édito - Carsat Alsace

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édito - Carsat Alsace
Décembre 2014
PROP Com’
LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
ÉDITO
La propreté se montre pour qu’on la voit …
Les métiers de la propreté ont cette particularité d’être
une activité que tout le monde connaît, mais dont toutes
les facettes ne sont toutefois pas familières au grand
public. D’une part il y a cette conductrice de laveuse
autoportée, qui fait son ballet autour du rayon légume
lors de nos courses pour garantir qu’aucune feuille
de salade ne viendra perturber notre déambulation
de consommateur. D’autre part, il y a ce bataillon de
travailleuses de l’ombre qui investissent nos bureaux
avec leurs chariots de nettoyage alors que les
salariés ont déserté les locaux, dans une organisation
qui fait que ces deux mondes se succèdent et ne
se croisent que rarement. Il y a aussi tout ce qui est
manifestement nettoyé sans que nous puissions le
constater directement. Notre bus ou notre voiture
SNCF, notre chambre d’hôtel, le bloc opératoire d’un
hôpital, les locaux sensibles dans les industries (salles
blanches, chambres froides, …), tous ces lieux que
nous connaissons sont rendus propres en dehors de
notre présence. Cette énumération met également en
évidence qu’il y a nettoyage et nettoyage. Sans créer
une hiérarchie ou dénigrer le nettoyage « simple » de
la surface de travail d’un bureau, derrière chaque type
de prestation il y a des spécificités, des contraintes,
des modes opératoires … et donc des compétences
différentes.
Les risques de ces activités sont également différents.
Si les postures de travail apparaissent rapidement
comme un risque inhérent à tous ces métiers plutôt
physiques, d’autres risques doivent être pris en compte
spécifiquement par chaque chef d’une entreprise de
propreté. Comment la profession s’est-elle engagée
dans cette démarche de réduction des risques ?
Quelles bonnes pratiques existent dans ces métiers
et méritent d’être partagées ? Quels leviers utiliser
pour réduire la sinistralité et améliorer la rentabilité
de ces structures ? Le regard croisé apporté dans
Prop’Com par quelques acteurs impliqués apportera
des éléments de réponses à ces questionnements.
Sommaire
Les entreprises du secteur de la propreté...p 2
Démarche de prévention des TMS..............p 3
Une bonne dose de dialogue......................p 4
Onet forme et Informe.................................p 4
Petite entreprise, grande implication ..........p 6
Une aide précieuse et pluridisciplinaire .......p 7
C’est arrivé chez vous................................p 8
La propreté en Alsace-Moselle :
Les chiffres clés 2013
«Le monde de la propreté»
Moselle
158 établissements
7911 salariés
Bas-Rhin
231 établissements
7800 salariés
Haut-Rhin
114 établissements
4353 salariés
Signatures :
Bruno ZAMORA - Président de la FEP Grand Est
Georges LISCHETTI - Directeur des risques professionnels - Carsat Alsace-Moselle
Les entreprises du secteur de la propreté
Les
entreprises et les collectivités ont largement, et depuis de nombreuses années, fait appel
à des prestataires spécialisés pour leur apporter les réponses attendues dans le domaine de la
propreté. Ce champ d’activité couvre une grande diversité de lieux d’interventions, mais également
une multitude de gestes techniques très variés car liés aux exigences et aux spécificités propres aux
activités des clients.
La propreté est devenue une compétence à part entière mais non plus exclusive de ces sociétés
intervenantes. Elles offrent de plus en plus souvent des services associés pour élargir leur offre
commerciale, afin de répondre aux attentes des clients et profiter d’opportunités de diversification.
Vous l’aurez compris, la propreté s’exerce dans des domaines et des lieux multiples (voir encadré).
A noter aussi que des activités telles les services d’aide à la personne, tout comme la collecte et la
gestion des DMA (déchets menagers et assimilés) ne sont pas intégrés dans ce secteur d’activité.
