Dispositif pédagogique possible

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Dispositif pédagogique possible
IUFM académie de Créteil – université de Paris 12
Marie-Sylvie CLAUDE
Delacroix et la chapelle des Saints Anges à Saint Sulpice : une longue histoire.
Dispositif pédagogique possible.
Première étape : écriture et lecture. (Les élèves travaillent en équipes de quatre)
Objectif :
- Mieux comprendre le travail du biographe.
- Mieux comprendre le processus de réalisation de l’œuvre de Delacroix.
Consigne pour la première écriture :
Voici, année après année, des extraits de son journal intime et de sa correspondance, dans lesquels
Delacroix parle de son travail à Saint Sulpice. Quelques documents des archives nationales complètent
ces textes.
Vous écrirez le passage correspondant à cette période et à ce travail pour une biographie de
Delacroix. Il est indispensable qu’apparaissent les différentes étapes de la réalisation des peintures.
Méthode :
- les élèves d’une même équipe se répartissent les années ;
- chaque élève écrit son passage à sa manière (le professeur aide selon les besoins) ;
- puis on leur demande de confronter leurs textes, de comparer les choix de chacun et de se
mettre d’accord sur ce qui leur semble le mieux (voir la seconde consigne) ;
- ils produisent alors au propre un texte cohérent à partir de leurs différents textes. Ce texte
est évalué.
Consigne pour la seconde écriture (Rédaction en équipe et texte évalué).
- Expliquez et justifiez les choix que vous avez faits à partir de ce qu’avaient écrit les élèves de
l’équipe.
- Faites le bilan : quelles sont les étapes du travail du biographe ? quelles difficultés peut poser
ce travail ?
Deuxième étape : lecture.
Objectif :
- mieux comprendre le travail du biographe,
- interroger la frontière objectivité / subjectivité
Découverte des extraits du texte de Jean-Paul Kauffmann, La Lutte avec l’Ange (extraits de
la feuille 1).
A-t-il fait les mêmes choix que vous ? Qu’en pensez-vous.
Recherches sur l’auteur, découverte de l’extrait de la page 211.
Vous expliquez-vous mieux les choix de Kauffmann ?
Troisième étape : retour à l’écriture. (Rédaction individuelle, texte évalué).
Objectif :
- comprendre la frontière entre autobiographie et biographie ;
- comprendre la frontière entre correspondance, journal intime et autobiographie.
Consignes
Rédigez le texte autobiographique que Delacroix aurait pu écrire, juste après l’inauguration de la
chapelle, à propos de son travail à Saint-Sulpice.
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Marie-Sylvie CLAUDE
Expliquez comment vous avez fait pour que votre texte soit autobiographique et non biographique ;
expliquez les différences avec le journal intime et la correspondance.
Extraits du Journal de Delacroix et de sa Correspondance à propos du travail à Saint
Sulpice ; quelques documents d’archive sur le même sujet.
Année 1847.
23 janvier, Journal : « Quatre beaux sujets pour le transept de Saint Sulpice seraient quant à présent :
1. Le portement de croix (…).
2. En pendant, La mise au Sépulcre (…)
3. Apocalypse.
4. L’Ange renversant l’armée des Assyriens. »
Année 1849.
2 mars, Journal : « descendu à St Sulpice et visité la chapelle ; l’ornementation sera difficile sans dorure. »
28 février, lettre du ministère de l’intérieur au Préfet de la Seine, conservée aux archives nationales.
