506. PELERINAGES mus..

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506. PELERINAGES mus..
LES PRINCIPAUX PÈLERINAGES MUSULMANS.
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1. La Mecque (Arabie Séoudite). Pèlerinage obligatoire, au moins une fois dans l’existence, pour tout
fidèle qui en a la santé et les moyens.
- Lieu de la naissance du Prophète (son tombeau est à Médine, lieu de son décès et où sa maison
constitua la toute première mosquée).
- Lieu aux environs duquel Mahomet a reçu la Révélation par l’archange Gabriel (Djibril).
- Carrefour des routes caravanières de l’Arabie, lieu de pèlerinage multiconfessionnel fréquenté
par les tribus bédouines bien avant l’apparition de l’islam . Son sanctuaire principal, la Kaaba (grec koubos
= cube, à cause de sa forme) - dont les actuelles fondations remontent au Iie siècle ap.J.C. - a été approprié
par la nouvelle religion lorsque Mahomet, de retour de son exil à Médine (où il s’était réfugié en juillet 622,
point de départ de l’Hégire), fit son entrée triomphale à La Mecque en 630. Le Prophète procéda alors à la
purification de l’édifice, faisant détruire les nombreuses idoles qu’il abritait et n’épargnant, selon la tradition,
qu’une représentation de la Vierge Marie. Il en fit le temple par excellence et le lieu de pèlerinage principal
au Dieu unique.
Dès lors vont être rattachés à ces lieux un certain nombre d’épisodes partiellement empruntés
aux données fournies par la Bible. C’est ainsi que la pose de la première pierre de la Kaaba sera attribuée à
Adam, à qui Dieu avait fait jurer de rester fidèle au monothéisme. Emporté par le Déluge, le sanctuaire fut
reconstruit par Abraham1 aidé de son fils aîné Ismaël ; on relèvera même des traces des pieds d’Abraham sur
le parvis de la Kaaba, pour constater que Mahomet avait la même pointure ! Or, comme il manquait une
pierre angulaire pour achever l’édifice, l’archange Gabriel apporta la pierre noire - blanche à l’origine,
mais noircie par les péchés des hommes -qu’il avait préservée des flots : la pierre céleste que Dieu avait
jetée sur la terre après y avoir inscrit son alliance avec les hommes. Abraham est donc considéré comme
l’initiateur du pèlerinage à La Mecque.
N.B. Contrairement à ce que l’on croit souvent, cette pierre ne constitue absolument pas l’objet
le plus important du pèlerinage musulman. Il s’agit très probablement d’une de ces très nombreuses pierres
célestes (météorite ?) qui furent appropriées, là comme ailleurs, à des fins cultuelles ; il semble d’ailleurs
que Mahomet ne l’ait préservée que pour ménager la piété traditionnelle de ses fidèles.
- La Mecque sera enfin considérée en outre comme le lieu aux environs duquel Abraham se
prépara à sacrifier son fils (les musulmans identifient celui-ci à Ismaël, même si le Coran ne nomme pas le
fils dont il s’agit).
2. Médine (Medinat an Naabi = la Ville du Prophète, anc. Yathrib) :
- mosquée al Djoumou’ah, la première de l’Islam. Elle abrite le tombeau de Mahomet ainsi que ceux
des califes Abu Bakr et Omar.
- cimetière al Baqî : tombeaux du calife Othman, des épouses de Mahomet Aïcha et Hafsa (fille
d’Omar), d’Al Abbas, oncle de Mahomet, de Hassan, fils aîné d’Ali, etc.
3. Jérusalem (pèlerinage non obligatoire).
Appelée al Qods (la sainte) par les musulmans, Jérusalem ne vient cependant qu’en troisième position
des villes saintes de l’islam, après La Mecque et Médine. Son importance secondaire et tardive est due à
différents facteurs, parmi lesquels il faut signaler les dissensions survenues entre Mahomet et la communauté
juive, le fait qu’elle ne soit jamais citée nommément dans le Coran et que sa conquête, oeuvre de généraux et
non du calife Omar en personne (contrairement à ce que l’on a prétendu par la suite), n’ait eu lieu que six
ans après la mort du Prophète.
Dans les premiers temps de l’islam, elle est avant tout la Maison du Sanctuaire (Beyt al Mukaddis,
transposition arabe de l’expression juive Beit Hamikdash qui désigne le Temple). Les traditionalistes
musulmans la considéraient avec une certaine méfiance, par crainte de voir polluer l’islam par les traditions
Premier personnage de référence, comme pour les Juifs et les chrétiens, Abraham (Ibrahim) est vénéré comme l’ami
de Dieu, père des croyants, premier monothéiste et père d’une multitude (en arabe comme en hébreu). Il est en outre
considéré comme l’initiateur du pèlerinage à La Mecque.
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des autres religions monothéistes. Cependant, trois éléments vont contribuer à conférer à Jérusalem une
importance accrue dans l’islam : d’abord l’influence de nombreux apostats (Juifs et chrétiens convertis à
l’islam) ; ensuite la politique de prestige des califes ommeyades - en particulier al Malik (685-705),
constructeur du Dôme du Rocher, et son successeur al Walid (705-715), constructeur de la mosquée al Aqsa
(ainsi, d’ailleurs, que des grandes mosquées de Damas et de Médine) - qui cherchaient à la fois à consolider
leur pouvoir et à rivaliser avec les édifices chrétiens déjà en place ; enfin les croisades elles-mêmes, qui
feront renaître dans le monde musulman la notion de guerre sainte (djihad), celle-ci se donnant pour objectif
principal la reconquête de Jérusalem - reconquête qui sera le fait du sultan d’Egypte Saladin, le 2 octobre
1187.
