etat des lieux de l`aide externe en haïti

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etat des lieux de l`aide externe en haïti
ETAT DES LIEUX DE L’AIDE EXTERNE EN HAÏTI
08-05-2013-002
Sur les années 2010-2012, l’analyse des promesses de New York - sur base des dernières
informations recueillies conjointement entre l’OSE1 et l’équipe du MGAE/MPCE - montre que sur 5,3
milliards USD d’engagements projets/programmes, 66% (3,5 milliards)2 ont été décaissés par les
bailleurs à fin 2012, un taux supérieur à ceux enregistrés dans des pays dans des conditions
similaires (qui avoisine 50%).
Les 12 bailleurs pour lesquels plus de 20 millions USD doivent encore être décaissés sur leurs
engagements 2010-2012 sont les suivants :
La réelle question limitant le taux de décaissement n’est très probablement pas la bonne volonté des
bailleurs mais plutôt la capacité d’absorption (voir note annexée) de ces fonds, tout en en
garantissant l’utilisation rapide et appropriée, de l’avis de toutes les parties prenantes.
1
Les derniers chiffres et rapports de l’OSE peuvent être consultés sur le site :
http://www.haitispecialenvoy.org/relief-and-recovery/key-statistics/
2
Ce chiffre tient compte des transferts réels du BMPAD au MEF sur les résolutions 2 à 7 les fonds Petrocaribe.
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Ainsi, en termes de performance il importe plus de savoir si le recours à des organisations étrangères
ralentit la mise en œuvre, ou plutôt l’accélère comme cela s’avère souvent nécessaire dans un pays
dont les institutions nationales, tant publiques que privées, ont été sévèrement perturbées.
Comment augmenter la capacité d’absorption afin de livrer rapidement des produits de
reconstruction et de développement tout en optimisant ou en accroissant le recours à des
organisations nationales reste la question de fonds. Une responsabilité mutuelle s’appuyant sur un
partenariat de mise en œuvre accompagné d’un plan de renforcement des capacités nationales et
d’un suivi commun et transparent est la solution la plus saine à développer.
En supposant que les dernières priorités du gouvernement bénéficient d’une mise en œuvre
suffisamment rapide- et dans la mesure où cela serait nécessaire - quelle est la possibilité de
modifier les engagements pris sur des fonds externes et d’orienter les fonds non encore décaissés
vers ces nouvelles priorités ?
FLEXIBILITE ACTUELLE DE REALIGNEMENT / REPROGRAMMATION
Le montant des fonds engagés non décaissés à début 2013 incluant ceux de New York et autres
financements sont les suivants :
Promesses de dons de New York
(Janvier 2013 - millions US$)
Promesses de dons hors New York
(Janvier 2013 - millions US$)
2,429.2
5,373.4
6,000.0
2,500.0
5,000.0
2,000.0
4,000.0
2,335.6
3,007.0
2,000.0
1,000.0
1,000.0
500.0
30.8
0.0
1,381.0
1,500.0
3,000.0
1,006.5
41.7
0.0
Promis
Promis
Engagés
Décaissés
Engagés
Décaissés
Non engagés
Non engagés
Il est intéressant de se demander quelle pourrait être la possibilité de rediriger ces 3,7 milliards de
dollars engagés mais non encore décaissés vers d’autres priorités du gouvernement. Pour mémoire,
lors de la conférence de New York en 2010, il semble que seuls l’Union européenne, le Japon et la
Belgique aient pu reprogrammer leurs fonds existants (les deux premiers pour près de la moitié des
montants considérés). Rappelons que les fonds existants n’ont représenté que 10,2 % des fonds
totaux promis à New York.
Ceci souligne l’importance des stratégies-Haïti connues des bailleurs, et de leur calage, ou non, sur le
calendrier de planification du gouvernement d’Haïti, comme le Programme Triennal
d’Investissement 2014-2016 du PSDH et les cibles prioritaires d’interventions 2014-2016 proposés
par le Gouvernement.
