A PAS DE LOUP Olivier Ringer, Belgique, France (2011) Tout âge
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A PAS DE LOUP Olivier Ringer, Belgique, France (2011) Tout âge
A PAS DE LOUP Olivier Ringer, Belgique, France (2011) Tout âge Conseillé pour les 10 ans Olivier Ringer est un réalisateur, scénariste et producteur français né en Belgique en 1961. Avant de réaliser son premier long-métrage Porn le Poulain en 2006, il a écrit et réalisé les court-métrages Good et Haute Pression, ce dernier récompensé au Festival d’Avoriaz, et de nombreux clips vidéo, des films institutionnels et des sketchs pour « les Guignols de l’Info » de Canal+. À pas de loup, son deuxième long-métrage, a récolté de nombreuses sélections et prix dans des festivals du monde entier. PRIX : ECFA AWARD, Meilleur Film Européen pour Enfants, European Children’s Film Association, 2012 Prix du Jury Enfants, Festival international du film pour enfants de Montréal, 2011 Prix Spécial du Jury, Festival international du film pour enfants de Montréal, 2011 Prix INIS des Professionnels, Festival international du film pour enfants de Montréal, 2011 Grand Prix du Jury Enfants, Festival International du Film pour Enfants de Zlin, République Tchèque, 2011 Grand Prix du Jury Enfants, Festival International du Film pour Enfants TelAviv, Israël, 2011 Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. Mention Spéciale du Jury International, Festival International du Film pour Enfants Tel-Aviv, Israël, 2011 “Golden Butterfly“ Prix Spécial du Jury, Festival International du Film pour Enfants d'Iran, Ispahan, Iran, 2011 Prix ECFA du Meilleur Film Européen, Oulu International Children’s Film Festival, Finlande, 2011 Grand-Prix du Meilleur Scénario, Olympia Festival International du Film pour Enfants, Grèce, 2011 Grand Prix du Jury Enfants, Festival du Film pour Enfants de Seattle, USA, 2012 Grand Prix du Meilleur Film pour Enfants, CMS Lucknow, Inde, 2012 Prix « 400 colpi » du Meilleur Film du Jury International, Vittorio Veneto Film Festival, Italie, 2012 Prix “Imago“ du Jury Enfants, Vittorio Veneto Film Festival, Italie, 2012 “Silver Dolphin“ du Meilleur Scénario, Festroia, Setubal, Portugal, 2012 Prix SIGNIS du Meilleur Film, Festroia, Setubal, Portugal, 2012 Grand Prix du Public du Meilleur Film, Ale Kino on Tour, Pologne, 2012 Prix de la Meilleure Actrice pour Wynona Ringer, Children's India Children International Film Festival, Bengalore, Inde, 2013 FILMOGRAPHIE : 2006 : Porn le Poulain 2011 : À pas de loup TAGS : enfance, famille, conte, imagination, aventure, fable, survie SYNOPSIS : Comme chaque week-end, Cathy, six ans, doit partir à la campagne avec ses parents. Cette fois, pourtant, elle est bien décidée à ne pas rentrer en ville car elle est de toute façon invisible pour ses parents. Cathy va donc tout simplement «disparaître». Mais à peine se retrouve-t-elle seule qu’elle réalise que ses parents se font du souci pour elle et qu’ils la cherchent partout. Redoutant une punition éventuelle pour ce qu’elle a fait, Cathy s’enfonce au plus profond de la forêt … (Source – Cineuropa : http://cineuropa.org/f.aspx?t=film&l=fr&did=195941) Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS : L’univers de l’enfance Avec A pas de loup, Olivier Ringer plonge ses spectateurs dans le royaume de l’enfance à travers le personnage de Cathy (Wynona Ringer). Le regard subjectif et la perception novice de Cathy éclairent le récit. Ce parti pris est souligné par l’emploi les gros et très gros plans sur l’enfant, ainsi que de nombreuses contreplongées indiquant la subjectivité du point de vue enfantin. La voix-off est celle de Cathy, qui nous donne accès à son monde intérieur, à ses rêveries. Ses commentaires, observations, réflexions et questionnements incessants sont d’une naïveté complète, mâtinés toutefois par une réaction au monde des adultes qu’elle a pu percevoir comme un vécu difficile. Cathy peut faire référence au Père-Noël et tout de suite après employer des mots durs. Sa compréhension de la gravité d’une situation est mal ajustée. Elle semble hésiter plus à détacher sa ceinture qu’à fuir ses parents et par conséquent rester seule à la campagne. Sa notion des choses est encore malléable. L’enfance c’est aussi un aller-retour permanent entre une liberté imaginative synonyme d’un certain isolement et le monde des humains, de l’altérité. Le sentiment d’isolement que ressent Cathy est matérialisé dans certains cadres comme des pans de porte ou encore des fenêtres. L’enfermement se matérialise lorsque Cathy se retrouve en voiture, dans sa chambre puis enfin entre les quatre murs d’une niche d’un chien. Parallèlement, l’évolution du personnage se note à travers un certain jeu d’éclairage. Le visage de Cathy est initialement terne, éclairé par les lampadaires obscurs de Paris, puis par l’écran de la console de jeu. Une fois à la campagne, son visage