
laquelle bâtir le prochain PAEF qui devrait être adopté en 2014.
Le présent document fournit pour sa part, des données statistiques touchant différents
aspects de la situation des femmes dans la construction assujettie à la Loi R-20 afin d’évaluer
le chemin parcouru depuis les débuts du PAEF. Également, le comportement des femmes est
analysé en ce qui a trait à leur maintien dans l’industrie de la construction. Pour compléter ce
portrait, une comparaison est effectuée avec les autres provinces du Canada. Comme nous le
verrons, les efforts consentis pour attirer les femmes portent ses fruits, mais il reste du travail
à faire pour qu’elles poursuivent leur carrière dans l’industrie. Il y a beaucoup de femmes qui
occupent un emploi connexe aux chantiers de construction, mais encore peu de femmes sur
les chantiers à proprement dit.
Quelques chiffres
Un nombre constant de femmes intègrent l’industrie
Au moment du démarrage du PAEF en 1997, le nombre de femmes était négligeable dans
l'industrie de la construction : on en comptait à peine 243, ce qui représentait seulement 0,3 %
de l’ensemble de la main-d’œuvre qui se chiffrait à 85 189 à ce moment. Par la suite, les
entrées1 de main-d’œuvre féminine ont progressé à un rythme soutenu jusqu’en 2004. Ce
progrès coïncidant avec le regain de l’activité dans l’industrie de la construction et
l’accroissement de la présence des femmes sur le marché du travail en général. Depuis 2004,
les entrées de femmes dans la construction sont relativement constantes, oscillant entre 350 et
400 par année.
En 2013, 365 femmes ont intégré l’industrie de la construction, le nombre d’entrées de femmes
connaît ainsi un recul de 14 % par rapport à l’an dernier. Néanmoins, ce repli est plus faible que
celui des hommes (-26 %), ce qui fait en sorte que la part des femmes poursuit sa croissance,
atteignant près de 4 % de la main-d’œuvre apparaissant pour une première année dans
l’industrie.
Au cours de la période 1997-2013, un nombre substantiel de 5 219 femmes ont ainsi débuté
une carrière dans l'industrie de la construction. Toutefois, ces nombreuses entrées de femmes
ont été contrecarrées par un taux de départ de l’industrie passablement élevé, pratiquement le
double de celui des hommes.
Entrées de main-d’œuvre selon le sexe et part des femmes de 1997 à 2013
Année
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Total
Femmes
46
102
161
180
193
287
402
434
413
382
377
384
298
378
395
422
365
5 219
Hommes
4 171
5 793
8 194
8 792
8 402
11 777
14 044
15 297
13 668
11 790
13 537
15 421
11 510
14 063
14 402
13 275
9 770
193 906
Total
4 217
5 895
8 355
8 972
8 595
12 064
14 446
15 731
14 081
12 172
13 914
15 805
11 808
14 441
14 797
13 697
10 135
199 125
Part des femmes
1,1 %
1,7 %
1,9 %
2,0 %
2,2 %
2,4 %
2,8 %
2,8 %
2,9 %
3,1 %
2,7 %
2,4 %
2,5 %
2,6 %
2,7 %
3,1 %
3,6 %
2,6 %
Source : CCQ.
1
Personne ayant travaillé au moins une heure dans l’année et qui ne l’avait jamais fait auparavant, ce
qui exclut les retours.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
2
L’intégration dans l’industrie de la construction s’effectue principalement par la voie de
l’apprentissage. Les femmes entrent à titre d’apprenti, dans une proportion de 73 %
comparativement à 68 % pour les hommes. Peu entrent à titre de compagnon : seulement 3 %
des femmes entrent par cette voie alors que la proportion est de 10 % chez les hommes. La
proportion d’entrées à titre d’occupation est équivalente, soit 24 % pour les femmes
comparativement à 22 % pour les hommes.
Les nouvelles apprenties de la période 1997-2013 sont détentrices d’un diplôme d’études
professionnelles dans une proportion de 42 %, une proportion similaire à celle de 43 % pour les
hommes.