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Documents de stratégie et plans d'action du Gouvernement haïtien et de ses partenaires
Légende:
Concerne Haïti
Ne concerne pas seulement HaÏti
Documents
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Au-delà
Stratégies/Plans d'action nationaux
PTI #1 du PSDH
PSDH
PARDH
DSNCRP
Stratégies/Plans d'action de partenaires
Bilatéraux
Espagne - Plan Directeur de la Coopération espagnole
Espagne - Estrategia de la Cooperación Española en Haití
ACDI - Rapports sur les plans et les priorités
ACDI - Stratégie de développement durable
ACDI - Plan d'action pour améliorer l'efficacité de l'aide
France - Document Cadre de Partenariat
AFP - Projet d'orientation stratégique/POS2
CE/UE - Document de stratégie pays et Programme Indicatif
National
CE/UE - Document révisé de stratégie pays et Programme
Indicatif National
10e FED
11e FED
Japon - Orientation de l’assistance pour la Re publique d’Hai?ti
Japon - Plan d'Action
Suisse - Programme de coope ration a moyen terme Hai?ti
USG - US Government Post-Earthquake Strategy: Toward
Renewal and Economic Opportunity
Multilatéraux
OCHA - Cadre stratégique
OCHA - Plan et budget
FMI - Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté
IADB - IDB Country Strategy
Banque mondiale (AID + SFI) - Stratégie d'aide-pays
Banque mondiale - Stratégie intérimaire 2013/2014 (ISN 2)
Carribean Development Bank - Revised operational strategy for
the CDB operations in Haiti
CSI / ISF United Nations
UNDAF - Plan cadre des Nations Unies pour le Développement
FAO - National Medium Term Priority Framework
PNUD - Country Programme Action Plan
Strate gie de partenariat du GFDRR
De plus, en termes de substance, quel est l’alignement actuel de ces stratégies bailleurs sur les
priorités du PTI/PSDH et avec quelle flexibilité les bailleurs et leur administration peuvent ils
éventuellement modifier cet alignement pour les années à venir (renégociation annuelle, contrats
signés, etc.) ?
Ceci nécessite une revue de portefeuille par bailleur (activité programmée et en cours dans le cadre
de la démarche de finalisation du PTI 2014-2016 et d’élaboration du budget annuel 2013-2014 de la
République), dans la mesure où, comme suggéré par le G12+ « Le G12 suggère que le Programme
Triennal d’Investissement (PTI-2014-2016) puisse offrir un cadre budgétaire à moyen et long terme
réaliste, tout en se basant sur les priorités ».
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L’annonce de « cibles prioritaires d’interventions» sous forme de programmes nationaux ou
territoriaux prioritaires serait un pas vers cette priorisation au sein du PSDH, capable de donner une
forme au PTI et au PIP. Comme suggéré par le forum de Busan et son New Deal en faveur des pays
dits fragiles, il est important que cet exercice de priorisation s’appuie bien sur une réflexion sur les
causes de fragilités et les facteurs de résilience sur lesquels pourraient se formuler un consensus
commun du gouvernement et des bailleurs de fonds externes.
