L`expérience utilisateur enrichie

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L`expérience utilisateur enrichie
Le maintien en condition opérationnelle :
un enjeu majeur sous-évalué
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L’expérience utilisateur enrichie
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SharePoint Workspace 2010 :
au cœur de la collaboration Microsoft
Bimestriel - janvier/février 2010
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n°83
Mission Critical Messaging
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L’automatisation dynamisera
probablement l’adoption
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L’automatisation dynamisera
probablement l’adoption
des points de fonctions
Interview de Mike Harris
Président et PDG du Groupe David Consulting
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IT-expert n°83 - janvier/février 2010
Fenêtre sur cour
n Pouvez-vous vous présenter, ainsi que le Groupe David
Consulting, à ceux qui ne sont pas familiers avec votre
domaine ?
Mike Harris : Bien sûr. DCG a été fondée en 1994 par David
Garmus et David Herron, qui ont rapidement acquis une réputation
internationale pour leur entreprise en publiant le premier livre
de référence sur l’analyse des points de fonctions. Ce livre a
été traduit en de nombreuses langues et est toujours largement
disponible actuellement. Par la suite, DCG est devenue une
entreprise de conseils spécialisée dans les mesures et processus
d’amélioration du développement de logiciels. Mon premier
contact avec DCG a été en tant que client, où j’ai atteint le CMM
niveau 3 en seulement 15 mois ! Il y a quatre ans, j’ai racheté la
société et je suis actuellement son Président et PDG.
de fonctions comme l’élément de mesure clé pour la gestion
de leur sous-traitance et/ou de leurs processus d’estimation.
Néanmoins, comme nous l’avons constaté récemment lors
de notre brève enquête auprès des personnes assistant à
une conférence CAST CIO sur les mesures de qualité et de
productivité des logiciels, le nombre d’entreprises utilisant les
points de fonctions ne dépasse probablement pas encore 10
à 15 %. Cela correspond grossièrement à ce que nous avons
constaté en tant qu’expert dans ce domaine.
n Pouvez-vous récapituler pour les non-initiés l’intérêt des
points de fonctions et les raisons de leur usage ?
Mike Harris : Lorsque les logiciels sont devenus plus complexes,
il s’est avéré que leur développement devenait plus difficile. Ceci
a poussé des gens à rechercher des moyens plus adaptés pour
mesurer le processus de développement. Alors qu’il était facile
de mesurer les efforts, les coûts et la qualité, ces grandeurs ne
semblaient pas être très utiles pour la gestion des projets en
matière de budget et de délais ou pour comprendre si un projet
était plus ou moins étendu qu’un autre. Les points de fonctions
ont ainsi été développés pour créer une grandeur de mesure de
la taille fonctionnelle des logiciels du point de vue de l’utilisateur.
En matière de points de fonctions, la taille dépend largement
de la compréhension de l’utilisateur quant à « combien de
fonctionnalités puis-je obtenir de ce logiciel ? ». Connaissant
la taille fonctionnelle d’un élément de logiciel, d’application ou
de projet permet à des responsables de normaliser les autres
grandeurs de mesure et de comparer ainsi par exemple l’effort
par point de fonctions ou le coût par point de fonctions.
n A votre avis, qu’est-ce qui empêche une utilisation plus
étendue ? Que faudrait-il faire pour cela progresse ?
Mike Harris : Visiblement, un certain nombre de facteurs ont
empêché son application plus large. De nombreuses entreprises,
si ce n’est la plupart d’entre elles, gèrent leur développement
de logiciels à un niveau de maturité faible et préfèrent payer
les pertes encourues plutôt que d’investir et de supporter des
processus et modes de mesure matures. Il est vrai que l’analyse
de points de fonctions exige un travail de mise en place. Il existe
de nombreuses approches standardisées pour le comptage des
points de fonctions tels que l’IFPUG et le COSMIC. Elles satisfont
les attentes dans la codification des processus d’analyse qui
utilisent des capacités dans lesquelles les êtres humains excellent,
telles que la reconnaissance de schémas et le traitement de
diverses entrées. Mais cette approche a compliqué le processus
d’automatisation. Alors que cela est possible à moindre coût
pour les charges de travail raisonnables – DCG compte 50 à 250
projets par mois pour un client – de nombreuses tâches sont trop
étendues pour que même des équipes importantes puissent
les gérer dans un délai acceptable. De plus, il est difficile pour
beaucoup d’entreprises de justifier des compteurs d’équipes
pour des comptages occasionnels et elles peuvent considérer
que cela ne vaut pas la peine de faire appel à des consultants
externes pour prendre en charge ce travail.
n Les points de fonctions existent depuis maintenant
un certain temps. Ils ont souvent été décrits comme
le seul moyen pratique pour quantifier les services
apportés aux utilisateurs. Quel est leur niveau
d’adoption actuel ?