Entrées de main-d’œuvre par sexe selon le statut et selon la présence d’un diplôme d’études
professionnelles chez les apprentis, cumulatif de 1997 à 2013
Femmes
Hommes
Total
Part des
Nombre Répartition Nombre Répartition Nombre Répartition femmes
Statut
Compagnon
Apprenti
Occupation
156
3 814
1 249
3%
73 %
24 %
19 229
131 324
43 353
10 %
68 %
22 %
19 385
135 138
44 602
10 %
68 %
22 %
0,8 %
2,8 %
2,8 %
Total
5 219
100 %
193 906
100 %
199 125
100 %
2,6 %
Présence d’un diplôme chez les apprentis
Avec diplôme
Sans diplôme
1 610
2 204
42 %
58 %
56 397
74 927
43 %
57 %
58 007
77 131
43 %
57 %
2,8 %
2,9 %
Total
3 814
100 %
131 324
100 %
135 138
100 %
2,8 %
Source : CCQ.
Plus de 500 femmes détiennent maintenant le statut de compagnon
Le nombre de femmes travaillant dans la construction s’établit ainsi à 2 223 en 2013, alors que
le nombre d’hommes est de 159 245. Les femmes représentent ainsi 1,38 % de la main-d’œuvre
totale de 161 468 sur les chantiers. La part des femmes demeure donc faible en 2013 malgré
une croissance quasi continue depuis 1997. Toutefois, sans constituer une masse critique2, la
présence des femmes dans la construction se concrétise de plus en plus. Comme nous le
verrons plus loin, leur taux élevé de départ de l’industrie demeure pour l’instant une entrave à
un accroissement plus rapide du nombre de femmes dans l’industrie.
2
Les fondements théoriques de l’égalité en emploi évoquent qu’une représentation de 15 % constitue
une masse critique, moins de 33 % un métier non traditionnel et 40 % la parité en emploi.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
3
Par ailleurs, l'objectif du premier PAEF était d’atteindre 2 % de femmes parmi la main-d’œuvre
totale. Actuellement, la proportion dépasse 2 % dans quelques métiers et occupations
seulement. Si l’objectif de 2 % représentait environ 1 700 femmes en 1997, en 2013 cela
correspondait à près de 3 230 femmes, la main-d’œuvre totale ayant presque doublé pendant
cette période, passant de 85 189 à 161 468.
Main-d'œuvre active selon le sexe et part des femmes de 1997 à 2013
Année
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Femmes
243
302
412
515
627
770
1 031
1 303
1 481
1 566
1 664
1 730
1 735
1 904
2 077
2 191
2 223
Hommes
84 946
87 697
93 701
97 594
99 354
107 554
117 696
127 108
131 914
132 514
136 468
143 261
144 122
151 385
157 530
161 854
159 245
Total
85 189
87 999
94 113
98 109
99 981
108 324
118 727
128 411
133 395
134 080
138 132
144 991
145 857
153 289
159 607
164 045
161 468
Part des femmes
0,29 %
0,34 %
0,44 %
0,52 %
0,63 %
0,71 %
0,87 %
1,01 %
1,11 %
1,17 %
1,20 %
1,19 %
1,19 %
1,24 %
1,30 %
1,34 %
1,38 %
Source : CCQ.
Le profil des femmes actives en 2013 demeure notablement différent de celui des hommes.
Étant donné leur intégration récente dans l’industrie de la construction, les femmes cumulent
en moyenne seulement six années d’expérience comparativement à douze années pour les
hommes. Compte tenu de leur faible ancienneté dans l’industrie de la construction, les femmes
sont apprenties dans une très large proportion, soit 56 %, comparativement à 31 % pour les
hommes. Cependant, la situation change progressivement, car la fin de l’apprentissage arrive
pour de plus en plus de femmes. Ainsi, en 2013, l’industrie compte 94 femmes de plus que l’an
dernier avec le statut de compagnon pour un total de 505 femmes. La proportion de femmes
avec le statut de compagnon passe donc à 23 % comparativement à 19 % l’an dernier. Malgré
cette amélioration notable, l’écart demeure important par rapport aux hommes alors que 53 %
d’entre eux sont compagnons. Finalement, le statut d’occupation est détenu par 21 % des
femmes, comparativement à 16 % pour les hommes.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
4
Répartition de la main-d’œuvre par statut selon le sexe en 2013
Femmes
Hommes
21%
16%
23%
31%
56%
53%
Apprenti
Compagnon
Occupation
Source : CCQ.
Par ailleurs, la proportion de femmes par statut est de 2,5 % chez les apprentis, de 0,6 % chez
les compagnons et de 1,8 % chez les occupations.
