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TROISIEME DIMANCHE DE CAREME A
1ere lecture : Exode 17,3-7
2eme lecture : Romains 5,1-2 et 5-8
Evangile selon saint Jean 4,5-42
Tout d'abord lire
Lire plusieurs fois paisiblement. L'idéal serait, comme les moines depuis des siècles, de
recopier les textes, à la main bien sûr, pour les faire entrer jusque dans notre corps. Mais
.bon!...nous n'avons pas toujours le temps
,,Puis se poser quelques questions, à propos des textes d'abord
Dimanche de la "Samaritaine". L'Eglise aurait pu rapprocher ce chapitre de saint Jean de
bien d'autres passages de l'Ancien Testament, mais elle a choisi pour ce 3ème dimanche
de Carême l'épisode de l'Exode et du rocher d'où jaillit l'eau dans le désert. Pourquoi ?
.Trois mots clefs à ne pas lire l'un sans l'autre
Dans le passage évangélique, il y a une triple révélation, nouée comme une tresse. Pour
: faire simple, commençons par la fin
"Jésus se révèle comme "le Messie, celui qu'on appelle Christ "Puis, en remontant dans le texte, il y a la révélation sur "adorer le Père enfin, mais passant quasi inaperçue, celle du verset 14 : "l'eau que je lui donnerai ".deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle
Mais quel rapport entre tout cela ? Attention, c'est difficile ! Si vous "séchez" (c'est le cas
...de le dire !), ce n'est pas grave
Plus facile : repartons de l'Evangile, en version intégrale. Aux versets 31-34, Jésus dit à
ses disciples qu'il a "de quoi manger", et il précise : "Ma nourriture est de faire la volonté
de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre." D'après ce contexte de l'entretien avec
? la Samaritaine, en quoi consiste cette "volonté", et cette "oeuvre" du Père
Enfin, s'interroger soi-même, avec l'Esprit Saint
PROPOSITIONS DE LECTURE
Dans la 1ère lecture : "...soif..eau...boire...", à ne pas dissocier. Les Hébreux pensent
"mourir de soif" dans le désert, et ils expriment ainsi leur manque de confiance envers ce
Dieu qui les a sauvés de l'Egypte, qui les a fait traverser la Mer Rouge "à pied sec". Cette
ingratitude blesse Moïse, mais Dieu va leur donner ce qu'ils réclament : "Tu frapperas le
"...rocher, il en sortira de l'eau et le peuple boira
Dans l'Evangile, d'une certaine manière, les choses vont dans l'autre sens : "...puiser de
l'eau...donner à boire...que je n'ai plus soif..." En fait, nous passons d'une eau matérielle,
concrète, celle que la femme de Samarie vient puiser dans le puits de Jacob, à une eau
"symbolique", l'eau de la vie, que Jésus donne à ceux qui lui demandent, le "don de Dieu",
qu'il est lui-même, venu en ce monde. Aussi peut-il dire : "Tout homme qui boit de cette
eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus
jamais soif." Il est venu révéler l'amour du Père, et cette révélation est comblante, elle
.apaise nos soifs profondes
Du coup, l'épisode de l'Exode prend son sens plénier, parabolique. Dieu fait éclater les
rochers les plus durs dans le coeur humain, pour y faire jaillir "l'eau vive" ; et il nous
.accompagne sur ces chemins de Carême, prêt à nous soutenir et à nous aider
La femme a affirmé : "Je sais qu'il vient, le Messie...Quand il viendra, c'est lui qui nous fera
connaître toutes choses." Il nous faut bien peser ces mots, car c'est à eux que Jésus
répond :"Moi qui te parle, je le suis." Elle est la seule, avant les grands-prêtres au moment
de la Passion, à qui il se révèle comme le Messie, mais pourquoi ? Sans doute parce qu'il
ne s'agit pas pour lui de revendiquer un titre, un honneur, mais d'acquiescer à sa
"...proposition : "il nous fera connaître toutes choses
Remontons d'un cran alors dans notre liste de révélations : "adorer le Père..." Bien sûr, il y
a le problème du lieu : Mont Garizim ou Temple de Jérusalem, la question de l'hérésie
éventuelle des Samaritains - mais ce n'est pas le plus important. Le plus important (si l'on
ose), n'est pas non plus cette histoire d'adorer "en esprit et en vérité", du moins si l'on
conçoit cela comme une opposition à adorer "matériellement et superficiellement". La
nouveauté introduite par Jésus tient dans le rapprochement entre "nos pères ont adoré
Dieu", et "adorer le Père". Le Père veut être adoré (aimé, révéré, respecté, prié...) comme
un "Père", ce sont ces "adorateurs que recherche le Père", ceux qui se confient à lui.