Bien qu’elle soit loin d’être sainte pour les musulmans au même degré qu’elle ne l’est pour les
chrétiens et plus encore pour les Juifs, Jérusalem a plus d’un titre pour être considérée comme telle dans
l’islam :
- lieu où s’établit Abraham, venu de Chaldée (Our), et où il faillit sacrifier son fils Isaac.
- siège du tombeau de Jésus, le plus grand prophète avant Mahomet.
N.B. Pour l’islam, Jésus, seul des prophètes à être appelé Parole de Dieu par le Coran (celui-ci lui
consacre 92 versets), est le fils de Marie mais n’est pas le fils de Dieu et moins encore Dieu luimême ; il a échappé à la crucifixion (mort infâmante jugée impensable), remplacé par un sosie, et
est monté au ciel (ascension).
- lieu originel d’orientation de la prière.
- lieu de l'ascension de Mahomet. Jérusalem tire de cet événement l’essentiel de son prestige. Les
musulmans eux-mêmes sont partagés sur la question de savoir si le voyage nocturne constitue un voyage réel
ou une vision du prophète. Mahomet, en effet, fut un jour transporté de La Mecque à Jérusalem par la jument
ailée Bouraq ; il accomplit alors, conduit par l’archange Gabriel, son ascension nocturne vers le septième ciel
et sa rencontre avec Dieu. Il aurait alors attaché le cheval au Mur des Lamentations (vestige du temple de
Salomon, plusieurs fois détruit avant d’être reconstruit par Hérode et définitivement détruit par les Romains
en 70 ; ainsi dénommé parce que les Juifs y pleurent la destruction du temple et la dispersion du peuple élu),
que les musulmans appellent pour cette raison le Bouraq ; et il aurait en outre laissé l’empreinte de son pied
dans le rocher que recouvre depuis le Dôme du Rocher.
- lieu du Jugement dernier. C’est là que se tiendra, pour les musulmans, le dernier carré des
croyants autour du Mâhdi (Messie), redresseur des torts. Les trois grandes religions monothéistes
s'accordent pour faire de Jérusalem le lieu par excellence de la fin des temps.
* Dôme du Rocher. Appelé en arabe Qubbet es Sakhra, il est malheureusement aussi connu sous
l’appellation doublement erronée de mosquée d’Omar ; en effet, il ne s’agit pas d’une mosquée et sa
construction n’est pas due au deuxième calife, sous le règne duquel Jérusalem fut prise par les Arabes en 638
(il est néanmoins possible qu’il fit construire à cet emplacement un premier édifice en bois). Construit de
687 à 692 par les soins du calife al Malik, l’édifice à plan central était destiné aussi bien à rivaliser avec le
Saint-Sépulcre qu’à abriter une immense pièce de rocher, celui-là même d’où le Prophète partit pour son
ascension nocturne. Ce rocher est en fait doublement sacré, puisque c’est également à cet endroit que la
tradition situe le sacrifice par Abraham d’un agneau substitué à son fils Isaac ; l’islam a ainsi repris à son
compte une tradition juive tardive, rapportée par l’historien Flavius Josèphe (37-100) et reprise par le
christianisme.
* Mosquée al Aqsa. Le nom qui la désigne veut dire la Lointaine : selon la tradition, c’est le lieu
saint le plus éloigné de La Mecque où Mahomet se soit rendu, d’après un passage du Coran (12, 1)
généralement rapporté à Jérusalem. Construite en premier lieu par le calife al Walid, elle se justifie moins
par des raisons proprement religieuses que par le programme architectural de prestige développé à Jérusalem
par les califes ommeyades (voir ci-dessus). En effet, comme la basilique de la Résurrection (Anastasis)
forme un tout avec le Saint-Sépulcre, de même, la mosquée al Aqsa, de plan basilical comme l’église de la
Résurrection, a été axée sur le Dôme du Rocher, de plan circulaire comme le Saint-Sépulcre.
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* Lieux de pèlerinage concernant plus spécialement les sunnites.
4. Hébron : tombeau d’Abraham et de son épouse Sara.
5. Damas (Syrie) : tombeau de Jean-Baptiste (la grande mosquée y a remplacé une basilique chrétienne).
6. Kairouan (Tunisie) :
- tombeau du conquérant Okba ibn Nafi († 683), fondateur de la ville (670), dans la grande mosquée
Sidi Okba, une des plus anciennes du monde musulman.
- mosquée dite du Barbier (elle abrite un reliquaire contenant trois poils de la barbe du Prophète), avec
le mausolée d’Abou Zammat el-Belaoui, compagnon de Mahomet.
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* Lieux de pèlerinage concernant plus spécialement les chiites.
7. Nadjaf (ou Nedjef, au sud de Bagdad, Irak) : tombeau d’Ali, quatrième calife.
8. Kerbela (ou Kerbala, au S-SW de Bagdad, Irak) : tombeau d’Hussein († 680), fils cadet d’Ali.
9. Kazimaïn (près de Bagdad, Irak) : tombeaux de Musa al Kazin, septième imam, et de Mohamed al
Djawad, neuvième imam.
10. Samarra (NW de Bagdad, Irak) : tombeau d’Ali al Hadi, dixième imam, et d’Al Hasan al Askari
(† 874), onzième imam.
11. Méched (ou Meshed, N-E de l’Iran) : tombeau de l’imam Riza (ou Ali ar Reza). Sanctuaire fondé en
817 à la mémoire de cet imam qui aurait été empoisonné par le calife Mahmoun.
12. Koum (ou Qom, au S de Téhéran, Iran) : tombeau de Fatima, soeur du précédent.
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