Quelques métiers se démarquent
Même s’il existe 25 métiers et une centaine d'occupations exercés dans l’industrie de la
construction assujettie, dans les faits, plus de la moitié de la main-d’œuvre totale se concentre
dans trois ou quatre métiers ou occupations. Notamment, chez les apprentis, 61 % de la maind’œuvre se concentre dans quatre métiers (charpentier-menuisier, électricien, peintre et
tuyauteur) alors que chez les femmes, la concentration des apprenties est de 73 % dans les
métiers de charpentier-menuisier, électricien, peintre et plâtrier. À lui seul, le métier de peintre
regroupe 36 % des femmes apprenties alors que seulement 4 % des hommes en apprentissage
exercent ce métier.
Dans le cas des apprenties, en plus des peintres (17,4 %), la présence des femmes est aussi
proportionnellement plus élevée dans les métiers de calorifugeur (6,6 %), plâtrier (6,1 %),
chaudronnier (5,7 %), carreleur (4,6 %), poseur de revêtements souples (4,0 %) et
grutier (3,6 %). À l’inverse, la part des femmes apprenties est inférieure à 1 % dans les métiers
de briqueteur-maçon, frigoriste, mécanicien de chantier, mécanicien en protection-incendie,
monteur-mécanicien vitrier et tuyauteur.
Pour ce qui est du statut de compagnon, le pourcentage de femmes dépasse 1 % dans
seulement quatre métiers, soit peintre (4,8 %) calorifugeur (3,6 %), plâtrier (2,1 %),
carreleur (1,8 %) et poseur de revêtements souples (1,1 %).
De fait, les métiers de mécanicien de chantier, mécanicien en protection-incendie, monteurmécanicien vitrier sont en queue de peloton pour le nombre total de femmes avec moins de
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
5
10 femmes exerçant ces métiers en 2013. Elles sont même absentes du métier de mécanicien
de machines lourdes.
Par ailleurs, les occupations de magasinier/commis (30,0 %), de préposé à l’arpentage (7,6 %),
de scaphandrier (3,5 %) et de conducteur de camions (2,7 %) comptent une proportion
relativement élevée de femmes.
Nombre de femmes actives par statut selon le métier et l’occupation
et part de la main-d’œuvre totale en 2013
Métier/occupation
Briqueteur-maçon
Calorifugeur
Carreleur
Charpentier-menuisier
Chaudronnier
Cimentier-applicateur
Couvreur
Électricien
Ferblantier
Ferrailleur
Frigoriste
Grutier
Mécanicien d'ascenseur
Mécanicien de chantier
Mécanicien de machines lourdes
Mécanicien en protection-incendie
Monteur-assembleur
Monteur-mécanicien vitrier
Opérateur de pelles
Opérateur d'équipement lourd
Peintre
Plâtrier
Poseur de revêtements souples
Poseur de systèmes intérieurs
Tuyauteur
Total des métiers
Boutefeu/foreur
Conducteur de camions
Magasinier/Commis
Main-d’œuvre de lignes
Manœuvre
Préposé à l'arpentage
Scaphandrier (Plongeur)
Soudeur
Autres occupations
Total des occupations
Total
Source : CCQ.