Domaines et lieux d’exercice de l’activité :
• bureaux, locaux administratifs
• parties communes d’immeubles
• distribution (commerce, grandes surfaces, etc.)
• santé (hôpitaux, cliniques, laboratoires, maisons de retraite…)
• industrie (agro-alimentaire, automobile, nucléaire…)
• locaux et matériel de transports (bus, gares, aéroports…)
• hôtellerie, restauration
• milieu scolaire
• équipements collectifs, etc.
Ce qui caractérise ces entreprises et leurs salariés :
En France, une entreprise de propreté est typiquement une TPE de moins de 10 salariés (66% des
entreprises de propreté) dont le taux de marge moyen est de 2,4% (en 2011).
Ses domaines d’activité les plus courants sont les bureaux (40%), les immeubles (19%) suivis de
l’industrie (12%) puis du commerce (7%).
Elle emploie principalement des femmes (67%), et la majorité de ses salariés ne dispose pas d’un
diplôme de formation initial (60%). Les salariés sont principalement en CDI (80%) et travaillent à
temps partiel (75%). Plus de la moitié sont salariés d’une autre entreprise (53%), qui dans ce cas est
souvent une autre entreprise de nettoyage (66%).
Chiffres clé de la Sinistralité en Alsace-Moselle, sur la période 2010/2012 *
Établissements
261
Salariés
11 980
Accidents
du travail avec arrêt
2 181
Accidents
du trajet
Maladies
professionnelles
Coût
des sinistres
433
256
5 192 K€
* Statistiques technologiques et financiéres 2014 Carsat Alsace-Moselle
Aides financières
Contrats de prévention
Concerne uniquement les entreprises de moins de 200 salariés sous conditions
liées à l’existence d’une convention nationale d’objectifs
http://www.carsat-alsacemoselle.fr/contrats-de-prevention
Convention Nationale d’Objectifs
fixant le cadre de ces contrats de prévention pour les entreprises de la propreté
http://www.ameli.fr/employeurs/prevention/recherche-de-cno/pdf/CNO_I011.pdf
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LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
Démarche de Prévention des TMS
Secteur Propreté
Bruno Zamora : « Dans le secteur de la Propreté, les TMS représentaient
96% des maladies professionnelles déclarées avec un potentiel
d’aggravation lié notamment à la pyramide des âges vieillissante. En
réponse à cette problématique critique, la Fédération des Entreprises
de Propreté et le Fare ont déployé dans chaque région, un programme
de prévention des TMS complet qui dote l’entreprise d’une compétence
prévention (Animateur de Prévention des TMS certifié par l’INRS), et
agit sur la plupart des facteurs d’exposition mais aussi auprès de tous
Bruno ZAMORA
les acteurs impliqués (exécutant, encadrement, donneurs d’ordre,
Président de la FEP Grand Est
concepteur de locaux et de matériels). »
La démarche d’accompagnement des entreprises de propreté :
Un dispositif de formation-action de 6,5 jours comprenant :
- 1 Atelier Dirigeant : destiné à permettre de développer efficacement une méthodologie de prévention
applicable à tout type de risques professionnels et manager la santé/sécurité au travail.
- 4 sessions collectives et 1,5 jour d’accompagnement individuel en entreprise : destinés à former un
« Animateur interne de Prévention des TMS » (APTMS) certifié par l’INRS et à mettre en œuvre une
démarche de prévention des risques.
Les formations sont réalisées par un consultant-ergonome
Facteurs de réussite du Programme prévention des TMS:
- Une démarche qui prend en compte les spécificités du secteur de la Propreté
- Pilotée par une instance de la Branche : Le Fare
- Une exigence de résultats attendus et évalués :
- Élaboration d’un plan d’actions dans toutes les entreprises
- Formations certifiées et reconnues par l’INRS
- Un réseau national de consultants-ergonomes certifiés par la Branche professionnelle
- Une démarche engagée auprès des Donneurs d’Ordre et des Architectes.
