Musique Persane • Persian Music
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Musique Persane • Persian Music
Musique Persane • Persian Music kamantche zarb QUELQUES MOTS SUR LA MUSIQUE PERSANE A FEW WORDS ABOUT PERSIAN MUSIC. Il est extrêmement difficile de décrire l’esprit d’une musique et le lien qui existe entre elle et l’âme du peuple qui la vit et la fait vivre. Si on pense qu’il suffit d’en décortiquer le mécanisme, on ne fait que parcourir une partie du chemin qui, pour être importante, n’est pour autant totalement satisfaisante ni pour l’auditeur profane, ni pour l’initié. It’s extremly difficult to describe the spirit of a music and the link that exists between it and the soul of the people that lives it and makes it live, If one thinks that it is enough to decorticate its mechanism, one only goes half way on the road, wich is, thoug important, not quite satisfying for the uninitiated listener, nor for the knowledgeable one. Présenter le shéma analytique d’une musique, et, par là-même, s’abriter derrière une connaissance théorique affirmée, aide certainement l’auditeur dans l’approche personnelle qu’il peut avoir durant l’écoute, mais il faut ensuite trouver ce chemin plus délicat où l’on s’engage à parler de la sensibilité, du rapport affectif qu’un peuple entretient avec sa musique, et des sources auxquelles cette musique se nourrit quotidiennement. C’est seulement ainsi, en effet, que l’on pourra mettre en évidence ses caractéristiques. En Iran, la notion de «musique traditionnelle» a été empruntée à la terminologie occidentale il y a seulement quelques décennies, un persan parlant tout simplement de musique persane. Même si l’on croit pouvoir distinguer «la musique savante» de «la musique populaire», du fait des liens intimes que la première entretient par essence avec la poésie classique et des structures complexes que cela implique, il ne faut pas oublier les relations étroites que la seconde noue volontiers avec la littérature populaire et même, parfois, avec la littérature classique. Ces termes, s’ils sont les plus aptes à définir des tendances au sein de la musique dite «traditionnelle persane» restent donc approximatifs, puisque ces tendances - ou ces styles - pratiqués, depuis toujours mais surtout ces dernières années, sont en perpétuelle évolution dans une relation d’échange et d’influence mutuels. Elles vont l’une au devant de l’autre par ces petites voies qu’ouvrent devant elles la ou les littératures qui nourrissent la créativité de tout musicien. Presenting the analytic pattern of a music, and in so doing sheltering oneself behind an asserted theorical knowledge, certainly helps the listener in a personal approach he can have while listening, but afterwards one has to find out the more delicate way on wich one binds oneself to talk about the sensitiveness, the affective relationship that a people has with its music, and the sources to wich this music feeds itself dayly. Indeed, that’s the only way to display its characteristics. In Iran, the notion of «traditional music» has been borrowed from the western terminology. Only a couple of decades ago, a persian would simply talk about persian music. Even if one thinks it possible to distinguish «scholarly music» and «popular music» by the fact that the former has, by essence, close links with classical poetry and complex structures, one should not forget the tight relationship that the latter readily establishes with popular literature, and even sometimes classical literature. These terms, if they are the more apt to define tendancies within the so called «traditional persian music», remain them approximate, since these tendancies - or these styles - in use, have always, but more so in the last few years, been in perpetued evolution in a relationship of mutual exchanges and influences. They go to meet one another through these small ways that the literature(s) that nurture every musician’s creativity do open before them. En ce qui concerne la musique savante (qui fait l’objet de ce disque), elle est fondée sur un système appelé «radif», mis au point après de longues années d’enseignement par les plus grands maîtres et notamment par Mirza Hossein Gholi au début de ce siècle. As far as scholarly music (wich forms the subject of this record) is concerned, it is based on a system called «radif» put into shape after many years of teaching by the greatest masters, notably Mirza Hossein Gholi in the biginning of this century. L’étude du radif (qui signifie tout simplement «ordre» est un travail de longue haleine qui consiste à apprendre par coeur, parallèlement à la technique du jeu, un nombre considérable de thèmes mélodiques ainsi que toutes les compositions des maîtres, développant ainsi progressivement une solide mémoire musicale et une aptitude à l’improvisation. Le principe étant bien évidemment de respecter l’ordre dans lequel ces mélodies ou séquences mélodiques doivent impérativement étre jouées pour rester dans l’esprit de la musique persane, autrement dit la façon dont il faut développer un «mode». On peut donc parler du radif comme d’un système modal permettant de classer douze modes dont sept sont considérés comme principaux - «dastgâh» - et les cinq autres comme dérivés -»âvâz»-. Qu’il s’agisse d’un dastgâh ou d’un âvâz, le musicien peut, soit interpréter le radif comme une oeuvre musicale à part entière, et donc l’interpréter â la note près, soit choisir de s’en inspirer, en ne développant que quelques séquences mélodiques «gusheh» - et laissant libre cours à l’imagination, ceci en respectant toujours l’esprit et la couleur du radif. C’est dans cette seconde perspective qu’a été réalisé cet enregistrement. The study of «radif» (wich simply means «order») is a long and exacting labour which requires leaning by heart, along with playing technique, a large number of melodic themes and all the compositions of the masters, thus progressively developping a good musical memory and an aptitude for improvisation. The principle being, of course, to respect the order in wich these melodies or melodic sequences definitely have to be played to stay in the spirit of persian music, in other words, the way a «mode» has to be developed. The «radif» can then be considered as a modal system that allows to classify twelve modes, seven of which