est d’abord teinté par la lumière naturelle qui traverse la fenêtre de sa chambre, puis par une bougie et enfin dehors, par les rayons de soleil. L’évolution de cet éclairage illustre avec subtilité son épanouissement personnel et le développement de sa conscience. D’ailleurs, Cathy a conscience de la mort en affirmant : « ça serait super de mourir en rigolant. » Oscillation entre conte et réalité Le point de vue de Cathy permet de mêler conte et réalité. Le personnage de Cathy peut être vu comme un double du chaperon rouge, de par la couleur de son vêtement, par le décor dans lequel elle évolue – la forêt – et le chien loup qu’elle côtoie vers la fin du film. Ces éléments sont symboliques. Un rapprochement peut également être effectué avec les fables de La Fontaine. Cathy humanise les espèces vivantes qui se trouvent sur son chemin. Les graines, Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. les plantes, la coccinelle, la sauterelle, le poisson, le cerf, ou encore le chienloup, revêtent une dimension humaine dans le récit. L’ampleur aventurière du film atténue ses caractéristiques naturalistes. La séquence d’une course poursuite accompagnée d’une musique d’aventure va dans ce sens. Ce basculement subtil se reflète également avec le choix de cette maison de campagne qui prend parfois des allures de manoir hanté. Comme le film se base sur la perception de Cathy, sa réalité a elle est centrale, d’où la vision partielle que l’on a de son entourage, une vue quelque peu tronquée de ce qui l’environne. Le réalisme repose justement sur l’adéquation relative entre la psyché et la perception de l’enfant, aboutissant à des ressentis universels qui appellent l’empathie du spectateur. L’afflux de questions qui envahit Cathy, comme celle de douter de l’affection de ses parents, nous a tous traversés enfants. Les conclusions hâtives de l’héroïne relèvent aussi d’un mode de pensée très enfantin, comme pour cette réflexion : « La police ! Mes parents ont envoyé la police. Ils veulent qu’on me mette en prison. » Le réalisme se retrouve également dans le parti pris du cadre spatio-temporel et du décor dénués d’artifice. Une critique du matérialisme des adultes La voix-off et les gros plans sur Cathy poussent les spectateurs à adopter son point de vue et proposent une certaine critique du mode de fonctionnement des adultes. À travers son regard naïf on peut lire la dénonciation du matérialisme des adultes. Cathy épie du regard les gestes de ses parents et en tire des conclusions particulièrement justes. Elle observe que son père rougit de l’oreille lorsqu’il dépasse les limites de vitesse et risque de perdre des points sur son permis. Cathy nous brosse un tableau d’adultes très / trop occupés, même en week-end (le retentissement incessant des talons de sa mère sur le plancher qui s’active dans la cuisine). Les parents viennent à la campagne afin de « décompresser » ce qui suggère une certaine hyperactivité teintée d’une recherche d’efficacité dans la communication qui se préoccupe plus du message que de l’affection supposée régner dans la famille. En témoigne l’utilisation des post-it collés sur le réfrigérateur au lieu du vrai dialogue avec leur enfant. Les parents de Cathy sont toujours filmés de dos, soulignant une distance entre leur univers et celui de leur fille. La voiture peut symboliser une forme d’enfermement et de matérialisme outrancier. On pourrait penser qu’inconsciemment, Cathy reproduit ce schéma sur ses graines. Elle utilise du coton et des pots de yaourt pour les dorloter alors qu’elles auraient besoin d’un apport plus naturel. Elle enferme le poisson dans un sceau, imitant l’isolement qu’elle subit. Cette situation est à l’image de la relation que Cathy a avec ses parents. D’ailleurs, pour suivre le fil dans ses allures fabuleuses, la morale de l’histoire pourrait s’articuler autour des priorités parentales. Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES : -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ Pourquoi Cathy s’est-elle enfuie? À votre avis, est-ce que les parents aiment leur fille Cathy ? A quel conte de Charles Perrault ce film vous fait penser ? Quel effet la voix off a-t-elle sur le spectateur ? Peut-on considérer que le point de vue de Cathy est omniscient ? Que peuvent symboliser les « graines magiques » et leur évolution ? Comment caractériserez-vous l’émotion prépondérante de Cathy ? Si le film s’apparente à une fable, quelle serait la morale de l’histoire ? Imaginez la suite de l’histoire si Cathy n’avait pas rejoint ses parents. LEXIQUE : Symbolisme : système de symboles destinés à interpréter des faits ou exprimer des croyances. Contre-plongée : un axe de prise de vue du bas vers le haut en photographie et au cinéma. POUR ALLER PLUS LOIN : Entretien avec le réalisateur : https://www.youtube.com/watch?v=X2xoZg5p4Lk Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.