l`article du Journal Spécial des Sociétés
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Vie du droit VIE DU DROIT Congrès : daf et directeurs juridiques Confidentialité des avis des juristes d’entreprise : un enjeu de compétitivité internationale . . . . . . . 2 DAF/DJ : au cœur de la conduite du changement . . . 5 Clerc de notaire : les députés ont validé la prolongation du délai des habilitations . . . . . . 13 ministère de la Justice : rapport « radicalisation islamiste en milieu carcéral – 2016 » . . . . . . . . 14 ministère du Logement – extension des mesures d’encadrement des loyers . . . . . . . . . . . . 15 AGENDA 4 INTERVIEW Confidentialité des avis des juristes d’entreprise : un enjeu de compétitivité internationale ! entretien avec anne-Charlotte Cazalet – La réglementation française, contrairement à d’autres, y compris en Europe, ne reconnaît employment Legal Counsel emea, Citrix Systems . 6 toujours pas la confidentialité des avis des juristes. Ils sont donc saisissables et peuvent AU FIL DES PAGES être utilisés par les concurrents. L’enjeu, considérable, relève de « la compétitivité des La robe pourpre (4e partie) . . . . . . . . . . . . 7 entreprises françaises et de la force du droit français », selon Denis Musson. vers un nouveau cadre conceptuel pour la comptabilité internationale ? . . . . . . . . 17 ÉCONOMIE « L’arme du contentieux, pour beaucoup INTERNATIONAL Les conventions bilatérales : outils des relations internationales . . . . . . . . . 18 ÎLE-DE-FRANCE yvelines – Création de six pôles autonomie au sein des territoires d’action départementale . . . . . . 19 OFFRES D’EMPLOI 19 ANNONCES LÉGALES 20 JOURNAL SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS anciennement LES ANNONCES DE LA SEINE Éditeur : S.P.P.S. Société de Publications et de Publicité pour les Sociétés 8, rue Saint Augustin — 75080 PARIS cedex 02 R.C.S. PARIS B 552 074 627 Téléphone : 01 47 03 10 10 — Télécopie : 01 47 03 99 00 Internet : www.jss.fr — e-mail : [email protected] Directrice de la publication : Myriam de Montis Directeur de la rédaction : Cyrille de Montis Secrétaire générale de rédaction : Cécile Leseur Commission paritaire : I.S.S.N. : Périodicité : Impression : Vente au numéro : Abonnement annuel : 0617 I 83461 0994-3587 bi-hebdomadaire Roto Presse Numeris 36 Boulevard Robert Schuman 93190 Livry-Gargan 1,50 € 99 € comité de rédaction : Françoise Kamara, Conseiller à la première Chambre de la Cour de cassation Thierry Bernard, Avocat à la Cour, Cabinet Bernards François-Henri Briard, Avocat au Conseil d’État Agnès Bricard, Présidente de la Fédération des Femmes Administrateurs Antoine Bullier, Professeur à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne Marie-Jeanne Campana, Professeur agrégé des Universités de droit André Damien, Membre de l’Institut Philippe Delebecque, Professeur de droit à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne Bertrand Favreau, Président de l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens, ancien Bâtonnier de Bordeaux Dominique de La Garanderie, Avocate à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris Régis de Gouttes, Premier avocat général honoraire à la Cour de cassation Serge Guinchard, Professeur de Droit à l’Université Paris II Panthéon-Assas Gérard Haas, Avocat à la Cour, Président de Gesica Maurice-Antoine Lafortune, Avocat général honoraire à la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat à la Cour, Maître de conférence à H.E.C. - Entrepreneurs Christian Lefebvre, Président Honoraire de la Chambre des Notaires de Paris Dominique Lencou, Président d’Honneur du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice Noëlle Lenoir, Avocate à la Cour, ancienne Ministre Philippe Malaurie, Professeur émérite à l’Université Paris II Panthéon-Assas Jean-François Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptes Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate à la Cour, Présidente d’honneur de l’UNAPL Yves Repiquet, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris René Ricol, Ancien Président de l’IFAC Francis Teitgen, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris Carol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International coPyright 2016 Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale ou partielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. 