Contact en région
Fare – Sabine HERRGOTT
9, rue Jacob MAYER 67200 STRASBOURG
0388196671
[email protected]
Le programme TMSpro
L’assurance maladie / Risques professionnels a lancé un programme
national prioritaire de prévention des troubles musculo-squelettiques
(TMS). Il s’agit d’accompagner individuellement en ligne, avec une
démarche et des outils, des entreprises de toutes tailles et de tous
secteurs d’activité pour leur permettre de structurer une démarche
de prévention des TMS. Les entreprises de la propreté sont invitées
à s’inscrire dans ce programme, renseignements : http://www.
carsat-alsacemoselle.fr/tmspros .
Elles peuvent également adresser leurs questions directement à :
[email protected] .
LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
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Une bonne dose de méthode et de dialogue
L’entreprise
Benjamin MOLARO - directeur Alizé Alsace
Stéphanie De Oliviera - animatrice de prévention TMS
J’ai pris la direction de l’agence Alizé Alsace
en 2009 lorsqu’elle a été constituée, 3 ans
après que mon père ait créé le groupe Alizé
dans le Territoire de Belfort. Mon père était très
impliqué dans les structures professionnelles
et représentatives (CA de la fédération, CA de
la CPAM du Doubs, Medef, Prud’hommes). Il a
décliné dans le groupe les valeurs promues par
ces instances et nous avons adopté une charte
développement durable qui nous pousse à agir
sur les produits, trouver des solutions techniques
et outils innovants mais surtout à promouvoir une
approche « humaine » dans la façon de concevoir
notre métier. L’intégration des jeunes et des
seniors, l’embauche de salariés handicapés
en sont une facette. Mais je citerais surtout
notre politique de formation des personnels
leur permettant de s’approprier ces techniques
visant à améliorer leurs conditions de travail et
la productivité de l’entreprise. Lorsque le Fare
nous a présenté sa démarche de formation d’un
« relais » en animation des projets de manutention
manuelle, nous avons immédiatement pris la
balle au bond. C’est ainsi que notre animatrice,
en collaboration étroite avec les responsables
de secteur travaille (en y associant nos clients
volontaires) à cette démarche d’amélioration
des conditions de travail. Dès la remise d’une
offre commerciale, nous intégrons maintenant
les aspects concrets afin de réduire la charge
physique prévisible pour le salarié.
Le client
Nous cherchions un partenaire de proximité,
réactif, comprenant précisément nos besoins,
pour le nettoyage des chambres de notre hôtel.
C’est dès les premiers contacts, lors de l’appel
d’offre, que la démarche d’Alizé Alsace nous
est apparue intéressante. Il ne s’agit pas pour
nous de faire ingérence dans leur organisation,
mais nous sommes régulièrement témoins de
leurs réflexions pour améliorer les conditions de
travail. N’ayant pas d’ascenseur pour desservir
nos trois niveaux, nous avons proposé à
l’entreprise de nettoyage d’intégrer cet aspect
en utilisant un stockage à chaque niveau,
avec des approvisionnements quotidiens de
faibles volumes pour réduire l’importance des
manutentions. Un plan de prévention a été
établi en intégrant ces aspects.
Nous disposons de quelques chambres avec
mezzanine. Pour que leurs salariés n’aient pas
à porter un aspirateur dans ces escaliers, des
modèles dorsaux ont été mis en œuvre pour un
meilleur confort et une réduction du risque de
chute. Cette constante recherche de solutions
nous permet d’être rassurés quant à la qualité et
la continuité de service avec un personnel stable
et motivé.
Citons également que Alizé Alsace organise
le transport de ses salariés. Tous les matins,
c’est un minibus qui amène les 5 salariés
ponctuellement devant notre établissement. Le
travail peut commencer … sereinement.
