Peut-on réduire la durée des tests de toxicité chronique sur Daphnia
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Peut-on réduire la durée des tests de toxicité chronique sur Daphnia
Peut-on réduire la durée des tests de toxicité chronique sur Daphnia magna ? Elise Billoir 1, Alexandre Péry 2, Sandrine Charles 1 1 2 Les modèles matriciels de Leslie permettent de représenter la dynamique d’une population à partir d’un cycle de vie décomposé en classe d’âge. Soit N(t) le vecteur représentant la population au temps t (les composants sont les effectifs de chaque classe d’âge) Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutive, UMR CNRS 5558, UCB Lyon 1 Laboratoire d’Ecotoxicologie, Cemagref, Lyon La daphnie est un micro-crustacé d’eau douce qui peuple en grand nombre les rivières européennes. Elle passe toute sa vie dans l’eau, où elle grandit par mues successives et se reproduit par très majoritairement par parthénogenèse. La daphnie est en général représentative des autres organismes du zooplancton quant à la sensibilité aux différentes substances toxiques présentes dans l’eau. De plus, elle est facile à élever en laboratoire. C’est pourquoi elle est largement utilisée en écotoxicologie aquatique. §0 ¨ ¨ P1 ¨0 ¨ ¨0 ¨ ¨0 ¨0 ¨ ¨0 ¨0 ¨ ¨0 ¨0 © Nt 1 LNt La valeur propre dominante de la L matrice représente alors le taux d’accroissement de la population Ȝ. Les tests de toxicité chronique sur les daphnies sont définis par une norme OECD (1994) qui fixe leur durée à 21 jours. Des daphnies nouveau-nés sont exposées à une concentration constante de toxique. Régulièrement (tous les deux jours en général), la taille des individus, le nombre de survivants et le nombre de nouveaux-nés sont relevés. F2 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9 0 0 0 0 0 0 0 0 P2 0 0 P3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 P4 0 0 P5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 P6 0 0 P7 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 P8 0 0 P9 Tant que l’on reste dans à des concentrations relativement faibles, le taux d’accroissement de la population décroît doucement avec la concentration, car le contaminant n’agit que sur la survie des individus. Quand on dépasse la NECr (concentration sans effet pour la reproduction) , qui vaut 4.5 μg/L dans cet exemple, le contaminant agit également sur la reproduction, expliquant la chute observée sur le graphe. La probabilité q(c,t) de survivre jusqu’au temps t à la concentration c dans l’environnement s’écrit : k(c NECs ) m quand la NEC est dépassée ® ¯m sinon t q(c,t) exp ( ³ h(Ǖ dǕ) avec h(W , c 0 m étant le taux de mortalité naturelle, NECs la « concentration sans effet » pour la survie, et k le taux de toxicité du toxique. Le taux de reproduction R(c,t) au temps t à la concentration c dans l’environnement s’écrit : R(c, t) > @ R(0, t) (1 cC1(c NECr ) 1 R(0,t) étant le taux de reproduction sans contaminant, NECr la concentration sans effet pour la reproduction et cc la concentration de tolérance. Il s’agit maintenant de passer à l’échelle de la population, pour une analyse écotoxicologique plus pertinente. Pour modéliser la dynamique de la population, on découpe la population en classes d’âge de deux jours chacune. La classe d’âge 1 correspond aux 0-2 jours, la classe d’âge 2 aux 24 jours, etc… jusqu’à la classe d’âge 10 pour les 18-20 jours, car on a des données sur 21 jours. Voici le graphe de cycle de vie : F2 1 2 P1 P2 F9 F8 … 8 P7 F10 9 P8 P9 10 F10 · ¸ 0 ¸ 0 ¸ ¸ 0 ¸ ¸ 0 ¸ 0 ¸ ¸ 0 ¸ 0 ¸ ¸ 0 ¸ G 10 ¸¹ Les tests standard de toxicité durent 21 jours, ce qui est très coûteux en temps et en moyens humains. Il est donc légitime de se demander si on ne pourrait pas les raccourcir. Sur la figure ci-dessus, on a pris successivement F10 = F9, F10 = F9 = F8, etc... comme si l’on ne disposait pas des données jusqu’à 21 jours. Et on peut constater que prendre F>5 = F5 (10 jours de test) n’entraîne qu’une perte de 4% sur la valeur de nj, pouvant suggérer une réduction de la durée des tests de toxicité chronique. G10 Pi : probabilités de survie d’une classe d’âge