« Le ministre de l’intérieur désirant charger M. Eugène Delacroix de peindre et de décorer la chapelle des fonts
baptismaux à Saint Sulpice demande à M. Le préfet de la Seine que la ville consente à accorder dix mille francs,
moitié du prix total fixé ordinairement pour ces chapelles. Il fournirait le reste de la somme, s’engageant à opérer les
premiers paiements, ce qui permettrait à la Ville de reculer les siens sur des crédits subséquents. »
28 avril 1849, projet d’arrêté préfectoral (définitif le 10 août) : « M. Eugène Delacroix est chargé d’exécuter, pour
le compte de notre département et moyennant une somme de treize mille quatre cent treize francs imputable sur le
crédit des ouvrages d’art et de décoration d’édifices publics, les peintures murales qui doivent décorer la chapelle des
fonts baptismaux dans l’église Saint-Sulpice, à Paris. »
31 août, lettre à Lassalle Bordes son assistant : « Je suis à peu près établi à la campagne en attendant que je puisse
m’occuper de la fameuse chapelle, car elle est accordée depuis très peu de tps après toutes sortes de difficultés qui
m’ont fait croire pendant quelque temps que cela ne se ferait pas. Je vais m’occuper de mes esquisses en attendant
qu’on prépare les murs, ce qui sera probablement assez long. La besogne est considérable, vu la dimension des
tableaux, et véritablement il n’y a pas de quoi s’y enrichir ; car cela demandera beaucoup de temps et de fatigue. »
1° septembre, Journal : « J’arrive triste et fatigué à Champrosay. J’y trouve un nouveau sujet de contrariété. La lettre
de l’architecte Baltard qui m’apprend la nécessité de changer mes sujets pour Saint-Sulpice ». Champrosay est un
village près de Paris où Delacroix possède une maison.
7 septembre, lettre à un ami : « Ce travail à Saint-Sulpice, qui était si difficile à avoir, est maintenant tout à fait
arrêté par les projets pour lesquels je ne puis m’entendre avec le curé. Après avoir travaillé mes compositions il me fait
tt arrêter et probablement avec dégoût. »
2 octobre, Journal : « c’est aujourd’hui que j’ai arrêté avec le curé et son vicaire, M. Goujon, que je ferait les Saints
Anges et je m’aperçois, en écrivant ceci, que c’est le jour même de leur fête que j’ai pris ce parti ».
Année 1850.
22 janvier, lettre à Lassalle-Bordes, son assistant : « Voici d’abord ce qui m’est arrivé. La chapelle était celle des
Fonts Baptismaux ; les sujets allaient d’eux-mêmes , baptême, péché originel, expiation etc. Je fais agréer mes sujets
par le curé et je compose mes tableaux. Au bout de trois mois, je reçois une lettre à la campagne qui m’apprend que la
chapelle des fonts se trouve sous le porche de l’église au lieu d’être dans celle que je devais peindre ; c’est une erreur,
que vous trouverez comme moi peu pardonnable, qui me tient en suspens depuis le mois de septembre, ni plus ni
moins. La juste colère que j’ai ressentie m’a cassé bras et jambes ; j’avais beau faire, je ne pouvais m’occuper que de
cela. Enfin, comme il faut que tout finisse, je crois que nous consacrerons définitivement la chapelle aux Saints-Anges.
Il y a des sujets qui prêtent. J’hésite encore entre plusieurs, quoique je les aie à peu près tous composés. Le plafond
sera l’Ange Michel terrassant le démon. »
4 février 1850, Journal « Faire à Saint-Sulpice des cadres de marbre blanc autour des tableaux ; ensuite, cadres de
marbre rouge et vert. (…) Demandé à Baltard l’impression à l’huile chaude et non à la cire. »
19 mai, lettre à une amie. « Je ne suis occupé maintenant que d’une chapelle que j’ai à peindre à Saint-Sulpice dont
je fais les esquisses à la campagne. C’est un travail que j’avais obtenu sous l’ancien gouvernement et que la révolution
avait interrompu. »
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8 juin 1850, Journal. « Pour imprimer le mur de l’église, huile de lin et non autre, bouillante, blanc de céruse et non
pas blanc de zinc, qui ne tient pas. L’ocre jaune serait la meilleure impression. »
25 juin, lettre à Baltard (Baltard est architecte, directeur des travaux de Paris et du département de la Seine). « Cher
Monsieur, permettez-moi d’insister sur la nécessité des couches que je vous ai demandées sur les murailles : vous en
mettriez une quantité beaucoup plus considérable que vous n’empêcheriez pas l’absorption, j’en suis convaincu. Ce
qui l’empêcherait, ce serait une grande épaisseur dans la couche de céruse qui doit recevoir la peinture. Le grand
ennemi, comme je m’en suis plus d’une fois aperçu dans des ouvrages analogues, c’est l’humidité des murs : en
somme, les murs sont détestables pour toute peinture. L’huile, pénétrant à une grande profondeur, peut pallier
l’inconvénient. C’est cette raison, et je vous prie encore d’excuser mon insistance, qui me fait vous en demander
encore davantage pour le plafond. »
28 juin, lettre à Lassalle Bordes : « Je serai en mesure de commencer quelque chose à Saint-Sulpice à la fin d’août
ou au commencement de septembre. Les impressions vont seulement être posées à cause des regrattages et replâtrages
des murs. »
5 octobre, lettre à un ami : « Je n’ai pu encore commencer à Saint Sulpice, quoique mes compositions soient arrêtées.
