Musique espagnole de la Renaissance Messe parodie « Similis est
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Musique espagnole de la Renaissance Messe parodie « Similis est
Musique espagnole de la Renaissance Messe parodie « Similis est regnum cœlorum » et motets de Tomás Luis de Victoria Chœur Novantiqua de Sion Bernard Héritier, direction Michel Bignens, orgue Jean-David Bürki, viole de gambe Massimo Pinca, contrebasse baroque 1. Programme Introït grégorien « Salus populi » Motet « Similis est regnum cœlorum » Kyrie Motet « Nigra sum sed formosa » Alleluia grégorien « Confitemini » Gloria Motet « Ardens est cor meum » Credo Motet « Vidi speciosam » Offertoire grégorien « Si ambulavero » Sanctus Motet « Quem vidistis pastores » Agnus Dei I + II Communion grégorien Motet « Ave maria » 4vx 4vx 6vx (Guerrero) (Victoria) 4vx 6vx 4vx 6vx 4vx 6vx 4vx/8vx 8vx Une messe parodie propose les éléments de l’ordinaire de la messe en s’inspirant des thèmes d’une pièce musicale existant préalablement (ici, pour la première partie, le motet de Guerrero « Simile est regnum cœlorum »). Cette pièce donne donc son nom à l’ensemble de la Messe. On disait à l’époque « Messe sur… », ou « Messe à l’imitations du motet… ». Certains passages du motet éponyme de Guerrero sont cités plus ou moins exactement par Victoria, pour être ensuite développés dans des extensions contrapuntiques. Dans la deuxième partie, Victoria parodie un de ses propres motets : « Quem dicunt homines », dans la messe du même nom. 2. Les compositeurs Francisco Guerrero (1528 – 1599) est un compositeur espagnol de la Renaissance, né et mort à Séville. Il reçoit une éducation musicale précoce par son frère aîné Pedro. A l'âge de 17 ans, il est déjà nommé maître de chapelle à la cathédrale de Jaén, puis à Séville. Il est très demandé comme chanteur et compositeur et sa réputation se construit avant ses trente ans. Il publie plusieurs recueils de musique à l'étranger, événement inhabituel pour un jeune compositeur. Il se rend en Italie pour une année (1581-1582) où il publie deux livres de musique. Il décide de voyager en Terre Sainte. Sur le chemin du retour son navire est attaqué par des pirates, qui menacent sa vie, lui volent son argent, et lui demandent une rançon. Sa rançon doit avoir été payée, car il est en mesure de rentrer en Espagne. Il y passera quelques temps en prison, pour dettes. Son ancien employeur à la cathédrale de Séville le tire de là, et il reprend son travail. Il meurt de la peste de 1599 à Séville. De tous les compositeurs de la Renaissance espagnole, il est celui qui a vécu et travaillé le plus en Espagne. D'autres, par exemple Morales et Victoria, ont passé une grande partie de leur carrière en Italie. La musique de Guerrero est sacrée et profane, contrairement à celles essentiellement sacrées de Victoria et de Morales, les deux autres compositeurs espagnols du 16 ème siècle de premier rang. Il a écrit de nombreuses chansons profanes et des pièces instrumentales, en plus des messes , motets et passions. Il a réussi à capter une étonnante variété d'ambiances, de l'extase au désespoir, du désir à la joie. Sa musique est restée populaire des centaines d'années, surtout dans les cathédrales en Amérique latine. Tomás Luis de Victoria (Avila 1548 ? – Madrid 1611). Ses dons musicaux vite remarqués lui permettent d’aller étudier la théologie et la musique à Rome. Il y vit une trentaine d’années. Le Concile de Trente (1545-1563) vient de s’achever quand il s’installe en Italie. L’influence des décisions conciliaires sur la liturgie et la musique sacrée (musique au service du texte sacré qu’elle transmet, intelligibilité de celui-ci…) est décisive sur le compositeur espagnol. En 1565, il entre au Collegium Germanicum (dirigé par les Jésuites et fondé par saint Ignace de Loyola lui-même) comme chanteur. Il y est vraisemblablement un des élèves de Palestrina, dont il a deux des fils pour compagnons. Ses études le mèneront à la prêtrise en 1575. En 1569, il devient organiste de deux églises espagnoles de Rome, Santa Maria di Montserrat et San Giacomo. Il succède à Palestrina comme maître de chapelle au Séminaire romain (1571-1572), puis est nommé maître de chapelle du Collegium, de 1573 à 1578. De 1578 à 1585, il est chapelain de San Girolamo della Carità. Sans doute fait-il ensuite plusieurs voyages en Espagne, mais il ne retourne définitivement dans son pays natal qu’en 1596. Il est alors nommé chanteur, puis organiste du couvent des Descalzas Reales de Madrid, où s’est retirée sa protectrice, l’impératrice Maria (sœur de Philippe II d’Espagne). A l’occasion du décès de l’impératrice, il écrit un dernier chef d’œuvre : l’Officium defunctorum. C’est aussi là qu’il meurt et est inhumé. Compositeur mystique, Tomás Luis de Victoria ne laisse, fait exceptionnel pour l’époque, aucune pièce profane, et toutes ses œuvres reposent sur des matériaux existants se référant à des sources liturgiques : plain-chant mozarabe, mélodies de motets. Son œuvre comporte au total environ 180 pièces, production faible pour l’époque. Son style partage dans les grandes lignes celui de Palestrina et de l’Ecole romaine, mais s’en distingue cependant nettement. A la fois plus sobre dans la ligne vocale et plus audacieux dans le traitement des harmonies et les contrastes contrapuntiques, il traduit le plus souvent un grand souci du texte mis en musique. Victoria a su insuffler à son œuvre son profond mysticisme et son caractère espagnol passionné. Ainsi, ses œuvres révèlent fréquemment l’intensité dramatique, la ferveur et une sincérité poignante. On l’a volontiers associé à sainte Thérèse d’Avila, à saint Jean de la Croix ou encore au Greco, autant de figures qui ont marqué la Contre-Réforme de leur mysticisme, grandes figures espagnoles catholiques d’après le Concile de Trente. Quelques œuvres de Victoria : 20 messes de 4 à 12 voix, dont un Requiem, 1 office des morts (Officium Defunctorum) à 6 voix, 1 office de la Semaine Sainte (Officium Hebdomadæ Sanctæ), 46 motets de 4 à 8 voix, 18 Magnificat, des Litaniæ de beata Vergine, divers psaumes, cantiques, hymnes et antiennes.