2 détour, Denis Musson. Cette arme, c’est l’avis des juristes, dont la réglementation française, contrairement à beaucoup d’autres pays, ne reconnaît pas la confidentialité. Le directeur juridique d’Imerys ajoute : « Quand nos concurrents intentent une action contre notre entreprise, en propriété intellectuelle par exemple, les avis qu’on va rendre vont être utilisés par notre concurrent contre nous ». Conséquence : « Quand on a le choix d’implanter une fonction juridique pour un groupe étranger entre la France, l’Angleterre, l’Allemagne ou l’Espagne, il vaut mieux les implanter là où la confidentialité existe. Bombardier, par exemple, qui est une entreprise canadienne, a préféré délocaliser son service juridique hors de la France. Dans la chaîne juridique de protection, la France est considérée par les entreprises étrangères comme le maillon faible ». Voilà tous les enjeux de la tableronde « Confidentialité des avis des juristes d’entreprise : un enjeu de compétitivité internationale ! » qui a également réuni Stéphanie Fougou, la présidente de l’Association Française des Juristes d’entreprise (AFJE) et directrice juridique de Vallourec, Marc Mossé, le vice-président de la même institution et directeur juridique de Microsoft et Denis Raynal, le président de avocat Conseil Entreprise (ACE). Lors du débat, ce dernier a apporté un éclairage sur la différence entre confidentialité et secret professionnel. « Peu de gens savent l’expliquer », précise d’emblée l’avocat. Et pour cause, « les deux notions se recouvrent ». « La confidentialité est une invention des avocats dans le cadre de leur échange pour les protéger un moment donné. Les échanges entre lui et son client sont couverts par le secret professionnel. La différence c’est que la denis musson © Foucha - Muyard Cour des comptes – Simplifier la collecte des prélèvements versés par les entreprises . . . . 16 d’entreprises, est offensive », explique, sans confidentialité protège les échanges au sens large (juristes compris). L’article 66-5 de la loi de 71 précise que tous les avis, consultations et échanges entre un avocat et son client ou entre un avocat et son confrère sont couverts par le secret professionnel. En revanche, l’article 2-1 du règlement intérieur de la profession d’avocat indique que l’avocat est le confident nécessaire du client ». Plus loin il ajoute : « Le secret professionnel de l’avocat est d’ordre public ». Denis Raynal conclut : « Pour l’essentiel on parle du secret professionnel ». La ComPétItIvIté deS entrePrISeS et La forCe dU droIt franÇaIS en JeU Quelle que soit l’appellation choisie, il s’agit d’une question essentielle étant donnée la place centrale du juriste dans une société. « Il remplit une fonction à la fois de conseil et d’anticipation. Il a pour vocation de protéger l’entreprise, de gérer le risque Journal Spécial des Sociétés - Samedi 23 juillet 2016 – numéro 58 Vie du droit La néCeSSIté d’Un Coffre-fort Les modalités de contrôle des pays à l’international, de plus en plus sévères et récurrents, rendent l’absence de confidentialité encore plus risquée pour les entreprises françaises. Pour Stéphanie Fougou, « on a doté en France comme à l’étranger les pays d’autorité de régulation (boursière, concurrence, données personnelles, etc.) de pouvoirs très importants pour faire des saisies, marc mossé © Foucha - Muyard votre responsable juridique américain vous dit : ‘‘Je ne sais pas si je peux échanger avec toi compte tenu de l’absence de confidentialité’’. C’est très frustrant de ne pas être à armes égales. En cas d’investigation, on va plutôt faire appel à nos équipes à l’étranger ou bien pousser nos juristes français à passer le barreau de New-York et se faire inscrire aux ÉtatsUnis pour pouvoir au moins bénéficier de la confidentialité associée à cette inscription ». Denis Raynal confirme : « Une directrice juridique d’un grand groupe mondial me disait un jour : ‘‘c’est absolument humiliant quand on négocie dans une grande entreprise et qu’il y a un avocat, à un moment donné, qui nous demande gentiment de sortir…’’ ». Marc Mossé ajoute qu’il s’agit d’une question de « compétitivité des entreprises françaises », mais aussi de « force du droit français ». « Quand vous voulez développer la carrière de votre équipe, de vos juristes, c’est beaucoup plus compliqué de faire évoluer un juriste français par exemple vers les États-Unis qu’un juriste allemand, néerlandais, etc. Les retombées sont beaucoup plus larges. C’est dommage pour la carrière des jeunes juristes, parce que c’est un frein à l’exportation de nos jeunes talents. Mais par voie de conséquence, il y a aussi une faiblesse dans l’exportation de nos concepts, de notre vision du droit ». des enquêtes, des perquisitions dans les sociétés. Il a énormément de possibilités pour ces autorités d’intervenir. Quand ces autorités de contrôle viennent perquisitionner, nous luttons de manière très ardue pour éliminer un certain nombre de dossiers sur lesquels nous avons conseillé d’un point de vue fiscal, social ou boursier ». Afin de montrer le peu de garde-fous en France, la directrice juridique de Vallourec prend l’exemple américain : « Les systèmes anglo-saxons ont inventé les systèmes dits de ‘‘discovery’’, qui existent un peu aussi à la mode française. Ils permettent d’aller chercher directement des documents chez vous. Mais il ne faut pas oublier que dans un système américain, le directeur juridique est en mesure d’organiser une sorte de coffre-fort. Face à des pouvoirs très puissants, organisés dans le cadre du contentieux pour permettre à des denis musson, Stéphanie fougou, marc mossé et denis raynal Journal Spécial des Sociétés - Samedi 23 juillet 2016 – numéro 58 © Victor Bretonnier juridique en proposant des options ». Marc Mossé complète : « Il atteste d’éléments qui peuvent être utilisés soit par des concurrents, s’ils arrivent à obtenir des documents, soit par des autorités, des régulateurs. Il est essentiel que le juriste, dans sa pratique quotidienne, puisse pleinement exercer son rôle de conseil et son rôle de protection de l’entreprise. Cela implique une analyse des risques la plus complète possible ». Cet aspect du métier de juriste va d’ailleurs s’accentuer dans le futur. Le vice-président de l’AFJE explique ainsi que « se développe de plus en plus les programmes dits de conformité (traduction de la compliance). Ils ont vocation à mettre en place des remèdes pour, soit prévenir, soit en terminer avec un certain nombre de pratiques. Cette mise en œuvre, qui va devenir des obligations pour les entreprises françaises, va de plus en plus conduire les juristes à devoir faire cette analyse des risques et à devoir échanger à cet égard. Les juristes vont donc nécessairement écrire des choses qui, à moment ou à un autre, vont pouvoir être retournées contre l’entreprise ». Lors de cette table-ronde, Marc Mossé a également évoqué sa propre expérience chez Microsoft. Il bénéficie là-bas d’un périmètre d’actions très large, car le droit a pour eux une fonction stratégique. Cela s’explique par la culture anglo-saxonne de l’entreprise, mais aussi « par le secteur dans lequel il évolue ». Il explique que « l’innovation est centrale : c’est le moteur de notre croissance » et ajoute : « Cela nécessite d’anticiper un certain nombre de sujets. Le juriste est dans ce cas très important. Cette évolution va infuser dans tous les secteurs industriels et même dans d’autres secteurs. Les juristes vont donc élargir leur périmètre. Les professionnels du droit vont devoir élargir leur compréhension des sujets », prédit Marc Mossé « Lorsque nous parlons de confidentialité, nous ne parlons pas du statut de juriste d’entreprise, ce n’est pas la question d’un privilège. Nous cherchons juste à obtenir quelque chose dans l’intérêt de l’entreprise. Cela devient de plus en plus essentiel en particulier avec les textes en cours d’examen », se défend le directeur juridique de Microsoft France, anticipant d’éventuelles critiques. À son tour, Denis Musson a évoqué sa propre expérience chez Imerys, une