Quelles que soient ces priorités nouvellement énoncées, il ne faut pas négliger l’inertie des
financements en cours. Une idée de cette inertie peut être donnée par une recherche de la
corrélation entre les secteurs de dépenses prévus par le PARDH après le séisme et les secteurs
effectifs de dépense. Les résultats sont présentés dans le graphe ci-dessous :
Variations des allocations des PTF 2010-2012
par rapport au PARDH par secteur (million US$)
-200%
-100%
0%
100%
200%
300%
400%
500%
Gestion des risques et désastres: 192, 9 M
Energie: 239,5 M
Reconstruction: 128,8 M
Pôles régionaux et développement urbain: 290,1
M
Transport: 998,1 M
Agriculture: 298,2 M
Relance économique et emploi: 64,9 M
SECTEURS
Education: 356,5 M
Sécurité alimentaire: 50,9 M
Santé: 319,4 M
Protection sociale: 1,5 M
Eau et assainissement: 261,4 M
Redémarrage des administrations centrales:
113,3
Institutions démocratiques: 70,1 M
Justice et sécurité: 232,3 M
Planification nationale et développement local:
176 M
Appui au parlement: 4,7 M
Les pourcentages d’allocation des fonds alloués par secteur varient entre - 100 % (protection sociale)
et + 450 % (transport) des besoins exprimés dans le PARDH, alors qu’une bonne adéquation des
ressources allouées et des besoins devrait indiquer des taux proches de 0. Une analyse plus fine de
l’exécution réelle de la centaine de projets pour plus de 3 milliards USD approuvés par la CIRH en
relation avec les stratégies pays officielles des bailleurs permettrait peut être de mieux apprécier la
manière dont ces fonds sont alloués.
S’il semble difficile de réorienter fondamentalement les fonds restant à décaisser, il faut espérer
qu’ils soient donc déjà fortement alignés sur les priorités gouvernementales.
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Mais qu’en est-il alors des fonds futurs d’aide publique au développement (APD) pour financer le
PSDH, le PTI 2014-2016 et annuel (octobre 2013 – septembre 2014) (excluant l’aide non
programmable3 et l’aide privée philanthropique) ; et rappelons que cette dernière s’est élevée à plus
de 3 milliards de dollars entre 2010 et 2011, ce qui en justifie un suivi beaucoup plus rigoureux
comme le prévoient les derniers engagements du 24 septembre 2012. Et cette remarque exclut du
schéma des sommes supérieures au montant de l’APD qui sont régulièrement remises à des haïtiens
vivant en Haïti par leurs parents de la diaspora sous forme de transferts privés transitant par des
voies formelles ou non.
FONDS RESTANT A ALLOUER
Le montant des fonds promis non engagés depuis 2010 à début 2013 comprennent 30,8 millions de
dollars sur la promesse de New York plus 41,7 millions USD d’autres fonds, soient 72,5 millions USD
(voir graphes sur fond noir plus haut). Par ailleurs, le MGAE n’enregistrait que 159 millions
d’engagements effectifs pour l’année 2013.
Quelques indications ont été fournies par certains bailleurs en ce qui concerne leurs promesses post2012, tant en montants qu’en années couvertes. Pour les USA, le Canada, la France, le Brésil, la
Norvège et le Japon, les promesses à partir de 2013 restent encore à préciser.
En fait, les incertitudes qui persistent concernant les années futures soulignent le fait que la
différence entre les nouveaux fonds des programmes réguliers et ceux issus de la conférence de
New York se fait de plus en plus inutile avec l’engagement quasi-total des promesses initiales, et
l’augmentation de nouveaux engagements hors New York (les nouveaux fonds représentent déjà
plus de 25% de ceux promis a New York). Ce qui est essentiel pour le gouvernement est d’assurer le
suivi global des engagements et des décaissements, ainsi que les progrès de l’exécution, par
exemple à travers son système de suivi comme le MGAE, le SYSGEP et la BDGC.
Si l’on se livre à un petit exercice indicatif qui consiste à rassembler les indications existantes sur les
fonds post 2012 promis à New York et des projections - tenant compte des accords cadres
multilatéraux ainsi que des décaissements passés des bailleurs bilatéraux traditionnels4 au vu de
leurs relations avec Haïti - on obtiendrait des ordres de grandeurs de financement disponibles à
partir de 2013 qui sont présentés dans le tableau ci-dessous.
3
Aide programmable = APD moins l’aide qui :
– est imprévisible par nature (aide humanitaire; remise de dette);
– ne génère pas de flux transfrontaliers (frais administratifs; coûts imputés des étudiants;
sensibilisation au développement; recherche et réfugiés dans les pays donateurs);
– ne fait pas partie de la part des accords de coopération entre les gouvernements (aide alimentaire
et aide des gouvernements locaux); ou
– n'est pas programmable par le pays donneur (financement par les ONG en budget propre).
