Prévoyance vieillesse 2020 : il y a encore du pain sur la planche !

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Prévoyance vieillesse 2020 : il y a encore du pain sur la planche !
Journées de la prévoyance 2014 – Compte rendu
Prévoyance vieillesse 2020 :
il y a encore du pain sur la planche !
240 professionnels se sont retrouvés du 22 au 24 mai à Montreux pour la 5 e édition des
Journées de la prévoyance, le rendez-vous de référence des acteurs du deuxième pilier
romand, organisé par le Groupe Pittet et PwC. Lors de sa journée commune, l’événement a
connu pour point d’orgue un exposé de Marco J. Netzer, Président des Fonds de
compensation AVS/AI/APG, ainsi qu’un débat politique sur l’important projet de réforme
Prévoyance vieillesse 2020.
Des conférences, des ateliers pour approfondir certains sujets et faire part d’interrogations pratiques,
mais aussi des moments de convivialité afin d’échanger des points de vue et des expériences, les Journées
de la prévoyance ont pour vocation d’offrir, dans un cadre toujours majestueux, un contenu riche, adapté
aux préoccupations d’un panel de participants avisés. Au cœur de ce programme, la journée du jeudi
réunissait, comme de coutume, l’ensemble des participants pour des conférences magistrales et un débat
politique.
Deux portefeuilles pour trois fonds
La journée commune des Journées de la prévoyance se fait toujours un point d’honneur d’offrir à son
audience l’intervention d’une personnalité de haut rang dont la parole est plutôt rare en Suisse romande.
L’an passé, Bruno Pfister, CEO de SwissLife, était venu expliquer pourquoi il a confiance dans le système
helvétique des trois piliers, et quels sont les axes de travail qu’il préconise pour le moderniser. Cette
année, c’est Marco J. Netzer, Président des Fonds de compensation AVS/AI/APG, qui a ouvert les feux,
avec une présentation de ses institutions, et de la manière avec laquelle leur fortune est gérée.
Renommés récemment « Compenswiss », indépendants de l’administration fédérale, les Fonds de
compensation sont responsables de la gestion centralisée des liquidités et de la fortune de l'assurancevieillesse et survivants (AVS), de l'assurance-invalidité (AI) et du régime des allocations pour perte de gain
(APG). Regroupant une fortune de CHF 32 mia, ils accomplissent une double mission : assurer en tout
temps les liquidités nécessaires aux paiements des prestations de l'AVS, de l'AI et des APG, et investir la
fortune de manière sûre en vue d'obtenir des rendements conformes au marché.
Pour Compenswiss, comme pour tout investisseur, le défi est de trouver le bon équilibre entre risque et
rendement pour disposer des liquidités requises par le paiement des prestations. Un défi renforcé par le
fait que les trois institutions ont des fortunes évoluant de manière différente : si les masses sous gestion
de l’AI et des APG sont plutôt stables, celle de l’AVS est en diminution sensible. Il a fallu trouver la bonne
organisation pour jouer des synergies tout en répondant aux spécificités de chaque fonds.
Cette organisation repose principalement sur le recours à deux portefeuilles d’investissement, l’un dit
« de base », peu volatil, placé essentiellement en monnaies et en obligations, l’autre dit « marchés », qui
recourt à des véhicules plus dynamiques tels que les actions ou l’immobilier. La fortune des fonds est
répartie entre ces deux portefeuilles en fonction de leur profil de risques, de la volatilité des marchés et
des évaluations de l’OFAS. 45 mandats de gestion sont définis dans l’ensemble. 21 sont gérés à l’interne,
et 24, plus complexes, sont confiés à des gérants externes.
Bâtir l’union des pensions
La matinée s’est poursuivie avec une conférence consacrée à l’avenir des retraites en Europe, présentée
par Bruno Gabellieri, Secrétaire général de l’Association européenne des Institutions paritaires de
protection sociale (AEIP). Très élogieux à l’égard du système suisse, M. Gabellieri le prend volontiers
comme exemple pour ses qualités libérales : « A Bruxelles, nous travaillons pour imposer un système de
pension performant. Celui-ci se situe sans doute entre le modèle suisse, qui valorise la liberté
d’entreprendre, et le modèle hollandais. Notre ambition est de bâtir l’union des pensions en Europe,
après les unions monétaire, bancaire et fiscale – et en vue de l’union sociale ! »
Actualité oblige, le traditionnel débat politique de début d’après-midi, rassemblant non seulement des
acteurs du 2e pilier, mais également des représentants du monde politique, a abordé la question de
l’avenir du 2e pilier, avec bien sûr, en toile de fond, la réforme fédérale Prévoyance vieillesse 2020. Pour
rappel, la période de consultation de l’avant-projet s’est achevée ce printemps, et le Conseil fédéral
soumettra son message au Parlement d’ici la fin de 2014.
Accord sur l’objectif, divergences sur les moyens
Un vrai consensus semble exister sur la nécessité de cette réforme, et sur son approche globale qui
envisage ensemble le 1er et le 2e pilier. « C’est la bonne méthode, explique Stéphane Rossini (Viceprésident du Conseil national, PS). La Constitution nous impose de traiter ensemble l’AVS et la
prévoyance professionnelle, et cela nous force à raisonner de manière large, avec l’objectif de maintenir le
niveau des rentes. »
Mais de nombreuses divergences apparaissent lorsque l’on évoque, dans le détail, les mesures prévues par
le « paquet Berset », notamment sur l’âge de la retraite et sur l’adaptation du taux de conversion, points
sur lesquels des opinions très polarisées s’expriment encore. Un peu comme si ces deux problématiques
étaient dans une impasse : augmenter l’âge de la retraite est insensé si le marché du travail ne peut pas
occuper les seniors ; baisser le taux de conversion, après la votation de 2010, c’est faire courir le risque
que l’ensemble de la réforme soit balayée.
Dans un tel climat, les troisièmes voies rencontrent forcément un certain succès et semblent promises à
un bel avenir. Il en va ainsi de la flexibilisation du départ à la retraite. Pour Philippe Doffey, Directeur
général de Retraites Populaires, « les employés sont intéressés par les rentes partielles et le départ
progressif à la retraite. Il y a une vraie aspiration des gens en la matière, et ce n’est pas difficile à mettre
en œuvre techniquement. »
Chacun s’accorde sur le fait que la réforme doit avancer, mais le débat a montré que de nombreux points
devaient encore être travaillés. Affaire à suivre, donc. Notamment lors de la 6e édition des Journées de la
prévoyance qui aura lieu du 10 au 12 juin 2015, à nouveau à Montreux.
Genève, le 26 mai 2014