Cécile PERCEVAULT et Stéphane CORMIER
Gérants B&B Hôtels Strasbourg Sud Geispolsheim
ONET Former et informer … sans relâche
ONET est leader national sur le marché du nettoyage. Son siège social se situe à Marseille, il y a 9
Directions Régionales et 189 agences. L’agence de Strasbourg (Direction Régionale EST de METZ)
emploie 589 personnes.
Il faut un personnel formé afin d’accomplir un travail de qualité en toute sécurité dans les différents secteurs
d’activité : hospitalier, pharmaceutique, agro-alimentaire, grandes surfaces, industriel ou tertiaire. Pour ce
faire, ONET entreprend des actions régulières afin de pérenniser la sécurité au travail.
• Le premier moyen est le compagnonnage. Tout nouveau salarié est accompagné durant plusieurs
jours sur son lieu de travail afin de connaître d’une part les tâches allouées mais aussi d’autre part
les risques s’y rapportant. Nous procédons à l’accueil avec remise du « livret d’accueil », visitons les
locaux, transmettons les instructions de travail ... Nous expliquons les détails du plan de prévention
du site et des modes opératoires, les moyens de sécurité mis en place …
• Le second volet consiste à réaliser des « causeries sécurité ». Chaque responsable de secteur
(gérant environ 100 pers.), Responsable Qualité Sécurité Environnement (RQSE), responsable
d’exploitation, directeur d’agence se rend sur un site, rencontre le personnel et discute d’un sujet
durant environ 10min. Différents sujets de causeries sécurité (risques électriques, travail en hauteur,
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LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
La salariée
Ma journée de
travail commence toujours par
la mise en place de l’équipe et le partage des
chambres à nettoyer. Après, je fais moi-même
le nettoyage de quelques chambres, tout en
répondant aux soucis que peuvent rencontrer
mes collègues. C’est moi qui fais également
l’interface avec la gérance de l’hôtel lorsqu’un
problème particulier apparaît. A la fin du service,
je contrôle chaque chambre avant de la déclarer
disponible. J’ai aussi d’autres tâches. Pour que le
personnel ne puisse pas être en contact avec des
produits chimiques purs, c’est moi qui prépare
les dilutions, à partir du produit concentré. Je le
fais en sécurité, dans les bidons adaptés, qui
contiennent 6 litres et ne sont donc pas trop
lourds. Mes collègues n’ont plus qu’à brancher
ces bidons sur leur balai à réservoir … et hop,
le tour est joué, ils sont prêts à passer le balai à
frange dans la salle de bain. Ce sont des balais
qui d’habitude sont utilisés dans les hôpitaux.
Un grand progrès pour nous, plus de serpillière
mouillée à manipuler, plus de seau à véhiculer,
pas de torsion du poignet ou de contorsion pour
accéder dans les coins. Ces balais à réservoir
sont équipés d’un « pschitt » qu’on actionne
avec un bouton en haut du manche, la quantité
nécessaire de produit se retrouve sur le sol.
On passe la frange sur la surface à nettoyer, et
lorsqu’elle est sale, elle se change sans avoir
besoin de se baisser, car elle tient avec un «
scratch ». Le sol est propre, le client est content
… et nous aussi.
Et j’oubliais, un jour par semaine actuellement,
je ne suis pas à l’hôtel. Je suis en formation
CQP* de chef d’équipe. J’y apprends à gérer
une équipe, mais je serais aussi secouriste, et
j’y passe mon permis de conduire ... c’est bien.
* CQP : Contrat de Qualification Professionnel
Carmen OLLAND - chef d’équipe Alizé
Plan de prévention
Travailler
chez les autres, dans des
locaux où sont exercées des activités
étrangères aux siennes entraîne des risques
supplémentaires. Ces situations nécessitent
donc une concertation préalable afin de
définir ensemble les mesures de prévention
à prendre. Les partenaires sociaux,
dont la FEP, s’engagent à promouvoir*
l’établissement de plans de prévention
décrivant et organisant la mise en œuvre de
ces mesures.