à la suivante Fi : le nombre de nouveaux-nés arrivant dans la classe d’âge 1 par femelles de la classe i (ici, les individus se reproduisent à partir de la classe d’âge 2). Tous ces paramètres dépendent de la concentration en toxique, ils peuvent être calculés à partir des 2 formules précédentes. S. A. L. M Kooijman and J. J. M Bedaux. The analysis of aquatic toxicity data. VU University Press, Amsterdam, 1996. H. Caswell. Matrix Population Models – Construction, analysis ans interpretation, Sinauer Associates, Sunderlands, Massachussets, 2nd edition, 2001 Dispersion des chabots dans le bassin versant du Bez (Drôme, France) ? Nadège Milioni 1, Arnaud Chaumot 2, Asghar Abdoli 3, Didier Pont 3, Sandrine Charles 1 2 3 Le chabot, Cottus gobio, est un poisson de l’ordre des Scorpaeniformes et de la famille des Cottidae. C’est une espèce territoriale avec une large aire de répartition à l’échelle européenne. On distingue un stage de dispersion chez les juvénile. Le cycle de vie de cette espèce est annuel, avec une reproduction aux alentours du mois de mars des adultes à partir de leur deuxième année. 1 cm Année t + 1 S O N D J F M A M J J A S O ponte Année t Fécondité Jeunes (0-1 an) DISPERSION ACTIVE Adultes (> 2 ans) Les modèles matriciels de Leslie permettent de représenter la dynamique d’une population à partir d’un cycle de vie décomposé en classe d’âge. Soit Nt le vecteur représentant la population au temps t (les composants sont les effectifs de chaque classe d’âge) § n1,1 · ° ¨ ¸ Jeunes ®N 1 ¨ # ¸ ° ¨ n1,13 ¸ © ¹ ¯ § n 2,1 · ° ¨ ¸ °N 2 ¨ # ¸ ° ¨ n 2,13 ¸ © ¹ ° ° # Adultes ® ° § n 6,1 · ° ¨ ¸ °N 6 ¨ # ¸ ° ¨ n 6,13 ¸ °¯ © ¹ Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive, UMR CNRS 5558, UCB Lyon 1 Laboratoire de Biologie Moléculaire et Cellulaire, UMR CNRS 5161, ENS Lyon Écologie des Hydrosystèmes Fluviaux, UMR CNRS 5023, UCB Lyon 1 Pjeun R2 R3 R4 R5 R6 · § ¨ ¸ P jeun ¨ ¸ ¨ ¸ PA2 ¸ L Nt = ¨ PA3 ¨ ¸ ¨ ¸ P A4 0.5 u e u Slarv .Dlarv .Fi . S A i 1 ¨ ¸ ¨ PA5 PA6 ¸¹ © S n .D PAi Sadultes i Nt 1 L Nt Nt Ri 78 variables d'état jeun 1j , j 1..13 jeun 250 Survie larvaire DISPERSION PASSIVE Larves Jeunes (0-1 an) Survie des jeunes (de 1 à 2 ans) Adultes (> 2 ans) Survie des adultes Population à t Population à t + 1 150 120 100 50 100 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 80 250 60 200 40 20 0 Archiane 5 10 15 20 25 30 TEMPS (années) Avec le Laboratoire d’Ecologie des Hydrosystèmes fluviaux, le chabot est suivi dans le bassin du Bez dans la Drôme, le long de 40 kms de rivières, avec des stations de mesure échelonnées tous les Drôme 750 m. Par des regroupements de ces stations en compartiments homogènes en densité, nous arrivons finalement à distinguer 13 sites géographiques, avec des caractéristiques démographiques distinctes et séparés par différents types d’obstacles (barrages, cascades, seuils,…). Densité d’individus/m2 observée dans les différents sites géographiques du réseau hydrographique du Bez. 200 ECLOSION Oeufs Densité d’individus / 100 m2 1 Densité d’individus/m2 simulée par le modèle dans les différents sites géographiques du réseau hydrographique du Bez. 150 100 50 0 C1 C1 Nonières C2 C7 C4 C6 Grimone C9 C12 C13 Gâts C8 C11 C10 Vière Boulc C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11 C12 Borne C5 Bez C2 Évolution au cours du temps de la densité totale d’individus/m2, par simulation du modèle complet. Au bout de quelques génération un équilibre est atteint. C3 Nous avons construit un modèle de type Leslie spatialisé pour décrire la dynamique d'une population de chabots (Cottus gobio) vivant dans le réseau hydrographique du Bez (Drôme, France). Ce modèle intègre l'hétérogénéité spatiale des taux vitaux (survie, fécondité) et tient compte de la dispersion des jeunes individus d’un site à l’autre. Ce modèle est un bon outil de description de la biologie du chabot. Il permet d’étudier les effets de différents processus de dispersion sur la dynamique de la population, et à plus long terme, il permettra d’évaluer les effets possibles du changement climatique en termes de T° ou de débit. C13