Mike Harris : Les points de fonction ne sont pas parfaits, mais
leur force est leur capacité à fournir des comparaisons à travers
les applications et les projets. Cet avantage est renforcé par le fait
que vous venez de mentionner- ils existent déjà depuis un certain
temps. Il en découle un grand nombre de preuves statistiques de leur
proportionnalité par rapport aux grandeurs de mesure essentielles
que sont les niveaux de coûts, d’efforts et de défaillances. Il n’existe
pas d’autres grandeurs de mesure de logiciels qui disposent d’un
tel niveau de validation à travers tous les secteurs industriels.
L’historique d’utilisation signifie également qu’il existe un grand
nombre de données disponibles pour le benchmarking – DCG
actualise continuellement sa base de données de projets sur
lesquels des points fonctionnels ont été comptés, et nous travaillons
actuellement pour obtenir des données de plus de 4 ou 5 ans.
Même sans cela, notre base de données comporte actuellement
des données sur plus de 7 000 projets.
L’utilisation des points de fonction est aujourd’hui plus élevé
que jamais, et de plus en plus d’entreprises utilisent les points
n Quel type d’automatisation pourrait être possible ou
existe déjà pour le comptage des points de fonctions ?
Mike Harris : Pendant de nombreuses années, nous avons
disposé d’outils simples pour faciliter le travail des compteurs
de points de fonctions en automatisant certaines des tâches
répétitives, de la même manière qu’un tableur automatise le
calcul et produit de jolis graphiques. Ils renforcent la productivité
des compteurs, mais ne suppriment pas les besoins en
interventions humaines. Nous avons besoin d’une automatisation
qui transforme les experts en calibreurs de la technologie
de comptage automatique des points de fonctions. Il existe
maintenant des produits disponibles auprès de CAST et d’autres
qui peuvent fournir de bonnes grandeurs de mesures de logiciels
sur la base des approches établies du comptage de points de
fonctions. Nous rappelons que ces nouvelles approches ne
reproduisent pas les comptages de points de fonctions actuels
d’IFPUG ou de COSMIC – elles ne le peuvent pas parce que la
manière dont sont écrites les règles de comptage focalisées
sur l’être humain rend une automatisation précise impossible
avec les technologies actuelles. Toutefois, nous avons constaté
dans le cadre de notre travail avec CAST que de bonnes
approximations des comptages IFPUG sont possibles dans la
plupart des circonstances.
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n Pouvez-vous décrire la certification IFPUG en cours
pour l’automatisation du comptage des points
de fonctions ? Comment correspond-elle à votre
expérience du travail avec des clients ?
Mike Harris : IFPUG a défini trois niveaux de certification
correspondant à des niveaux croissants de capacités de logiciels.
Les niveaux 1 et 2 concernent essentiellement des assistants
de mémorisation de données, de calcul et de reporting pour les
compteurs humains. Ils sont utilisés depuis un certain temps et
de nombreux outils de qualité sont certifiés. Malheureusement,
les exigences de certification effectuent un grand bond vers le
niveau 3, qui requiert essentiellement qu’un élément de logiciel
soit capable de réaliser exactement le même processus et de
la même manière qu’un compteur humain. A ma connaissance,
cela exige actuellement des niveaux d’intelligence artificielle
qui, s’ils existent, ne seront probablement pas appliqués au
comptage des points de fonctions.
Toutefois des logiciels tels que CAST sont disponibles maintenant,
qui dépassent considérablement les exigences du niveau 2.
Malheureusement, l’IFPUG n’a pas encore eu le temps ou les
ressources pour développer des certifications pour ces logiciels
plus élevés. En travaillant avec les clients, nous avons constaté
qu’ils ont rencontré un dilemme – dans certaines circonstances
l’utilisation du comptage de points de fonction n’est pas pratique
pour eux, et ils recherchent donc des solutions alternatives. Une de
celles-ci est de rechercher l’automatisation, mais leurs experts en
points de fonctions leur fournissent des réponses décourageantes
telles que « ceux-ci sont inutiles » (ce qui est faux) ou « ce ne sont
pas des points de fonctions IFPUG ! » (ce qui est correct, mais
seulement en partie). Chez DCG, nous nous efforçons de fournir
à nos clients, et à tous ceux qui souhaitent nous écouter, des
analyses intelligentes. Le travail rapproché avec CAST nous aide
à obtenir les meilleures informations disponibles.
n Doit-on se soucier du manque de précision potentiel
des comptages de points de fonctions automatisés ?