* Article 9 de l’avenant du 18 janvier 2012 à la Convention
collective nationale des Entreprises de propreté et services
associés
gestes et postures,…) sont rédigés par le RQSE de l’agence et sont choisis en fonction de risques
présents sur site. Les salariés prennent en compte les règles de sécurité et rédigent, si besoin,
différentes remarques.
• Le troisième moyen est l’envoi avec les fiches de paie de « flashs sécurité ». Cela permet de toucher
l’ensemble des salariés mais avec un inconvénient toutefois: pas d’échange et de remarques en
retour direct. L‘approche des flashs sécurité est identique à celle des causeries sécurité. En effet, afin
de sensibiliser l’ensemble du personnel, ces flashs sécurité sont établis pour facilité la compréhention
(images et exemples). Les salariés sont ainsi sensibilisés chaque mois sur des thèmes sécurité
(citons : la sécurité routière, l’utilisation du téléphone portable ou encore la circulation piétonne).
Nos salariés nous disent apprécier ces 3 approches complémentaires. Elles permettent un réel
échange, et instaurent un « réflexe » sécurité. Souvent, les flashs sont soigneusement classés par
nos salariés, preuve qu’ils s’y replongent …
Propos recueillis auprès de Marie Laure OCHS (RQSE Pôle services - Strasbourg)
LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
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Petite entreprise, grande implication
Raymond Hell - Chef d’entreprise
Angélique Hell - Animatrice prévention TMS
L’entreprise
Hell-Netis créée en 1974 par
M.Raymond Hell emploie moins de vingt
salariés. Elle intervient dans la Communauté
Urbaine de Strasbourg, pour des prestations de
nettoyage des parties communes et d’entretien
d’espaces verts. Très attaché aux liens de
confiance, le fondateur, artisan-maître, est
fier de la fidélisation de ses équipes et de sa
clientèle. La transmission de l’entreprise à sa
fille Angélique est en sereine préparation.
M.Raymond Hell a toujours veillé à améliorer les
conditions de travail, la qualité des prestations
et le bien-être de ses salariés. L’engagement
de chaque salarié est un gage de réussite pour
Hell-Netis. La faible structure hiérarchique,
un travail en continu en journée, des équipes
autonomes… sont autant de préalables qui ont
permis de créer un collectif fortement impliqué.
La formation des salariés joue en cela un rôle
essentiel. On devient agent de propreté plutôt
après une réorientation professionnelle ou un
parcours de vie à rebondissements. La plupart
des agents ont bénéficié d’une VAE (Validation
des acquis de l’expérience) pour accéder à un
diplôme d’agent qualifié ou de chef d’équipe.
Les encadrants ont suivi une formation CPS
(Certificat Prévention Secours). Cela facilite
l’intégration des équipes du terrain dans une
démarche de prévention des risques TMS. Les
aspects « observation de la situation de travail » de
cette formation permettent à l’entreprise d’associer
chaque salarié à l’analyse du chantier pour
trouver les actions réduisant la pénibilité induite
par les ports, déplacements, maniements et
manutentions.
C’est dans ce contexte qu’intervient le rôle
de Mme Hell qui a pris à cœur sa fonction
d’animatrice de prévention des troubles musculo
squelettiques. En 2012, elle suit le cursus de
formation du Fare*. Pour analyser un chantier
(exercices pratiques de cette formation), un
immeuble reconnu comme « complexe » est
retenu. Analyse factuelle du travail, discussion
avec les salariés, repérage des particularités
et des risques… Angélique Hell revoit encore
l’effet lorsqu’elle a amené un pèse personne
pour estimer le poids du matériel à porter dans
la cage d’escalier. Après cette étape, un groupe
de travail se réunit pour analyser les situations
de travail, avec le médecin de travail.
Suite à cette formation, les choses sérieuses ont
commencé. Une analyse poussée est engagée.
