systeme comptable ohada et ifrs - Expert
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systeme comptable ohada et ifrs - Expert
L'IFRS (international financial reporting standards) est entré en vigueur, pour les comptes consolidés des sociétés cotées, depuis le 1'" janvier 2005, le soin étant SYSTEME COMPTABLE OHADA ET IFRS NOTION D'ACTIFS: CONVERGENCES ET DIVERGENCES laissé aux Etats de gérer l'application ou non des IFRS aux comptes individuels. L'organe normalisateur de l'IFRS est un conseil indépendant et mondialisé, représentatif de la profession comptable mondiale: l'IASB (International Accounting Standards Board) qui travaille sous l'égide de l'IFAC (International Federation of accountants) qui regroupe 150 organisations professionnelles représentant plus de 100 pays et réunissant un million de professionnels. C'est le 29 juin 1973 qu'a été créé l'IASB (à l'époque l'IASC) par les 10 pays suivants: France, Australie, Canada, Allemagne, Japon, Mexique, Pays-Bas, Grande Bretagne, Irlande, Etats-Unis. Les normes IFRS n'ont rien à voir avec les normes US GAAP qui sont propres aux Etats-Unis et orientées vers les besoins de la bourse. Par Alexandre KOUAME Expert comptable diplômé Associé ECA A ce jour l'IASB a adopté 36 normes IAS environ, numérotées de 1 à 41 (certains numéros. ont été remplacés). Les normes IAS sont appelées depuis 2002 les normes IFRS, l'accent étant ainsi mis sur les états financiers (financial reporting). Les IFRS apportent un langage plus clair et plus sûr parce que plus proche de la réalité économique. En définitive avec ces nouvelles normes, on se rend compte que, jusqu'à présent, la sincérité des bilans des entreprises était fragilisée par des" non valeurs" (charges à étaler, immobilisations incorporelles, etc.) ou des imprécisions (amortissements) ou par des incohérences (provisions) qui pouvaient dans certains cas conduire à des " catastrophes " dont les scandales des années 2001-2002 ont été les révélateurs. Les normes IFRS répondent par des principes simples sur une base économique aux questions suivantes (extraits) : 1 - Qu'est-ce qu'un ACTIF (patrimoine) ? Valeur économique positive; Générant une ressource; Que l'entreprise contrôle; Dont elle attend les avantages économiques futurs (flux nets de trésorerie). OECCA - CI - Juin 2005 Page 3 En dehors de ces critères, pas de patrimoine, par conséquent, les pièces sont comptabilisées en charges. Selon le système comptable OHADA, l'ACTIF est un bien ou valeur destiné à rester durablement dans l'entreprise. Les caractéristiques édictés par les normes IFRS sont les mêmes surtout lorsque le système comptable OHADA définit les différents types d'ACTIF (incorporel, corporel, charge immobilisée, etc.). 2 - S'il s'agit d'un ACTIF, quels éléments entrent dans le coût d'origine ? Selon l'IFRS, le coût historique d'un actif est doublement encadré: - Par la liste des coûts attribuables (y compris les coûts d'emprunt mais moins les rabais et les escomptes) ; - Par l'encadrement de la période d'activation des coûts (balisée par deux dates très précises et à justifier). En dehors de ces critères, les pièces sont comptabilisées en charges. La notion de coût historique est celle qui détermine la valeur d'entrée d'un ACTIF selon le Système comptable OHADA. Cette définition est identique à celle de l'IFRS rappelée ci-dessus. 3 - L'immobilisation corporelle est, par définition, facile à identifier mais pour l'immobilisation incorporelle, quels critères ? L'inscription à l'ACTIF d'une immobilisation incorporelle est maintenant limitée (IFRS). A titre d'illustration: - Les charges différées ou les charges à étaler ne sont plus des actifs; - Les frais de recherche seront portés en charges; - Les coûts de développement sont des actifs sous certaines conditions; - Les dépenses engagées en interne pour créer des fonds commerciaux, des marques, des titres de journaux, des fichiers clients sont des charges et non des actifs. D'une manière générale, les "non valeurs" disparaissent de l'ACTIF, une tolérance reste pour les frais d'établissement qui pourront, sur option, être amortis sur cinq ans. Page 4 Le système