Apprenti
16
26
59
248
7
23
22
114
38
4
8
7
4
1
3
13
6
13
23
452
95
14
20
26
1 242
Femmes
Compagnon
7
24
20
50
7
4
2
75
15
7
3
5
6
1
1
9
1
17
23
148
36
9
12
23
505
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
Total
23
50
79
298
14
27
24
189
53
11
11
12
10
2
0
4
22
7
30
46
600
131
23
32
49
1 747
7
23
6
14
309
92
5
12
8
476
2 223
Part des femmes
Apprenti Compagnon
Total
0,7 %
0,2 %
0,4 %
6,6 %
3,6 %
4,7 %
4,6 %
1,8 %
3,3 %
1,3 %
0,2 %
0,7 %
5,7 %
0,9 %
1,5 %
1,7 %
0,3 %
0,9 %
1,0 %
0,1 %
0,5 %
1,9 %
0,7 %
1,1 %
2,2 %
0,5 %
1,1 %
1,2 %
0,5 %
0,6 %
0,7 %
0,1 %
0,3 %
3,6 %
0,3 %
0,7 %
1,1 %
0,9 %
1,0 %
0,5 %
0,1 %
0,2 %
0,0 %
0,0 %
0,0 %
0,7 %
0,1 %
0,3 %
1,3 %
0,4 %
0,6 %
0,5 %
0,1 %
0,3 %
1,1 %
0,3 %
0,4 %
2,3 %
0,4 %
0,7 %
17,4 %
4,8 %
10,6 %
6,1 %
2,1 %
4,0 %
4,0 %
1,1 %
1,9 %
1,7 %
0,7 %
1,1 %
0,8 %
0,4 %
0,5 %
2,5 %
0,6 %
1,3 %
1,0 %
2,7 %
30,0 %
0,6 %
1,6 %
7,6 %
3,5 %
1,3 %
1,0 %
1,8 %
1,4 %
6
Des heures travaillées plus concentrées dans les secteurs de l’institutionnel/commercial et du
résidentiel
De manière générale, les femmes exercent des métiers ou occupations moins présents dans les
secteurs de l’industriel et du génie civil et voirie. Il en découle que la répartition par secteur de
leurs heures travaillées se distingue de celle des hommes. Dans le cas des métiers, les femmes
travaillent principalement dans le secteur institutionnel/commercial et le secteur résidentiel.
Elles réalisent en effet 89 % de leurs heures travaillées dans ces deux secteurs,
comparativement à 76 % pour les hommes. Pour ce qui est des occupations, elles travaillent
relativement plus dans le secteur industriel : 15 % de leurs heures comparativement à 8 % pour
les hommes.
Répartition des heures travaillées par secteur selon le sexe et le statut en 2013
Secteur
Génie civil et voirie
Industriel
Institutionnel/commercial
Résidentiel
Total
Métiers
5%
6%
61 %
28 %
100 %
Femmes
Occupations
56 %
15 %
22 %
6%
100 %
Total
15 %
8%
53 %
24 %
100 %
Métiers
14 %
10 %
55 %
21 %
100 %
Hommes
Occupations
57 %
8%
28 %
8%
100 %
Total
21 %
10 %
51 %
19 %
100 %
Source : CCQ.
Les femmes sont embauchées par les grandes entreprises
Une proportion de 8 % des employeurs emploie au moins une femme et ce sont le plus souvent
des entreprises de grande taille. Parmi les employeurs de 5 salariés et moins, qui constituent
83 % de tous les employeurs, seulement 5 % embauchent des femmes. À l’opposé, 48 % des
employeurs de plus de 25 salariés embauchent des femmes. Que les femmes se retrouvent
dans les grandes entreprises n’a rien de surprenant, car plus une entreprise a d’employés, plus
la probabilité qu’elle embauche une femme est grande.
Nombre et part des employeurs qui embauchent des femmes
selon le nombre moyen de salariés en 2013
Nombre moyen de
salariés
5 salariés et moins
6 à 10 salariés
11 à 25 salariés
26 à 50 salariés
Plus de 50 salariés
Total
Employeurs qui
embauchent des
femmes
976
291
324
176
166
1 933
Ensemble
des employeurs
21 214
2 289
1 476
468
250
25 697
Part des employeurs
qui embauchent des
femmes
5%
13 %
22 %
38 %
66 %
8%
Source : CCQ.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
7
Les régions du nord du Québec accueillent plus de femmes
Les régions de domicile de la Côte-Nord et de la Baie-James se démarquent avec une présence
relativement plus forte des femmes, soit respectivement 2,7 % et 3,4 %. Dans ces deux régions,
les communautés autochtones expliquent, en partie, cette situation car la présence des
femmes est plus élevée chez les Autochtones, soit 2,9 % comparativement à 1,4 % chez les nonautochtones. De plus, les personnes exerçant une occupation composent une plus grande
portion de la main-d’œuvre dans ces régions alors que les femmes sont relativement plus
présentes dans les occupations que dans les métiers.
De fait, dans la plupart des régions, la proportion de femmes est plus élevée chez les personnes
exerçant une occupation. Ainsi, les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie–BoisFrancs, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Baie-James et de la Côte-Nord ont une proportion de
femmes supérieure à 2 % chez les occupations. La région du Bas-Saint-Laurent–Gaspésie
compte la plus faible participation des femmes avec moins de 1 % de main-d’œuvre féminine.