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C’est avec l’aide de l’équipe pluridisciplinaire du
Service inter entreprise de santé au travail que
ce diagnostic est mené. Analyse des contraintes
posturales, des charges transportées, des
distances parcourues … du niveau sonore
lorsque l’aspirateur est passé … c’est en fait une
réelle aide à l’identification des risques qui est
menée par Mme Sylvie Zinck, l’Intervenante en
Prévention des Risques Professionnels (IPRP)
du service. La charge physique est mesurée
par cardiofréquencemétrie pour analyser
l’impact du travail, et de son organisation, sur
les individus. Sous la coordination du Dr.JeanClaude Stempfer, ce travail est restitué de façon
collective à l’entreprise, ce qui fut une précieuse
et réelle aide au choix d’actions d’amélioration. Il
est un élément important de discussion lors des
entretiens individuels de suivi médical du travail.
Toutes ces actions sont capitalisées par
l’entreprise. Une fiche d’analyse du chantier,
intégrant l’aspect pénibilité des tâches est
systématiquement utilisée pour établir un devis.
Ces éléments sont utilisés pour négocier avec
le client des aménagements, et permettent de
planifier le chantier sous l’aspect du résultat à
obtenir, mais aussi de la façon d’organiser le
travail pour en réduire les contraintes. Ce qui
se faisait plus ou moins spontanément (comme
par exemple la répartition des tâches entre les
salariés de l’équipe) est maintenant le fruit d’une
réflexion d’équipe pour un lissage des efforts
et une meilleure répartition des activités sur
un chantier, voire entre chantiers. S’il n’y a pas
d’ascenseur dans un immeuble, il faudra monter
un aspirateur par les escaliers … mais en
utilisant un aspirateur plus léger, en le montant à
un moment plus propice et en n’enchaînant pas
les immeubles hauts sur une même matinée,
cette contrainte sera moins pénible. Si de plus
ce nouvel aspirateur est moins bruyant et plus
ergonomique … on gagne sur tous les tableaux.
LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE
Document Unique
Angélique Hell a les yeux qui pétillent lorsqu’elle
relate avec fierté ces actions menées pour la
satisfaction de tous. Des clients qui disposent
de communs conformes à leurs attentes tout
en ayant une relation humaine avec les acteurs
intervenants dans leur bien. Des salariés impliqués et écoutés qui font un travail « dans le bon
sens » et trouvent un sens à leur travail. Une
entreprise en quête de performance qui sait
faire appel aux structures pouvant lui apporter
conseils et aide. Autant d’ingrédients à mélanger
avec pragmatisme pour mettre en application
une recette nommée réussite.
* Voir l’article « une profession s’engage page 4 »
Une aide précieuse
et pluridisciplinaire
Dr Jean-Claude Stempfer - Médecin du travail
Sylvie Zinck - IPRP de l’ ACST Strasbourg
Dr.Jean-Claude STEMPFER, vous avez assisté
Hell-Netis dans sa démarche de prévention,
comment s’est construit cet accompagnement ?
JCS - Médecin du travail de l’entreprise Hell
Netis, depuis plus de 15 ans, j’ai pu constater
au fil des années l’apparition de pathologies de
type troubles musculo-squelettiques (TMS), des
tendinites, des syndromes du canal carpien, des
problèmes de dos… Ce sont des pathologies
douloureuses, et invalidantes en relation avec
les gestes effectués durant le travail. De plus, la
population de l’entreprise est relativement stable
avec un faible turn over. Avec le vieillissement
des personnes, ces maladies deviennent de plus
en plus pénibles tant pour les articulations que
pour les contraintes cardio-vasculaires. Le travail
de nettoyage est complexe et différent pour
chaque situation. Il fallait analyser plus finement
le travail réel afin de mieux comprendre les
spécificités des interventions et d’imaginer des
pistes pour réduire les contraintes et la pénibilité.