comptable OHADA considère encore comme actif les éléments cités ci-dessus. En effet, les charges différées ou à étaler sont activées pour autant que, soit l'objet de leur constatation n'est pas encore effective ou soit qu'elles concernent plusieurs exercices. Quant aux frais de recherche ou de développement, ils sont activés lorsqu'il y a de fortes chances de succès commercial. La notion d'immobilisation incorporelle par conséquent est différente des normes IFRS. 4 - Qu'en est-il des amortissements et des dépréciations d'actif? Selon l'IFRS, l'amortissement des immobilisations corporelles devra être fait par composants et chaque composant devra être amorti sur la durée qui lui est propre. La méthode par composants s'applique obligatoirement aux immeubles; pour les autres immobilisations corporelles il conviendra d'apprécier le caractère significatif des conséquences de la non application. Exemple: - Toiture d'un immeuble: par composants - Moteur d'un camion : à voir si significatif, probable si entreprise de location. Dépréciation des actifs : lors de l'établissement des comptes annuels ou des situations intermédiaires, il conviendra de faire pour chaque ACTIF le "test de dépréciation". Il s'agit d'appliquer le principe édité par l'article 322-1.4 du PCG : "la dépréciation d'un actif est la constatation que sa valeur actuelle est devenue inférieure à sa valeur nette comptable". La valeur actuelle est influencée par la notion de "flux nets de trésorerie attendus". La dépréciation éventuelle devra être comptabilisée en perte ou en provision pour dépréciation, selon les cas. A noter que si le test de dépréciation qui est fait élément par élément aboutit à une plus value, celle-ci n'est pas comptabilisée sous réserve des dispositions sur les instruments financiers. Le système comptable OHADA ne fait pas cas des amortissements par composants. L'amortissement par conséquent est pratiqué sur la valeur globale du bien. Cependant, il admet qu'en fin d'exercice, une comparaison s'effectue entre valeur actuelle et valeur comptable. Cependant, dans le cas où la valeur actuelle est inférieure à la valeur nette comptable, une provision pourra être constatée si cet écart est significatif. OECCA - CI - Juin 2005 5 - Qu'en est-il des provisions pour grosses réparations ? Normalement, la méthode de comptabilisation par composants exclut la constatation de provisions pour de gros entretiens ou de grandes révisions. C'est ainsi que lors du remplacement d'une toiture, celle-ci étant déjà entièrement amortie, il conviendra d'enregistrer le coût à l'actif. Droit comptable comparé, l'avis du CNC du 9 juillet 2003 autorise l'ouverture d'un compte (provisions pour grosses réparations) pour les dépenses d'entretien qui ont pour seul but de vérifier le bon état de fonctionnement des installations sans prolonger leur durée de vie au-delà de celle prévue initialement. Le système comptable OHADA admet la provision pour grosse réparation (compte 197). "Elles correspondent à d'importantes dépenses prévisibles qui ne sauraient être supportées par le seul exercice au cours duquel elles sont engagées". En conclusion, il faut noter que sur la notion d'actifs des convergences existent notamment en matière d'immobilisation corporelle, de valeur d'entrée. Cependant, l'appréciation de l'actif incorporel est différente. En effet, les nombreux scandales des années 2001-2002 du fait des états financiers ont conduit les normalisateurs de l'IFRS à encadrer fortement les actifs fictifs. Ainsi, à part les frais d'établissement, il est quasiment impossible d'activer les charges. . : Le système comptable OHADA admet encore largement l'immobilisation des charges. Les lecteurs des états financiers devront faire encore attention aux résultats comptables en cas de présence de ces actifs. Il n'est pas excessif d'attirer l'attention des normalisateurs du système comptable OHADA sur les risques de dérapage au niveau des bilans liés à cette règle. En attendant que les scandales précités les conduisent à revoir ces règles, les commissaires aux comptes devront continuer d'être les " gardiens du temple ". OECCA - CI - Juin 2005 Page 5