Nombre de femmes actives par statut selon la région de domicile
et part de la main-d’œuvre totale en 2013
Région de domicile
Bas-Saint-Laurent–Gaspésie
Saguenay–Lac-Saint-Jean
Québec
Mauricie–Bois-Francs
Estrie
Grand Montréal
Île de Montréal
Montérégie
Laval–Laurentides–Lanaudière
Outaouais
Abitibi-Témiscamingue
Baie-James
Côte -Nord
Ensemble du Québec
Métier
36
67
318
77
54
1 035
198
334
503
67
44
4
39
1 747
Femmes
Occupation Total
14
50
46
113
69
387
27
104
11
65
193
1 228
25
223
83
417
85
588
20
87
27
71
4
8
64
103
476
2 223
Part des femmes
Métier Occupation
0,6 %
1,1 %
0,9 %
2,9 %
1,3 %
1,6 %
0,8 %
2,0 %
1,0 %
1,5 %
1,5 %
1,4 %
1,7 %
0,9 %
1,2 %
1,8 %
1,6 %
1,4 %
1,1 %
1,6 %
1,5 %
5,0 %
3,1 %
4,0 %
1,4 %
6,2 %
1,3 %
1,8 %
Total
0,7 %
1,3 %
1,4 %
1,0 %
1,0 %
1,5 %
1,5 %
1,3 %
1,5 %
1,2 %
2,0 %
3,4 %
2,7 %
1,4 %
Source : CCQ.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
8
Des disparités dans la moyenne des heures travaillées
Dans l’industrie de la construction, le nombre d’heures travaillées annuellement varie
beaucoup selon le métier, le statut et le secteur. La moyenne globale d’heures travaillées doit
donc être utilisée avec prudence pour comparer la situation des femmes à celle des hommes.
Cette moyenne, dans le cas des femmes, reflète le fait qu’elles sont encore au stade de
l’apprentissage et, qui plus est, à la première période d'apprentissage pour la majorité. D’où
une durée de travail plus courte car, de manière générale, les heures travaillées augmentent au
fur et à mesure que l’on avance dans l’apprentissage. De plus, la majorité des femmes se
retrouvent dans les métiers ayant les moyennes d’heures les plus faibles de l’industrie.
Globalement, la moyenne des heures travaillées en 2013 par les femmes est de 694 heures
alors que celle des hommes est de 958 heures. Ainsi, les femmes travaillent l’équivalent de
72 % de la moyenne des hommes. Par statut, les femmes apprenties travaillent en moyenne
623 heures ce qui correspond à 76 % de la moyenne de 818 heures des hommes. Les femmes
avec un statut de compagnons travaillent 933 heures en moyenne, soit 88 % de la moyenne de
1 057 heures des hommes alors que celles exerçant une occupation travaillent 622 heures en
moyenne, soit 67 % de la moyenne de 924 heures des hommes.
Les données où on compte un nombre peu élevé de femmes doivent être interprétées avec
prudence, mais il demeure que dans dix des vingt-cinq métiers, les femmes ayant un statut de
compagnon montrent une moyenne des heures travaillées plus élevée que celle des hommes et
que dans quatre autres métiers, la moyenne des femmes atteint plus de 80 % de celle des
hommes.
Pour le statut d’apprenti, la moyenne des heures travaillées des femmes est supérieure à celle
des hommes pour cinq métiers et atteint plus de 80 % dans le cas de cinq autres métiers.