multinationale d’extraction et de transformation de minéraux, qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires en France. « Ce qui est difficile pour nous, c’est quand 3 ASSOCIATION CRÉO, PRÉFECTURE DE SEINE-SAINT-DENIS, DU VAL D’OISE, DES HAUTS-DE SEINE, ETC. Concours révélateur de talents 5 août 2016 Besoin d’un tremplin pour vous lancer ? Inscrivez-vous en ligne avant le 5 août 2016 ! Renseignements : 01 48 79 03 32 [email protected] www.initiactive95.fr/actualite/MzQ3BgA:Concours_ revelateur_de_talents 2016-1635 EQUIMAG ET E-COMMERCE PARIS Paris Retail Week 12/14 septembre 2016 Paris Expo Porte de Versailles Pavillon 2 1, place de la porte de Versailles 75015 Paris Renseignements : Hélène Tsoungui 01 76 77 16 18 [email protected] www.ecommerceparis.com/Visiter/Date-Horaires-Lieu 2016-1634 SECTION DU RAPPORT ET DES ÉTUDES DU CONSEIL D’ÉTAT L’Europe continue-t-elle de former les élites mondiales ? 14 septembre 2016 Conseil d’État Salle d’assemblée générale Place du Palais royal 75001 Paris Renseignements : 01 72 60 58 31 [email protected] www.conseil-etat.fr/content/download/66516/604919/ version/1/file/CE_Programme%20conf%C3%A9ren 2016-1630 concurrents d’accéder directement à vos données, vous avez là-bas des garde-fous pour vous protéger, pour protéger vos secrets d’affaires. La conséquence c’est que lorsqu’il y a une décision elle est prise au regard des faits commis et non pas au regard de réflexions que vous avez eues en amont ». LeS JUrISteS admIS aU barreaU Cette reconnaissance de la confidentialité des avis des juristes passe par un changement de statut. Le débat ne date pas d’hier et de nombreux scénarios ont été évoqués et le sont encore. Pour Denis Musson, « la différence entre un avocat qui exerce en libéral et nous (les juristes) c’est que nous, nous n’avons qu’un seul client. Pour pouvoir exercer notre rôle, il faut qu’on soit ce tiers de confiance, ce confident aussi bien pour la direction générale que pour tous les clients interne à l’entreprise que l’on conseille. Quand on est privé de cette protection, on a malheureusement un vrai handicap pour exercer notre métier ». Denis Raynal confirme : « entre un juriste et un avocat, la culture est la même, dans la stratégie d’entreprise nous avons la même vision ». Le président de l’ACE s’est d’ailleurs réjoui récemment de l’amendement présenté par le sénateur Frassa. Le texte, un article additionnel au projet de loi Transparence, Lutte contre la corruption et Modernisation de la vie économique, prévoyait de créer le statut du juriste admis au barreau. Ce juriste réglementé prêterait serment d’indépendance. Il ne serait pas avocat, mais les avis et consultations juridiques qu’il rendrait à son employeur seraient protégés, comme c’est déjà le cas dans 18 pays Stéphanie fougou © Foucha - Muyard Agenda Vie du droit européens. « Ce juriste admis au barreau n’est aucunement en conflit avec les positions du Conseil National des barreaux, que ce soit la promotion d’un avocat libéral en entreprise ou son détachement, qui sont deux modes alternatifs d’exercice de la profession », ajoute l’ACE dans un communiqué. L’amendement, qui précisait dans son objet que « l’occasion est ici donnée au législateur, au travers du projet de loi Sapin II de saisir un débat souvent écarté soit par des réactions de protectionnisme corporatiste, soit par la méconnaissance de son rôle », a reçu un avis défavorable de la part du gouvernement et n’a pas été soutenu. Victor Bretonnier COUR D’APPEL DE PARIS, EFB ET ENM Le juge et l’entreprise - quelles perpectives pour la réparation du préjudice économique ? 22 septembre 2016 Cour d’appel de Paris Première chambre - escalier Z 4, boulevard du Palais 75001 Paris Renseignements : Nathalie Bourgeois de Ryck [email protected] 2016-1629 CERCLE MONTESQUIEU La propriété intellectuelle ? Une richesse méconnue ! [email protected] www.cercle-montesquieu.fr/gene/main.php?base=101 2016-1632 4 Journal Spécial des Sociétés - Samedi 23 juillet 2016 – numéro 58 © Foucha - Muyard 29 septembre 2016 Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables 19, rue Cognacq Jay Salle 803 75007 Paris