Les Animaux dénaturés – VERCORS - Geert
Transcription
Les Animaux dénaturés – VERCORS - Geert
TEXTE 3 – CHAPITRE XII – Les Animaux dénaturés – VERCORS – XX° SIECLE De quelle manière Eatons développe-t-il sa thèse ? INTRODUCTION Au XXème siècle, la tragédie de l'occupation et de la 2de guerre mondiale a conduit de nombreux auteurs comme Primo Lévy à une réflexion sur l'humanité et à se demander où commence l'homme et où finit l'animal (ou le contraire : où finit l'animal et où commence l'homme?). Jean Bruller, dont le pseudonyme d'écrivain et de résistant est Vercors, a choisi d'écrire Les Animaux dénaturés, un apologue destiné à favoriser la réflexion des lecteurs quant à la nature humaine, publié en 1952. Suite à la découverte d'une nouvelle espèce, les tropis, en Nouvelle Calédonie, et à la mort du petit tropi, le procès de Douglas Templemore a lieu. Il s'agit de déterminer s'il a tué un homme ou un singe. Plusieurs experts sont appelés à témoigner. Dans cet extrait du capitre 12, c'est le tour du professeur Eatons. LECTURE ANNONCE Cet extrait présente le témoignage du professeur Eatons pour essayer de définir l'homme. Mais de quelle manière va-t-il développer sa thèse ? Je répondrai à cette question en montrant dans un premier axe les différents personnages et leur importance puis dans un 2eme axe la manière dont le professeur Eatons défend sa thèse. EXPOSÉ I – Les personnages Les différents personnages présents sont ceux que l'on retrouve habituellement dans une salle de procès. Ils ont leur importance dans le déroulement du témoignage de Eatons, qui en plus en cite plusieurs autres. A – Ceux qui jugent • Le juge, cité à la ligne 24, qui n'interviendra qu'une seule fois entre les lignes 23 et 25 pour interrompre Eatons pour lui demander de parler plus simplement. Il est attentif à ceux qui l'entourent puisque c'est l'observation des jurés qui lui dicte son intervention. • Les jurés : mentionnés une seule fois à la ligne 26 et sont dépassés par les événements. • Le président : il est nommé une seule fois à la ligne 57 mais il interviendra à plusieurs reprises. ◦ Entre les lignes 57 et 60 : il pose une question ◦ Entre les lignes 62 et 67 : idem ◦ Entre les lignes 69 et 72 : idem ◦ Entre les lignes 74 et 77 : affirmation → question indirecte ◦ Entre les lignes 81 et 88 : nouvelle question Tous ces intervenants ne sont cités que par leurs fonctions et pas par leurs noms, ce qui montre bien qu'ils ne sont pas les plus importants. B – Ceux qui sont mentionnés Leur importance sur le plan mondial laisse supposer l'enjeu du procès. Ils peuvent être départagés en deux groupes : • Les grands théoriciens cités en référence par Eatons : Lamarck (l. 19, 30, 65), Le Gros Clark (l. 12-13), et Frechkop (l. 45) • Le professeur Knaatsch (l. 9, 18, 40 et 90) ◦ présent lors du procès → il est intervenu juste avant : « son prédécesseur » (l. 6) ◦ il est mis en doute et contredit par Eatons, entre autres grâce au « assurément […] mais » (l. 13-14) ◦ il est le contraire de Eatons comme on peut le constater dans la description entre les lignes 6 et 7 ◦ son nom a une consonance germanique C – Celui qui témoigne Il s'agit d'un scientifique britannique (consonance britannique). Sa présentation (l. 1 à 7) montre son importance et sa renommée. Il ne semble avoir que des qualités et il est l'opposé de Knaatsch. Son niveau de langue est soutenu et il abuse du langage scientifique au point que le tribunal est obligé de lui demander de parler plus simplement (l. 23-25) Il est présenté comme le témoin (l. 29 et 61) et sous son nom aux lignes 23 et 99. Il est très imbu de sa personne et de son savoir. Pédant, il méprise l'ignorance des autres. C'est un scientifique « snob » et dédaigneux, ce qui se retrouve dans sa façon de répondre au président. (l. 61, 68, 73, 78-80, 89-102). Sa réponse entre les lignes 89 et 102 est plus longue que les autres et il y développe sa théorie raciste. Transition : Le professeur Eatons s'adresse aux différents membres du tribunal tout en mentionnant certains de ses confrères et leurs théories. Pour donner son propre avis, il présente une thèse très bien structurée. II – La thèse de Eatons et sa présentation Il s'agit d'une thèse raciste. Cependant il se garde bien de la dévoiler dès le début. En réalité, son discours donne toutes les apparences d'un discours scientifique : c'est ce qui fait toute sa force. Cette thèse est basée sur l'observation du pied (celui-ci est cité 9 fois). Sa taxtique se développe en plusieurs parties. A – Une argumentation a contrario Eatons expose tout d'abord la théorie de Knaatsch entre les lignes 9 et 22 en précisant que c'est celle de Lamarck (l. 19). Puis, à la demande du juge, il à la ligne reprend de manière plus simple. Mais il commence à instiller des doutes quant à cette théorie entre les lignes 14 et 17, avec par exemple « conclusions imprudentes » (l. 15) Finalement il la réfute totalement « malheureusement […] ne sont pas favorables » (l. 41 à 44) B – Premier argument Développé entre les lignes 44 à 56 puis dialogue avec le président. Cet argument est basé sur le pied et son étude. D'après Frechkop, le pied de l'homme n'est pas une forme plus évoluée que la main du pied d'un singe. Au contraire, il serait plus ancien. Cette inversion dans l'ordre de l'évolution lui permet d'aboutir (l. 56) à la conclusion que les tropis ne sont pas dans la lignée humaine mais tout simplement les descendants des singes. Cett théorie est développée dans le dialogue avec le président (l. 88). Celui-ci conclut de la même manière que Eatons mais précise (l. 85 à 88) que les tropis seraient « une race de signes particulièrement évolués, et non, comme on pourrait le croire, une race d'hommes encore très primitifs ». On peut supposer que la théorie de Eatons est acceptée par le président. C – Deuxième argument Eatons utilise l'argument de Knaatsch « Ils font du feu, ils taillent la pierre ! » (l. 90-91) pour montrer le manque de rigueur scientifique de ce dernier. Se pose la question du feu : les tropis agissent-ils selon un instinct ou une réelle intelligence ? Pour Eatons, il s'agit sans aucun doute possible de l'instinct : « mais nous savons maintenant ... » (l. 91-92). Il conclut en affirmant une fois de plus, entre les lignes 101 et 120 : « ils ressemblent à des hommes, ce ne sont pas des hommes. ». CONCLUSION Le professeur Eatons s'adresse aux différents membres du tribunal tout en mentionnant certains de ses confrères et leurs théories. Pour donner son avis, il propose une thèse très bien structurée. Selon lui, les tropis ne sont pas le chaînon manquant entre le singe et l'homme. Ouverture : • Différence entre l'homme et l'animal • Différents types d'argumentation • Comment la tribunal va délibérer • Vercors et son siècle