Tourisme international et terrorisme Tourisme international et

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Tourisme international et terrorisme Tourisme international et
Etude
Tourisme international
et terrorisme
Ala al-Hamarneh- Université de Mainz- Allemagne
[email protected]
Le tourisme international est une industrie qui vit sur la base des relations personnelles et qui a un message qui
consiste à permettre et à faciliter le dialogue culturel direct. Le tourisme florissant a besoin de stabilité politique, de
paix, de sécurité et de l’aptitude à gérer le dialogue entre diverses communautés sans entraves intellectuelles ou
matérielles. Le terrorisme visant les touristes ou les destinations touristiques a pour objectifs – parmi d’autres –
d’empêcher l’établissement de l’échange et du dialogue entre cultures. Il a pour but d’entraver l’élaboration d’une
meilleure et plus profonde compréhension de « l’autre ». Le terrorisme à l’encontre des touristes est un acte motivé
par des impératifs politiques ou culturels.
Le Caire, la belle et la pacifique.
Il y a, semble-t-il, quatre messages que les
terroristes veulent transmettre. Premièrement, la
déstabilisation du régime politique local. Les
actes terroristes en Egypte en sont un exemple.
Ils visent à mettre à nu le dysfonctionnement
sécuritaire de la politique du gouvernement et à
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défier celui-ci. Et ils frappent, en même temps,
l’un des plus importants secteurs économiques
du pays. Deuxièmement, ils attirent l’attention
sur l’impasse d’un groupe minoritaire. Le
terrorisme de l’ETA en Espagne, par exemple,
prétend représenter les intérêts de la
communauté ethnique basque. Certains
groupes radicaux kurdes de Turquie attaquent
les destinations touristiques dans le but
explicite d’attirer l’attention de l’opinion
internationale et de mettre en avant leur cause.
Troisièmement, faire connaître des Tourisme Islamique – Numero 19 – Septembre-Octobre / 2005 Pour plus d’informations, visiter notre site www.islamictourism.com
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Etude
Le Synagogue la Ghriba à Djerba après sa restauration.
positions hostiles à l’égard des politiques
suivies par les pays d’origine des terroristes. Il
est évident que les frappes contre Bali avaient
un lien avec l’après 11 septembre. A travers
l’attaque contre les touristes israéliens à
Mombassa et les visiteurs du synagogue de
Djerba, les terroristes essayent, semble-t-il,
d’exprimer leur hostilité à l’égard d’Israël.
Quatrièmement : dans un but commercial. Il est
clair que le kidnapping des touristes européens
et australiens a un lien avec la collecte de fonds
pour financer l’organisation-mère de ces
terroristes.
On peut mesurer le succès de ce terrorisme à
motifs politiques par l’impact à long terme des
attaques et de leur écho médiatique. Quant au
terrorisme à motifs culturels, il est très peu
répandu. Certains chercheurs voient dans les
attaques directes contre les touristes dans les
pays arabes et islamiques des aspects
culturels.
Lors des discussions académiques sur les
attaques terroristes en Egypte durant les
années 90, certains chercheurs ont avancé que
les facteurs culturels ont joué un rôle important
dans les opérations terroristes. Ils ont
développé l’idée que certains groupes
d’activistes islamistes radicaux ont ressenti la
nécessité de faire des actes extrémistes afin de
mettre un terme à ce qu’ils croient être
dangereux pour leur culture nationale, leur
patrimoine et leurs croyances religieuses. Mais,
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ce qui est occulté là, c’est que ceux qu’on
désigne par « activistes » sont ceux-là même
qui s’opposent actuellement, de manière
radicale, au gouvernement égyptien et à la
politique de l’Etat.
Les principaux buts de ces actes terroristes
sont : primo, déstabiliser l’Etat politiquement et
économiquement ; et secundo, envoyer un
message à l’opinion internationale. Les motifs
culturels ont commencé à apparaître, d’une
façon plus claire, depuis le 11 septembre.
L’horreur des attaques, le caractère islamiste
des terroristes et « l’utilisation » des kamikazes
après le 11 septembre, ont conforté les théories
qui estiment que le fonds du problème est
culturel. Malgré cela, réduire le « culturel » au
religieux strictement est une question
discutable et dont la démarche est douteuse.
Les canaux de dialogue et d’interaction
culturels sont vraiment limités, notamment
lorsqu’il s’agit d’un vaste groupe de l’humanité.
Les moyens de dialogue les plus répandus
offrent une interactivité limitée sous la forme
d’un face à face –cas des technologies de
communication (télévision et Internet) – ou bien
l’accès à ce dialogue est très limité – cas des
échanges gouvernementaux et culturels.
L’émigration a échoué jusqu’à maintenant à
créer un espace de dialogue entre sociétés et
cultures des pays d’origine et des pays
d’accueil.
Le tourisme international offre l’opportunité de
visiter, de découvrir et de connaître directement
« l’autre » dans son pays. De tels contacts ont
une importance capitale, sachant notamment
que des millions d’Européens continuent à
visiter chaque année les pays arabes, même
après les attentats contre Louksor et Djerba.
Il semble donc que les terroristes ont échoué.
Malgré les effets économiques et politiques
négatifs des actes terroristes sur les touristes à
court terme, il semble que les idéologies
radicales liées au terrorisme échouent à long
terme. Sinon, comment expliquer l’attaque de
travailleurs égyptiens à une station de bus à
Charam Cheikh en juillet dernier ? En outre, il
semble que l’adage disant « Si tu n’es pas avec
nous, tu es nécessairement contre nous » est
pris à la lettre par les terroristes. Ce qui signifie
que toute personne ayant un lien avec le
tourisme mondial est contre eux. Cela veut dire
aussi que le terrorisme contre les touristes et le
tourisme est un motif indirect du débat
concernant le conservatisme, le libéralisme et la
tolérance dans les pays arabes.
La plupart des touristes européens qui visitent
les pays arabes le font dans le cadre des
packages des agences de voyage. Ils restent
quasiment dans des groupes isolés et n’ont
que des relations illusoires avec la société et la
culture locales, tels à Charm Cheikh et à
Hurghada en Egypte, à Agadir au Maroc, à El
Kentaoui et à Djerba en Tunisie, ou à El
Jumairah à Dubaï.
Malheureusement, après le 11 septembre,
l’isolement s’est accentué pour des raisons de
sécurité. Mais, il n’a pas garanti la sécurité,
comme nous le constatons durant les trois
dernières années. Au contraire, l’éloignement
des touristes étrangers par le biais de leur
isolement géographique, expose davantage
ces derniers à l’inquiétude et au danger et les
rends des « victimes secondaires ». Cette
mesure éloigne également les travailleurs du
secteur touristique. Donc, à travers ces
mesures sécuritaires obsessionnelles on a isolé
toute une industrie.
Le dialogue intellectuel et les contacts directs
peuvent mettre un terme aux évolutions
négatives et violentes dans le secteur
touristique. Le tourisme international donne un
exemple de coexistence pacifique, de
tolérance et d’échange culturels. C’est ce qui
pousse les terroristes à haïre les touristes et le
tourisme et à s’attaquer à eux. Tourisme Islamique – Numero 19 – Septembre-Octobre / 2005 Pour plus d’informations, visiter notre site www.islamictourism.com
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