4
Les projections des pays en coopération sud-sud sont plus délicates, même si de plus en plus significatives en
termes de volume d’assistance, surtout pour un pays comme Haïti dans la région américaine. Le Venezuela
exclut les fonds Petrocaribe.
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PTF
TOTAL
2013
2014
2015
2016
968,1
968,1
964,1
964,1
Etats-Unis
350,0
350,0
350,0
350,0
BID
200,0
200,0
200,0
200,0
UE
100,0
100,0
100,0
100,0
Canada
90,0
90,0
90,0
90,0
Banque mondiale
50,0
50,0
50,0
50,0
France
45,0
45,0
45,0
45,0
Espagne
25,0
25,0
25,0
25,0
Japon
20,0
20,0
20,0
20,0
Venezuela
19,0
19,0
19,0
19,0
FMI
15,1
15,1
15,1
15,1
Norvège
12,0
12,0
12,0
12,0
OEA
8,0
8,0
8,0
8,0
BCD
7,0
7,0
3,0
3,0
Brésil
5,0
5,0
5,0
5,0
Suisse
5,0
5,0
5,0
5,0
Pays-Bas
4,0
4,0
4,0
4,0
Belgique
4,0
4,0
4,0
4,0
Allemagne
3,0
3,0
3,0
3,0
Finlande
3,0
3,0
3,0
3,0
Suède
2,0
2,0
2,0
2,0
Rép. de Corée
1,0
1,0
1,0
1,0
Bien que ceci permette un ajustement rapide bailleur par bailleur, il est intéressant de comparer cela
avec les chiffres des experts de l’OCDE (Source : rapport 2013 OCDE sur les "états fragiles":
http://www.oecd.org/dac/conflictandfragility/resourceflowstofragilestates.htm)
Si l’on se permet un petit rappel historique depuis une dizaine d’années, agrémenté des chiffres
connus actuellement pour 2012, cela voudrait signifier un optimisme qui verrait un retour aux
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chiffres pré-séisme qui ont été les plus favorables au pays. Malgré la baisse générale des montants
d’aide au développement, ceci serait compensé par une attention plus intense des bailleurs
internationaux en faveur des pays en situation précaire.
APD en Haïti de 1992 à 2012 (en prix courants, millions US$)
3500
3000
2500
Humanitaire
2000
Développement
1500
1000
500
0
Nous pourrions également remarquer qu’en fait, sur la base des trois dernières années, l’aide au
développement – en moyenne- n’a pas augmenté mais est restée stable, et autour de ce même
montant approximatif du milliard de dollars par an, qui est celui prévu par nos différentes sources !
Si l’on inclut les fonds Petrocaribe, on retrouve un montant proche des 1.3 milliard de dollar par an,
le chiffre d’ailleurs envisagé par les experts du FMI lors de leur dernière visite en avril 2012.
Si les sommes de financement externe qui s’avéreront disponibles se précisent un peu à l’horizon
d’octobre 2013 (début prévu du PTI) et début 2014, et paraissent offrir une certaine flexibilité, il est
encore difficile de savoir dans quelle proportion elles permettront de couvrir les besoins, et ce pour
deux raisons principales :
(1) le montant du Programme Triennal d’Investissement (PTI-2014-2016) ainsi que les cibles
prioritaires d’interventions dernièrement annoncées qui devraient s’y intégrer et s’articuler sur les
programmes et projets en cours ne sont pas encore suffisamment chiffrées, et
(2) les programmes et projets en cours finances par l’aide externe ne sont pas encore tous
répertoriés avec assez d’exactitude à travers l’outil central du gouvernement qu’est le MGAE du
MPCE. Les principales raisons en sont :
•
la faiblesse des UEP et autres instances de l’administration en ce qui concerne leur système
de communication intergouvernemental avec le MPCE,
•
le manque d’un plan de gestion et de communication des données (essentiellement sur les
programmes et projets) sur financement externe, en particulier pour toutes les actions qui
ne passent pas clairement par des entités gouvernementales.