Nous avons décidé de mobiliser notre équipe
pluridisciplinaire pour analyser l’activité avec les
salariés, pour mesurer certaines contraintes et
pour trouver des pistes de solution.
L’entreprise a-t-elle facilement adhéré à la
démarche et s’est engagée avec vous ?
JCS – Il s’avère que Angélique Hell, venait de
suivre la formation du Fare et était demandeuse
pour une telle intervention. Sylvie Finck, notre
L’évaluation des risques professionnels
incombe à chaque chef d’entreprise. Elle
donne lieu à l’élaboration d’un Document
Unique servant de base dans chaque
entreprise pour élaborer un plan d’action de
prévention des risques et de la pénibilité.
Les partenaires sociaux ont affirmé leur
attachement à cette procédure*, notamment
pour une bonne prise en compte des risques
de troubles musculo-squelettiques (TMS).
* Article 3 de l’avenant du 18 janvier 2012 à la
Convention collective nationale des Entreprises
de propreté et services associés
IPRP, a donc pu travailler avec elle et s’appuyer
sur son expérience de terrain pour mettre
en œuvre un large spectre d’investigation
(métrologie
de
la
charge
physique,
cardiofréquencemétrie, podométrie, mesure de
bruit …). Il fallait comprendre les spécificités
du travail et proposer des solutions allant du
remplacement du matériel à la modification de
l’organisation quotidienne du travail pour alléger
les contraintes.
Sylvie Zinck, vous êtes donc intervenue avec un
regard pluridisciplinaire pour apporter une aide à
la réflexion et à l’amélioration des conditions de
travail dans cette entreprise …
SZ – Oui, les actions proposées peuvent être de
la métrologie, de la formation et/ou des conseils.
Dans le cas présent, nous avons enregistré :
la fréquence cardiaque de chaque salarié sur
toute la durée de leur poste de travail, le niveau
sonore (utilisation de l’aspirateur dans les
cages d’escalier, du souffleur…), les distances
de déplacements, et analysé la manutention
manuelle. Les résultats ont été présentés à
l’entreprise, acteur principal de cette étude
avec propositions de pistes d’améliorations
se rapportant à l’organisation (programme
d’intervention…), à l’équipement de travail (achat
d’un aspirateur plus léger et moins bruyant…) et
à l’équipement individuel (protecteur individuel
contre le bruit…). Grâce à la collaboration active
de l’entreprise, des salariés, du médecin du
travail, de l’IPRP, cette étude a pu être menée à
bien et apporter des résultats.
Pouvez vous extrapoler ces résultats à d’autres
entreprises du domaine de la propreté ?
SZ – Seulement pour celles effectuant les mêmes
tâches avec des conditions de travail similaires
car les contraintes ne sont pas les mêmes pour
le nettoyage des communs des immeubles et le
nettoyage de bureaux par exemple. Cependant,
la démarche peut être proposée à toutes les
entreprises intéressées.
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C’est arrivé chez vous
Pathologie du Syndrome du Canal Carpien
Projection dans l’œil pour un agent de propreté
Agent de propreté depuis plus de quinze ans
pour différents employeurs, j’interviens dans
des locaux administratifs.
Mon activité, répartie en deux temps (de 5 h à 8 h
chez un premier donneur d’ordre et de 19 h à 22 h
chez le second) est variée : dépoussiérage des
surfaces, balayage à sec et humide des sols,
nettoyage des communs, des sanitaires, des
salles de réunions.
Selon les jours, il m’arrive d’être seule pour
réaliser les différentes tâches… « Alors là, je
mets le turbo ».
Les années passant, j’ai ressenti certaines
douleurs dans les mains sans m’inquiéter mais
elles sont devenues plus vives et plus intenses
surtout dans la main droite. Je n’ai pas consulté
immédiatement mais Il y a un an, lors d’une
visite médicale périodique, le diagnostic est
tombé « vous souffrez du Syndrome du Canal
Carpien » - enchaînement des traitements
qui ne m’ont pas aidée car « j’ai attendu trop
longtemps » … L’opération s’impose !