Le travail qu’on me demande et dont je vous ai parlé est un plafond qui doit figurer dans la restauration de la galerie
d’Apollon au Louvre (…) (Ce travail) a suspendu naturellement l’autre, d’autant que l’hiver m’aurait chassé de SaintSulpice. Ce dernier travail qui me plaît beaucoup : ce sont deux grands sujets qui se font face, avec un plafond et des
ornements que je dois exécuter dans la chapelle. L’un des sujets est Héliodore chassé du temple ; l’autre, La lutte de
Jacob avec l’Ange ; et enfin le plafond L’Archange saint-Michel terrassant le démon. Vous me voyez dans ces
différents sujets côtoyant des grands maîtres bien imposants. Mais les sujets religieux, entre tous les genres d’attrait
qu’ils présentent, ont celui de laisser toute carrière à l’imagination, de manière que chacun y trouve à exprimer son
sentiment particulier. »
Année 1854
7 mars, lettre à un ami : « Je compte, cet été, me mettre enfin sérieusement au travail à Saint-Sulpice, qui a toujours
été ajourné à cause de travaux pressés tels que le plafond du Louvre et ce dernier travail à l’Hôtel de Ville. »
24 avril, lettre à son assistant Andrieu : « Il y aurait imprudence à travailler sur un mur qui vient d’être imprimé.
L’opération qu’on a faite est excellente, car l’ancienne impression était si épaisse qu’il n’y avait aucune adhérence
avec le mur ; on a tout gratté et on en a mis une très légère, après avoir mis de nouveau de l’huile bouillante. »
16 juin, Journal : « ce jour, Andrieu a commencé à Saint-Sulpice ».
25 juin, Journal : « J’ai été voir à Saint-Sulpice ce qu’Andrieu a tracé. Tout s’ajuste à merveille, et je crois que cela
ira fort bien : le départ est excellent. »
30 juin, Journal : « Mon cœur bat plus vite quand je me trouve en présence de grandes murailles à peindre ! ».
2 juillet, Journal : « demandé la permission de travailler le dimanche.»
3 août, Journal : « le matin, rendez-vous chez l’abbé Coquant pour lui demander de me laisser travailler le dimanche.
Impossibilité sur impossibilité. L’Empereur, l’Impératrice, Monseigneur, conspirent pour qu’un pauvre peintre comme
moi ne commette pas le sacrilège de donner cours, le dimanche comme les autres jours, à des idées qu’il tire de son
cerveau pour glorifier le Seigneur. J’aimais beaucoup au contraire à travailler de préférence le dimanche dans les
églises : la musique des offices m’exaltait beaucoup. J’ai beaucoup fait ainsi à Saint-Denis du Saint-Sacrement. »
26 août, lettre à Andrieu : « Je pense avec plaisir aussi à mes travaux de Paris et, en particulier, à Saint-Sulpice.
J’espère, grâce à votre ébauche, reprendre cela avec beaucoup de plaisir ».
2 octobre, Journal : « A Saint-Sulpice de bonne heure. Travaillé à redessiner l’Héliodore renversé ».
Année 1855.
19 juillet, lettre à son amie Georges Sand : « Je devais être à Paris au commencement de la semaine dernière pour
(…) un travail que je remets en train à Saint-Sulpice et qui traîne depuis 5 ans (…). Maintenant il n’y a plus à reculer
je suis la proie du devoir ».
9 août, lettre à un ami : « Je suis ici depuis une quinzaine de jours, m’étant remis à une chapelle qui est un travail très
rude et m’étant moi-même rendu malade à ce métier là. »
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27 août, Journal. « Je suis dans un mauvais moment ; je retourne à l’église, après une interruption de presque huit
jours. J’y travaille péniblement. La chaleur est affreusement continue ».