Projet PNUD/MPCE efficacité de l’aide - PAC – mars 2013
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Les formulations et discussions actuelles au sein du CAED sur le plan de renforcement des UEP d’une
part, ainsi que sur le « code de transparence » d’autre part, visent à améliorer ces deux derniers
points.
Une fois ces besoins précisés quels seront les processus de consultation entre et avec les bailleurs ?
Quand on connait le nombre déjà fort important de bailleurs par secteurs (voir table ci-dessous) qui
milite très fortement pour un sérieux travail d’harmonisation, une négociation qui s’appuiera sur des
cibles intégrant de nombreux secteurs ou sur des chantiers/refondations également
multisectorielles ne fera qu’augmenter le nombre de parties prenantes autour de ces « tablesrefondations » (et nous connaissons la difficulté de faire fonctionner des tables déjà simplement
sectorielles).
Secteur (Nombre de projets)
Education (110)
Gouvernance (124)
Plurisectoriel (75)
Santé (76)
Eau et assainissement (46)
Infrastructures et services sociaux (56)
Non-affecte (39)
Agriculture (81)
Transport (56)
Banques et autres services (17)
Energie (23)
Construction (7)
Entreprises et autres services financiers (33)
Tourisme (6)
Politique commerciale (4)
Industries manufacturières (7)
Politique en matière de population/sante et fertilité (9)
Communications (1)
Sylviculture (1)
Nombre de
bailleurs
par secteur
24
20
20
19
17
17
Nombre de
bailleurs avec
1 seul projet
10
5
3
4
9
6
14
5
12
11
8
8
6
5
4
3
2
1
1
1
2
3
4
2
5
3
2
2
0
0
0
0
Par ailleurs, il est déjà fort probable que ces consultations seront trop tardives pour pouvoir
permettre une intégration des financements externes dans la soumission du projet de loi de finances
avant fin mai 2013 au Conseil des ministres, puis au parlement à fin juin 2013.
Ceci signifie que la plupart des financements externes pour l’année fiscale 2013-14 ne pourront pas
être incorporés dans la loi de finances même si finalement plusieurs d’entre eux finiront par appuyer
les projets qui auront été retenus, à la suite de négociations ultérieures, comme cela s’est fait ces
dernières années. L’année fiscale 2013-14 risque donc de devenir une autre année de transition
dans cet effort du gouvernement de reprendre le leadership total sur la gestion de son plan de
développement et des soutiens externes qui entendent y contribuer de façon cohérente et
transparente. Cependant, la nouvelle architecture budgétaire proposée par le Ministère de
l’Economie et des Finances (MEF) prévoit quand même que les financements externes non inscrits
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dans le PTI 2014-2016 et la loi des Finances 2013-2014 seront répertoriés en annexe du budget
général de la République.
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Annexe
CAPACITE D’ABSORPTION
Nous supposerons que la capacité d’absorption signifie la capacité de dépenser à bon escient des
sommes mises à disposition. Ces sommes sont généralement des engagements financiers sur des
projets précis (dits engagements effectifs) qui sont faits par exemple, soit sur le budget annuel de
l’Etat, soit sur des financements extérieurs.
Dire qu’une capacité d’absorption est limitée signifie que le niveau des dépenses effectives est limité
par plusieurs facteurs qui font qu’il reste situé en dessous de celui des engagements. Ainsi, plus le
taux de dépenses par rapport aux engagements est faible plus l’on dira que la capacité d’absorption
est limitée.
En ce qui concerne Haïti, s’il on veut raisonner de manière absolue, le niveau des dépenses peut
monter extrêmement rapidement si les circonstances le requièrent; il a par exemple triplé entre
2009 et 2010, passant de 1 à 3 milliard de dollars US.
