Une collecte surprenante dans une église haïtienne à New-York

Haïti-USA-Culte : Une collecte surprenante dans une église haïtienne à New-York
Écrit par AL/HPN
Lundi, 26 Novembre 2012 07:37
Moment de ferveur et de piété en hommage à une divinité, les cultes religieux et les
rassemblements ecclésiastiques ne manquent pas un peu partout à travers la planète.
Mais ils ne se ressemblent pas dans le fond et dans la forme. En témoigne une réunion
d’adoration religieuse assistée hier dimanche dans l’État de New-York à l’église de Dieu
de Spring Valley, où un pasteur venu directement d’Haïti était l’invité d’honneur.
Reportage : Par Alix Laroche
Depuis New-York
Dimanche 25 novembre 2012. 11 heures du matin. Il fait excessivement froid à New-York.
Même à l’intérieur des maisons à système de chauffage, il est quasiment irrésistible. 39 degrés,
annoncent les médias locaux. Le ciel s’assombrit. De gros nuages gris forment un rideau
opaque dans l’atmosphère. Le soleil apparaît rarement dans la lueur des nuées de nuages,
mais sans aucun effet de réchauffement. Un vent faible et modéré agresse le corps humain
jusqu’aux os. Soudain, la neige se met à tomber.
Cependant, des fidèles protestants haïtiens recouverts de vêtements chauds se rendent quand
même à l’église. Question de se réunir pour glorifier l’être suprême. Mais un autre motif
encourageait aussi le déplacement. Il s’agissait de voir ce que vont délivrer des compatriotes
invités préalablement à prendre part à l’assemblée.
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Écrit par AL/HPN
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Et oui ! L’annonce a été bel et bien faite dimanche 18 novembre par le pasteur principal du
temple, le révérend Ligondé. Un groupe de missionnaires en provenance d’Haïti y rendront
visite le week-end suivant, disait-il. On citait à gorge déployée le nom d’un homme très connu
pour son passé illustre dans la presse et la culture haïtiennes, mais converti depuis un certain
temps en prédicateur.
Ancien professeur de communication, particulièrement du journalisme, choriste, acteur de
cinéma haïtien, cet homme dirige depuis quelque temps à Port-au-Prince, un espace religieux
dénommé Shalom, doté d’une station de radio du même nom où, informe-t-il, on accueille entre
30 et 50 mille personnes à l’occasion des cultes. Ce qui rapporte déjà gros, témoigne-t-il. Plus
de trois millions (3 000 000) de dollars américains récoltés en un laps de temps.
En dépit de tout, il fallait se rendre aux États-Unis, le grand lieu du dollar pour en quérir
davantage. « IN GOD WE TRUST ». Car, chante-t-il sans gêne aucune, la formation scolaire de
ses enfants se paie en dollars grâce aux dîmes des fidèles.
« Frères et sœurs, il faut donner à Dieu ce que vous avez pour en avoir cent fois plus en retour.
Jésus-Christ l’avait dit. Croyez-moi, je fais l’expérience au sein de Shalom. Aujourd’hui, mon fils
parle l’anglais mieux que moi grâce à sa formation que je paie très chère. J’ai une voiture de six
(6) cylindres qui me coûte près de 20.000 gourdes d’essence chaque mois. Gloire à Dieu »,
martèle-t-il, vêtu d’une veste bleue marine, d’une cravate bleue pâle, de chaussures noires et
d’un pantalon blanc.
(Lire la suite à la page suivante)
Ce pasteur haïtien invité, lequel était chargé de diriger l’assemblée et de prononcer le sermon
du jour, raconte tous ces détails dans l’espace de temps où il invitait l’assistance à passer
devant pour déposer la collecte. Mais avec une drôle manière de procéder.
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« Chrétiens… qui est prêt parmi vous à venir déposer 100 dollars dans la corbeille pour Jésus ?
Ne vous en faites pas, j’arrive sur tout le monde. Je commence par 100, mais si vous voulez en
donner 1000 et plus, il n’est pas prohibé non », dit-il fermement et convaincant.
Momentanément, l’assemblée devient timide. Certains, figés à leur place, le fixent des yeux.
D’autres gardent plutôt la tête baissée. Cette façon inhabituelle de procéder à la collecte de
l’assemblée semble avoir gêné un peu. On se sent dans son petit soulier. Pourtant, tout allait
bien quelques minutes avant. Les fidèles chantaient à grande gorge et dansaient à pas feutrés
au rythme de la musique.
Brusquement, après quelques bonnes secondes de silence sépulcral pendant que le
prédicateur continuait son appel au dépôt, des gens, pour se montrer grands, se lèvent et se
défilent dans l’allée de l’église par groupes de quatre à cinq personnes. Ce, pour aller déposer
dans la corbeille tenue par une jeune femme, des billets portant l’effigie de l'une des plus
illustres figures de l'histoire américaine, Benjamin Franklin (17 Janvier 1706- 17 avril 1790).
Survient alors, le sourire du pasteur qui, graduellement, s’emballe avec tact et intelligence dans
son procédé un peu surprenant, mais finalement accepté par plus d’un, juste pour faire la
différence.
Une fois terminé le défilé des billets de 100 dollars, avec la même dextérité convaincante,
l’appel est alors lancé à ceux et celles qui ont 90, 80, 70, 60, 50 dollars et de suite en suite
jusqu’à atteindre ceux qui ont un dollar. Ah ! Le compte est vraiment bon. Il y en a même qui
donnent 200 dollars. D’autres en panne du pognon en liquide offrent des chèques, selon
l’indication du berger en question.
« Je vous l’ai dit. Dieu multiplie toujours par cent ce que ses filles et ses fils lui donnent. J’ai
acheté un billet d’avion pour venir prêcher sa parole jusqu’ici. Voilà ! Il me récompense »,
lâche-t-il d’une voix grasse, sourire aux lèvres et soulagé. « Dieu, poursuit-il, n’est-il pas grand
chrétiens? » « Amen ! », répliquent les adeptes.
À la sortie de l’église vers 2 heures de l’après-midi, au volant de sa voiture, un monsieur qui n’a
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pas trop aimé la façon de faire, opine avec sa femme et un journaliste de HPN qui a suivi le
scénario, sur la manière dont l’homme de Dieu a procédé à la collecte. La dame qui semble
connaître un peu cette pratique comme une habitude dans certaines églises protestantes en
Haïti, particulièrement à Shalom, laisse comprendre que c’est ainsi que les dirigeants de ces
temples ont toujours procédé.
« Moi, je donne toujours quand ils réclament des montants. Je ne le fais pas pour le pasteur
mais pour Dieu. Je suis confiante que le père Tout-puissant le multiplie vraiment. C’est une
question de foi. Je peux même en témoigner mes expériences en ce sens », tente-elle de
convaincre son mari. Toutefois, le couple reconnait que le pasteur a dû délivrer un bon
message pour la circonstance.
Texte et Photo: Alix Laroche
[email protected]
New-York
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