Chic Modernité interlope « Soldes-fins de séries » revue d`art belge

Transcription

Chic Modernité interlope « Soldes-fins de séries » revue d`art belge
Chic
Modernité interlope
« Soldes-fins de séries » revue d’art belge de Tokyo à Knokke-le-Zoute.
Remy Kolpa kaboul
« Libération » 27 avril 1982
Le premier numéro s’ouvrait avec ce titre presqu’à sensatin : « Atomium, sursis jusqu’en
2009 ». Ce « Soldes-fins de séries », un intitulé tyrès fifties se projetait donc, en même temps
que le monument bruxellois, vers le millénare à venir. Une échéance culottée quand on
connaît l’espérance de vie des magazines prétendant sortir du fanzinanat sur le continent.
Seulement « Soldes… » est belge. Jean-Louis Sbille, l’éditeur, et Marc Borgers, le directeur
artistique, n’aiment pas qu’on la ramène trop sur le sujet. Pas seulement à cause des blagues
(sur les) Belges, mais aussi parce qu’ils veulent à leur produit chéri une dimension mondiale.
Bruxelles, centre du monde « neuf » ? Eh, doucement, New York, Londres et quelques autres
bourgades à art nouveau ne sont pas encore rayées de la carte, mais les quatre années (ou
presque) de vie de ce périodique théoriquement trimestriel laissent à penser que le pari n’était
pas si idiot. Bruxelles, n’a pas plus de compromissions avec l’anglo-saxonnerie que de
fardeau culturel gallo-romain à traiter. Bruxelles l’a culturée est tout ce qu’on veut en faire,
entre autres plate-forme synthétique.
Sbille, Borgers et quelques autres ont donné à travers leur revue un espace graphique pas
commun, même s’il doit beaucoup à Bazzoka (pour le regard moderne) et un peu à Hergé
(pour le peps !). Images, textes, sons, il y a un parti pris un brin chic, parfois au bord du
radotage (le dernier en date, sur le thème du para normal, traîne la plume de bons instantanés
en clichés lourdauds), mais qui affectionne le clin d’œil coquin. Nos compères sont tout fiers
de ne vendre qu’un tiers de leur 10.000 exemplaires intra-muros, et le reste de New York à
Tokyo, de san Francisco à Paris et de Londres à… Lille. Ils ont même monté leur « Soldesparty » au Mudd Club de New York, l’an passé. Un must pour rentrer dans la « branchés
set », mais pas seulement un coup de frime : les Américains, surtout à NYC s’aperçoivent que
l’Europe existe !
Jean-Louis Sbille, Marc Borgers et leur co-listière Anne Frère, restent,malgré un espace
publicitaire substantiel, bénévoles. « Le journal d’abord » : mais rien à voir avec le support
d’une idéologie à fourguer. « Soldes… » n’est pas un moyen, c’est une finalité, un lien entre
fouineurs et autres bâtisseurs qui passent par Bruxelles l’opaque.
Actuel a invité « Soldes fins de série » à étaler quelques images fugaces, graphiques comme
musicales. Le papier glacé format « news magazine » reçoit le cousin dégingandé et papier
mat d’Outre Quiévrain : qu’ils le veuillent ou non, ces quelques soirs seront belges. Reste
qu’il rôde dans ces « Soldes… » comme une modernité interlope, toujours bonne à prendre…
R.K.K.
En dehors des nuits d’Actuel, soirée « Soldes… » les 13 et 14mai au Centre culturel belge francophone. Expo, package iconographique du
14 au 31 mai.
Culture
Jean-Eric Perrin
Rock et Folk Juin1982
Si vous pensez qu’un journal peut être fait de la même manière qu’une chanson rock, vous
avez sans doute raison. Le magazine « Soldes Fins de Séries » n’est pas loin de le croire. On
peut s’en faire une idée en allant jeter un oeil sur l’exposition « Soldes… » qui se tient au
Centre Culturel de la Communauté Française de Belgique à Paris, juste en face de
Beaubourg). Né à Bruxelles en 1978, le magazine ; écrit en français/anglais est lui-même un
objet d’art, une nouvelle manière de présenter la mode le rock, l’information, la vie
quotidienne, etc. « Soldes… » a été souvent imité, et a sûrement inspiré les tentatives de
rajeunissement de bien des magazines plus connus. L’exposition présente un package
iconographique de la confection, étape par étape, du journal. Maquettes, dessins, photos, une
sorte de best of « Soldes ». Le magazine a, conjointement, organisé des concerts de groupes
belges avec lesquels il est lié : Allez-Allez, Minimal Compact, Tueurs de la Lune de Miel,
Marine, Hermine, que ce soit dans le cadre des nuits du Rex ou dans celui de l’exposition.
Artistique but chic.
Jean Eric Perrin.