Mike Harris : Non. Le comptage manuel des points de fonctions
n’est pas précis, parce qu’il n’existe pas d’échelle absolue à
laquelle les comptages peuvent être comparés. Les comptages
IFPUG et COSMIC d’un même projet fournissent des chiffres
différents. Nous devrions nous attendre à un résultat similaire
lors d’un comptage automatisé. Le domaine dans lequel le
comptage automatique sera supérieur aux variations humaines
est l’uniformité. L’ordinateur fournira le même comptage pour
le même élément logiciel à chaque fois !
n Dans quels cas pourra-t-on utiliser avec succès
les points de fonctions automatisés (AFP) ?
Mike Harris : Les nouvelles approches qui génèrent des
Automated Function Points (AFP) dépendent actuellement de
la disponibilité du code source. Leur point fort est naturellement
le comptage après le développement. Pour l’instant, les
comptages de points de fonctions réalisés par des humains
pour des évaluations précoces des projets reposant sur des
exigences et des documentations de concept devront toujours
être réalisés par des humains. Certains progrès ont été faits
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dans ce domaine en utilisant des documents UML en tant
qu’entrées pour les processus de comptage automatisés, mais
malheureusement, le nombre d’entreprises utilisant les UML
est encore moins important que celui des sociétés utilisant les
points de fonctions !
n Avez-vous enregistré vous-même des succès
avec les AFP ?
Mike Harris : Oui. Nous avons déjà travaillé avec CAST sur
un certain nombre de commandes d’importants clients pour
lesquelles nous avons été capables de démontrer que les AFP
corrèlent le comptage des points de fonctions IFPUG. Bien
que nous ayons confirmé que la précision n’est pas vitale,
cette corrélation avec l’IFPUG est importante sous deux points
de vue. Premièrement, il a été démontré que les points de
fonctions IFPUG sont en corrélation correcte avec les efforts
et les défaillances au fil de plusieurs années, de façon à ce
que, si les AFP sont en corrélation avec les points de fonctions
de l’IFPUG, il est raisonnable de supposer qu’ils seront en
corrélation avec les efforts, etc. Deuxièmement, les utilisateurs
les plus importants de points de fonctions disposent aujourd’hui
d’une grande quantité de données historiques qu’ils mettent
en perspective pour faire des estimations et établir des SLA,
de sorte à ce que tout nouveau système doive s’adapter au
système existant.
n Si les AFP sont/peuvent devenir matures, quel est selon
vous le rôle des conseils en matière de points de fonctionnement dans le monde économique actuel et futur ?
Mike Harris : Comme je l’ai déjà indiqué, les humains seront
toujours indispensables pour l’avenir prévisible. Les rôles
principaux seront le comptage dans les étapes précoces
des projets avant la disponibilité du code, le calibrage des
technologies et comptages automatisés pour des entreprises
dont le volume est trop faible pour justifier l’utilisation d’un
outil. Ce dernier type de comptage peut s’effectuer par le biais
de l’utilisation one-shot de la technologie sous forme d’une
prestation de service. DCG a déjà réalisé ce type de prestation
pour un client en utilisant CAST. Il se peut même que nous ayons
plus de travail si la disponibilité de l’automatisation augmente
le nombre de sociétés utilisant les points de fonctions !
n Si vous aviez un conseil à donner à un DSI intéressé
par les mesures de productivité, que lui diriez-vous ?
Mike Harris : Faites-le. Il existe des options disponibles
aujourd’hui qui nous permettent de confirmer que les économies
que vous réaliserez par les mesures et l’amélioration de la
productivité dépasseront facilement l’investissement fourni
pour les mesures et l’amélioration. Depuis cette année, DCG
et CAST ont lancé un projet dans lequel les sociétés pourront
déployer un mélange d’évaluation automatisée et manuelle de
logiciels pour maximiser les avantages et minimiser les coûts
d’utilisation d’approches standardisées d’évaluation de logiciels.
Nous comptons augmenter le nombre d’entreprises qui peuvent
mieux contrôler leurs coûts et investissements de développement
et de maintenance d’applications logicielles. n

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