Ceci montre l’importance de bien comprendre les différents facteurs pouvant – aux dires de certains
– limiter le niveau de dépenses.
S’il s’agissait simplement de dépenser, il suffirait par exemple de distribuer une somme de cash
(« cash transfert ») à chaque habitant disposant de moins d’un certain revenu annuel (avec 10
millions d’habitants, il suffit de donner 100 dollars à chacun pour dépenser 1 milliard de dollars).
Faire une distinction entre l’absorption des financements extérieurs et ceux du trésor public ne
parait pas non plus pertinent. En effet, le taux d’exécution du budget de l’Etat durant l’année fiscale
2011-2012 a été de 52% alors que celui des financements extérieurs a été de 56% entre 2010 et
2012 (et même plus si l’on connaissait plus exactement les dépenses effectuées par le BMPAD sur
les fonds Petrocaribe).
Toujours est-il qu’aujourd’hui, le Module de Gestion de l’Aide Externe (MGAE) du MPCE recense
dans sa base de données 1096 projets (dont 420 dans l’humanitaire) représentant 6,2 milliards
d’engagements effectifs et 3,2 milliards de versements des bailleurs (tableau annexé en PDF avec
nombre de projets et montants répartis par secteur sur la période 2010-2012). D’une manière
générale, une proportion autour de 50% de versements effectifs sur le total d’engagements pour un
portefeuille national pluriannuel de projets approuvés et en cours d’exécution est habituelle. Ce
n’est pas la même chose sur un budget annuel.
Les éléments qui déterminent une plus grande capacité d’absorption sont ceux qui permettent
d’accélérer la transformation d’un engagement sur une action / un projet en ses réalisations
concrètes /ou produits à travers l’utilisation des moyens matériels, humains et financiers mis à sa
disposition. A contrario, tout ce qui retarde cette transformation limite l’absorption des moyens.
Projet PNUD/MPCE efficacité de l’aide - PAC – mars 2013
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L’absorption, telle que nous l’avons définie, intervient donc une fois l’identification des besoins faite
(la source se trouvant bien sûr dans le Plan national de développement) et l’alignement et
l’allocation des ressources des ressources effectués ; et ses phases sont également assez longues.
A ce stade d’engagement effectif, on peut distinguer deux grandes phases au cours desquelles les
retards peuvent intervenir :
•
•
La formulation finale de la proposition de projet autorisant le premier versement du bailleur
L’exécution proprement dite une fois le premier financement effectué par le bailleur
Une des rares analyses existantes relative au premier point sur la formulation a eu lieu durant
l’existence de la CIRH. Elle a montré que, près de six mois après leur soumission à la Commission,
plus de 40% des projets en étaient encore à un stade de formulation insatisfaisante pour démarrer
leur mise en œuvre.
C’est également la faiblesse de la formulation des projets du budget par les UEP des ministères qui
expliquent en bonne partie le faible taux d’exécution du budget.
Il est évident également que plus les projets sont complexes à programmer, plus il faut du temps et
de l’attention pour en formuler tous les éléments de mise en œuvre. Le tableau ci-dessous donne
une idée des taux d’absorption par secteur du PRDH, obtenue indirectement par les pourcentages
de décaissements effectifs sur les montants engagés par secteur du PARDH (sur lequel l’alignement
s’est fait jusqu’à présent) entre 2010 et 2012.
Projet PNUD/MPCE efficacité de l’aide - PAC – mars 2013
Page 11
Taux de décaissement des PTF par secteur PARDH
Appui au parlement
Planification nationale et développement local
Justice et sécurité
Institutions démocratiques
Redémarrage des administrations centrales
Femmes et enfants
Eau et assainissement
Protection sociale
Logement
Santé
Sécurité alimentaire
Education
Culture
Industrie et commerce
Création d'emplois
Relance économique et emploi
Agriculture
Transport
Pôles régionaux et développement urbain
Reconstruction
Energie
Gestion des risques et désastres
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
On voit que les secteurs de reconstruction et d’urgence, généralement orientés vers la livraison
d’intrants et de marchandises, sont ceux qui bénéficient d’un plus fort taux d’absorption, ainsi que
celui focalisé sur les femmes et les enfants…
L’importante variation dans ces taux est également très significative de la variété des performances
réalisées selon les secteurs (les taux de décaissement sont tout de même plus élevés dans les
secteurs de rétablissement et de réhabilitation), ce qui mériterait une analyse approfondie qui
pourrait probablement être menée dans le cadre des Tables sectorielles et thématiques.