are considered major - «dastgâh» - and the five remaining as derived - «âvâz» -. On both kind of modes, the musician can either perform the «radif» as a genuine musical work and then play it note for note, or choose to take his inspiration from it, only developing a few melodic sequences - «gusheh» - and giving free rein to his imagination, while still respecting the spirit and colour of the» radif» The latter trend is represented on this recording. Dans la musique persane, l’élégance de l’ornementation destinée à préparer l’enchaînement de deux séquences mélodiques est aussi importante que la beauté de l’improvisation développée tout au long de la mélodie elle-même. Le silence également tient une place essentielle. In persian music, elegance and ornementation, meant to prepare the linking of two melodic sequences, is as important as the beauty of the improvisation developed all through the actual melody. Silence also has an essential place. Le temps est vécu de façon très particulière par le musicien iranien, qui sans cesse semble revenir en arrière, avançant en fait presque imperceptiblement, et créant ainsi cette sensation de «temps suspendu» qui emporte l’auditeur vers un état que l’on appelle le «hâl» où son esprit s’élève tandis que sa sensibilité s’épanouit, l’emportant vers un bien-être exquis. The iranian musician has a very particular way of living time. He always seems to go back, proceeding actually in an almost unperceivable way and thus creating this «suspended time» impression that carries the listener to a state called «hâl» where in his mind soars while his feelings blossom out, carrying him towards an exquisite well-being. Les instruments - Le kamantcheh Le kamantcheh est l’un des plus anciens instruments du monde, prenant ses origines du «robab» qui était un instument à cordes pincées. C’est un instrument très populaire dans de nombreux pays du MoyenOrient. En persan kamantcheh signifie littéralement» petit arc», il est utilisé aussi bien en solo que pour accompagner le chant. En Iran, Hossein-Khan EsmailZadeh et Bagher-Khan Rameshgar furent les grands maîtres de cet instrument au début de ce siècle. De nos jours ce titre revient incontestablement à Ostàd Bahari qui, au-delà de ses connaissances et de sa grande valeur musicale, est un être extrêmement précieux de part sa personnalité même, toute de respect et d’amour pour l’âme humaine et la musique qui l’exalte. Instruments - The kamantcheh The Kamantcheh is one of the world’s oldest musical instruments and take its origin in the» robab», a plucked strings instrument. It is very popular in many middle-eastern countries. In persian, Kamantcheh means literaly «little bow», and it is used both for solo and to accompany singing. In Iran, Hossein-Khan EsmailZadeh and Bagher-Khan Rameshgar were the great masters of this instrument in the beginning of the century. Nowadays, this title undeniably goes te Ostâd Bahari who, beyond his knowledge and great musical value, is a very precious human being by his very personality, replete with respect and love for the human soul and the music that exalts it. Les musiciens Mahmoud Tabrizi-zadeh Comme souvent en Iran, Mahmoud Tabrizi- Zadeh commence son initiation musicale par le zarb, et c’est vers l’âge de huit ans qu’il aborde l’étude du violon et du santur auprès du maître Asghar Hosseini, il suit cet enseignement durant une dizaine d’années, puis perfectionne son style en référence à d’autres maîtres, Abandonnant le violon au profit du kamantcheh, il approfondit la technique des interprètes du début du siécle, mais s’ imprégne surtout de l’esprit de Ostad Bahari. Depuis qu’il a quitté l’Iran, Mahmoud Tabrizi-Zadeh a porté sa musique dans le monde entier (Europe, MoyenOrient, USA, Japon), il a également travaillé en tant que compositeur, pour le théâtre et le cinéma. As often in Iran, Mahmoud Tabrizi-Zadeh begins his musical initiation with the zarb and takes up to violin and santur at eight with master Ashgar Hosseini. He follows is teaching for ten years, then perfects his style by refering to others masters. He ultimately leaves the violin for the kamantcheh and studies thoroughly the technique of the performers of the beginning of the century, but he mostly become impregnated with the spirit of Ostâd Bahari. Since he left Iran, Mahmoud Tabrizi-Zadeh has brought his music all through the world (Europe, Middle East, U.S.A., Japan), He also work as a composer for theatre and cinema. Le zarb ou donbak est un instrument de percussion iranien. Le mot zarb signifie la frappe, la mesure, le temps; le terme donbak est une onomatopée: «don» désigne la frappe du milieu (le son le plus grave) et «bak» celle effectuée sur le bord de l’instrument. En forme de calice il est fait d’une seule pièce de bois (mûrier ou noyer) et recouvert d’une peau de chèvre, il est joué avec les deux mains, la frappe est attaquée par tous les doigts. The zarb or donbak is an iranian percussion instrument. The word zarb means strike, beat, time; the word donbak is an onomatopoeia: «don» is the strike in the middle (the lowest sound), «bak» is the strike on the rim of the instrument. Chalice shaped, it is made of a single piece of wood (mulberry or walnut) and taught with a goat skin. It is played with both hands and the beating is done with all the fingers. Djamchid Chemirani est né en 1942 à Téhéran. Très jeune il commence à pratiquer le zarb chez le maître incontesté Hossein Teherani (1911-1976), il lui arrivera ensuite souvent de remplacer celui-ci lors d’émissions de la Radio Télévision Iranienne. En 1961 il arrive à Paris et commence une grande carrière internationale. Il s’intègre à des ensembles de musique médiévale mais travaille aussi dans le milieu de la musique contemporaine. Cependant sa véritable passion reste le jeu en soliste et l’accompagnement de la musique traditionelle persane. Djamchid Chemirani was born in Teheran in ninety forty two. At an early age, he starts to practice on the zarb with the undisputed master Hossein Teherani. He subsequently often replaced him for TV or radio shows. In ninety sixty one he arrives in Paris and begins an international carrier. He joins medieval music ensembles but also works for contemporary music, But his real passion remains solo playing and accompanying traditional persian music.