Certes, "Dieu est esprit", mais il ne s'agit pas ici de l'opposer à la matière, seulement de
mettre en valeur l'affirmation suivante, en traduction plus littérale : "ceux qui l'adorent, c'est
dans l'esprit et dans la vérité qu'ils doivent l'adorer." Un lien se crée, plus fort que tout,
entre Dieu et les adorateurs qu'il "recherche" : car c'est lui qui nous cherche, pour nous
.donner son Esprit, "l'eau vive" dont Jésus parle à la Samaritaine
Nous pouvons alors aborder le troisième et dernier temps de notre "révélation" : "l'eau que
moi je lui donnerai deviendra en lui soucre jaillissante pour la vie éternelle" Ce qui est
beau dans cette histoire, et ce que l'on voit en actes, avec cette femme transformée par le
regard respectueux de Jésus, c'est que le Christ ne nous propose pas seulement de
"boire" à sa source, mais de devenir "source" pour les autres. Etre si plein de l'Esprit et du
Christ que l'on peut apporter à autrui, sans même s'en apercevoir éventuellement, une
"eau vive", une "source jaillissante", ce dont il a besoin un instant sur sa route, et qui peut
."devenir alors un germe de "vie éternelle
Deuxième partie de l'Evangile de la Samaritaine, qui n'est pas toujours lue, mais qui est
passionnante ! Quelle est la "volonté" du Père, quelle est son "oeuvre", qui suffisent à
? nourrir Jésus
C'est tout simple. Il suffit de constater que Jésus a eu une longue conversation avec une
femme au bord d'un puits, et que cette situation est un "classique" dans l'Ancien
Testament : puits de "fiançailles", où le héros biblique rencontre sa future épouse. Bien
sûr, il ne saurait être question de noces au sens strict ici, mais il est quand même bien
question de "maris", des "cinq maris" de la dame. Pourquoi voudrions-nous, comme tant
d'exégètes (masculins !) au cours des siècles, en faire simplement une "femme légère" ?
Cinq maris, cela fait quand même beaucoup ! C'est une figure intéressante de l'infidélité,
celle d'Israël à son Dieu, mais aussi globalement, celle de l'humanité dans son péché, que
.Jésus est venu "épouser" pour la sauver et la restaurer
De même, les Samaritains qui accourent à la parole de la femme, ces non Juifs qui, les
premiers, accueilllent le Messie, ne sont-ils pas l'annonce de l'ouverture de la prédication
? évangélique, après Pâques, à toutes les nations
Avec l'aide du Saint-Esprit, se poser des questions sur soi en
face de ces textes
Quel est mon regard sur la femme de Samarie, et sur toutes les femmes qui, dans les
Evangiles, cherchent à approcher Jésus ? Est-ce que je respecte leur démarche comme
un authentique désir spirituel, celui que je peux ressentir moi-même
Est-ce que j'"adore Dieu" dans un acte de soumission un peu forcé ou extérieur, ou bien
est-ce que j'adore "le Père", mon Père, notre Père, dans un mouvement filial