Après 45 jours d’arrêt de travail, j’ai pu reprendre
mon activité.
Je suis agent de propreté, en CDD de 6 mois
dans une entreprise de nettoyage, mis à
disposition d’une entreprise agro-alimentaire au
sein d’une équipe de trois salariés.
Mon activité consiste à nettoyer les sols d’un
laboratoire de découpe de viande en fin de
journée. Comme je me débrouille bien, le chef
m’a confié l’auto-laveuse. Cela fait 2 semaines
que j’utilise cette machine. Je suis assis pendant
le boulot. Je traverse les salles de long en large.
Seule difficulté, il faut insister sur les tâches
car le sol en résine doit être nickel. La machine
s’encrasse facilement avec les graisses de
viandes. Alors, je démonte les balais rotatifs et
les passe au jet haute-pression dans la salle de
lavage. J’ai vite compris que je dois la nettoyer
fréquemment.
L’autre jour, un corps étranger est venu se
projeter dans mon œil droit. Mon responsable
m’a dit que j’aurai du porter les lunettes de
protection. Mais je ne savais pas qu’il y en
avait dans la fourgonnette. Il m’a conduit aux
urgences. L’ophtalmologiste m’a extrait un
morceau de plastique provenant d’une frange du
balai de l’auto-laveuse. J’ai été arrêté pendant 3
jours.
Que faire face à ce risque ?
- Être à l’écoute des premiers maux exprimés
par les salariés
- Mener une réflexion au sein de l’entreprise en
réunissant les différents acteurs internes
- Comprendre les différents déterminants de
l’activité avant de vouloir transformer la situation
de travail
- Mettre en place des solutions techniques
(ex : acquisition d’un nouveau chariot de
ménage), mais également organisationnelles
(ex : mise en place d’un nouveau mode
opératoire et répartition des tâches) et
humaines (ex : sensibilisation et formation du
personnels au TMS).
Que faire face à ce risque ?
- Analyser les risques liés aux interventions,
intégrer les opérations de maintenance
- Définir des mesures de prévention
- Établir des fiches de postes en conséquence
- Former les salariés aux tâches à effectuer et à
l’utilisation des équipements de travail
- Informer les salariés des mesures à prendre
en cas de panne ou d’incident
- Doter les salariés de protections individuelles
et veiller à leur port effectif
Bibliographie
Guide donneur d’ordre
Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés,
25 pages
Recommandations et sensibilisation face aux TMS dans les
métiers de la propreté
Guide concepteurs de bâtiments
Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés,
26 pages
Recommandations et sensibilisation face aux TMS dans les
métiers de la propreté
Repérer, évaluer et prévenir les risques professionnels
dans les métiers de la propreté
CRAMIF, ARACT, METRANEP, CINERGIE et cinq services de
santé au travail d’Île-de-France, 9 fiches
Guide pratique pour repérer, évaluer et prévenir les risques
professionnels auxquels sont exposés les salariés de la propreté.
Les activités de mise en propreté et services associés
INRS, 80 pages
Brochure « Prévention des risques » ED 963
Convention collective « Entreprises de propreté et services
associés »
Ministère du travail Brochure 3173, 12 pages
Avenant relatif à la prévention des risques professionnels du
18janvier 2012
CONCEPTION / RÉALISATION
Directeur de publication :
René Marbach, Directeur de la Carsat Alsace-Moselle
Pilote TMSpro :
Jean Luc Mochel - Prévention Risques Professionnels
Éditeur /Concepteur
Prévention et Gestion des Risques Professionnels
14 rue A.Seyboth - BP 10392 - 67010 Strasbourg cedex
Dépôt légal : 4ème trimestre 2014
www.proprete-services-associes.com
www.fare.asso.fr
www.carsat-alsacemoselle.fr