La Lettre des Hauts de France II Chantier

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La Lettre des Hauts de France II Chantier
La Lettre des Hauts de France II
Chantier « Pitgam-Nédon »
Lettre d’information n° 8
18 juin 2012
Découvertes archéologiques sur le site de Pitgam !
Interview de Emmanuel Elleboode – Archéologue à l’Inrap, responsable du chantier de fouilles archéologiques du site de Pitgam
Emmanuel Elleboode, vous dirigez actuellement la fouille
archéologique sur le site de Pitgam, opération réalisées par l’Institut
national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Pourquoi
entreprenez-vous des fouilles archéologiques sur ce chantier de
construction d’une canalisation de transport de gaz ?
E.E. : La réglementation prévoit, dans le cadre des grands chantiers, la
possibilité de réaliser des diagnostics archéologiques sur l’emprise des
travaux. Une convention signée par l’Inrap et GRTgaz formalise le
partenariat entre ces deux institutions, avec comme objectif commun
la préservation par l’étude des vestiges se trouvant potentiellement en
terre, dans l’aire des travaux.
Si les diagnostics archéologiques révèlent des traces de notre histoire
passée, l’Inrap et GRTgaz organisent, très rapidement, des fouilles
archéologiques approfondies. C’est bien le cas du chantier des Hauts
de France II.
Les structures archéologiques, ayant une couleur plus foncée - même
un néophyte peut les remarquer - sont tout de suite visibles. Les
vestiges archéologiques, que les archéologues appellent des
« structures », apparaissant grâce à ce contraste de couleur mais aussi
de texture, sont marqués à la bombe de peinture. Ils sont ensuite
numérotés, mesurés et répertoriés dans un cahier d’inventaire (type de
structure rencontrée à Pitgam : fosses dépotoirs, trous de poteau,
fossés, puits, structure funéraire).
Vous voulez préciser que le diagnostic archéologique réalisé en juin
2011 a permis à des traces du passé de remonter en surface?
E.E. : En effet. Nous pensions déjà que ce site pouvait receler des
vestiges d’une occupation passée. Lors des fouilles archéologiques
réalisées en amont de la construction de la station de compression de
Pitgam (1997-1998) des vestiges d’un site gallo-romain datant du 2e
siècle ap. J.C. avaient été découverts. Nous pensions que ce site
s’étendait bien au delà de l’emprise de la zone expertisée en 1997. Et
nous avions raison.
Le chantier des Hauts de France II nous donne la possibilité de réaliser
une fouille sur une aire de 3 ha, ce qui est loin d’être négligeable car
elle nous permet d’avoir une visibilité sur une grande surface. A la fin
de l’étude, nous aurons les plans d’une communauté occupant plus
de 4 ha, si on compte ceux découverts en 1998.
Quel est le déroulement des fouilles archéologiques ?
E.E. : En accord avec les engagements pris par GRTgaz vis-à-vis de la
profession agricole, nous commençons par un décapage à la pelle
mécanique de la terre végétale que l’on stocke en limite de l’aire de
fouille. Nous enlevons ensuite le limon stérile que l’on entrepose dans
des tas séparés physiquement des tas de terre végétale. Nous avons
besoin de descendre entre 40 et 60 cm maximum de profondeur pour
voir apparaître les premiers niveaux archéologiques conservés. La
couleur du sol géologique est une combinaison brun-beige-orangée.
© INRAP, 2012
Vue de la coupe d’un puits gallo-romain découvert à Pitgam, Hauts de France II, 2012
Un topographe relève au théodolite les emplacements des vestiges au
sol, afin d’établir un plan général de l’aire de fouille. Ensuite, la fouille
des vestiges est lancée, soit manuellement soit mécaniquement à
l’aide d’une pelle mécanique. Par exemple, la fouille des fossesdépotoir : ce sont des trous généralement creusés pour prélever du
limon (pour faire du torchis ou fabriquer de la céramique) qui sont
ensuite utilisés comme dépotoir pour les déchets.
Lors de la fouille, ces fosses sont coupées par moitié ou en quarts
opposés, afin d’obtenir le profil du comblement de la structure.
Ce profil nous donne des indices de ce qui a été déposé dans ces
fosses : de la matière organique, de la céramique (poteries
généralement brisées). Les différentes unités stratigraphiques de
comblement nous permettent d’analyser les vestiges. Les céramiques
(fragments de vaisselles) contenues dans ces comblements nous
permettent de dater précisément la structure.
Lettre d’information n° 8
18 juin 2012
Nous réalisons la fouille de l’ensemble des structures identifiées : les
fosses, les fossés, les trous de poteau, les vestiges funéraires que nous
avons trouvés en grand nombre (environ 15) lors du décapage du
premier secteur fouillé (1 ha environ).