Les femmes exerçant les occupations de conducteur de camions et de soudeur affichent une
moyenne des heures travaillées plus élevée que celle des hommes.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
9
Moyenne des heures travaillées des femmes actives par statut selon le métier et l’occupation
et proportion de la moyenne des heures travaillées des hommes en 2013
Métier/occupation
Briqueteur-maçon
Calorifugeur
Carreleur
Charpentier-menuisier
Chaudronnier
Cimentier-applicateur
Couvreur
Électricien
Ferblantier
Ferrailleur
Frigoriste
Grutier
Mécanicien d'ascenseur
Mécanicien de chantier
Mécanicien de machines lourdes
Mécanicien en protection-incendie
Monteur-assembleur
Monteur-mécanicien vitrier
Opérateur de pelles
Opérateur d'équipement lourd
Peintre
Plâtrier
Poseur de revêtements souples
Poseur de systèmes intérieurs
Tuyauteur
Total des métiers
Boutefeu/foreur
Conducteur de camions
Magasinier/Commis
Main-d’œuvre de lignes
Manœuvre
Préposé à l'arpentage
Scaphandrier (Plongeur)
Soudeur
Autres occupations
Total des occupations
Apprenti
503
1 174
614
526
820
414
323
801
782
507
862
584
1 521
444
1 239
956
194
354
461
603
619
618
634
806
623
Femmes
Compagnon
543
1 095
971
655
750
717
123
1 026
1 218
645
658
1 472
1 877
893
1 935
771
1 763
950
545
924
1 031
821
1 045
1 147
933
Total
1 413
880
418
692
503
682
732
697
789
966
713
428
637
956
835
538
821
558
1 045
495
622
% de la moyenne des hommes
Apprenti Compagnon
Total
74 %
63 %
66 %
105 %
85 %
92 %
88 %
112 %
90 %
69 %
66 %
62 %
72 %
67 %
70 %
57 %
70 %
51 %
78 %
14 %
46 %
76 %
85 %
77 %
87 %
102 %
84 %
75 %
57 %
57 %
81 %
47 %
63 %
75 %
108 %
73 %
116 %
120 %
118 %
43 %
77 %
59 %
0%
0%
0%
102 %
145 %
110 %
108 %
69 %
84 %
22 %
160 %
42 %
54 %
101 %
77 %
66 %
62 %
59 %
92 %
103 %
86 %
86 %
107 %
86 %
105 %
101 %
93 %
69 %
89 %
74 %
73 %
95 %
82 %
76 %
88 %
74 %
42 %
107 %
84 %
63 %
61 %
75 %
78 %
102 %
60 %
67 %
694
72 %
Total
515
1 136
704
548
785
459
306
890
905
595
807
954
1 735
668
Source : CCQ.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
10
Un taux d’abandon presque deux fois plus élevé pour les femmes
Comme la première partie le montrait, le recrutement de femmes a été important depuis
1997 : près de 5 219 femmes ont amorcé une carrière dans la construction. Cependant, les
données sur la rétention de cette main-d’œuvre sont plutôt effarantes, ce qui explique que,
malgré ce nombre élevé d’entrées, seulement 2 223 femmes sont encore actives en 2013.3
Le taux d'abandon des femmes n’est en effet guère rassurant. Si on oublie les compagnons, où
un nombre trop restreint de femmes intègrent l’industrie pour établir une comparaison, près
de 60 % des femmes entrées comme apprenties ou occupations ont quitté après cinq ans. Pour
les hommes, c’est 35 % qui sont partis. C’est donc presque deux fois plus de femmes que
d’hommes qui quittent l’industrie. L’écart se remarque que les femmes soient apprenties
diplômées, non diplômées ou exerçant une occupation.
Taux d’abandon des apprentis et des occupations selon le sexe
Cohortes de 1997 à 2008
1 an
Taux d’abandon après
2 ans
3 ans 4 ans
5 ans
Femmes
Apprenti
- non diplômé
- diplômé
21 %
26 %
15 %
34 %
40 %
26 %
43 %
50 %
34 %
50 %
57 %
39 %
56 %
63 %
45 %
Occupation
25 %
38 %
47 %
54 %
61 %
Total
22 %
35 %
44 %
51 %
57 %
Hommes
Apprenti
- non diplômé
- diplômé
13 %
17 %
8%
21 %
26 %
13 %
26 %
32 %
17 %
30 %
36 %
20 %
34 %
40 %
23 %
Occupation
19 %
27 %
32 %
37 %
41 %
Total
15 %
22 %
28 %
32 %
35 %
Source : CCQ.
Les entrées de femmes ont certes permis l’augmentation de la population féminine dans la
construction mais elles ont aussi servi, en grande partie, à compenser les départs. Également,
33
Pour un rapport complet sur l’abandon, consultez le document : Les abandons dans les métiers et
occupations de la construction. Ampleur et causalités. Commission de la construction du Québec.