En ce qui concerne le deuxième point sur l’exécution post-versement des financements, le Ministre
de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE) vient de lancer une analyse sur les goulots
d’étranglement des projets en cours sur financement extérieurs. Les premiers résultats sont résumés
dans les diapos suivantes :
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Analyse goulots d’etranglement sur 29 projets
Canada, Espagne, France et Norvege (1)
• 26 ont des solutions via l’administration gouvernementale,
dont:
–
–
–
–
–
10 de gouvernance et gestion
8 de leadership
6 de budget
3 de decentralisation
2 de terrains
• 4 des solutions juridiques
• 5 des solutions politiques
PAC - MPCE/PNUD - 21/02/2013
Projet PNUD/MPCE efficacité de l’aide - PAC – mars 2013
16
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Une telle recherche au niveau de l’exécution pourrait s’appuyer sur la classification des risques de
PRINCE 2 en sept catégories :
•
•
•
•
•
•
•
Strategic/commercial risks
Economic/financial/market
Legal and regulatory
Organisational/management/human factors
Political
Environmental
Technical/operational/infrastructure
Cependant la faiblesse des systèmes de suivi des projets est telle qu’il faudra encore beaucoup d’efforts
pour accéder à ce niveau d’analyse sur l’ensemble des projets finances par les bailleurs et le
Gouvernement afin d’accélérer significativement la vitesse d’exécution des projets financés.
Pour finir, il convient de mentionner au moins un aspect plus politique et assez controversé de la
capacité d’absorption qui est celui du caractère plus ou moins « national » de celle-ci. Le rapport du
Bureau de l’Envoyé Spécial (OSE) intitulé « Can more aid stay in haiti and other fragile settings » de
Novembre 2012 aborde certaines dimensions de l’« exogénisation » des projets5. On retrouve là la
problématique qui était celle du développement « endogène et autocentré des années 60. De la
conception d’un projet à son exécution, l’utilisation optimale des dimensions culturelles, sociales,
environnementales, économiques, managériales du pays « bénéficiaire » se devrait d’être garantie ou
tout du moins recherchée systématiquement. La pression du « tout tout de suite » lié à des contextes
d’urgence et de réhabilitation conduit effectivement à manquer de moyens disponibles localement pour
réaliser des activités. A ceci s’ajoute l’argument qualité, afin d’éviter le « quick and dirty », ou vite et
mal. Dans ces conditions le recours à des solutions rapides et donc souvent « importées », que
favorisent des lois ou procédures d’exception ou d’urgence (en partie dans la négociation de contrats)
ne peut être parfois suffisamment contrôlé, et l’approche urgentiste prime sur l’approche
développementiste, constructrice de capacités justement affaiblies.
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Notons une fois de plus l’aridité de statistiques fiables et désagrégées sur la « nationalité » des partenaires aux différents niveaux de mise en
œuvre, en cascade, des projets. Par exemple, le débat sur la notoire sous utilisation des fonds par des entités nationales reste ouvert. Les
données du MGAE montrent que plus de 51% des financements externes auraient été versés à des entités d’exécution sous la responsabilité
conjointe ou totale d’entités nationales, même si ces fonds ne transitent pas directement par les caisses de l’Etat (9,1% de ces fonds ont utilisé
les systèmes gouvernementaux de gestion des finances publiques entre 2010 et 2012).
Projet PNUD/MPCE efficacité de l’aide – PAC - mars 2013
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