30 août, Journal : « Le matin de ce jour, j’ai travaillé beaucoup à l’église, inspiré par la musique et les chants
d’église. Il y a eu un office extraordinaire à huit heures ; cette musique me met dans un été d’exaltation favorable à la
peinture. »
8 septembre, lettre à un ami : « J’ai été obligé de réimprimer, pour ainsi dire moi-même, les murs, en refaisant
l’ébauche tant cela était imparfait : il en est résulté une préparation beaucoup meilleure que n’aurait été une ébauche
ordinaire : mais j’ai fait un travail inusité pour un peintre qui ressemblait plutôt à celui d’un maçon et qui a été sur le
point de me donner la colique de plomb, tant j’ai employé de blanc dans un endroit où l’air ne se renouvelle presque
point. »
Année 1856.
23 février, lettre à Andrieu : « Nous commencerons par tracer le plafond sur le carton qui est appliqué en haut afin
d’en juger les proportions. »
6 mai, Journal : « A trois heures et demie à Saint-Sulpice. Nous dessinons le carton du plafond. »
Août (jour non précisé), lettre à un ami : « Il faut que vous sachiez que je profite maintenant des beaux jours pour
travailler à Saint-Sulpice. C’est un travail très fatigant. »
9 août, Journal. « Après la matinée de travail à l’église, parti à 5 heures pour Saint-Germain. »
16 août. Journal. « Travaillé à l’église avec assez de fatigue ».
26 août. Journal. « Repris aujourd’hui le tableau de Jacob à Saint-Sulpice. J’ai beaucoup fait dans la journée :
remonté le groupe entier etc. L’ébauche était très bonne. »
27 août, Journal : « Je travaille tous les jours à Saint-Sulpice, sauf les dimanches, et ne vois personne. »
24 août, lettre à un ami : « Cher Monsieur, votre bonne lettre m’est arrivée au milieu de mon rude travail à SaintSulpice, et que je poursuivrai jusqu’au mois prochain. Ce travail tant retardé et interrompu sans cesse, aurait pu être
achevé dans cette campagne ; mais la clarté douteuse de la fin de l’automne me forcera encore de lâcher prise, mais
avec la résolution d’achever au printemps. »
25 septembre, Journal : « Dernier jour de mon travail à Saint-Sulpice ».
8 novembre, lettre à son cousin Auguste Lamey : « J’ai fait une assez bonne campagne à mon travail de SaintSulpice : le temps que j’y ai consacré n’aura pas été, j’espère, mal employé. L’hiver me force à suspendre. »
Année 1857.
5 mars, lettre à un ami. « (Mal remis d’une maladie) il est possible même que le contre-coup de tout cela soit la
nécessité d’ajourner encore indéfiniment mes travaux de Saint-Sulpice ».
Année 1858
3 juillet 1858, Journal : « Premier jour à l’église avec Andrieu ».
31 août, lettre à une amie : « Je ne sais pas quand je reviendrai à Paris : mon infernal travail de Saint-Sulpice me
rappelle. »
5 septembre, Journal : « Villot m’a dit de coller du papier sur la voûte de ma chapelle avant d’y coller le tableau.
Cela est usité par les décorateurs et fort recommandé. »
11 septembre, Journal : « Je retourne travailler à Saint-Sulpice ; je fais beaucoup à l’Héliodore (…) Le lendemain,
impuissance ».
4 octobre, lettre à un ami : « Maintenant je suis à la nage dans la plus forte besogne ; j’ai donné un coup de collier
qui, je crois, sauvera l’ouvrage qui était passablement embourbé. Dites moi quels gueux sont ces journalistes qui, sur
je ne sais quel fondement, ont assuré qu’une besogne qui, en mettant toutes les circonstances favorables, ne peut être
achevées que d’un an, allait être vue ces jours-ci ? cela m’a valu plus d’un dérangement. »
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6 octobre, lettre à son cousin Lamey : « Je suis, depuis trois semaines, à la nage dans mon grand travail de Saint
Sulpice et il m’absorbe complètement : non pas qu’il ne me laisse le temps de faire autre chose ; mais c’est qu’il m’en
rend incapable. Ce sont des travaux tellement fatigants pour ma frêle machine, que hors de là, je suis sous le poids de
cette fatigue. Au reste je m’applaudis de ma constance : j’ai donné un coup de collier qui me permettra, j’espère, de
terminer l’année prochaine, non sans être obligé encore de travailler beaucoup. »
Année 1859
3 janvier, lettre à un ami : « J’avais également fait une bonne campagne de travail à Saint-Sulpice, qui est en bonne
voie et que j’avais quitté seulement à l’approche des froids et chassé par l’obscurité, avec l’espoir de terminer cette
année : mais il faut pour cela que ma santé le permette. »
27 juin, certificat de l’architecte inspecteur des Beaux-Arts de la Ville de Paris, conservé aux archives nationales.