Les bûchers funéraires identifiés sont spécifiques aux sites galloromains ; les défunts y étaient incinérés dans des trous creusés dans la
terre. Nous pouvons trouver des fragments d’ossements humains
générés par les bûchers, avec quelques fois des morceaux de
céramique provenant des offrandes accompagnant le défunt. Ces
vestiges funéraires sont identifiés lors du décapage grâce à leur
couleur spécifique, noire charbonneux, dans des trous recoupant les
dimensions d’un corps humain allongé (1 m de largeur sur environ 2
m de longueur). L’intégralité du bûcher est prélevée et sera tamisée,
pour analyse approfondie en laboratoire. Nous saurons ainsi si le
bûcher n’a été utilisé qu’une fois, pour un seul défunt et par exemple
s’il s’agissait d’un adulte ou un enfant.
Donc, une histoire à retrouver dans les manuels d’histoire ?
Peut-être un jour, oui. Les découvertes du site de Pitgam attestent la
densité des foyers de peuplement à l’époque gallo-romaine et
plaident pour une occupation développée de la plaine maritime. Ces
sites s’organisent près d’un axe de circulation et fonctionnent
vraisemblablement autour d’une économie mixte fondée sur
l’agriculture, l’élevage et la production de sel.
Ces fouilles nous permettront de mieux appréhender l’occupation
gallo-romaine sur le littoral, d’approfondir nos connaissances sur la vie
quotidienne rurale et les coutumes méconnues à ce jour…
Quelles histoires peuvent raconter vos découvertes sur le site de
Pitgam ?
C’est l’histoire d’une occupation humaine datant du 2e siècle après J.C
établie sur la plaine descendante et en contact avec la plaine
maritime. Nous avons découvert un vaste réseau de fossés (des petits
fossés et de très gros collecteurs - le collecteur principal mesurait 7 à 8
m de large et il drainait toutes les eaux recueillies par les fossés du
réseau). Ce fait est significatif, car le site est situé à la jonction entre la
Flandre intérieure et la Flandre maritime. La communauté qui a
occupé ce territoire avait par conséquent besoin de drainer l’eau (aussi
bien les remontées de la mer pendant les grosses tempêtes que l’eau
de pluie ou de la nappe phréatique qui est ici assez haute).
Des aménagements sont visibles à l’intérieur de ce réseau de fossés :
des concentrations de poteaux qui semblent reconstituer le contour
des bâtiments, des zones réservées aux bûchers funéraires, des fossesdépotoirs et des îlots sans vestiges, vraisemblablement des parcelles à
caractère agro-pastoral.
Les indices recueillis jusqu’à présent nous font croire qu’il s’agit d’une
occupation agricole, avec probablement une activité saunière. A cette
époque, la mer était assez proche de ce site et ils devaient utiliser des
fours à sel (que nous n’avons pas encore découverts) pour produire du
sel destiné aux échanges commerciaux. La voie romaine passait à
peine à 3 km de ce site et reliait Steene à Cassel (Castellum
menapiorum, chef lieu de cité du territoire des Ménapiens).
Fragment de céramique piégé dans le comblement d’un fossé à Pitgam
Hauts de France II, 2012
Les fragments de céramique recueillis enrichissent notre corpus, ce qui
permettra à terme la définition « faciès culturel »de la partie
occidentale de la cité des Ménapiens (nom de la tribu occupant ce
territoire).
Dans un futur proche, nos découvertes seront présentées au grand
public dans un ouvrage rédigé par l’équipe de recherche.
… Ouvrage que nous attendons avec impatience. Bonne continuation,
sur les Hauts de France II !
Le site a été préservé presque intégralement, ce qui est une chance
pour nous.
Pour de plus amples informations concernant notre projet, visitez notre site :
www.hauts-de-france-2.grtgaz.com
Ou nous écrire :
[email protected]
GRTgaz – Centre d’Ingénierie, 7 rue du 19 mars 1962, 92622 Gennevilliers Cedex
Lettre d’information n° 8
18 juin 2012
Tendances météo 18 juin– 29 juin (Pitgam, 59)
Lundi 18 juin
Max. : 17°
Min. : 9°
Vendredi 22 juin
Max. : 19°
Min. : 12°
Mardi 26 juin
Max. : 21°
Min. : 11°
Mardi 19 juin
Max. : 19°
Min. : 7°
Samedi 23 juin
Max. : 17°
Min.: 11°
Mercredi 27 juin
Max. : 19°
Min. : 12°
Mercredi 20 juin
Max : 20°
Min : 10°
Dimanche 24 juin
Max. : 17°
Min. : 10°
Jeudi 28 juin
Max. : 17°
Min. : 11°
Jeudi 21 juin
Max. : 24°
Min : 15°
Lundi 25 juin
Max. : 19°
Min. : 11°
Vendredi 29 juin
Max. : 17°
Min. : 10°
Lettre d’information n° 8
18 juin 2012
Avancement prévisionnel 18 juin – 2 juillet