Direction recherche et organisation. Février 2008.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
11
les femmes sont relativement moins nombreuses à effectuer un retour dans l’industrie après
une période d’inactivité. Leur départ de l’industrie semble plus définitif que celui des hommes;
c’est d’ailleurs ce qui se dégageait de l’étude sur les abandons réalisée en 2008.4
De fait, si le taux d’abandon des femmes avait été similaire à celui des hommes au cours de la
période de 1997 à 2013, ce sont près de 3 100 femmes qui travailleraient dans la construction
aujourd’hui, plutôt que 2 223.
Le Québec sous la moyenne canadienne
Même si de plus en plus de femmes exercent des métiers ou occupations couverts par les
conventions collectives de la construction, le Québec tire de l’arrière relativement aux autres
provinces canadiennes en ce qui concerne la présence des femmes sur les chantiers selon les
données de l’Enquête nationale auprès des ménages de Statistique Canada (ENM), réalisée en
mai 2011.5 Ces données sont les plus récentes disponibles permettant d’effectuer une
comparaison entre les provinces. Par ailleurs, les données de l’ENM de Statistique Canada
englobent toute l’industrie de la construction. Elles couvrent donc la main-d'œuvre des
secteurs assujettis et non assujettis à la Loi R-20 ainsi que toutes les professions s’y rapportant,
que ce soit celles sur les chantiers ou dans les bureaux.
Globalement, sans tenir compte du type de profession exercée (sur les chantiers ou dans les
bureaux), le Québec ne se distingue pas des autres provinces en ce qui a trait à l’emploi total
des femmes dans l’industrie de la construction. Selon les données de l’ENM, les autres
provinces du Canada, en particulier les plus populeuses, ont en effet sensiblement la même
proportion de femmes qui œuvrent dans l’industrie de la construction : environ 12 % de
l’ensemble des emplois de l’industrie de la construction sont occupés par des femmes.
Par contre, si on restreint la comparaison aux professions appareillées avec les métiers ou
occupations tels que définis par le Règlement sur la formation professionnelle de la maind’œuvre de l’industrie de la construction ou par les conventions collectives québécoises, les
femmes sont davantage présentes sur les chantiers dans les autres provinces du Canada. Le
Québec se distingue en effet avec une des plus faibles proportions de femmes, soit 2,1 %, alors
que la moyenne nationale est de 3,1 %, même qu’elle grimpe à 4,7 % en Alberta.
Les données de Statistique Canada comprennent toute l’industrie de la construction, assujettie
ou non à la Loi R-20, incluant par exemple, la rénovation résidentielle. Si on compare
maintenant les données de Statistique Canada ainsi calculées pour le Québec dans les métiers
appareillés, avec les données de la CCQ, qui comme on le sait couvrent seulement la
4
Idem, p.44.
La présente section présente le résumé d’une étude de la CCQ à paraître à l’automne 2014 sur une
comparaison entre les provinces du Canada de la présence des femmes dans l’industrie de la
construction.
5
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
12
construction assujettie à la Loi R-20, il se dégage de plus que la présence des femmes est moins
grande lorsque les travaux sont assujettis, que lorsqu’ils ne sont pas assujettis. Pour la période
couverte par l’ENM, soit le mois de mai 2011, les femmes représentent seulement 1,0 % de la
main-d’œuvre totale selon les données de la CCQ.
6,4%
10%
8,3%
9,5%
10,9%
11,1%
12%
11,1%
11,8%
12,1%
14%
12,2%
12,3%
16%
15,2%
Proportion de femmes occupant un emploi dans l’industrie de la construction
par province en mai 2011
1,2%
0,9%
2,2%
2,6%
4,1%
2,5%
1,5%
2%
1,0%
2,1%
4%
3,7%
3,1%
6%
4,7%
8%
N.-B
T-N-et-L
Î-P-É
0%
Alberta
CANADA
C-B
QUÉBEC
Ontario
Sask.
N.-É
Manitoba
Ensemble des professions
Métiers/occupations appareillés avec la Loi R-20
Métiers/occupations (Données de la CCQ, construction assujettie à la Loi R-20)
Source : Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages et CCQ.
Au-delà des chantiers
Les données examinées jusqu’à présent ne montrent qu’une facette de la présence des femmes
dans la construction. D’autres professions que celles directement actives sur les chantiers
évoluent dans l’industrie de la construction et dans celles-ci, les femmes sont plus nombreuses.