« Monsieur Delacroix, chargé par arrêté en date du 10 août 1849 de l’exécution des peintures murales pour la
décoration de la chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice a terminé ses ébauches sur place et (qu’) il y a lieu de lui
payer un à compte de cinq mille francs. »
23 septembre, lettre à une amie : « je me suis jeté à corps perdu sur cette terrible besogne arriérée ».
17 octobre, lettre à son cousin Lamey : « Je me suis arrangé, sauf les accidents de santé, pour travailler cet hiver à
Saint-Sulpice ».
26 octobre, certificat de Baltard, architecte de la Ville de Paris, conservé aux archives nationales : « Eugène
Delacroix, chargé par arrêté préfectoral en date du 10 août 1849 de l’exécution des peintures murales pour la
décoration de la chapelle des Saints-Anges (ancienne chapelle des fonts baptismaux) à Saint-Sulpice, en est au trois
quarts de son travail ».
Année 1860
6 avril, Journal : « J’ai été aujourd’hui à Saint-Sulpice. Boulangé n’avait rien fait et n’avait pas compris un mot de ce
que je voulais. » (Boulangé est son assistant nous pour les peintures elles-mêmes pour les décorations qui les
entourent)
7 avril, Journal : « A Saint-Sulpice où Boulangé ne m’attendait pas .Cet infâme coquin ne vient pas, ne travaille pas
et m’attribue ces retards sous prétexte de changements. Il n’y était pas effectivement, je suis rentré furieux et lui ai
écrit en conséquence. »
16 avril, lettre à son cousin Lamey : « J’aurais désiré aller me remettre tout à fait à Champrosay, mais j’ai ici
l’obligation de surveiller les décorateurs de ma chapelle qui, en mon absence, me feraient mille sottises ».
25 juin, lettre à son cousin Lamey : « Votre lettre est du 21 ; c’est le jour même que j’allai m’installer à SaintSulpice pour achever, s’il est possible, cette grande entreprise ; je dis grande quand je considère mes forces actuelles ;
il y a quelques années, je n’étais pas effrayé de ces efforts ; j’ai un entrain admirable, supérieur peut-être à celui que
j’y portais autrefois, mais je suis obligé de compter davantage avec la fatigue ; j’ai travaillé plusieurs jours, mais soit
que je m’y sois rué avec trop de chaleur, soit que je me ressente encore du travail auquel je me livre depuis deux mois,
j’éprouve une lassitude qui n’est peut-être, en somme, que l’effet du premier moment »
7 octobre, lettre à un ami : « depuis presqu’un mois, je viens tous les matins par le chemin de fer travailler quatre
heure à la chapelle et je retourne en général d’assez bonne heure pour profiter encore de la campagne. »
14 octobre, lettre à un ami : « L’intérêt, la passion pour mon travail m’animent (…). Mais il faut battre le fer pendant
qu’il est chaud, et il l’est à travers la nuit continuelle qui semble conspirer contre ma constance, pour me geler dans les
voitures et m’ôter le jour pendant que je travaille. Je ne redoute guère qu’un rhume qui serait un obstacle sérieux, sauf
cet inconvénient, je continuerai autant que je le pourrai et ne ralentirai pas, car mon entrain s’accroît et la fatigue des
premiers jours diminue. Je vous assure que je cours à mon église avec une ardeur que nous mettions autrefois à courir
dans de tout autres lieux. »
13 novembre, lettre à Andrieu son assistant : « Je ne vois d’autre moyen de guérir mon rhume que de ne pas me
promener sur les chemins. Je prends donc le parti de revenir tout à fait à Paris (…) J’aurai le temps de me remettre à
même de continuer notre travail que je désire vivement ne point interrompre qu’il ne soit fini, si la chose est
possible. »
15 novembre, lettre une amie : « J’avance beaucoup, malgré les mauvais jours. Un des avantages de la conjoncture
est la proximité où je suis de Saint Sulpice » (il a un atelier place de Furstenberg).
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Marie-Sylvie CLAUDE
25 novembre, lettre à son cousin Lamey : « J’espère finir au commencement de janvier ; je ne vais pas si vite que
vous croyez et cependant je ne m’y épargne pas. (…) Enfin, l’attrait que j’y trouve est si grand que j’y cours comme
un jeune homme bien portant court chez sa maîtresse. »
Année 1861
1° janvier, Journal. « J’ai commencé cette année en poursuivant mon travail de l’église comme à l’ordinaire (…) .La
peinture me harcèle et me tourmente de mille manières à la vérité, comme la maîtresse la plus exigeante ; depuis
quatre mois, je fuis dès le petit jour et je cours à ce travail enchanteur, comme aux pieds de la maîtresse la plus chérie ;
ce qui me paraissait de loin facile à surmonter me présente d’horribles et incessantes difficultés. »
12 janvier, lettre à son amie Georges Sand : « Rien ne me charme plus que la peinture (…) elle est mon unique
pensée, et je n’intrigue que pour elle, tout à elle… ».
15 janvier, lettre à un ami : « …finir demande un cœur d’acier. Il faut prendre un parti sur tout, et je trouve des
difficultés où je n’en prévoyais point. (…). Je crois que j’y mourrai ; c’est dans ce moment que nous apparaît votre
propre faiblesse, et combien ce que l’homme appelle un ouvrage fini ou complet contient de choses incomplètes et
impossibles à compléter. »
23 février, lettre à un ami : « J’avance beaucoup, mais je mène une vie de chartreux. (…) C’est un travail de
galérien : j’ai tenté de grandes impossibilités avec de la peinture mate et difficile à gouverner. »
19 juillet, lettre à un ami : « Je suis occupé en ce moment des dernières retouches à donner à un travail considérable
que je n’ai pas quitté depuis dix mois. »
17 ou 24 juillet, lettre (datée seulement « ce jeudi »), à Théophile Gautier (auteur et critique d’art). « Si vous suivez
l’aimable envie que vous m’avez manifestée hier, d’écrire maintenant quelque chose sur ma tardive production, je
viens vous demander de vouloir bien mentionner que vous avez vu le travail avant sa fin et que le public ne peut
encore être admis. Quand je vais avoir amené par billets quelques artistes ou amis, il va falloir maintenir la clôture de
la Chapelle pour achever les ornements, boiseries etc. Comme il n’est pas douteux qu’un article de vous n’excite la
curiosité sur l’ouvrage, on ne saura faire des curieux qui, sur le bruit de l’achèvement des peintures, arriveront pour les
voir. Je vous remercie de nouveau de votre visite et suis surtout bien touché de votre impression. »
29 juillet, envoi des invitations : « M. Delacroix vous prie de vouloir bien lui faire l’honneur de visiter les travaux
qu’il vient de terminer dans la chapelle des Saints Anges à Saint Sulpice.
Ces travaux seront visibles au moyen de cette lettre depuis le mercredi 31 juillet jusqu’au samedi 3 août inclusivement,
de 1 heure à 5 heures de l’après-midi.
Première chapelle à droite en entrant par le grand portail.
Suit description :
« Plafond – l’archange saint Michel terrassant le démon.
Tableau de droite – Héliodore chassé du temple. S’étant présenté avec ses gardes pour enlever les trésors, il est tout à
coup renversé par un cavalier mystérieux : en même tps, deux envoyés célestes se précipitent sur lui en le battant de
verges avec furie, jusqu’à ce qu’il soit rejeté hors de l’enceinte sacrée.
Tableau de gauche – La lutte de Jacob avec l’ange. Jacob accompagne les troupeaux et autres présents à l’aide
desquels il espère fléchir la colère de son frère Esaü. Un étranger se présente qui arrête ses pas et engage avec lui une
lutte opiniâtre, laquelle ne se termine qu’au moment où Jacob, touché au nerf de la cuisse par son adversaire, se trouve
réduit à l’impuissance. Cette lutte est regardée, par les livres saints, comme un emblème des épreuves que Dieu envoie
quelquefois à ses élus ».
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