Selon les données de l’ENM de Statistique Canada, sans tenir compte du type de profession
exercée (que ce soit sur les chantiers ou dans les bureaux), l’emploi total dans la construction
au Québec en mai 2011 était de 218 360 personnes, dont 26 480 femmes, soit 12,1 %.
Lorsqu’on examine ce que font les femmes dans l’industrie de la construction, que ce soit au
Québec ou ailleurs au Canada, on constate que la grande majorité d’entre elles exercent une
profession reliée à l’administration de l’entreprise. Par exemple, au Québec, le personnel de
supervision du travail administratif et financier et le personnel administratif comptent par
exemple 9 395 femmes, et 4 145 femmes sont employées comme personnel de soutien de
bureau (commis comptable par exemple). Plus de 3 000 femmes occupent aussi des postes
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
13
supérieurs dans la gestion, comme professionnelles ou techniciennes en gestion (1 355) ou
comme cadres (2 175).
Globalement dans ces professions hors chantier, les femmes composent le tiers de la maind’œuvre. Le Québec (33,7 %) ne se distingue pas du Canada (33,5 %) à cet égard.
Dans les professions plus directement reliées aux métiers de la construction, les femmes sont
au nombre de 3 605 en mai 2011, dont la plupart se trouvent dans les métiers/occupations
appareillés avec la Loi R-20 (2 680).
Il y a donc davantage de femmes évoluant dans un emploi connexe aux chantiers de
construction, mais peu de femmes sur les chantiers à proprement dit.
Nombre et proportion de femmes dans l’industrie de la construction
selon la catégorie professionnelle en mai 2011
Québec
Catégorie professionnelle
Total – Ensemble des professions
0 Gestion
1 Affaires, finance et administration
11 Personnel professionnel en gestion des affaires et en finance
12 Personnel de supervision du travail administratif et financier et
personnel administratif
13 Personnel en finance, assurance et personnel assimilé en
administration des affaires
14 Personnel de soutien de bureau
15 Personnel de coordination de la distribution, du suivi et des horaires
2 Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés
3 Secteur de la santé
4 Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et
Gouvernementaux
5 Arts, culture, sports et loisirs
6 Vente et services
7 Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés
- Professions appareillés avec la Loi R-20
- Entrepreneurs et contremaîtres
- Autres professions
8 Ressources naturelles, agriculture et production connexe
9 Fabrication et services d'utilité publique
Sous-total -Ensemble des professions excluant la grande catégorie
professionnelle 7 (Métiers, transport, machinerie et domaines
apparentés)
Source : Statistique Canada, Enquête nationale sur les ménages.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
Emploi
total
218 360
24 220
20 725
Canada
Nombre
de Part des
femmes femmes
26 480 12,1 %
2 175
9,0 %
16 545 79,8 %
Part des
femmes
12,3 %
9,8 %
81,7 %
2 065
1 355
65,6 %
62,9 %
10 845
9 395
86,6 %
84,4 %
1 600
4 610
1 605
1 290
4 145
360
80,6 %
89,9 %
22,4 %
94,4 %
89,7 %
29,3 %
10 480
125
1 450
0
13,8 %
0,0 %
12,5 %
32,4 %
330
1 005
6 800
150 440
160
475
1 560
3 605
48,5 %
47,3 %
22,9 %
2,4 %
41,2 %
48,8 %
26,5 %
3,3 %
127 860
9 465
13 030
2 680
370
440
2,1 %
3,9 %
3,4 %
3,1 %
4,4 %
3,6 %
1 210
3 025
50
440
4,1 %
14,5 %
7,6 %
11,4 %
67 920
22 875
33,7 %
33,5 %
14
Conclusion
L’industrie de la construction assujettie à la Loi R-20 a réussi à accroître la présence des femmes
depuis 1997, mais elles restent encore peu nombreuses dans les métiers et occupations de la
construction. La présence des femmes serait beaucoup plus élevée si leurs départs étaient
moins élevés. Les obstacles à leur intégration viennent en partie nuire à un plus grand maintien
dans l’industrie.
Prise dans son ensemble, l'industrie de la construction fait tout de même place à un nombre
important de femmes dans les fonctions administratives. Le Québec à cet égard, est d’ailleurs
dans une position similaire à ce que l’on observe dans les autres provinces du Canada, mais sur
les chantiers à proprement dit, un retard persiste comparativement au reste du Canada.
CCQ, Direction de la recherche et de la documentation, août 2014.
15